ROLEPLAY


Une histoire de forage

— Alors… tu veux quoi comme histoire ? Il y a quelque chose qui te tente ? Une courte, une longue ?
— An. J’aime bien les surprises.
— Je t’écoute.
— Si c’est trop long, je la finirais une autre fois. Et c’est une histoire vraie, pas comme celles d’Husyrech… une histoire où je me passerais de preuve, me contentant des témoignages d’homins vivants.

Cette fois-là, la séance de forage avait été longue. Aussi longue que l’histoire. Revivant ce qu’il contait, Haokan n’avait pas vu passer le temps. Cette histoire-là, il avait espéré la conter à une autre personne, mais cette dernière ne trouvait jamais le temps pour se poser avec lui, alors… Et il lui fallait de toute façon vérifier son récit avant d’aller la proposer à celle qui était concernée au premier chef par cette histoire. Il l'avait écrit, et ce n'était pas évident d'adapter son texte à la version orale tout en forant ; mais par la suite, c'était la version écrite qu'il avait transmis.

*** La revanche des Iconodoules ***


L’histoire que je m’apprête à raconter est une longue histoire. Elle prit sa source des années auparavant, et je crois que nous pourrions remonter encore plus loin que je ne le fis. Elle mit des années à se résoudre… Et mon intuition me souffle que sa conclusion n’est toujours pas écrite. Mais il en est ainsi des histoires vraies : elles n’ont ni commencement ni fin.

Quant à moi, j’entendis parler de tout ça lors d’une de mes visites aux Iconodoules. J'ai déjà parlé de l’affection que j’ai pour cette tribu : ce sont de bons homins, tournés entièrement vers la paix, menant une vie simple et élégante. Ils ne cherchent pas à faire parler d’eux, ils n’ont pas l’orgueil de bien des croyants : ils se contentent de vivre en accord avec les préceptes kamis, sculptant leurs objets pour glorifier la beauté d’Atys.

C’est ainsi que je fis la connaissance de Buaoi Ping-Li, l’une des artisanes de la tribu. Son premier enfant est né récemment et c’est probablement ce qui l’a motivée à me confier cette histoire ; le secret pèse lourd pour cette tribu et ils craignent les conséquences de leurs actes. Après avoir entendu son histoire, j’ai décidé de me rendre moi-même auprès des Trafiquants des Ombres afin d’obtenir plus de détails. Mais je prends encore trop d’avance sur mon histoire.

Voici ce que j’ai transcrit de mes entretiens avec les divers acteurs de l’affaire.

*** Le récit de Buaoi Ping-Li ***

Il y avait alors dans la Jungle un méchant homin. C’était un Antekami. Comme tous les Antekamis, il était aussi bête que méchant, et celui-ci était très, très méchant. Il est rare de croiser un Antekami dans la région des Cités de l’Intuition. Ils restent ordinairement à exercer leurs méfaits au Bosquet de l’Ombre, et malheur à ceux qui croisent leur route ! Mais celui-ci voyageait et venait régulièrement vers les Cités, à la recherche de victimes pour ses méfaits. Chaque fois qu’il passait près de notre tribu, il sortait sa masse et boum, crac ! Il l’abattait sur tous les homins à sa portée. Comme ça, sans raison.

Les Iconodoules ne sont pas un peuple de guerriers. Bien sûr, nous tentions de l’arrêter, mais nos coups glissaient sur son armure, il se riait des quelques blessures que nous faisions, et invariablement, tout le monde tombait tandis que lui s’amusait au milieu de la sève répandue.

Heureusement pour nous, les kamis veillaient. À chaque fois, ils ranimèrent nos graines de vie : celle des poko comme celle des noko, sans distinction. Mais cela se reproduisait, encore et encore. Même si notre graine de vie reste intacte, subir de telles blessures régulièrement est traumatisant. Les enfants dont je faisais partie avaient cessé leurs jeux : nous passions la journée à guetter le passage du sinistre individu, et si nous l’apercevions, nous revenions à la tribu en sonnant l’alarme, puis nous fuyions dans les bois. Il lui arrivait malheureusement de nous attraper avant que nous ayons pu alerter la tribu, et il n’avait aucune pitié pour les poko que nous étions : il nous tapait comme les autres, jusqu’à ce que nous ne bougions plus.

Nous avions demandé de l’aide à la Théocratie, et ils avaient envoyé des gardes. Ils étaient restés un temps. Cependant cet Antekami ne passait pas tous les jours non plus. Il pouvait s’écouler des mois sans qu’on le voie, puis soudain il était là. Jamais il ne vint quand les gardes étaient là… et ces derniers finirent par être rappelés à Zora. À l’époque, la cité était régulièrement l’attaque des maraudeurs et les gardes étaient plus utiles là-bas… Mais une fois qu’ils furent partis, l’Antekami revint, encore une fois. C’était la fois de trop pour moi.

