ROLEPLAY


Pour quelques Timaris

Eeri essayait de se souvenir de chaque infime détail. Ou en était-elle…? Ah, Thesos. L’appartement. Se souvenir de chaque mot, chaque détail, encore et encore.

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Elle trépignait sous son casque. Lorsqu’ils ouvrirent le coffre, un nuage de goo s’échappa, comme elle s’y attendait. Doucement, avec courage, elle attrapait la plus petite boîte, suintante d’humidité, et marcha doucement vers la sortie. Comme prévu, elle avait réussi à placer ses compagnons dans une situation d’épouvante terrible, et seul le Zoraï (ainsi que le conteur, qui semblait perdu dans ses pensées loufoques comme à son habitude) semblaient arriver à garder leur calme.

Eeri se mordait les joues, et avait un sentiment de culpabilité terrible, mais tout avait fonctionné. Un peu trop même. Jazzy et les siens étaient dans une colère noire. Comment pouvait-elle rester aussi insouciante face à des choses aussi graves et dangereuses? Comment pouvait-elle placer ses drakani dans une situation de danger pareille?
Les casques filtrants qu’elle avait fait à la hâte dans la journée donnaient à ceux qui le portaient une vision très limitée, et le nuage qui s’était échappé du coffre avait fait un parfait effet.

La seule réaction de la fyrette, lorsqu’elle enleva son casque, était un petit rictus contrôlé, qui pouvait passer pour une satisfaction d’avoir accompli une tâche difficile. Elle voulait féliciter les trois drakani, mais se retenait, et laissait libre court à la colère de Jazzy. Elle l’entretenait même, en racontant et exacerbant quelques anecdotes sordides de son passé. Comment elle avait quelques fois été en contact avec des maraudeurs pour certains échanges et expériences, et comment celles-ci avaient mal tournées… Elle avait appris du conteur qu’il ne suffisait que d’une petite part de vérité pour rendre un conte crédible.

Le Zoraï, pensait-elle, voyait ce qu’il s’attendait à voir et était satisfait.
Il leur expliquait pourquoi la connaissance de la goo était un sujet délicat, pourquoi il devait cacher son laboratoire, pourquoi au sein même de la théocratie certains restaient partisans des tribus à goo et d’autres leur faisaient la guerre. Pourquoi ceux qui expérimentaient comme lui subissaient en général la colère et la haine des homins.

Mais il était prêt à la revoir, à partager plus de connaissances avec elle, sans ses "idiots" d’amis. Les questions insistantes de Jazzy, son agressivité, c’en était trop pour lui. La fyrette essayait de contenir son commandant, lui demander d’accorder sa confiance, si ce n’était à Mazé’Yum, au moins à elle.
Jazzy écumait de rage, les cheveux de son étrange coiffure à la fyros tremblaient : "toi! au GH! maintenant!"

Le mot "idiots" employé par le zoraï était tout de même de trop. Elle lui sourit froidement, et rétorqua : "L’humilité est une grande qualité chez un homin. Vous devriez faire des recherches là dessus. Nous nous verrons bientôt, j'espère."
Faut pas pousser l'tryker dans les slaveni, non d'un toub...

Elle prit le chemin du hall de guilde, un sourire au lèvres.

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Pourtant elle ne réalisait pas encore que quelques jours plus tard la situation allait se renverser de nouveau, totalement.

Le lendemain, ce n’était un secret pour personne, avec quelques autres drakani, elle prendrait le chemin de la jungle, afin de répondre à l’appel de la théocratie pour "rabaisser les ambitions du cercle noir".

Quelques heures avant le rendez-vous, un fyros court vers elle, à thesos : "Eeri !! une missive pour vous…" Oh, si vite? décachetant la lettre, donc la provenance ne faisait aucun doute, elle fut surprise de trouver déjà quelques résultats de l’analyse du timari, ainsi que quelques conseils inattendus. Le Zoraï mettait en garde contre les dangers de cette expédition, le grand risque encouru à détruire ce que le cercle noir avait construit pour extraire la goo. Il valait mieux (et elle partageait grandement ce point de vue) essayer de trouver un accord plutôt que d’en arriver à une destruction brutale, qui pouvait avoir, selon ses mots, "des conséquences désastreuses pour les homins présents et pour la région elle-même". Mazé’Yum ne se faisait pour autant pas d’illusions sur l’issue de cette expédition, indiquait qu’il ne se déplacerait pas, et conseillait à elle et ses compagnons la plus grande prudence.
La lettre ne laissait aucun doute sur le fait que Mazé’Yum n’avait aucun intérêt à voir une guerre ouverte entre la théocratie et le cercle noir.
Si pourtant il était membre de cette tribu, comme le suspectait Eeri, ça faisait au moins un individu encore à peu près sensé dans leur rangs. Elle fit lire la lettre à ses compagnons, leur recommandant la plus grande prudence, de rester loin des nuages de goo, qui pouvaient s’avérer beaucoup plus dangereux et violents.

La suite fut hélas sans surprise.
Le chasseur Zoraï envoyé par la théocratie était de ces homins qui suivaient les ordres sans une once de reflection. Les avertissements d’Eeri sur les risques dont elle avait eu vent (elle se gardait bien de citer la source de ces informations), recommandation à la prudence et au dialogue, ne servirent à rien.
Quasiment tous les homins présents, y compris certains de ses compagnons, foncèrent avec inconscience et folie dans la goo, afin de détruire la machine du cercle noir. Eeri se sentait impuissante. Elle tâchait, avec Eolinius et quelques autres, de relever aussi vite que possible ceux qui tombaient. Rester inconscient trop longtemps dans la goo pouvait avoir un impact fatal sur la graine de vie.

Comment la théocratie pouvait-elle appeler des volontaires, non préparées, et les envoyer mener un tel combat à sa place? C’était criminel. L’appel de Mabreka lui semblait aussi condamnable et inconscient que certaines actions du cercle noir. Peut-être était-il simplement trop vieux, et devenait sénile.

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Eeri était perdue. Elle arpentait toujours son appartement (c'était une chose très en vogue chez les drakani...) maintenant depuis des heures, et essayait de faire fonctionner son cerveau de fyrette. Ou est le mal, ou est le bien, ou est le juste milieu des choses? Qui croire?

Elle n’avait au début aucune confiance en Mazé’Yum, ni en l’homin qui le lui avait présenté, cet énergumène de marchand tryker. L’approcher était une façon pour elle d’apprendre plus, d’apporter sa contribution aux questions que tant d’homins se posaient sur la goo et les puissances. Elle devait admettre aussi, qu'elle éprouvait une sorte de fascination pour l’homin et pour son savoir. Depuis toujours elle vouait une admiration cachée pour l’abnégation de ces chercheurs face au risque auquel ils se confrontaient, et autant elle les trouvait, d'une certaine façon, repoussants.

Mais maintenant, sauver son amie devenait la chose la plus importante aux yeux d’Eeri, et c’était Mazé’Yum lui-même qui amenait une solution. Venant de lui, le conseil de contacter Tao-Sian constituait peut-être un geste d’ouverture considérable de son coté, ou une manoeuvre pour discréditer la théocratie. Ou les deux. Mais d'abord, la sauver.

C’en était trop pour la fyrette, et se cogner la tête dans chaque mur de son appartement n'aidait pas. D’abord, elle devait demander conseil à Eolinius, qui connaissait la théocratie mieux que quiconque chez les drakani, et afin qu’il prenne contact au plus vite avec la guérisseuse.
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