ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Pasicus se sentait un peu coupable de ce qu'il venait de faire. Certes, il n'avait pas menti à Nair-Commandant ; il devait effectivement aller voir sa grand-mère malade. Mais il n'avait pas vraiment dit la vérité non plus : il comptait secrètement retrouver son cousin pour lui demander un grand service, et pas régler les problèmes d'héritage de sa grand-mère (tout le monde était gentil dans sa famille ; personne ne se serait jamais écharpé pour des questions de dappers !).

Une fois arrivé dans le village de sa grand-mère, Pasicus alla voir le soignant du village qui lui avait assuré qu'elle allait bien - ses petits problèmes de santé étaient dues à une trop grande consommation d'eau, et le retour à un régime équilibré de bière des lacs ainsi qu'un peu de rhum de Stinga lui redonnerait ses forces. Après être resté quelques jours avec sa grand-mère et s'être assuré qu'elle allait mieux, Pasicus prit congé et partit à la recherche de Nair-cousin.


Comme à son habitude, il entama une tournée des bars, cette fois-ci non pas ceux de la Fédération (une obligation dans le cadre de sa fonction de membre de l'UFA), mais ceux du Désert Ardent. Pasicus se demandait comment on pouvait accepter de vivre en permanence dans ces coins là : il faisait terriblement chaud et sec, il n'y avait pas vraiment d'eau dans laquelle se rafraîchir, et ils servaient leurs bières tièdes. Tièdes !! C'était un affront au Grand Glougou, et Pasicus avait fait attention à se munir de plusieurs bouteilles de bières trykers de survie, au cas où l'ambiance du Désert serait trop étouffante.

Après un passage rapide dans le boui-boui de Pyr, un bar dans le sous-sol de la ville, mal éclairé, où des individus pas très recommandables traînaient. Le tenancier était, lui, plutôt sympathique (pour un fyros qui tenait un bar ; à le voir, il était évident que le métier de barman devrait être réservé aux Trykers), et lui conseilla d'aller voir à Dyron ou Thésos : il n'avait pas vu l'homin en question depuis un certain temps.

Arrivé à Dyron, la surprise de Pasicus fut totale : le bar était mal situé : à l'étage d'une tour, en plein cagnar ! On attraperait une insolation avant d'avoir fini sa bière ! Ça se voyait, d'ailleurs : en dehors du barman et d'un fyros en train de dormir au fond, il n'y avait personne. Pasicus se ravisa bien vite, et se tourna vers le bar de Thésos.

Une fois à Thésos, ce ne fut pas difficile de trouver le bar : c'était un des deux bâtiments de la ville (et le deuxième avait une forme mystérieuse de Kami qui faisait peur), et il était situé en plein milieu d'un petit lac. Un lac, dans le désert ! Cela rendait l'endroit presque acceptable. Pasicus discuta un peu avec Pecus, le propriétaire du bar, qui lui servit une bière (tiède, évidemment), et lui indiqua que son cousin n'était pas encore là - mais qu'il avait sa place attitrée, et venait presque tous les soirs boire un petit quelque chose : le tryker n'avait qu'à s'y poser et l'attendre, en consommant bien sûr ...

En début de soirée, Pasicus vit son cousin arriver. Il avait changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu : son visage avait pris un sale coup. Mais il était toujours aussi reconnaissable : une armure complète fyros rouge, des armes fyros de tout genre sur lui, une voix rauque typique des fyros, et le grand blason des Légions Fyros qu'il arborait. Pasicus se planta devant le nouvel arrivant et, plein d'assurance, s'adressa à lui de sa voix la plus grave :
- Horen Pire ackenaque Icus ! Y ai besoin de vous parler !
- Cela fait longtemps qu'on ne m'appelle plus comme cela, Pasicus ; et je ne suis même plus akenak. Qu'est-ce que tu veux ?
- Y ai besoin que vous m'entraîniez !
- Que je t'entraîne ? Et à quoi exactement ?
- Au combat ! Y ne supporte plus de voir les maraudeurs débarquer à FairHaven et de ne rien pouvoir faire pour les affronter !
- Ça, ça ne m'étonne pas ; c'est déjà un miracle que tu arrives à tenir une arme dans le bon sens ...
- Y suis sérieux ! Y ai vraiment besoin de votre aide !
- Et pourquoi je ferais ça ? J'ai autre chose à faire qu'entraîner citoyen tryker, moi.
- Déjà, y suis votre cousin, et la famille c'est important ! En plus, y sait que vous aimez bien ça : j'ai vu vos yeux remplis d'étoiles quand vous voyez un légionnaire triompher en combat.
- ney, il est vrai que cela me plaît de voir les autres légionnaires capable de faire quelque chose de vos deux mains. Cela n'explique toujours pas pourquoi je devrais t'entraîner, toi.
- Y serais le plus attentif de vos élèves ! Y ferais tout ce que vous désirez ! Et si vous faites cela pour moi, Y peut ...
À ces mots, Pasicus se rapprocha du fyros et lui murmura quelque chose à l'oreille. Nul n'entendit ce qu'il lui dit, mais une chose est sûre : Pasicus avait obtenu ce qu'il voulait.