Puisque la Théocratie ne pouvait pas nous aider, je pris la décision de chercher d’autres alliés. J’étais très jeune alors, mais ces quelques années à vivre dans la peur m’avaient fait grandir vite. Je pris un baluchon et je partis en direction du Bosquet Vierge. Il y a là-bas deux tribus de mercenaires : j’étais certaine que l’une ou l’autre accepterait notre affaire.

Je n’ai pas eu à aller bien loin dans le Bosquet pour tomber sur un tryker, et heureusement, car il y a de nombreux prédateurs dans la zone. J’aurais probablement fini dans l’estomac d’un torbak si j’avais dû aller jusqu’à une des tribus !

Un tryker dans le Bosquet Vierge ne peut qu’appartenir aux Trafiquants des Ombres, l’un de ces groupes de mercenaires. Je lui exposais alors toute l’histoire, à laquelle il compatit, et lui exposait ensuite ma demande :

« Je veux trouver comment détruire la graine de vie de cet Antekami. »

*** Le récit de Be'Laury Garmer ***


Oy, me dit Be'Laury Garmer, je me souviens bien de cette petite zoraïe. Elle n’avait pas froid aux yeux.

Et je me souviens bien de l’Antekami aussi. Il n’y avait pas que les Iconodoules qu’il ennuyait. Avec d’autres de sa tribu, ils venaient parfois jusqu’au Bosquet. S’ils croisaient une patrouille de guerrières Amazones, le combat s’engageait et ne tournait pas souvent en faveur des Antekamis ! Aussi se méfiaient-ils d’elles. Mais un tryker face à un zoraï est désavantagé, et nous sommes des commerçants, avant d’être des combattants. Les Antekamis avaient donc pris l’habitude de chasser de préférence les membres de notre tribu… Et à la description que nous avait faite Buaoi, j’avais reconnu l’un de nos principaux tourmenteurs. Ce n’était pas un grand guerrier, mais il était sournois et il a enlevé nombre des nôtres au fil des ans, pour des expériences affreuses.

Aussi, quand Buaoi m’a demandé qu’on détruise sa graine de vie, je n’ai pas crié à l’hérésie. Bien sûr, c’est mal de faire ça. Cela aurait été probablement mieux de confier ce sale type à la justice zoraï. Mais les prisonniers s’échappent parfois, et la justice zoraï cherche à réhabiliter plus qu’à punir : combien de temps, si nous l’avions capturé, avant qu’il n’embobine les Sages avec de beaux discours, puis vienne semer la désolation à nouveau dans nos tribus ? Oy, la solution de Buaoi était la seule valable… mais pas la plus simple à mettre en œuvre.

Vous savez comment détruire une graine de vie, vous ? An, et nous non plus. Parfois elles se brisent lors de maladies, ou dans les combats, mais pourquoi ? Nul ne le sait. Tant que la graine de vie est là, les Puissances peuvent ramener les homins… et elles le font, même pour les ragus comme cet Antekami !

Mais, en tant que commerçant, on savait où chercher. Il y a une tribu, sur Atys, qui a acquis beaucoup de savoirs. Des savoirs impies, pour la plupart, et ce ne sont pas des gens recommandables ; mais dans le cas qui nous occupe, ils sauraient comment s’y prendre. Seulement, traiter avec eux présente de nombreux risques. Aussi, on a commencé par s’assurer qu’on serait soutenus, et pas juste par une p’tite gamine iconodoule.

*** Le récit de Buaoi Ping-Li ***


Le tryker est revenu avec moi chez les Iconodoules. Je me suis fait gronder pour être partie seule là-bas, et plus encore quand ils ont appris ce que j’avais demandé.

— Nélaï ! disaient-ils. Détruire une graine de vie est un péché envers les kamis !
— Ce n’est peut-être pas un péché quand il s’agit d’un ennemi des kamis, a argumenté le tryker. Et celui-ci ne peut pas être pris pour un ami, quelle que soit la façon dont on le regarde.

L’argument a porté, et ça a beaucoup discuté. Toute la nuit, même. Au matin, les Iconodoules avaient accepté de fournir aux Trafiquants des Ombres une bonne partie de leur production de l’année, en échange de l’aide auprès du Cercle Noir.

*** Le récit de Be'Laury Garmer ***


Puisque c’était moi qui avais commencé le marchandage, c’est moi qui ai été désigné pour aller au Cercle noir. C’est comme ça chez les Trafiquants : on gère un marchandage du début à la fin ! Une patrouille m’a accompagné sur un bout de chemin, mais ils m’ont laissé seul une fois en vue du camp. Je n’en menais pas large. Tout le monde sait que le Cercle Noir expérimente à l’occasion sur les homins et ils n’auraient fait qu’une bouchée d’un petit contreband… heu, marchand comme moi. Mais comme je venais pour affaire, peut-être qu’ils allaient me laisser repartir.

