ROLEPLAY


Pour quelques Timaris

Ça avait été des jours intéressants. Il avait bien cru qu’il allait y passer. Encore maintenant, il se sentait faible de la cure qu’il s’était infligée. Mais entre ça et la démence, son choix était fait.

D’aucuns le pensaient déjà fou de s’appliquer une médecine aussi extrême. Mazé'Yum constatait une seule chose : ça marchait. Certes, peu d’homins auraient pu survivre à un tel traitement et ses tentatives pour répliquer l’expérience sur d’autres s’étaient soldées par un taux d’échec absolument critique. Il aurait fallu qu’il reprenne entièrement les travaux de son maitre. Mais c’était trop de contraintes, sur un trop grand laps de temps, dans une époque qui n’était pas propice à ce type d’expérimentation. S’il arrivait à changer un peu la position de certaines nations… Non, ce genre de chose demanderait bien plus qu’un peu de diplomatie pour être acceptée.

Tandis qu’il récupérait dans un creux des Primes, il se remémorait les derniers jours.

Malgré l’agacement que les Bhai Nori Drakani pouvaient provoquer chez lui et le mal qui lui rongeait les poumons, il s’était forcé à aller les chercher dans les lacs. Si Wixarika mourait, il perdrait une bonne occasion de faire avancer la recherche. Il avait avec lui son remède expérimental, tout en étant très dubitatif sur son effet.

Les gardes de Fairhaven l’avaient laissé passer, en lui jetant des regards suspicieux, mais sans l’arrêter. Il avait trouvé Eeri et Wixarika au bar, avec d’autres homins à qui il n’avait pas prêté une grande attention. Heureusement pour lui, la patiente semblait être dans la catégorie des guérisons spontanées. Son infection avait été légère, c’était dans l’ordre du probable, mais Mazé'Yum n’avait pas compté dessus plus que ça. Une fois assuré qu’elle était en bonne voie, il avait pris la décision de ne même pas aborder la question du remède. Pas la peine de courir des risques inutiles : ce truc pouvait tout aussi bien la tuer, s’il s’était trompé dans ses théories. À ce stade, la vie de la fyrette n’était plus en danger, ce serait un véritable manque de chance que la goo regagne de la vigueur.

Les deux fyros essayaient d’en savoir plus sur lui, mais elles se montraient encore bien trop méfiantes pour qu’il leur dise tout. Il ne leur mentait même pas, se contentant d’esquiver les réponses qu’elles cherchaient. Il avait tout de même été déstabilisé par la gratitude de Wixarika et le fait qu’Eeri le trouve « plein d’hominité ». Dans l’état de faiblesse où il était à ce moment-là, cela l’avait complètement perturbé. Il n’avait pas souvenir que quiconque lui ait jamais dit « merci ». C’était très bizarre. Il en avait oublié de récupérer la parure qu’il leur avait prêtée.

Le lendemain, il avait rejoint ses hôtes dans les Primes. À ce stade de l’infection, il avait un enthousiasme débordant et l’envie de frapper n’importe quoi, cette sortie était donc arrivée à point nommé. La tenue qu’il portait était bien loin de celles qu’il affectionnait habituellement et il avait le heaume bien fixé ; il était certain que des Bhai Nori Drakani seraient présents pour défendre le convoi et préférait limiter le risque d’être reconnu. Cependant, lorsque lui et ses alliés avaient attaqué le groupe d’homins, il lui avait fallu quelques instants pour se réfréner et arrêter de courir après un de ceux portant le blason de cette guilde. Il ne savait pas sur qui il tapait, son adversaire étant aussi casqué que lui, mais c’était idiot de s’exposer à être identifié ; il y avait suffisamment d’autres victimes à pourchasser. Il s’était aussi retenu de se moquer des autres maraudeurs à divers moments : exercice délicat pour quelqu’un comme lui, mais auquel il avait réussi à se plier, à la fois pour que nul n’entende sa voix parmi les membres des Nations, et parce qu’il n’avait pas besoin qu’un de ses coalisés le fasse taire trop brutalement.

Rentré au camp, il était allé dormir après avoir avalé une double dose de son antidote, jusqu’à ce qu’une quinte de toux le réveille. C’était vraiment, vraiment mauvais, le mal progressait vite. Le remède agissait aussi, mais pas assez rapidement. Une course contre le temps… Il savait ce qui pouvait l’aider, mais à qui demander ? Tremblant sous l’effet de la fièvre, il rédigea une lettre. L’izam de réponse lui revint quelques heures plus tard :

Viens. Je t’attends.

Comment avait-il réussi à rejoindre le point de rendez-vous ? Il en gardait un souvenir confus, ainsi que du reste des opérations. Il se remémorait la douleur ; elle connaissait son métier, maitresse bourreau et de facto la meilleure chirurgienne à qui faire appel, pour peu qu’on accepte ses méthodes. Cela avait été long, vraiment long. Puis la souffrance avait reculé, laissant la faiblesse des multiples résurrections prendre sa place.

— Tu es bavard, avait-elle dit quand il avait repris conscience.
— Ton scribe a tout noté ?
— Bien sûr ! Il y a quelques détails croustillants qui amuseront Lira. Tu pourras récupérer l'ensemble lorsqu’elle aura fini de le lire. Reviens la semaine prochaine.

Il hocha le masque, comprenant qu’il était temps de prendre congé. Il s’était téléporté dans un endroit où peu d’homins venaient, se réfugiant dans un campement abandonné. Puis il avait attendu que ses forces remontent et que son lien à la magie se stabilise à nouveau, se reposant et repassant dans sa tête les évènements passés et les actions à entreprendre pour le futur.
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