***************************

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Pasicus était parti des Lacs. Il avait passé le plus clair de son temps dans des coins arides du Désert, s'entraînant sans relâche à tuer des animaux de toutes les espèces possibles. Les journées étaient longues, les pauses courtes et rares. Et, chaque jour après être rentré à sa tente, dans les Mines de Sciure, c'était le même rituel. Lopyrèch le forçait à un dernier duel contre lui, alors qu'il était épuisé physiquement et mentalement. Le fyros ne manquait pas de manière de lui faire mordre la sciure : que ce soit en changeant d'arme, en l'affrontant à une seule main, ou encore équipé d'un simple pantalon de toile. Et chaque jour, c'était la même chose : immanquablement, Pasicus perdait son duel.

Il n'aimait pas les techniques du fyros : brutales, idiotes et épuisantes, et chaque jour était un calvaire pour le Tryker. Le fyros parlait peu, et c'était surtout pour le réprimander d'une manière ou d'une autre. Il ne laissait rien au hasard, et chaque mouvement était décortiqué, analysé. Il avait toujours une raison de faire les choses ainsi, et pour Pasicus, cela voulait surtout dire qu'il y avait toujours une raison de se faire engueuler. Par dessus tout, la solitude lui pesait profondément. La seule personne qu'il voyait était Lopyrèch ; ils s'entraînaient toujours dans des recoins abandonnés du Désert, et les rares rencontres qu'il faisait n'étaient qu'éphémère, le fyros l'amenant à chaque fois à un autre endroit, encore plus éloigné de toute civilisation. C'est donc avec joie que Pasicus apprit qu'il allait s'entraîner avec Nair-Naveruss, et en dehors du désert, en plus de ça.

Il fut surpris de s'aventurer dans la Forêt ; il savait à quel point les Légionnaires détestaient l'endroit. Il ne dit rien cependant, de peur de les vexer. Si les entraînements avec Lopyrèch étaient intenses, c'était d'un tout autre niveau quand Naveruss était présente. La légionnaire était une furie vivante, un varinx devenu homin : elle courait vers le danger en riant, et ne semblait ne connaître aucune limite. Quand elle était là, Lopyrèch passait autant de temps à s'occuper de Pasicus qu'à retenir Naveruss, ce qui n'était pas pour lui déplaire - il pouvait souffler un peu.

Néanmoins, Pasicus devait reconnaître une chose : aussi éprouvant qu'était ce séjour dans le Désert, il était efficace. Il se surprenait chaque jour à vaincre des créatures dont il ignorait l'existence il y a de cela quelques mois - et dont la simple vue l'aurait sans doute paralysé. Il lui arrivait même, à de rares reprises, de réussir à gagner son duel du soir - à chaque fois, Lopyrèch lui répondait que c'était car il ne se battait pas sérieusement. Pasicus savait qu'il y avait une part de vérité dans ses propos ; mais il ne pouvait s'empêcher d'être fier de ce qu'il avait fait.

Au delà du combat, Pasicus découvrit aussi comment les fyros vivaient au jour le jour. Il ne se prétendait pas expert de leur culture, loin de là ; mais vivre en ermite dans le Désert lui avait permis de comprendre d'où venaient certaines de leurs étranges moeurs. Il aurait aimé en parler avec Lopyrèch, mais dès que la conversation n'était pas en rapport avec son entraînement, celui-ci changeait de sujet, ou arrêtait simplement de lui répondre.

Au bout de plusieurs saisons, Pasicus sentit qu'il était temps pour lui de rentrer dans les Lacs. Lopyrèch le laissait de plus en plus seul, et il avait l'impression d'apprendre de moins en moins. De plus, il ne pouvait pas non plus rester absent trop longtemps de l'UFA - Nair commandant avait besoin de lui. Il annonca la nouvelle à Lopyrèch qui, sans être surpris, semblait presque triste de voir le Tryker partir.

Avant son départ, Lopyrèch lui fournit un équipement complet, d'une qualité qu'il n'avait jamais vu auparavant ; en particulier, une hachette, un bouclier et une paire d'amplificateurs, que Pasicus nomma Tryka, Meer et Sella sur les conseils de Lopyrèch. Une arme, ce n'était pas qu'un vulgaire bout de bois, c'était comme une femme : c'est quelque chose d'unique qu'il faut choyer, protéger et entretenir. C'est pour cela qu'une arme doit impérativement avoir un nom. Et, à en juger par l'arsenal que Lopyrèch transportait avec lui, ainsi qu'avec les nombreuses femmes que la rumeur lui accordait, il s'y connaissait manifestement en la matière : il devait donc avoir raison.

Pasicus repartit donc vers FairHaven en empruntant la Route des Ombres. Après un long bain dans les lacs de Liberté, il alla s'occuper des nombreuses corvées que son absence avait accumulé, à commencer par la tournée des bars des lacs.
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