J’ai exposé ma demande à l’hôte de la tribu, qui m’a mené à un autre homin. Un tryker, comme moi, qui ne m’a pas dit son nom. Je dis « comme moi », mais moi, je suis quelqu’un de fréquentable. Celui-ci, ça se voyait dans ses yeux : il n’était plus vraiment homin. Son regard était froid, effrayant, même quand il souriait. Je lui ai exposé l’affaire. Lorsque j’ai eu fini, il a dit :
— Ça ne va pas être simple.
— Pourquoi ? Il suffit qu’on vous achète une de vos potions avec le mode d’emploi et ensuite, on se débrouille, non ?

Il a secoué la tête :
— Non. Ça ne marchera pas aussi simplement ici.
— Nett ! Ho, annoncez votre prix…
— Ce n’est pas qu’une question de prix. L’homin dont vous parlez, nous n’avons aucun intérêt à sa mort actuellement. C’est un bon client ; un très bon client, même. Et il nous fournit de nombreuses… ressources, que votre tribu aurait du mal à nous procurer.

En parlant des ressources, il m’a lancé un regard… comme si j’étais un yubo devant un ragus. Ça m’a fait perdre le peu de moyens qui me restait, et j’ai fait la grande erreur de débutant en commerce :
— On compensera les pertes si vous nous débarrassez de lui.

Le tryker a eu l’air surpris, puis il a éclaté de rire :
— Très bien, si vous vous engagez sur le sujet…

Il a clos les yeux à moitié, se plongeant soudain dans une rêverie dont il partageait quelques bribes :
— Voyons voir… Il doit avoir 45 ans environ, pourrait en vivre le double encore vu sa résistance… Il nous rapporte tant par an…

Il a fini par prendre un bout d’écorce et noter des chiffres dessus. Moi, je prenais conscience du prix que coûte une vie homine, et pas même un bon homin : celle d’un scélérat, d’une racaille de bas étage. Supprimer ce vil individu de la surface de l’Écorce aurait des conséquences : pour ses victimes, mais aussi pour tous ceux qui tiraient profit de sa vilenie.

Le tryker a fini par reporter ses chiffres sur une feuille de papier, et me l’a tendu. C’était une longue liste de course. Il y avait des matières communes, mais dans des proportions gigantesques, des produits rares comme des matériaux de Roi (et pas les plus simples à attraper) ou encore des larves kitins, et d’autres choses, comme tout un lot de fioles. Et il y avait une somme, enfin. Il y avait tellement de zéros que je n’étais pas sûr de savoir lire ce chiffre.

— Vous estimez tout ce matériel à ce prix ? ai-je demandé d’une voix faible.

Je nous voyais déjà endettés pour des années. Mais c’était pire que ça.

— Non, a dit le tryker. Vous devez me fournir tous ces éléments, plus la somme. Une fois que nous aurons ce paiement, nous nous occuperons de cet homin.
— Eny… Eny… c’est dément !
— Comme lui, a ricané le tryker. Vous parlez de vous débarrasser d’un Antekami. Avez-vous déjà essayé quelque chose comme ça ?
— On en tue régulièrement quand ils viennent au Bosquet, ils saignent, comme tous les homins !
— Vous les « tuez »… ou plutôt, vous les mettez dans une position qui demande l’intervention des Puissances. Mais ces homins ne sont pas morts pour de bon. Vous n’avez jamais réellement éliminé un Antekami, n’est-ce pas ?
— Je… je n’en sais rien. Ils se ressemblent tous, avec leurs masques mutilés.
— Non, non, je vous garantis que vous n’en avez jamais tué… Je peux vous le certifier, parce que nous avons nous-même… Ho, je ne vais pas vous ennuyer avec le détail, mais sachez que la plupart des Antekamis ont une graine de vie bien plus résistante que la moyenne homine. Comment survivraient-ils à leur fréquentation assidue de la Goo, sinon ? Celui qui vous intéresse a déjà été la cible d’un contrat de ce genre par le passé, que nous avons honoré. Ça n’a pas suffi, pourtant je vous garantis que nous y avons mis tout notre savoir d’alors. La demande venait de gens bien plus respectables que vous, et nous avions alors nous-même un différend avec cet individu, ce qui a rendu l’opération d’autant plus intéressante. Mais cela ne l’a pas tué. Il a disparu un moment de la circulation, il est revenu faible comme un yubo, mais il est revenu. Et il a su se montrer utile ensuite et se faire pardonner. Arriver à s’en débarrasser pour de bon demandera des ressources supérieures.
— C’est impossible…
— Impossible, non. Si vous nous amenez ce paiement, nous veillerons à réussir sa mort. S’il revenait encore, nous recommencerions, jusqu’à trouver la bonne formule. N’est-ce pas passionnant ?

