A la lumière de la bougie, Laofa relu son texte, secouant le masque d'angoisse. Elle croyait en chacun de ses mots, mais comment être sûre qu'elle avait réussi à interpréter la complexité de la situation ? Et surtout, comment savoir la manière dont son message serait reçu ? L'amour qu'elle portait à chaque homin ne l'empêchait pas de pleurer devant la folie qui les animaient. Elle n'était pas non plus naïve au point d'imaginer que ce texte serait seulement vu comme un appel à la paix. Nombre d'homins risquaient de ne pas apprécier son point de vue. Elle hésita un instant à signer de son nom, par peur des conséquences. L'hésitation ne l'avait pas quitté quand elle avait quitté sa guilde... Mais elle était à présent suivi de décisions. Relisant encore une fois le texte, elle haussa les épaules et signa de son nom. Elle n'avait plus grand-chose à perdre, de toute façon.
Elle regrettait de ne pouvoir en tirer un article pour l'Onde des Lacs, mais le fait divers qui avait motivé son enquête était bien trop complexe dans ses ramifications pour être résumé en deux paragraphes. Et puis elle ne pouvait pas trop impliquer le journal dans des histoires politiques. La neutralité de l'Onde était un gage de sérieux qu'il ne fallait pas entacher.
Elle imprima son texte en de nombreux exemplaires et utilisa sa méthode de diffusion favorite : une pile chez Lydix et chez Volubilis, plus quelques exemplaires placardés près des téléporteurs de Pyr, aux entrées de la ville et au Square Impérial. Son texte était un peu perdu au milieu des réclames publicitaires pour rendre le poil des mektoubs plus brillants et des slogans en couleur des différentes guildes qui recrutaient... mais, bah, ce serait bien suffisant.
Elle regrettait de ne pouvoir en tirer un article pour l'Onde des Lacs, mais le fait divers qui avait motivé son enquête était bien trop complexe dans ses ramifications pour être résumé en deux paragraphes. Et puis elle ne pouvait pas trop impliquer le journal dans des histoires politiques. La neutralité de l'Onde était un gage de sérieux qu'il ne fallait pas entacher.
Elle imprima son texte en de nombreux exemplaires et utilisa sa méthode de diffusion favorite : une pile chez Lydix et chez Volubilis, plus quelques exemplaires placardés près des téléporteurs de Pyr, aux entrées de la ville et au Square Impérial. Son texte était un peu perdu au milieu des réclames publicitaires pour rendre le poil des mektoubs plus brillants et des slogans en couleur des différentes guildes qui recrutaient... mais, bah, ce serait bien suffisant.
Papier placardé sur un des multiples panneaux d'affichage
Le Tria, Frutor 15, 4e CA 2560 au square impérial de Pyr, les Légions Fyros ont secoués l'Empire suite à une annonce de leur chef, Glorf.
Pour un homin n'ayant pas suivi les évènements des dernières semaines, la situation se révélait plus que confuse. Aux yeux des néophytes, la scène qui se déroula sur le square ressemblait à un règlement de compte entre kamistes et neutres, l'annonce d'une guerre fratricide entre fyros, séparés par leurs croyances.
La vérité se révèle bien plus complexe et demande de remonter l'histoire mais aussi de faire parler des fyros bien plus compétents pour manier la hache que les mots.
Dans le Désert, les guildes "neutres" face aux religions dominantes ont une longue histoire, complexe et pleine de rebondissements, mais leur importance est un fait qu'on ne peut remettre en question, de même que le patriotisme de certaines, tel que les Légions Fyros, dont le but suprême reste de défendre l'Empire contre toutes les menaces.
Le kamisme ayant pris de plus en plus d'importance ces dernières années, on trouve aussi nombre de patriotes se réclamant de cette religion. Dont les Éclaireurs d'Atys ou (...), qui défendent les Kamis et leurs croyants, tout autant que le Désert et ses valeurs.
La religion divise-t-elle plus qu'elle ne rassemble ? On pourrait le croire, à voir les relations qu'entretiennent certaines guildes patriotes entre elles. De quiproquo en malentendu, la simple méfiance s'est transformé en franche animosité et sous le coup de la nature enflammée des fyros, l'inacceptable a été commis. Des fyros en ont tué d'autres pour des questions d'engagement religieux, ce qui a motivé le chef des Légions Fyros, lui-même victime de ces attaques, à prononcer un discours demandant aux patriotes de mettre la religion de côté. Ce qui n'a évidemment pas plu aux kamistes modérés mais patriotes affirmés présents lors de ce discours.
Après avoir écouté chaque parti, il faut reconnaître que chacun a ses torts. Mais de là à déclencher de telles représailles sur une guilde dont la principale "erreur" de ses membres est de rester neutre dans les conflits n'impliquant pas l'Empire... Un palier dans la violence et l'intolérance a été franchi.
