Extrait du rapport
Salutation Ba'Wity Codgan,
Aristacus Sanio, l’espionne maraudeuse infiltrée au camp du Nexus, a demandé aux maraudeurs d’intervenir pour récupérer certaines informations qui semblaient dissimulées. J’ai accompagné le groupe envoyé là-bas, dans l’objectif de profiter de l’escorte pour récupérer les échantillons que le Cercle voulait examiner.
Nous avons retrouvé Krikitheus Ibiton au camp kamiste du Nexus. J’étais plus que dubitatif sur le fait que des scientifiques des Nations aient découvert quoi que ce soit d’utile. Ils ont presque réussi à me surprendre. Krikitheus n’a pas fait trop de difficultés pour nous donner les informations manquantes. Je ne pense pas avoir été reconnu, mais je vais cependant éviter d’aller du côté de l’Académie impériale quelque temps, au cas où…
[…]
Les maraudeurs avaient rapidement massacré les gardes du camp kamiste : il n’y avait eu aucune difficulté à cette étape. Puis ils avaient tenté de faire parler Krikitheus, qui semblait peu sensible à la menace d’un couteau sous la gorge. Mazé'Yum avait observé les échanges, avant de se lasser. Après tout, il avait son casque et une armure qu’il ne portait qu’avec les maraudeurs. Il avait peu de chance d’être reconnu par la suite, et la situation s’enlisait. Les maraudeurs hésitaient à passer des menaces à la torture réelle.
Pour en connaître un bon morceau sur le sujet, le zoraï savait que si l’option était retenue, ça risquait d’être long, salissant, et que les plus forts en gueule étaient souvent les premiers à rendre leur déjeuner. Ce serait diplomatiquement très gênant : un maraudeur à l’orgueil blessé est toujours plus imbuvable. Par ailleurs, la scientifique semblait prête à résister un bon moment, bien qu’effrayée par les maraudeurs.
Il s’était avancé, et avait convaincu Krikitheus assez rapidement, en utilisant la plus vieille technique qui soit : menacer des proches. Il restait des scientifiques encore en vie, et tandis que Mazé'Yum manipulait ostensiblement une de ses fioles pourpres tout en choisissant qui il allait utiliser pour faire parler la fyros, cette dernière s’était effondrée en comprenant ce qu’il s’apprêtait à faire. La plupart des homins des nations savaient faire face à leur propre douleur physique, mais ne pouvaient pas supporter qu’on touche à d’autres "innocents". Trop facile. Il ressentait presque un peu de frustration à ne pas avoir pu gooifier un des zoraïs présents (probablement un kamiste en plus)… Mais comme ses potions étaient destinées aux Salinas, c’était aussi bien ; il aurait été ennuyé de devoir faire un aller-retour pour se réapprovisionner. De plus, ça n’aurait probablement pas eu beaucoup d’effet concret sur un homin, ce qui aurait pu entacher sa crédibilité par la suite.
Quant au fait de ne pas être reconnu, ça aurait été parfait si Oxxy, l’une des maraudeuses, ne l’avait pas appelé devant tout le monde par l’un de ses diminutifs. Bah, qui ferait le lien entre le scientifique bien habillé qui rencontrait parfois des citoyens du côté de certaines cités, et un maraudeur dans une armure moyenne qui mettait en avant ses cicatrices et surnommé "Maze" ? Tant qu’il n’allait pas pavaner devant les gardes impériaux sous ce pseudonyme et dans cette tenue…
Ils avaient ensuite retrouvé Aristacus près de la marchande Bixia. Cette dernière vendait ses fioles et ses fruits sans discrimination à quiconque avait des dappers. En attendant le retour des autres, Mazé'Yum avait parcouru les documents récupérés, avant de les rendre (un peu à contrecœur) à l’espionne.
Lu par Aristacus aux maraudeurs et matis présents
Rapport d’expédition N° 1 de la faille proche du camp
Comme prévu, nous avons éloigné les gibbaïs pour pouvoir travailler. Nous sommes descendus dans la faille et avons harnaché un volontaire pour faire une observation des parois de la faille. Il apparaît que des poils noirs, probablement appartenant aux gibbaïs, ont été trouvés sur les échardes des parois. Leur nombre était trop grand pour penser que le hasard de leurs chutes en soit responsable. Il semble donc que ces poils aient été arrachés alors que le groupe entier escaladait. Ajoutant à cela que ces gibbaïs n’étaient pas présents avant la formation de ces failles, nous pouvons en conclure que les gibbaïs des failles proviennent des profondeurs.
Ochi kami no.
Il y avait aussi eu deux drôles de matis dans le coin. Des Karavaniers, très probablement ; ils n’avaient pas fait mine d’aider les kamistes au camp, ou d’attaquer les maraudeurs, se contentant d’observer ce qui se passait. Un des maraudeurs disait que l’un d’eux était un diplomate. Ils avaient semblé très intéressés par les papiers que Mazé'Yum avait récupérés dans la tente de Krikitheus et avaient écouté la lecture publique d’Aristacus avec attention. Par la suite, les maraudeurs les avaient égorgés alors qu’ils tentaient de les suivre vers les Salinas. Mazé'Yum n’arrivait pas vraiment à considérer les karavaniers comme des ennemis (après tout, la Karavan aidait largement sa tribu et les matis étaient quasiment toujours ouverts à la vraie science) et avait presque regretté ce moment de violence gratuite… presque ; il n’était pas très à l’aise que des gens des nations puissent l’identifier dans ses actions avec les maraudeurs, et il était de toute façon surprenant que des étrangers aient été tolérés aussi longtemps.
Extrait du rapport de Mazé'Yum au Cercle Noir
[…]
Krikitheus cachait bien quelque chose ; une broutille, ou peut-être pas. Je te joins ses conclusions cachées, en addendum du compte-rendu public. Est-ce que savoir que les gibbaïs viennent des profondeurs va nous aider ? Je ne pourrais malheureusement pas suivre leur piste, je suis un très mauvais grimpeur. Nul doute que les sauvages des Nations le feront eux-mêmes ; il suffit d’attendre leur prochain rapport…
La marchande Bixa est favorable à tout type d’échange, c’est une ressource précieuse au Nexus. Après quelques tâtonnements, les maraudeurs ont compris comment se servir de ce qu’elle vend. La tactique est si simple qu’un enfant pourrait aller récolter la sève des Salinas. Il suffit de mettre des fruits de Salina (normaux) dans les auges près des failles. Les gibbaïs abandonnent alors les arbres géants un moment, le temps de dévorer les fruits. Pendant ce temps, il est possible d’approcher des arbres et d’y faire ce qu’on veut. Il faut juste garder un œil sur les gibbaïs et de partir avant leur retour. Je te joins aussi la fiole de sève récoltée sur place. Je n’ai pas eu le temps cette fois-ci d’injecter notre potion, et vu la facilité de l’approche, il me semble mieux de prendre notre temps et de préparer l’expérience proprement. Les cuttlers du Nexus ne sont pas plus méchants que ceux du Bosquet de l’Ombre, nos scientifiques sauront sans problème gérer ces inconvénients mineurs.
[…]
Mazé'Yum ne s’était pas vraiment plus préoccupé du Nexus après l’envoi de son rapport et des échantillons. Il n’allait quand même pas tout faire lui-même. Il avait déjà mis des jours à faire partir l’odeur de gibbaï qui s’attardait sur ses vêtements… Et il avait plus intéressant à faire que de trainer avec ces primitifs dégénérés. De toute façon, le Cercle ne lui avait pas demandé plus.