#1 Added by Haokan 4 years ago
#2 Added by Haokan 4 years ago
Dans une petite mare de la jungle, une petite grenouille attendait avec impatience la pluie. Pas seulement pour la pluie qu’elle prodiguait : elle attendait la pluie, car elle était amoureuse, amoureuse du rouge de l’arc-en-ciel ! Cette couleur si difficile à trouver aussi pure la ravissait, lui faisait voir la vie en rose, mettait du bleu dans son terne univers de vert…Et puis un beau matin de printemps, juste après la rosée, elle leva machinalement le regard vers le ciel.Ô miracle !Il n’avait pas plu… mais le rouge était là !Tout près d’elle, enfin à sa portée, réel, charnel… Sous la forme d’une fleur aux pétales couleur rubis, qui penchait tendrement sa tête vers la petite grenouille. La grenouille sentit son coeur s’accélérer. Son amour venait de prendre forme. Fleur bleue, la petite grenouille voulut immédiatement déclarer sa flamme au rouge adoré, et commença l’ascension de la tige. Elle touchait presque au but quand sous le poids de sa soupirante, la tige s’inclina jusqu’au sol, obligeant notre grenouille à lâcher prise. La grenouille ne perdit pas courage pour autant. Sept fois de suite elle tenta de gravir ce mont, sept fois d’affilée, sur le point d’atteindre la félicité, elle retomba sur l’écorce. Si bien qu’à la septième chute, épuisée, elle s’assoupit sur place, remettant au lendemain ce qu’elle n’avait pu faire le jour même.Comment pouvait-elle imaginer qu’elle s’endormait près d’un nid d’Izams ? C’est le bruit de ces rapaces qui la réveilla. Elle leva timidement ses yeux protubérants en direction du bruit et là, nouveau miracle, elle vit le rêve de sa vie. Crête et barbillons écarlates, rouge vif, se pencher tendrement vers elle, et l’engloutir d’amour.
#3 Added by Haokan 4 years ago
Mon histoire se déroule il y a longtemps, lors de la construction de Pyr. On vit un jour arriver un fyros sur un grand mektoub blanc. Eukirops était son nom, et il s’intégra bien vite à la vie de la grande cité, buvant le soir avec ses compagnons, jouant aux dés, et menant, dans l’ensemble, une vie de patachon.Son mektoub blanc faisait bien des envieux, et il en était très fier.Ce qui devait arriver arriva : un jour, Eukirops ne retrouva pas son mektoub là où il l’avait laissé. Une seule explication : il avait été volé. Et Eukirops de désespérer :— Kamis ! Quelle catastrophe !Il poussait de hauts cris :— Si je ne le retrouve pas, ha, si je ne le retrouve pas, ce sera terrible ! Une catastrophe ! Je serais forcé de faire ce que fit mon père autrefois…Et cela avec un tel sanglot dans la voix, une telle terreur…Eukirops se lamente sans fin, et ses amis commencent à vraiment s’inquiéter. Enfin, il va acheter une hache et commence à l’affûter… encore et encore. Et tout ce temps, il répète :— Suivre le chemin de mon père… quelle catastrophe ! Je n’ai pas le choix, je vais devoir faire la même chose !Le soir tombe, et on sent bien qu’Eukirops boit pour se donner du courage. Il continue de gémir :— Je ne veux pas le faire, mais je n’ai pas le choix !Le lendemain, quand il émerge d’un sommeil embrumé d’alcool, que voit-il devant sa porte ?Le grand mektoub blanc !Il saute de joie, lâche sa hache, et part fêter ça avec ses amis. Eukirops était ravi d’avoir retrouvé son mektoub et fêtait cela avec ses amis :— Ha quelle chance ! Quelle chance ! Je n’aurais pas à faire ce que mon père a dû faire.Ses amis sont curieux :— Mais enfin, qu’a fait ton père de si terrible, Eukirops ?Et le fyros de répondre :— Il a travaillé pour s’acheter son mektoub ! Et comme lui, j’aurais dû aller couper du bois, encore et encore, au lieu de profiter de la belle vie ici…
#4 Added by Haokan 4 years ago
Un regard échangé,Un frôlement de la main,Le désir révélé.Amour interdit,De factions ennemiesImpossible conclusion.Aujourd’hui peau contre peauDemain lame contre lameEncore des larmes.Fruit défenduSavouré chaque nuitLe secret absoluLe malheur comme seul avenirRisquent pour se réunirDouleur et trahison.Amants ennemisL’amour rassemble parfoisAu-delà de la foi.
