L’ambre perça.
La sciure se déroba instantanément. Osrik tombait dans la crevasse qui se formait sous
ses pieds.
La chute était interminable, il heurtait les racines à mesure qu'il était aspiré par le sol de ce qu'il identifia tout d'abord comme les primes racines.
Il sentait la planète battre, ses racines mouvantes autour de lui, et cette descente qui n'en finissait pas.
Il laissa ses mains caresser les fines branches dans sa chute plutôt que de chercher à s’agripper, sans toutefois s’en étonner.
Le moment, singulier, s’imposait comme une évidence. Il était là parce qu’il y était.
Un instant, il se demanda à quoi pouvait ressembler le cœur d’Atys.
Bientôt les racines disparurent, si bien qu'il n'évaluait plus sa vitesse. Elle lui semblait bien moindre, ce qui était tout même reposant.
Son dos heurta une immense plaque grise, froide, brillante, sale d'une fine couche de mousse.
Elle se déforma sous l'impact, légèrement, avant qu'il ne la transperce. C'était la première d'une très longue série.
Il était maintenant propulsé dans des fractales de ses plaques qui s’enchevêtraient, et qui dessinaient autour de lui une gigantesque boule, à l'infini, comme une planète dont il allait bientôt rejoindre, de toute évidence, le centre.
Un dédale de panneaux gris, reflétant une lumière qui venait de nulle part et dont il transperçait chaque étage à toute allure, les traversant comme s'ils disparaissaient à son contact.
Il se trouva un moment étourdi par la vitesse et les formes à l'infini.
La chute prit fin brusquement pour le plonger dans un liquide opaque, poisseux mais doux.
Un liquide qu'il respirait, qui pénétrait chacun de ses pores.
Là, au milieu du vide à la fois épais et délicat Elle lui apparue.
D'abord sous forme de lueur imperceptible, puis, s'approchant, de plus en plus intense. Une chimère hominoïde.
"Tu n'es pas prêt."
La voix en prise directe avec sa graine de vie lui semblait faite de toute la bienveillance de la création.
"Tu es encore un enfant, tu ne peux pas trouver ce que ton esprit n'est pas prêt à recevoir."
Une seconde ou un an passa, son regard perdu et hypnotisé par la Lumière.
« Maintenant que tu es là, regarde »
Autour de lui trois faisceaux gigantesques apparurent comme d'immenses colonnes étincelantes qui s’enfonçaient et s'élevaient à l'infini, dégageant une puissance sans mesure, et une douce chaleur apaisante.
"Vois Sané, Naie et Meriae. Ce sont les piliers de ce monde, sur eux repose Ma Création et en leur sein le Repos.
"Tu les as vus si souvent sans jamais les reconnaître."
Doucement, rassuré par la Voix, Osrik bougea ses membres, dans un lente nage, pour se rapprocher d'un des rayons qui l'attiraient.
"Tu ne peux pas en atteindre un sans trouver les deux autres, et tu ne peux en trouver un sans guide."
Osrik songea:
- qui est le guide ?
"An, Maiur et d’autres que tu ne connais pas pourraient. Mais, trop impétueux, tu ne les a jamais cultivés."
A ces mots les trois faisceaux disparurent.
Le liquide se fit de plus en plus opaque tandis qu’une myriade de poussières noires se formaient autour de lui, s’agglomérant les unes aux autres pour former de petites entités qui s’approchaient doucement de lui. Dangereusement surtout, cela ne faisait pas le moindre doute.
Il pensa être dévoré par les esprits perdus. Pour en devenir un.
La chimère blanche vira au rouge, se disloqua en une centaine de petites sphères qui prenaient place autour de lui.
Des yeux, cette fois malveillants, là pour assister à son agonie.
La terreur s’emparait de tout son être; se matérialisant dans un spasme d’une violence inouïe qui aurait pû faire exploser chacun de ses membres. Ses hurlements restaient muet. De toutes ses forces il hurlait, une épouvante palpable, réelle, s'incarnait dans l'eau tout autour de lui. Pas le moindre son ne sortait.
Alors qu’il voyait les premiers agrégats toucher ses chairs l'entité réapparu pour venir l’envelopper dans une bulle de lumière. Elle le transporta à la surface à travers un tunnel fait d’une couleur qui n’existe pas sur Atys, jusqu’à le projeter au-dessus de la surface.
