Kenny Mac'Duncan chantonne doucement en s’occupant de l’homine. Cela fait un moment qu’elle est plongée dans son rêve ; le tryker l’aurait bien accompagné, mais le patron lui a donné une mission et il s’y applique comme un chef. Du reste le travail est facile jusque là, le coin est paisible et le patron ne va probablement plus tarder.
Un bruit. Mac'Duncan se relève, aux aguets. Quelqu’un s’approche, mais ce n’est pas le patron. C’est une homine, une zoraïe, dans une armure toute blanche et bizarre, peut-être tryker. Ce n’est pas l’un des uniformes du coin. Elle a son casque, il ne sait pas qui c’est, si c’est une simple voyageuse ou quelqu’un qui en veut à ce qu’il surveille. L’homine s’arrête, le regarde, regarde la zoraïe qui dort derrière lui.
Mac'Duncan tente de se faire plus impressionnant qu’il ne l’est, son épée brandie :
— Y’a rien pour toi ici ! Passe ton chemin !
Elle fait un pas vers lui. Le tryker ne se dégonfle pas, tout en se repassant les consignes en boucle dans sa tête :
— Je ne veux pas me battre ! Va-t’en, c’est tout !
Peine perdue. L’homine sort une grande hache et le charge. Mac'Duncan n’attends pas de voir si c’est de l’esbroufe et fuit avant qu’elle arrive sur lui. Mais quelques mètres plus loin, il se rend compte qu’elle ne l’a pas suivi. Que faire ? Aller chercher du secours au Cercle Noir ? Le temps de faire l’aller-retour, Jena sait ce que cette fille aura fait. Il revient sur ses pas, restant à distance prudente.
L’autre est penchée sur l’Initiée, et avant que le tryker ne soit à portée de voix, voilà qu’elle la prend dans ses bras et la soulève ! C’est pas bon, ça, pas bon du tout ! Kenny Mac'Duncan crie :
— Laisse-la ! Elle est sous la protection du Cercle Noir !!! Et ils vont venir te dégommer si tu la touches !
L’autre lui répond par un feulement de rage. Elle pose son fardeau, se tourne vers le tryker qui continue à crier pour qu’elle parte, elle prend ses amplis…
Le sort touche le tryker, qui sent soudain ses paupières devenir lourdes… très lourdes. Impossible de résister. Quelques instants plus tard, il ronfle dans l’herbe.
Quand il se réveille, un peu désorienté, il cherche son adversaire, paniqué. Plus personne… Si, là-bas ! Une silhouette au loin ! Le tryker se relève et court pour se rapprocher. Il ne sait pas encore ce qu’il doit faire, mais une chose est certaine : le patron ne va pas être content.
C’est bien elle. La kidnappeuse. Elle porte l’Initiée dans ses bras, avançant lentement en contournant la Souche Flétrie. Mac'Duncan ralentit : il ne faut pas qu’elle le repère. Il se glisse d’arbre en arbre. Parfois la zoraïe blanche pose l’Initiée et se débarrasse des carnivores sur la route, mais ce n’est jamais assez long pour que le tryker puisse reprendre l’homine. Et puis même si elle n’a pas l’air lourde, c’est une zoraïe et lui-même n’est pas grand, ce serait une sacrée galère de la porter.
D’un côté, il faudrait prévenir le patron. De l’autre, il est à peu près sûr que ce qui intéressera le patron, c’est de savoir QUI ose intervenir. Kenny ne peut pas s’arrêter pour écrire un izam ni faire l’aller-retour au Cercle, le mieux est de voir où cette fille se rend ; ensuite, ils récupèreront l’Initiée. Heureusement le chemin est dégagé par cette folle furieuse. Il reste à distance pour ne pas se faire repérer. Les choses se compliquent quand ils sortent du couvert des arbres ; alors Mac'Duncan se glisse derrière les wombaïs et les bodocs, tout ce qui est assez gros pour le cacher.
L’homine fait un long arrêt à l’Atelier de Gu-Qin. Un izam s’envole. Pas bon, ça. Et la zone est trop à découvert. Quand enfin elle repart, Mac'Duncan court jusqu’à Pecho Cuinio qui traine toujours de ce côté. Il lui explique l’affaire en quelques mots, demandant au matis de faire passer le message au Cercle. Mais ce faisant il manque perdre de vue les deux homines. Il fonce pour les rattraper ; elles n’ont pas pu aller dans tant de direction que ça. Là ! Elles descendent la colline. Le tryker manque marcher sur la queue d’un gingo dans sa précipitation, l’évite de justesse, dévale la pente, se rends compte qu’il se rapproche trop, s’arrête un peu brutalement contre un faneng… miracle, ni le gingo ni l’homine casquée ne l’ont repéré. La filature reprend.