#5 Added by Haokan 4 years ago
Cette partie-là n'a pas été racontée à Krill ni à quiconque, mais puisqu'elle a été écrite et va avec l'histoire, autant la laisser aux yeux indiscrets des joueurs...
#6 Added by Haokan 4 years ago
Il y a quelque temps de ça, j’ai décidé d’arrêter de conter. J’avais commencé par erreur, puis je me suis pris au jeu, sans voir l’inanité de mes actes. Aujourd’hui, je sais que cette voie est vide de sens. Mais je m’étais engagé à raconter des histoires en échange de cours de forage, et je me suis retrouvé en dette la dernière fois, ayant déjà brûlé tous les contes de ma besace. J’ai donc cherché une dernière histoire à dire, afin que cette dette soit payée.Je l’ai finalement trouvé au milieu du Vide. Ce qui m’a été partagé était au-delà de ce qui peut se transmettre, à bien des égards. Mais il est resté quelque chose à la fin, quelque chose d’une fragile existence, qui méritait ce titre : le Dernier Conte.Vous avez probablement entendu les mythes sur la façon dont Atys fut créé. De nombreux récits, s’appuyant parfois sur la religion, qui nous relatent les premiers temps de notre monde.Mon conte parle des derniers temps.Un temps lointain, peut-être, ou au contraire très proche. Qui peut dire dans quelle temporalité se place une histoire de ce genre ? Un temps futur, c’est la seule chose de certaine… Mais j’userais du présent, plus simple à utiliser.En ce temps-là, Atys se vide de ses homins. Chaque jour, il y a un peu moins de graines de vie qui arpentent l’Écorce. Certains disent que les homins rejoignent l’Éveil, d’autres que c’est le Grand Dragon qui consume leur graine de vie ; nul ne sait vraiment où ils disparaissent, mais ils ne sont plus là. Le Vide, lui, grandit. Chaque nuit qui passe, le Vide grignote un morceau du monde. Cela ne fait pas de bruit, cela ne génère nulle souffrance. C’est ce qui a précédé le Vide qui a causé la souffrance. La goo, les cendres du dragon, la haine des homins, les guerres, la volonté de domination, tout cela a ravagé l’Écorce auparavant. L’amour s’est enfui, et avec lui la capacité de créer, de lutter contre le Vide. Peut-être que l’amour a été le premier à s’évanouir dans le Vide. Puisque plus rien ne pouvait être conçu avec la disparition de l’amour, alors il n’est resté que la capacité de destruction, que certains ont cru constructive. Certains homins ont embrassé cette voie, rejoignant les maraudeurs, les zélateurs de la goo ou encore les adorateurs du dragon ; certains ont cherché des pistes différentes, se réunissant autour d’un feu ou d’un tonneau de bhyr, tentant de chanter et de parler pour ne pas entendre l’insupportable Vide qui les entourait, essayant de défendre ce qui existait, de sanctuariser ce qui avait été créé. Certains se sont enfuis, comme si partir ailleurs les protégerait du Vide. Qui sait ? Peut-être qu’au-delà d’Atys, à travers l’Illumination ou les vaisseaux de la Karavan, ils ont trouvé un autre monde où le Vide n’est encore qu’une rumeur lointaine. Ou peut-être que le Vide les a rattrapés. Leur nom est oublié, leur souvenir s’évanouit ; bientôt il n’y a plus personne pour se rappeler d’eux, plus personne pour lire les cubes d’ambres racontant leurs rêves et leurs espoirs, leurs aventures et leurs périples. Le Vide grignote les entrailles d’Atys, et sans bruit, les contes et légendes s’effacent aussi. Le sol a tremblé, le Dragon s’est réveillé et tout a été consumé, avant que le Vide ne vienne tout effacer. Jena ne vient pas, Ma-Duk ne dit rien. Le Vide engloutit les étoiles, qui disparaissent une à une du ciel. Plus de Puissances pour insuffler un souffle de vie, pour lutter contre ce rien qui remplace tout. Le Vide avale ses sbires, ceux qui croyaient qu’ils seraient épargnés, comme ceux qui avaient accepté depuis longtemps l’inéluctable dénouement. Ces derniers, peut-être, pourraient accueillir ce Vide avec le sourire… Mais le Vide a déjà pris leurs existences, leurs joies, leurs espoirs ; ils ne peuvent que rejoindre leur destin, indifférent et sans peine. Tout à la fin, il ne reste rien. Atys est fini, et son nom même s’éteint.
powered by ryzom-api