Lorsque la bulle disparu son corps n’était plus qu’un amas nuageux noir, flottant à une hauteur de Zorai et demi au dessus du sol.
Baissant son regard il aperçut Nikuya, Erenkyl et Mazeyum, penchés sur son corps inerte.
Erenkyl dagues en mains, les yeux fous, prêt à fondre sur le Zorai, soufflant mâchoires serrés :
- S’il meurt… tu souffriras tellement... fils de cute
- S’il meurt nous serons deux et tu seras seul, assena Nikuya.
- Oh ! tu te bouge ! Mazeyum ! Fais ton boulot ! criait le Tryker, serrant ses dagues de toutes ses forces
- Je n’ai rien à faire Erenkyl, ton Maître voyage, il est en train de se lier à quelque chose qui nous dépasse tous.
- Laisse-le travailler Kai’Bini, ponctua Nikuya.
Il observa la scène un instant, détaché. Il entendait les pulsations de la planète, de plus en plus forte, assourdissante, puis une voix.
« maintenant »
Il vit les yeux de son cadavre s'ouvrir et aspirer l'amas noir conscient qu'il était devenu.
Il était allongé dans l'herbe, le regard sur le Masque de Mazeyum.
il resta interdit un instant, se demandant ce que le grand Zorai faisait là.
- Alors ?
Osrik garda le silence de longues minutes
- Observe, Nikuya, comme le tour de l’œil s’est coloré de noir, c’est un signe que la sève noire est profondément implantée dans l’organisme.
La jeune Zorai se pencha sur le visage Maraudeur :
- Cela va durer longtemps ?
- Elle va probablement faire effet quelques jours, mais il devrait déjà pouvoir recommencer à parler… Je ne connais aucun drogué qui soit à son avantage en pleine crise. Enfin, bon…
- Comme c’est étrange, murmura Nikuya, fascinée.
Osrik, oubliant la présence de l’Alchimiste et de ses deux acolytes, se leva, défaillant sous le coup de l’ivresse, pour tituber jusqu’à son appartement
-Je dois te revoir tous les jours Osrik, pendant au moins une semaine
- Y retourner … la trouver ….
La sciure se déroba instantanément. Osrik tombait dans la crevasse qui se formait sous
ses pieds.
La chute était interminable, il heurtait les racines à mesure qu'il était aspiré par le sol de ce qu'il identifia tout d'abord comme les primes racines.
Il sentait la planète battre, ses racines mouvantes autour de lui, et cette descente qui n'en finissait pas.
Il laissa ses mains caresser les fines branches dans sa chute plutôt que de chercher à s’agripper, sans toutefois s’en étonner.
Le moment, singulier, s’imposait comme une évidence. Il était là parce qu’il y était.
Un instant, il se demanda à quoi pouvait ressembler le cœur d’Atys.
Bientôt les racines disparurent, si bien qu'il n'évaluait plus sa vitesse. Elle lui semblait bien moindre, ce qui était tout même reposant.
Son dos heurta une immense plaque grise, froide, brillante, sale d'une fine couche de mousse.
Elle se déforma sous l'impact, légèrement, avant qu'il ne la transperce. C'était la première d'une très longue série.
Il était maintenant propulsé dans des fractales de ses plaques qui s’enchevêtraient, et qui dessinaient autour de lui une gigantesque boule, à l'infini, comme une planète dont il allait bientôt rejoindre, de toute évidence, le centre.
Un dédale de panneaux gris, reflétant une lumière qui venait de nulle part et dont il transperçait chaque étage à toute allure, les traversant comme s'ils disparaissaient à son contact.
Il se trouva un moment étourdi par la vitesse et les formes à l'infini.
La chute prit fin brusquement pour le plonger dans un liquide opaque, poisseux mais doux.
Un liquide qu'il respirait, qui pénétrait chacun de ses pores.
Là, au milieu du vide à la fois épais et délicat Elle lui apparue.
D'abord sous forme de lueur imperceptible, puis, s'approchant, de plus en plus intense. Une chimère hominoïde.
"Tu n'es pas prêt."
La voix en prise directe avec sa graine de vie lui semblait faite de toute la bienveillance de la création.
"Tu es encore un enfant, tu ne peux pas trouver ce que ton esprit n'est pas prêt à recevoir."