Moi, je regardais la liste, cette liste impossible à réunir, et je pensais aux implications de ce que disait cet homin malsain. On était embarqué dans une sale affaire… Mais je pensais aussi aux gamins des Iconodoules, et à cette petite fille, Buaoi, au regard si grave pour son âge. Il fallait le faire quand même…

Alors j’ai négocié. J’ai repris chaque chiffre. Mon interlocuteur ne voulait pas me donner tous les détails de son calcul, mais j’ai rogné, partout où je pouvais. J’ai même réussi à enlever deux zéros au chiffre monstrueux des dappers, qui continuait à dépasser le milliard. Enfin, il m’a mis dehors, avec une liste légèrement allégée, mais toujours aussi énorme.

— Nous passerons à l’action lorsque vous pourrez payer, m’a-t-il dit. La proposition n’a pas de limite dans le temps, mais les chiffres auront peut-être besoin d’être réévalués d’année en année.

J’ai retrouvé ma tribu. On est allé voir les Iconodoules, à qui on a donné le prix, en laissant de côté les détails de la négociation. On n’a même pas calculé de pourcentage pour nous, dans cette affaire. Eux et nous, on est aussi allé discrètement se renseigner auprès d’autres tribus du Pays Malade, voir qui pouvait nous aider. On n’en a pas parlé à la Théocratie : détruire une graine de vie ET commercer avec le Cercle Noir… Il était certain que ça ne plairait pas aux Sages, mais ces derniers avaient déjà échoué à trouver une autre solution. Finalement, seuls les Gibads se sont révélés être des alliés dans cette affaire. Les Antekamis les embêtent aussi…

Et on a réuni tout ce qu’il y avait sur la liste. Cela nous a pris un temps fou. Les Iconodoules ont le plus participé. Je crois que toute leur artisanat, sur toutes ces années, a été vendu pour réunir le moindre dapper possible. On a échangé avec les voyageurs pour obtenir les matières demandées ; on a foré, chassé. Et pendant tout ce temps, cet Antekami continuait de nous persécuter, sans se douter que nous préparions sa mort.

À la fin, ça a été fait.

*** Le retour d'Haokan ***


— Mais vous êtes sûr qu’il est mort ? ai-je demandé à Buaoi.
— Certain. Cela fait des années qu’il n’est plus passé chez les Iconodoules et que personne n’a entendu parler de lui.
— Il pourrait être allé dans un autre pays ?
— Né… pendant des décennies, il a écumé la région, pourquoi serait-il allé ailleurs soudainement ? Et peu importe, ce qui compte, c’est que nos enfants puissent vivre en paix.

En disant cela, elle a caressé la tête de son poko, encore tout petit, avec une tendresse émouvante.

Be'Laury m’a fait une réponse similaire.
— Le Cercle Noir nous a garanti que c’était fait. Cela a été long, mais ça a fini pas se faire. Nous avons eu de la chance, au final : une partie de la troupe qui suivait cet Antekami s’est fait capturer par la Théocratie. Lui, il s’est échappé, mais il était seul, du coup, quand les gens du Cercle Noir ont… fait ce qu’ils devaient faire.
— Mais vous avez une preuve ?
— La seule preuve qui compte, c’est que personne ne l’a revu depuis des années. Ni ici ni ailleurs.
— J’ai une dernière question… Quel était le nom de cet Antekami ?
— Qui sait ? a répondu Be'Laury en haussant les épaules. Un sale type ; que son nom reste dans l’oubli, c’est aussi bien.

***


J’ai dit que mon histoire commençait peut-être bien plus tôt, et que son dénouement était encore à venir. Certains Iconodoules, en particulier, ne sont pas à l’aise avec tout ça : ils sont assez éveillés pour savoir qu’il y a plus que la surface des choses.

La première question est : vu les relations entre le Cercle Noir et les Antekamis, à quel point les premiers sont-ils responsables de la résistance des seconds à la Goo ? À quel point le Cercle Noir a-t-il participé à l’apparition de cet Antekami qu’ils ont fini par aider à détruire ?

La seconde question concerne les implications de la destruction de la Graine de vie par le Cercle Noir. S’ils peuvent le faire, à qui d’autres vont-ils vendre cette possibilité ? Quelle menace cela fait-il peser sur des homins de bien ?

La troisième question concerne la somme que le Cercle Noir a touchée. On parle des efforts conjoints des Iconodoules, des Trafiquants des Ombres et des Gibads sur plusieurs années. De sommes astronomiques. Qu’a fait le Cercle Noir de ces ressources ? Quel avantage ont-ils acquis grâce à cela, et comment vont-ils l’utiliser ?

*** ***


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