ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Les fards du prestige


Cuinia Civallo était une jeune quarantenaire. Elle avait toujours su s'apprêter afin de sembler plus jeune qu'elle ne l'était en réalité. Etait-ce ce don tout à fait particulier qui lui avait attiré les grâces de la Comtesse Douairière di Natae ? En tout cas c'était ce qu'elle pensait. Voilà maintenant quinze ans qu'elle officiait comme musicienne à la Cour de Natae, petite ville de province des Sommets Verdoyants. Son talent inné pour les intrigues de Cour lui avait permis de faire entrer son fils au service de la Reine. C'était pour elle une grande fierté qu'elle ne se lassait pas de partager lorsqu'elle croisait sa voisine, Trissi Rosidi. Celle-ci souriait poliment avant de dévier subtilement la conversation sur des sujets d'actualité. Trissi était arrivée à Natae il y a quelques années, suite à l’exécution de son époux, coupable de trafic d'esclaves. Cuinia, veuve elle aussi, était son seul soutien dans sa nouvelle vie. Le quotidien était rude entre l'éducation de ses deux enfants et les murmures des Sujets sur son passage. Cuinia n'était pas de nature compatissante mais elle avait tout de même pris sa voisine en affection et lorsque vint le jour où Cuinia ne croisa plus Trissi sur le seuil de leur habit-arbre elle ne tarda pas à s'en inquiéter. Alors que l'année de Jena 2562 entamait son premier cycle, Cuinia Civallo se décida à aller frapper à sa porte.

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#2 [fr] 

Le masque de la peur


«Ne sortez sous aucun prétexte» leur avait dit leur mère. Et elle avait ajouté, comme elle le faisait toujours «La Génitrice vous regarde !»

Lumae et son frère avaientt obéi. Depuis quatre mois ils se terraient dans leur appartement, se nourrissant des réserves qu'il leur restaient. Lumae tentait de réconforter son petit frère mais tous deux savaient que quelque chose était certainement arrivé à leur mère. Puis un jour quelqu'un vint frapper à leur porte. Le visiteur était un Sujet visiblement très anxieux. Il leur demanda aussitôt où était leur mère. Ils mentirent en disant qu'elle allait bientôt rentrer. . Effrayés, ils virent le visiteur commença à retourner l'appartement en tout sens, comme pour trouver un objet. Puis il se tourna vers eux : «Si elle persiste à s'accrocher à ses bigoteries tout ça va mal finir ! Les temps ont changés ! Dites-lui bien de ne surtout pas oublier d’honorer ses dettes ! Sinon nous nous rappellerons à elle ! »

Comme il prononçait ces mots, Cuinia Civallo, leur voisine, fit irruption dans la pièce. «Laissez ces enfants tranquilles ! » s'exclama t-elle. L'inconnu bondit alors vers la porte et disparut. Lumae et son frère tremblaient, au bord des larmes. Que se passait-il ? Qu'était-il arrivé à leur mère ? Cuinia passa sa main sur la joue de Lumae et lui demanda doucement : «Que voulait cet homin ? »

La jeune matis sortit de sa stupeur et se dirigea d'un pas décidé vers une plante grimpante couvrant l'un des murs de l'appartement. En passant son bras à travers, elle en ressortit un étrange masque blanc. Cuinia s'en saisit et murmura : «Azaen !»

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#3 [fr] 

Les fastes voilés


Dalcini Civallo posa sa plume. L'inventaire des propriétés de la Maison Aquilon était enfin terminé. A l'occasion de l'incendie déclenché par les sbires d'Azaen, l'une de leurs dépendances était partie en flammes, l'étage supérieur de l'habit-arbre principal était endommagé et l'un des balcons de la bibliothèque allait devoir être partiellement restauré. Le Duc lui ayant demandé de lui donner ses recommandations dans les plus brefs délais, le Ménestrel prit la direction des appartements de son Maître, non sans avoir soigné au préalable sa toilette et sa coiffure. Ce fut la vieille nourrice tryker du Duc qui lui ouvrit la porte.