Soudain le tryker sent une grande douleur le traverser et vole dans les airs. Quand il retombe, il voit un grand kitin relever son dard.
— Ho, Pankom… Coucou…
Derniers mots avant de sentir l’appel de Jena. Il s’abandonne sans honte à l’étreinte de la Déesse, sachant que nul autre qu’elle ne viendra le secourir ici.
Il se réveille près du téléporteur de Zora. Un peu groggy, il saute sur ses pieds, salue les karavaniers et les remercie avec un grand sourire, puis réfléchit rapidement.
Si c’est une zoraïe, elle passera par Min Cho. Et sinon, il faudra chercher chez les Antekamis. Mais pas tout seul : avec le patron. Les Antekamis sont un peu trop énervés ces temps, surtout avec les trykers.
Zoraïs ou Antekamis : une de ces deux options, c’est ce qui parait le plus probable. Donc Mac'Duncan fonce dans Zora, file prendre un mektoub à New Horizon et se retrouve à Min Cho. Là, il se pose derrière l’étable. Il n’y a plus qu’à attendre pour voir quelle hypothèse est la bonne.
Il attend… Il attend… rien…
Il se demande soudain à partir de combien de temps il peut se dire qu’elle ne passera pas par Min Cho. Et si Pankom les avait eus aussi ? Et si…
L’attente devient inconfortable, mais en l’absence d’instructions, il n’a pas de meilleure idée. Soudain il voit passer un drôle de truc. Un gubani ? Sortant de Min Cho ? Avec un truc blanc dessus ?
Il court derrière pour mieux voir. Oui, c’est l’homine montée sur ce gubani ! Pourquoi seule et dans ce sens, mystère, mais il en conclue qu’elle va chercher la zoraïe. Il ne peut pas suivre un gubani qui court, il ne sait pas ce qu’elle va bien pouvoir faire ensuite… Il pense soudain au vortex. Tout en se rongeant les ongles, il essaie de peser les alternatives :
— Soit elle l’emmène dans les lacs… Soit elle la ramène ici… Et le patron qui n’est pas là…
C’est un pari dont l’enjeu est la satisfaction ou la colère du boss.
— Bon. Que ce soit la Théocratie ou les lacs, c’est déjà pas mal pour elle.
Il décide de continuer à attendre là. Personne ne fait attention à lui derrière cette étable, le poste d’observation est idéal.
Et il attend… Il attend… rien…
Elles ont dû aller dans les Lacs.
Il est à deux doigts de partir, quand il voit une troupe passer les portes de Min cho. Le gubani, sur lequel l’Initiée s’accroche ; l’homine casquée qui le mène ; un zoraï avec de grandes cornes et un drôle de tatouage en bande ; et un tryker aux cheveux violets et avec un habit bizarre. Ça en fait du monde. Sa protégée semble s’être réveillée, même si elle a cet air hagard de ceux qui ont trop chevauché le dragon.
Mac'Duncan se remet en filature, encore plus précautionneux qu’avant. Il y a trois fois plus de paires d’yeux pour le repérer à présent ; mais les homins n’imaginent pas qu’ils peuvent être suivis et ne font pas attention. Ils prennent des chemins de traverse, et le tryker manque perdre leur trace, mais il les retrouve dans la zone entre Hoi Cho et Zora.
Ils rentrent dans la capitale. Le gubani est laissé à l’étable, la guerrière-mage reprend l’Initiée dans ses bras. À voir comment la zoraïe droguée se laisse aller dans les bras de sa kidnappeuse, Mac'Duncan se dit qu’elles doivent se connaître et s’apprécier. C’est bien. Ça veut dire qu’ils ne lui feront pas de mal.
Il les voient disparaitre dans un grand bâtiment. Il s’approche nonchalamment, demande au gardien en bas de la rampe :
— C’est quoi ce bâtiment ?
— Ici ? C’est l’endroit où on trouve quasiment toutes les shizus zoraïes.
Il n’ose pas poser plus de questions. Pas question d’attirer l’attention. Il va se poser un peu plus loin pour rédiger son izam, racontant tout ce qu’il a observé, la description des homins. Dommage que la kidnappeuse n’aie pas enlevé son casque. Celui aux cheveux violets, il l’a vu la veille au bar d’Avendale, mais il n’est pas certain de son nom. Le dernier, il ne le connait pas.
Il reçoit la réponse peu de temps après. Laconique, écrit avec brusquerie :
— Reviens immédiatement.
Il peut presque voir le masque du patron, l’air exaspéré, l’insulte qu’il a dû dire à haute voix sans prendre le temps de l’écrire. Un sourire se dessine sur les lèvres du tryker. Bon, il va se faire engueuler, ce n’est pas drôle, et le boss ne sera vraiment pas content d’avoir perdu l’Initié dans ces circonstances, mais au moins il va avoir de nouvelles instructions ensuite, et il sait que le patron va tout résoudre. Et puis il ne s'est pas si mal débrouillé.
