ROLEPLAY


Ténèbres des soleils passés

Départ

«Ne trouves-tu pas que j’ai meilleure mine depuis la dernière fois?»

Le zoraï avançait en marche arrière, vêtu uniquement des
jambières de son armure Erouk’an et portant un gros sac sur son
épaule. Il regardait minutieusement son corps, comme ci celui-ci
lui était étranger. Il avait en effet repris des couleurs et du poids.
Peu de temps après s’être réveillé de son long sommeil, quelque
par sous le Désert Ardent, il avait rejoint la surface, et était tombé
de stupeur devant la vision de son reflet dans l’Oasis d’Oflovak.
Où était le jeune et beau Vao de vingts printemps ? Amaigri et
abimé, il en paraissait trente de plus. Mais une semaine de temps
avait suffit à lui redonner de nombreuse années. Aujourd’hui, il
paraissait avoir quarante ans. Si sa peau restait ridée et peu ferme
à certains endroits, ses muscles finement sculptés avaient
doucement refaient surface.

Lai’Suki balaya son corps du regard, hochant la tête pour valider
son propos. Si elle avait déjà observé ces changements
physiques, elle avait préféré ne rien lui dire, sentant que l’amnésie
du zoraï cachait des faiblesses psychologiques, et qu’il était
probablement préférable de le ménager.

« Par contre, si tu veux arriver entier jusqu’a Fairhaven, il serait
plus prudent que tu regardes devant toi lorsque tu marches Vao.
Tu m’as montré à quel point tu étais agile, mais … »

Un bruit de craquement se fit entendre et l'homin tomba. Le sol se
déroba sous ses pieds et l'homine eu tout juste le temps de lui
attraper les bras. Elle tomba sur le ventre, emportée par le poids
de son ami et se mit à geindre de douleur, refusant de le lâcher.
Un gingo fût attiré par le brouhaha et repéra la paire de zoraïs en
difficulté. Il s’élança pour venir mordre les mollets de l'homine qui
se mit à crier de plus belle.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive! Je ne vois rien! »

L'homin suspendu dans le vide regarda le masque de sa
compagne de voyage tordu par la douleur et la frayeur. Des
larmes pleuvaient sur le masque de l'homin.

« Il y a un gingo qui est en train de m'arracher les jambes, Vao je
déteste ces animaux, ils me font … peur. »

L'homine hurlait mais ne lâchait pas le morceau, plus têtue que la
bestiole qui rageait, motivée par la faim et la survie. Elle lâcha l’un
des bras de son ami, eu le temps de se tourner vers son
agresseur et rugit un sortilège. La foudre s'abattit sur le gingo qui
explosa malgré l’homine. Sous le coup de l’émotion, elle avait
donné toute sa puissance magique. Lai'Suki se retourna pour
essayer de tirer Vao vers le haut, mais était arrivée à bout de force:
l’homin dans son armure était trop pesant. Les deux furent
emportés et tombèrent dans la noirceur.

Arrivés au fond de la crevasse, ils se relevèrent péniblement,
couverts de sève et de sciure. Ils prirent le temps de panser leurs
blessures, heureux d'être toujours en vie. Vao invoqua une flamme
dans le creux de sa main, dévoilant l'endroit dans lequel ils se
trouvaient. Une planque. Des étagères, des livres, un espace de
travail, plusieurs objets jonchaient les quelques meubles présents
et le sol. Stupéfaits, les deux zoraïs se regardèrent et
commencèrent à fouiller les lieux.

« Qu'est-ce que c'est? » demanda Lai'Suki alors que l'autre zoraï
tenait dans ses mains un vieux bouquin. Ils observèrent
attentivement l'objet, le contenu était rédigé en ancien dialecte
zoraï.

« Regarde ce glyphe, c'est celui pour dire « croisade ». Il n'a pas
beaucoup changé avec le temps. Par contre pour le reste, je ne
saurais pas décoder. Il faudrait que je rentre à Jen-Laï pour
consulter les archives. Allez, on le prend avec nous, de toute
façon je doute que le propriétaire revienne le réclamer un jour vu
l'état des lieux … Ne me regarde pas comme ça! J'emprunte sans
permission, c'est tout.»

Vao esquissa un sourire. Chaque fois qu'il le faisait, son masque
semblait se crisper comme s'il n'avait plus l'habitude de cet effort
depuis longtemps. Il trouva une dague dans le désordre et se dit
qu'un tel objet devrait lui revenir, lui qui était si habile. Jetant un
dernier regard sur l'endroit, il posa les yeux sur un petit sac
abandonné sur la table de travail. Trop tard, Lai'Suki s'en était
emparée avant lui. Elle l'ouvrit et découvrit son contenu. Zut pas
de dappers, tant pis!

« C'est un jeu de dés. Je l'apporte, on pourra passer le temps en
faisant des parties pendant le voyage, si on s'ennuie. »

Vao hocha la tête et fixa le plafond d'écorce. Il y avait forcément
une autre issue. La souris à qui appartenait le repère ne pouvait
pas péter le plafond à chaque fois qu'elle voulait entrer. Vao
scrutait les parois jusqu'à dévoiler une ouverture creusée. Le
passage était terriblement étroit. Un chemin de tryker ou fyros à la
limite. Les deux prisonniers réussirent à s'extirper de leur geôle
d'écorce tant bien que mal. Vao manqua de rester coincé une fois
ou deux. De retour à la surface, la lumière tombait tranquillement
et les ombres commençaient à recouvrir le Bosquet.

Lai'Suki et Vao installèrent le camp. Ils prendraient les tours de
garde l'un après l'autre. Nul part n'était réellement un endroit sûr,
surtout avec les Antekamis qui patrouillaient jour et nuit.
La zoraï sortit les sept dés du sac et haussa le masque. Il avaient
entre huit et douze faces et n’étaient marqués d’aucun chiffre. Ils
étaient en revanche gravés de fines lignes entrecroisées et sans
signification particulière.

Plus tard dans la nuit, elle se mit à crier, réveillée par un
cauchemar. Lorsque son tour de garde arriva, elle laissa Vao
dormir jusqu'au matin, incapable de se rendormir de toute façon.
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