« Tiens Dalcia, tu as besoin de quelque chose ? »
« Puis-je m'entretenir avec Ser Riditch di Aquilon ? »
« Reedeek ! C'est pour toi ! »

Bien qu'en grande partie dépourvue de manières, l'employée de maison lui fit signe de s’asseoir pendant qu'elle allait chercher son Maître. Les fauteuils de l'antichambre étaient disposés autour de parterres de fleurs. Le Ménestrel s'installa confortablement sur l'un d'entre eux, admirant les portraits qui recouvraient les murs de la pièce. Ils représentaient tous la même personne. Une Noble Matis au teint diaphane et à l'air juvénile. L'un des tableaux attira tout particulièrement son attention. L'artiste l'avait représentée les paumes élevées, exposant deux fleurs de Rotoa à la glorieuse lumière de la Génitrice.

« Elle est très belle n'est-ce pas ? »
Le Ménestrel tressaillit. Tout à sa contemplation, il n'avait pas entendu son Maître approcher.
« Sil incontestablement, na Duc. »
« En quoi puis-je t'aider, fidèle Dalcia ? »
« L'inventaire est terminé et je viens vous donner mes conclusions, na Duc. »

Le Duc saisit les documents que lui tendait Dalcini et les parcourut.
« Je te remercie. Tu peux annoncer à toute ma suite qu'elle part en villégiature à Avalae. L'habit-arbre fermera le temps de la restauration. »
Très surpris, Dalcini n'osa néanmoins contester les ordres du Duc. Alors qu'il s’apprêtait à partir, s'inclinant respectueusement comme il est d'usage, son Maître le retint.
« Puisque tes responsabilités envers la Reine exigent ta présence ici, tu logeras dans une dépendance. Cependant, afin de respecter le travail des Botanistes, l'accès à l'habit-arbre sera fermé. »

Dalcini acquiesça. Le Duc ne l'avait pas habitué à de telles décisions impérieuses. Son attitude était différente depuis quelques temps. Après avoir pris congé, le Ménestrel s'empressa d'aller annoncer l'étonnante nouvelle. Le lendemain à l'aube, la Maison Aquilon se vidait de tous ses occupants.

Last edited by Dalcini (1 decade ago)

#4 [fr] 

Un souvenir enfoui


L'Ambassadeur Royal pour la Paix était plongé dans ses pensées, la vision de son homologue Zoraï se débattant aux mains de ses ravisseurs et ses cris de détresses tournaient en boucle dans son esprit.

« Ce n’est pas dans tes habitudes Reedeek. »

Surpris, Reedeek se retourna pour faire face à la nouvelle arrivante. Son visage s’éclaira d’un sourire en la voyant.

« Entre, j’étais en train de réfléchir à la suite des actions à mener, et j’ai renvoyé les serviteurs sur Avalae le temps que les botanistes réparent les dégâts d’Azaen. »

« Je sais, c’est pour ca que je suis venue te voir. Ca n’est pas dans tes habitudes de congédier ainsi le personnel de la Maison. » Lui reprocha t-elle, mais le ton de sa voix était on ne peux plus chaleureux.

Il s’expliqua :
« L’ennui c’est que l’arbre a souffert en de nombreux points. En évitant les zones sinistrées, le personnel risquait de découvrir ton existence. J’ai confiance en eux, mais si tu venais à les rencontrer, ca pourrait te mettre en danger de bien des manières… Et je ne puis prendre ce risque ! » Il termina en marmonnant : « J’en ai pris un peu trop ces derniers temps et d’autres homins en ont payé le prix. »

Bien qu’il ait baissé le ton de sa voix en prononçant ces dernières paroles, elle les avait distinctement entendus, et la tristesse dans son regard ne lui avait pas échappé. Cherchant à le réconforter, elle lui prit la main.
Reedeek n'eut pas le temps d'achever son geste de recul. A son contact, elle venait d'entrer une nouvelle fois en transe. Inquiet, Reedeek la retint tandis qu'elle glissait au sol. Il savait qu'elle était en train de revivre les souvenirs qui le torturaient depuis que le convoi dont il avait la charge était tombé dans une embuscade de leurs ennemis. En poursuivant leurs assaillants, Reedeek était entré dans une grotte voisine de celle où les Maraudeurs retenaient l'Eveillée et avait entendu, impuissant, les tortures dont le souvenir le hantait toujours. Jena, comme sa peau était pâle. Elle semblait sur le point de défaillir.
Ses lèvres s'entrouvrirent et un petit filet de voix en sortit :
« Trissi Rosidi. »