Un bruit. Mac'Duncan se relève, aux aguets. Quelqu’un s’approche, mais ce n’est pas le patron. C’est une homine, une zoraïe, dans une armure toute blanche et bizarre, peut-être tryker. Ce n’est pas l’un des uniformes du coin. Elle a son casque, il ne sait pas qui c’est, si c’est une simple voyageuse ou quelqu’un qui en veut à ce qu’il surveille. L’homine s’arrête, le regarde, regarde la zoraïe qui dort derrière lui.
Mac'Duncan tente de se faire plus impressionnant qu’il ne l’est, son épée brandie :
— Y’a rien pour toi ici ! Passe ton chemin !
Elle fait un pas vers lui. Le tryker ne se dégonfle pas, tout en se repassant les consignes en boucle dans sa tête :
— Je ne veux pas me battre ! Va-t’en, c’est tout !
Peine perdue. L’homine sort une grande hache et le charge. Mac'Duncan n’attends pas de voir si c’est de l’esbroufe et fuit avant qu’elle arrive sur lui. Mais quelques mètres plus loin, il se rend compte qu’elle ne l’a pas suivi. Que faire ? Aller chercher du secours au Cercle Noir ? Le temps de faire l’aller-retour, Jena sait ce que cette fille aura fait. Il revient sur ses pas, restant à distance prudente.
L’autre est penchée sur l’Initiée, et avant que le tryker ne soit à portée de voix, voilà qu’elle la prend dans ses bras et la soulève ! C’est pas bon, ça, pas bon du tout ! Kenny Mac'Duncan crie :
— Laisse-la ! Elle est sous la protection du Cercle Noir !!! Et ils vont venir te dégommer si tu la touches !
L’autre lui répond par un feulement de rage. Elle pose son fardeau, se tourne vers le tryker qui continue à crier pour qu’elle parte, elle prend ses amplis…
Le sort touche le tryker, qui sent soudain ses paupières devenir lourdes… très lourdes. Impossible de résister. Quelques instants plus tard, il ronfle dans l’herbe.
Quand il se réveille, un peu désorienté, il cherche son adversaire, paniqué. Plus personne… Si, là-bas ! Une silhouette au loin ! Le tryker se relève et court pour se rapprocher. Il ne sait pas encore ce qu’il doit faire, mais une chose est certaine : le patron ne va pas être content.
C’est bien elle. La kidnappeuse. Elle porte l’Initiée dans ses bras, avançant lentement en contournant la Souche Flétrie. Mac'Duncan ralentit : il ne faut pas qu’elle le repère. Il se glisse d’arbre en arbre. Parfois la zoraïe blanche pose l’Initiée et se débarrasse des carnivores sur la route, mais ce n’est jamais assez long pour que le tryker puisse reprendre l’homine. Et puis même si elle n’a pas l’air lourde, c’est une zoraïe et lui-même n’est pas grand, ce serait une sacrée galère de la porter.
D’un côté, il faudrait prévenir le patron. De l’autre, il est à peu près sûr que ce qui intéressera le patron, c’est de savoir QUI ose intervenir. Kenny ne peut pas s’arrêter pour écrire un izam ni faire l’aller-retour au Cercle, le mieux est de voir où cette fille se rend ; ensuite, ils récupèreront l’Initiée. Heureusement le chemin est dégagé par cette folle furieuse. Il reste à distance pour ne pas se faire repérer. Les choses se compliquent quand ils sortent du couvert des arbres ; alors Mac'Duncan se glisse derrière les wombaïs et les bodocs, tout ce qui est assez gros pour le cacher.
L’homine fait un long arrêt à l’Atelier de Gu-Qin. Un izam s’envole. Pas bon, ça. Et la zone est trop à découvert. Quand enfin elle repart, Mac'Duncan court jusqu’à Pecho Cuinio qui traine toujours de ce côté. Il lui explique l’affaire en quelques mots, demandant au matis de faire passer le message au Cercle. Mais ce faisant il manque perdre de vue les deux homines. Il fonce pour les rattraper ; elles n’ont pas pu aller dans tant de direction que ça. Là ! Elles descendent la colline. Le tryker manque marcher sur la queue d’un gingo dans sa précipitation, l’évite de justesse, dévale la pente, se rends compte qu’il se rapproche trop, s’arrête un peu brutalement contre un faneng… miracle, ni le gingo ni l’homine casquée ne l’ont repéré. La filature reprend.
Soudain le tryker sent une grande douleur le traverser et vole dans les airs. Quand il retombe, il voit un grand kitin relever son dard.