Une seconde ou un an passa, son regard perdu et hypnotisé par la Lumière.
« Maintenant que tu es là, regarde »
Autour de lui trois faisceaux gigantesques apparurent comme d'immenses colonnes étincelantes qui s’enfonçaient et s'élevaient à l'infini, dégageant une puissance sans mesure, et une douce chaleur apaisante.
"Vois Sané, Naie et Meriae. Ce sont les piliers de ce monde, sur eux repose Ma Création et en leur sein le Repos.
"Tu les as vus si souvent sans jamais les reconnaître."
Doucement, rassuré par la Voix, Osrik bougea ses membres, dans un lente nage, pour se rapprocher d'un des rayons qui l'attiraient.
"Tu ne peux pas en atteindre un sans trouver les deux autres, et tu ne peux en trouver un sans guide."
Osrik songea:
- qui est le guide ?
"An, Maiur et d’autres que tu ne connais pas pourraient. Mais, trop impétueux, tu ne les a jamais cultivés."
A ces mots les trois faisceaux disparurent.
Le liquide se fit de plus en plus opaque tandis qu’une myriade de poussières noires se formaient autour de lui, s’agglomérant les unes aux autres pour former de petites entités qui s’approchaient doucement de lui. Dangereusement surtout, cela ne faisait pas le moindre doute.
Il pensa être dévoré par les esprits perdus. Pour en devenir un.
La chimère blanche vira au rouge, se disloqua en une centaine de petites sphères qui prenaient place autour de lui.
Des yeux, cette fois malveillants, là pour assister à son agonie.
La terreur s’emparait de tout son être; se matérialisant dans un spasme d’une violence inouïe qui aurait pû faire exploser chacun de ses membres. Ses hurlements restaient muet. De toutes ses forces il hurlait, une épouvante palpable, réelle, s'incarnait dans l'eau tout autour de lui. Pas le moindre son ne sortait.
Alors qu’il voyait les premiers agrégats toucher ses chairs l'entité réapparu pour venir l’envelopper dans une bulle de lumière. Elle le transporta à la surface à travers un tunnel fait d’une couleur qui n’existe pas sur Atys, jusqu’à le projeter au-dessus de la surface.
Lorsque la bulle disparu son corps n’était plus qu’un amas nuageux noir, flottant à une hauteur de Zorai et demi au dessus du sol.
Baissant son regard il aperçut Nikuya, Erenkyl et Mazeyum, penchés sur son corps inerte.
Erenkyl dagues en mains, les yeux fous, prêt à fondre sur le Zorai, soufflant mâchoires serrés :
- S’il meurt… tu souffriras tellement... fils de cute
- S’il meurt nous serons deux et tu seras seul, assena Nikuya.
- Oh ! tu te bouge ! Mazeyum ! Fais ton boulot ! criait le Tryker, serrant ses dagues de toutes ses forces
- Je n’ai rien à faire Erenkyl, ton Maître voyage, il est en train de se lier à quelque chose qui nous dépasse tous.
- Laisse-le travailler Kai’Bini, ponctua Nikuya.
Il observa la scène un instant, détaché. Il entendait les pulsations de la planète, de plus en plus forte, assourdissante, puis une voix.
« maintenant »
Il vit les yeux de son cadavre s'ouvrir et aspirer l'amas noir conscient qu'il était devenu.
Il était allongé dans l'herbe, le regard sur le Masque de Mazeyum.
il resta interdit un instant, se demandant ce que le grand Zorai faisait là.
- Alors ?
Osrik garda le silence de longues minutes
- Observe, Nikuya, comme le tour de l’œil s’est coloré de noir, c’est un signe que la sève noire est profondément implantée dans l’organisme.
La jeune Zorai se pencha sur le visage Maraudeur :
- Cela va durer longtemps ?
- Elle va probablement faire effet quelques jours, mais il devrait déjà pouvoir recommencer à parler… Je ne connais aucun drogué qui soit à son avantage en pleine crise. Enfin, bon…
- Comme c’est étrange, murmura Nikuya, fascinée.
Osrik, oubliant la présence de l’Alchimiste et de ses deux acolytes, se leva, défaillant sous le coup de l’ivresse, pour tituber jusqu’à son appartement
-Je dois te revoir tous les jours Osrik, pendant au moins une semaine
- Y retourner … la trouver ….