Les images se dessinaient clairement dans l'esprit du Duc, comme s'il pouvait voir ce que la paroi du tunnel lui avait caché ce jour là. Des prisonniers étaient agenouillés dans une grotte, maintenus par des Maraudeurs tandis qu'on leur versait de force un poison mortel dans la gorge. Trissi Rosidi hurlait et se débattait, terrorisée à l'idée de mourir.

« Ses dernières pensées étaient pour ses enfants. » Emergeant de sa transe, elle posa un regard ému sur Reedeek : « L'as-tu vu mourir ? »

Reedeek répondit d’un air faussement détaché. « Oui… Une nouvelle victime de nos ennemis Maraudeurs. »

« Tu n’a pas besoin de garder ce masque en ma présence. Tu sais bien que tu ne peux rien me cacher de ce qui t’affecte. Ton cœur est transparent pour moi. »

Elle se saisit du pendentif qu'arborait toujours le Duc et l'exposa à la lumière. Ils contemplèrent tous deux le bijou vivant, chef d'œuvre d'orfèvrerie, figurant une fleur de Rotoa. Elle finit par lâcher, dans un souffle :

« Tu ne pourras pas éternellement me protéger, tu sais ? »

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Riditch di Aquilon, dit "Reedeek"
Duc de la Maison Aquilon
ex Ambassadeur Royal
ex Commissaire TENANT du Royaume

#5 [fr] 

Le masque de la peur


A la Cour de Natae, comme dans les autres villes de province, tout le monde ne parlait plus que de l'abdication du Roi. De mémoire d'homin jamais un souverain Matis n'avait ainsi quitté ses fonctions de son vivant et de son plein gré. Quelle incongruité ! La famille royale n'avait pas fini d'alimenter les potins.

Assise devant sa glace, Cuinia Civallo rajustait son maquillage. Qu'allait-il se passer maintenant que le voeu d'Azaen di Bottirri était réalisé ? Continuerait-il à s'en prendre au peuple Matis malgré la capitulation d'Yrkanis ? Dans le reflet du miroir, Cuinia porta son attention sur les deux enfants de Trissi, endormis sur son lit. Ils devaient rêver au jour improbable où leur mère les serrerait à nouveau dans ses bras.

Ajustant ses bijoux bon marché, la musicienne ouvrit la porte de son appartement. C'est alors qu'elle remarqua un petit colis posé sur le seuil. Après avoir vérifié que les enfants dormaient profondément, elle s'assit à sa table pour ouvrir le paquet. A l'intérieur se trouvait un tract de propagande accompagné d'un masque blanc semblable à celui que cachait Trissi Rosidi. A la vue de l'emblème des disciples d'Azaen, la musicienne se figea. Par Jena, il lui fallait appeler la Garde ! Mais la croirait-on seulement ? Non, les apparences étaient contre elle. On penserait certainement qu'elle s'était compromise pour susciter ainsi l'intérêt des rebelles. Il valait mieux prétendre ne rien avoir reçu. A la première occasion, elle détruirait l'objet. Anxieuse, Cuinia manipula délicatement le masque, à la recherche d'indices. En l'observant de plus près, la musicienne déchiffra une inquiétante inscription :
« Le prix de notre engagement doit être honoré ! »

Parcourue d'un frisson, Cuinia lâcha le masque. Elle réalisait à quel point elle s'était exposée en accueillant ces enfants sous son toit. Elle n'arrivait pas à croire qu'on la sommait maintenant de rembourser les dettes de Trissi Rosidi... La main tremblante, Cuinia rangea précipitamment le colis dans une armoire. L'instant suivant, elle se recomposait une contenance et s'emparait de sa lyre. Quelles qu'aient été ses préoccupations, elles ne pouvaient justifier de faire attendre la Comtesse.