— Ho, Pankom… Coucou…
Derniers mots avant de sentir l’appel de Jena. Il s’abandonne sans honte à l’étreinte de la Déesse, sachant que nul autre qu’elle ne viendra le secourir ici.
Il se réveille près du téléporteur de Zora. Un peu groggy, il saute sur ses pieds, salue les karavaniers et les remercie avec un grand sourire, puis réfléchit rapidement.
Si c’est une zoraïe, elle passera par Min Cho. Et sinon, il faudra chercher chez les Antekamis. Mais pas tout seul : avec le patron. Les Antekamis sont un peu trop énervés ces temps, surtout avec les trykers.
Zoraïs ou Antekamis : une de ces deux options, c’est ce qui parait le plus probable. Donc Mac'Duncan fonce dans Zora, file prendre un mektoub à New Horizon et se retrouve à Min Cho. Là, il se pose derrière l’étable. Il n’y a plus qu’à attendre pour voir quelle hypothèse est la bonne.
Il attend… Il attend… rien…
Il se demande soudain à partir de combien de temps il peut se dire qu’elle ne passera pas par Min Cho. Et si Pankom les avait eus aussi ? Et si…
L’attente devient inconfortable, mais en l’absence d’instructions, il n’a pas de meilleure idée. Soudain il voit passer un drôle de truc. Un gubani ? Sortant de Min Cho ? Avec un truc blanc dessus ?
Il court derrière pour mieux voir. Oui, c’est l’homine montée sur ce gubani ! Pourquoi seule et dans ce sens, mystère, mais il en conclue qu’elle va chercher la zoraïe. Il ne peut pas suivre un gubani qui court, il ne sait pas ce qu’elle va bien pouvoir faire ensuite… Il pense soudain au vortex. Tout en se rongeant les ongles, il essaie de peser les alternatives :
— Soit elle l’emmène dans les lacs… Soit elle la ramène ici… Et le patron qui n’est pas là…
C’est un pari dont l’enjeu est la satisfaction ou la colère du boss.
— Bon. Que ce soit la Théocratie ou les lacs, c’est déjà pas mal pour elle.
Il décide de continuer à attendre là. Personne ne fait attention à lui derrière cette étable, le poste d’observation est idéal.
Et il attend… Il attend… rien…
Elles ont dû aller dans les Lacs.
Il est à deux doigts de partir, quand il voit une troupe passer les portes de Min cho. Le gubani, sur lequel l’Initiée s’accroche ; l’homine casquée qui le mène ; un zoraï avec de grandes cornes et un drôle de tatouage en bande ; et un tryker aux cheveux violets et avec un habit bizarre. Ça en fait du monde. Sa protégée semble s’être réveillée, même si elle a cet air hagard de ceux qui ont trop chevauché le dragon.
Mac'Duncan se remet en filature, encore plus précautionneux qu’avant. Il y a trois fois plus de paires d’yeux pour le repérer à présent ; mais les homins n’imaginent pas qu’ils peuvent être suivis et ne font pas attention. Ils prennent des chemins de traverse, et le tryker manque perdre leur trace, mais il les retrouve dans la zone entre Hoi Cho et Zora.
Ils rentrent dans la capitale. Le gubani est laissé à l’étable, la guerrière-mage reprend l’Initiée dans ses bras. À voir comment la zoraïe droguée se laisse aller dans les bras de sa kidnappeuse, Mac'Duncan se dit qu’elles doivent se connaître et s’apprécier. C’est bien. Ça veut dire qu’ils ne lui feront pas de mal.
Il les voient disparaitre dans un grand bâtiment. Il s’approche nonchalamment, demande au gardien en bas de la rampe :
— C’est quoi ce bâtiment ?
— Ici ? C’est l’endroit où on trouve quasiment toutes les shizus zoraïes.
Il n’ose pas poser plus de questions. Pas question d’attirer l’attention. Il va se poser un peu plus loin pour rédiger son izam, racontant tout ce qu’il a observé, la description des homins. Dommage que la kidnappeuse n’aie pas enlevé son casque. Celui aux cheveux violets, il l’a vu la veille au bar d’Avendale, mais il n’est pas certain de son nom. Le dernier, il ne le connait pas.
Il reçoit la réponse peu de temps après. Laconique, écrit avec brusquerie :
— Reviens immédiatement.
Il peut presque voir le masque du patron, l’air exaspéré, l’insulte qu’il a dû dire à haute voix sans prendre le temps de l’écrire. Un sourire se dessine sur les lèvres du tryker. Bon, il va se faire engueuler, ce n’est pas drôle, et le boss ne sera vraiment pas content d’avoir perdu l’Initié dans ces circonstances, mais au moins il va avoir de nouvelles instructions ensuite, et il sait que le patron va tout résoudre. Et puis il ne s'est pas si mal débrouillé.