ROLEPLAY


Une histoire de forage

Haokan avait rejoint Krill près de la tribu des Gibads, avant qu’elle ne l’emmène dans un de ses coins préférés en jungle. Après avoir tâtonné un peu sur la marche à suivre, ils avaient fini par trouver un rythme. Alors, tout en soignant les sources, Haokan avait commencé à papoter.

— Dans les archives, j’ai trouvé un conte… une histoire de grenouille. Mais peut-être la connais-tu déjà ? Une grenouille amoureuse.
— Je connais une histoire de grenouille. Mais je ne sais pas si c’est la même. Et puis… Le conteur fait une partie de l’intérêt de l’histoire…
— Cela vient des archives du Wa Kwai. La conteuse était l’Éveillée Vrana.

Tandis qu’Haokan se remémore les mots, Krill se dit qu’elle connait peut-être bien, alors. Mais elle laisse le zoraï raconter…
L'un des contes de Vrana
Dans une petite mare de la jungle, une petite grenouille attendait avec impatience la pluie. Pas seulement pour la pluie qu’elle prodiguait : elle attendait la pluie, car elle était amoureuse, amoureuse du rouge de l’arc-en-ciel ! Cette couleur si difficile à trouver aussi pure la ravissait, lui faisait voir la vie en rose, mettait du bleu dans son terne univers de vert…

Et puis un beau matin de printemps, juste après la rosée, elle leva machinalement le regard vers le ciel.

Ô miracle !

Il n’avait pas plu… mais le rouge était là !

Tout près d’elle, enfin à sa portée, réel, charnel… Sous la forme d’une fleur aux pétales couleur rubis, qui penchait tendrement sa tête vers la petite grenouille. La grenouille sentit son coeur s’accélérer. Son amour venait de prendre forme. Fleur bleue, la petite grenouille voulut immédiatement déclarer sa flamme au rouge adoré, et commença l’ascension de la tige.

Elle touchait presque au but quand sous le poids de sa soupirante, la tige s’inclina jusqu’au sol, obligeant notre grenouille à lâcher prise. La grenouille ne perdit pas courage pour autant. Sept fois de suite elle tenta de gravir ce mont, sept fois d’affilée, sur le point d’atteindre la félicité, elle retomba sur l’écorce. Si bien qu’à la septième chute, épuisée, elle s’assoupit sur place, remettant au lendemain ce qu’elle n’avait pu faire le jour même.

Comment pouvait-elle imaginer qu’elle s’endormait près d’un nid d’Izams ? C’est le bruit de ces rapaces qui la réveilla. Elle leva timidement ses yeux protubérants en direction du bruit et là, nouveau miracle, elle vit le rêve de sa vie. Crête et barbillons écarlates, rouge vif, se pencher tendrement vers elle, et l’engloutir d’amour.

Krill hocha la tête. C’était bien du Vrana.
— Il y avait une morale en plus ? Connaissant Vrana, j’imagine que c’est à chacun de la trouver…
— Très certainement. Les zoraïs donnent rarement la morale directement… Il faut la trouver, et elle est souvent différente pour chacun.
— Je me disais bien… ronchonna Krill dans ses couettes.
— Parce que le chemin qui mène à l’Illumination dépend des pas de chacun, aussi.

Puis en voyant l’air sceptique de la trykette, il ajouta avec un sourire :
— Ou parce qu’après avoir trop fumé, ils ne savent plus où ils veulent aller !

Ils rirent, et le zoraï reprit :
— Et c’est plus simple de laisser les gens chercher un sens à ce qui n’en a pas. Mais j’aime bien les histoires zoraïs, justement parce qu’elles laissent de la place à l’interprétation. Après, je ne sais pas si quelqu’un a réellement trouvé l’Illumination grâce à ce genre de contes…
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