#6 [fr] 

Les fastes voilés


« Veuillez m'excuser. Vous n'avez pas le droit d'être là. Le registre des Grandes Maisons n'est plus accessible aux simples Sujets depuis que les préparatifs de l'Exode ont commencé. »
Dalcia jaugea du regard la magistrate qui lui barrait la route puis sourit, affable, avant de lui répondre de sa voix douce. « Vous êtes tout à fait charmante, Serae, mais je me dois de vous détromper. » Il sortit délicatement un parchemin soigneusement roulé et signé de la main de la Reine Miela.
« J'ignorais qui vous étiez, Ser. Entrez donc. Désirez-vous un renseignement en particulier ? »
« Je me contenterai de prendre quelques notes avant notre départ. Ne vous dérangez pas, je trouverai mon chemin. »

La magistrate marqua un temps d'arrêt puis s'effaça pour le laisser passer. Dalcia repéra aisément le volume qu'il cherchait. Sur la couverture, on pouvait lire : Ferya Filira di Bottirri*. S'en saisissant, il en parcourut quelques pages, sans laisser transparaître aucune émotion particulière. Puis il s'éclipsa, non sans une formule de politesse. Derrière lui, la magistrate l'interpella vainement : « Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez Ser ? »

Hâtant le pas autant que la bienséance le lui permettait, le Ménestrel prit la direction de la Maison Aquilon. Une fois devant l'habit-arbre, il sollicita le Gardien : « Anichi, prévenez tout le monde que nous partons immédiatement ! Je vous rejoins tout de suite pour arnacher les mektoubs de bât ! » Le Gardien s’exécuta et Dalcia en profita pour courir jusqu'à la volière, à l'arrière de l'habit-arbre. Il rédigea un court message qu'il comptait attacher à la patte de son izam à destination de l'un des camps de réfugiés, à l'autre bout de la ville. Un bruit suspect le fit se retourner. Une jeune servante lui tournait le dos, occupée à verrouiller la porte de la volière de l'intérieur.

« Pourquoi fermez-vous cette porte, Serae ? »
La domestique se retourna tout en ajustant un masque blanc sur son visage. Dalcia sentit la pulsation de sa sève s'accélérer. Comment avait-il pu être assez négligeant pour se faire piéger de la sorte ?
« Serae je vous en prie ! Ne faites rien d'inconsidéré ! »
« Il est pourtant plus que temps de vous inviter au silence, insignifiant petit eunuque. Vous auriez du vous en tenir à votre partition ! »
Le Ménestrel lu la détermination dans la posture de celle qui lui faisait face. Rassemblant toute sa puissance vocale en un appel à l'aide monumental, il esquiva le premier assaut de l'homine mais une dague empoisonnée vint bientôt se ficher dans sa gorge. Dans un gargouillis, Dalcia s'écroula sur le sol de la volière. La Matis déverrouilla la porte et déposa sur le seuil le masque d'Azaen. Dans un flot continu de sève, Dalcia rampa vers la sortie et la vit disparaître à l'angle de l'habit-arbre. Alors que la Maison accourait, alertée par son cri, le Ménestrel perdit connaissance.

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Elle frappa quelques coups furtifs à la porte du boudoir puis attendit. Quelqu'un approcha, derrière la cloison. La servante énonça alors distinctement :
« Pour la Feuille ! »
Un pan de mur végétal se rétracta, dévoilant une petite ouverture. La Servante y glissa le message prit des mains du Ménestrel. Une voix d'homine retentit de l'autre côté de la cloison.
« Je vois que la lettre est adressée à sa mère. Elle doit se trouver dans l'une des tentes allouées aux réfugiés de province. Assurez-vous qu'elle reçoive le message. Mais agissez discrètement. »
« Soyez en certaine. Dans le contexte actuel, personne ne prêtera attention à la disparition d'une réfugiée. »

(*) HRP : Grande Maison di Bottirri
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