Encore une fois, rappelons-le, il y avait sur place plus de gens habiles avec des haches qu'avec des mots. Les intentions de chacun étaient bonnes... et admirablement mal exposées. Qu'il s'agisse des kamistes ou des incroyants, des modérés ou des extrémistes, bien peu ont réussi à écouter les autres parties en présence et encore moins ont réussi à expliquer leurs propres idées.
Peut-être serait-il temps de remettre les choses à plat, de donner à chacun une chance de s'exprimer et surtout, de collaborer ensemble à la puissance du Sharük ?
Peut-être faudrait-il que chacun prenne le temps de balayer devant sa porte avant de critiquer le tas de poussière devant celle de son voisin ?
Peut-être aussi que le patriotisme devrait passer avant les guerres de religion ? C'est déjà suffisamment triste de voir la religion devenir l'excuse pour des crimes dans des pays où elle est affaire d'État ; mais dans un pays comme l'Empire où la liberté d'expression existe encore pour le moment, la religion ne devrait servir qu'à rassembler, jamais à diviser.
Il ne s'agit bien sûr aucunement de renier la religion ; c'est une composante importante de la vie de nombre d'homins. Mais être bien dans sa patrie est d'une importance sans égale. Savoir qu'on peut compter sur ses frères, quel que soit le nom de la divinité dans leur coeur, est le fondement même d'une famille où règne l'harmonie.
Si j'en appelle aujourd'hui à la concorde et au pardon, ce n'est pas seulement parce que mon coeur saigne de voir des amis se faire souffrir. Mais les homins devraient apprendre à s'unir avant de se battre. Diviser les forces ne leur permettra pas d'affronter les vrais dangers qui les menacent. Au prochain Essaim, verra-t-on neutre, kamistes et karavaniers se disputer entre eux, tandis que les kitins faucheront les rangs des belligérants ? C'est une vision effrayante, mais qui paraît de plus en plus réaliste, comme le montre l'histoire récente. L'un des évènements qui a mis le feu aux poudres entre les Fyros est la bataille entourant le Poste Frontière Ouest de la Combustion. Les maraudeurs ont attaqué cet avant-poste (comme tant d'autres ces derniers temps). Comme nombre d'avant-postes, ce dernier était alors propriété d'une guilde kamiste. La faction kamiste s'est donc réunie pour le défendre. Mais, d'une manière plus ou moins directe, le message a été passé que seul les "amis" des kamistes étaient "nécessaires". Certaines guildes neutres ainsi que les guildes karavanières se sont senties plus qu'indésirables, au point de ne pas apporter leur soutien dans la lutte contre les Maraudeurs. Peut-on les en blâmer quand chaque proposition d'alliance contre la menace commune que représente les Maraudeurs pour les Nations et les Factions se solde par des insultes entre Factions ? De leur côté, les kamistes ont ressenti comme une provocation que ces mêmes guildes jugées indésirables viennent assister en spectatrices à leurs efforts. Pourtant aucune d'elle n'est allée aider les Maraudeurs... Peut-être attendaient-elles simplement une invitation amicale, ou bien vérifiaient-elles la puissance de ceux qu'elles auraient bientôt à combattre.
Chacune des ligues présentes étant restée attachée à son orgueil et à son intolérance, le résultat a été très clair. Les Maraudeurs ont gagnés. Ils ont gagné deux fois, ce soir-là. La bataille de l'Avant-poste, certes, mais aussi la bataille dans le coeur des homins. Diviser les frères, augmenter la rancoeur, afin que chacun soit plus faible. Diviser pour mieux conquérir. Amener ceux qui devraient unir leur force à s'entretuer, afin d'avoir encore moins de gens réunis lors de la bataille suivante. Il est plus simple de gagner face à des homins désunis... Si Karavan et Kami ne sont pas capables de s'unir face à ceux qui se moquent d'eux ouvertement, si les Patriotes même n'arrivent pas à mettre leur différends de côté pour une bataille contre ceux qui veulent les détruire, alors la défaite est assurée... On pourra même dire qu'elle est méritée.
Karavaniers, Kamistes, Patriotes : est-ce votre souhait de voir les Maraudeurs vous effacer les uns après les autres de la carte ? Voulez-vous vraiment prendre le risque de perdre contre les Kitins, les Maraudeurs et toutes les menaces que l'Ecorce peut faire peser sur vos foyers ? Êtes-vous à ce point imbu de votre propre suffisance que vous ne pouvez voir le danger dans lequel vous vous mettez ? Allez-vous continuer encore longtemps de scier la branche sur laquelle vous êtes assis ? N'êtes-vous pas capable de définir des priorités dans vos luttes ?
Battez vous d'abord contre les Kitins, en oubliant que vous êtes plus que des homins !
Battez-vous ensuite entre homins, si vraiment vous en avez besoin, mais là encore, gardez vos priorités ! Patriotes et Religions ne sont-elles pas ensemble contre les Maraudeurs qui veulent les détruire ? Et ensuite, si vous vous dites patriotes, ne tuez pas vos frères de patrie, même si leur religion est autre ! Si c'est la guerre de religion qui vous importe, n'entraînez pas les nations dans votre conflit !
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