La recherche de la Sève Noire - ROLEPLAY

Comme il y a quatre-vingt ans, un Grand Essaim s'était abattu de plein fouet sur l'hominité. Et comme toujours, les homins avaient préféré déserter leurs cités, laissant à ces monstres tout ce qu'il leur appartenait. Chaque Sève Noire encore vivante connaissait cette histoire, mais aucune d'entre elles ne se donnait la peine d'accorder la moindre pensée à ces lâches. Ils continuaient de se battre, seuls, comme depuis toujours …

Quand l'Essaim déchira l’écorce et sortit des entrailles d'Atys, les maraudeurs luttèrent avec courage pendant plusieurs semaines. Mais les kitins étaient trop nombreux, beaucoup trop nombreux … Alors que le nombre de cadavres se multipliait et que le matériel, usé par les combats, cassait entre leurs mains, le Clan n'eut d'autre choix que battre en retraite.

Forcés se s'enfoncer dans les profondeurs les plus sombres des Primes Racines, Rory prit la décision de monter un camp de fortune, dans une vaste grotte, le temps que le nombre de kitins diminue. Mais le temps passa, et le Clan se plut à vivre ici, à l'abri du mal qui grouillait en surface. Le camp prit forme, une nouvelle communauté était née. Une communauté autonome.
Un élevage de Bodoc maintenait les maraudeurs en vie. Même si le confort était rudimentaire, ils pouvaient se nourrir, s’habiller et même s'armer. Un perchoir avait été installé sur les hauteurs extérieures de la caverne, où les derniers fusils en état y étaient stockés. Les maraudeurs se partageaient la garde à tour de rôle.

Acour surveillait l'horizon, le fusil pointé vers l'avant, guettant le moindre mouvement. A côté de lui, un jeune tryker le fixait avec admiration.

« Dit Acour … Tu crois qu'il en reste d'autres ? Je veux dire … On n'est pas les derniers ? »

Le tireur laissa un silence pesant planer, sans détacher son regard de la lunette du fusil. Après quelques secondes, il se releva et posa son fusil :

« Écoute Nosey. Le Clan est vivant et c'est tout ce qui m’intéresse. Nous faisons ce que nous savons faire de mieux : nous battre ! En ça, tu n'as pas à t’inquiéter. Aller viens, c'est à Kitane et Walkyries de prendre leur tour de garde. »

Nosey suivit Acour.

« Tu as raison. Mais affronter des kitins, c'est pas vraiment comme couper des cratchas, hein ?» ricana-t-il.

Voir son camarade essayer de faire l'humour fit culpabiliser Acour un instant. Il n'avait pas pris le temps de rire depuis bien longtemps, trop longtemps ... Ils traversèrent tout deux le camp, saluant les derniers survivants, jusqu’à arriver devant une tente en incroyable bon état, comparée aux autres. C'était le quartier général. Seul les officiers supérieurs et le chef étaient autorisés à y entrer.

Acour poussa la draperie et s'introduisit dans la tente. Rory était assise devant une table, occupée à la y lire un document crasseux. Le tryker s'approcha lentement de Rory :

« Salut Chef, quelles sont les nouvelles ? »

La matis lui fit signe de se taire, sûrement pour terminer tranquillement sa lecture. Après quelques secondes, elle déposa la feuille sur une grosse pile de documents en tout genre. Elle soupira légèrement :

« D'après le calendrier de Shayma, cela fait presque trente saisons que nous sommes ici et toujours aucune trace de Ki'yume … Il est le seul à détenir la recette de la Sève Noire … »

Rory frappa violemment la table :

« Mais où est-il ! »

Acour posa des mains rassurantes sur les épaules de Rory.

« Laisse moi partir avec deux de nos soldats, nous irons chercher plus loin, à la surface ! Sur la route on regardera si on peut récupérer quelque chose d'intéressant pour le camp. »

La chef haussa le ton. « Non Acour, non ! Nous ne devons pas prendre de risque inutiles, puis Awendelle et Syron doivent rentrer d'une minute à l'autre ! »

Rory ne crut pas si bien dire, puisque c'est à ce moment là que les deux matis entrèrent dans la tente.

Awendelle posa son sac sur la table :

« L’expédition a été un succès Rory! Il reste encore beaucoup de kitins, mais beaucoup semblent épuisés. On dirait que la nourriture commence à manquer dans certaines régions. De plus la recette de Fang fonctionne à merveille : enduire nos armures de graisse de bodoc mélangée à de la résine moon camoufle notre odeur à la perfection ! Nous … Nous avons pu voir la lumière du jour !! »

A cette annonce, les visages de Rory et d'Acour s'éclairèrent. C'était la meilleure nouvelle qu'ils aient entendue depuis ces mois de calvaires.

« Merveilleuse nouvelle ! Des Nouvelles de Faanjos ? » demanda la chef.

« Toujours en train de poser ses leurres pour piéger les Kitins. Nous l'avons croisé plusieurs galeries au dessus, il devrait rentrer dans la journée » répondit Syron.

Acour se retourna vers Rory, plus motivé que jamais :

« Écoute Rory, c'est l'occasion ou jamais d’aller voir ce qu'il se passe à la surface ! Les Kitins supportent peut-être mal la saison ? Laisse moi monter une petite équipe, avec la recette de Fang, nous serons rentrés dans trois jours ! »

La chef acquiesça doucement de la tête :

« Bon, d'accord. Je n'arriverai pas à te retenir de toute façon. Mais ne prenez pas de risque, je refuse de perdre d'autres membres ! Acour je veux que tu prennes ce fusil-arbalète, le dernier en état.
Mais attention ! Tirer c'est facile, rapide et efficace, mais aussi très bruyant ! Si vous vous faites repérer par une horde, vous n'avez aucune chance. Attirez-les un par un. Un l'attire, et l'autre lui plante une pique dans le crane par derrière. Ça reste la solution la plus sûre.
Gardez surtout votre sève pour vous soigner, n'oubliez pas que nous ne sommes plus sous la protection des maraudeurs. Aucune résurrection ne sera possible !
Passez chez Cedricos et demandez lui de préparer nos meilleures armures, vous partirez demain a l'aube. »

Acour s'inclina devant Rory et quitta le tente, suivi de Syron et Awendelle. La Matis releva sa manche et caressa son avant-bras du bout des doigts. On pouvait encore y voir les cicatrices dues aux anciennes injections.

Malgré la mort probable de Ki'yumé, elle ne devait pas abandonner, elle ne pouvait pas ... Il n'avait pas pu disparaître sans laisser de traces, c'était inconcevable. La recette de la Sève Noire était quelque part, et peu importait le temps qu'il faudrait, ils mettraient la main dessus.