ROLEPLAY


Histoire de deux homins.

Les deux enfants empruntèrent le chemin menant à leur maison. Rook, agacé, exprimait son sentiment en frappant chaque pierre sur son passage du bout de son pied. Nityae, quant à elle, se contentait de suivre le chemin d'un pas assuré, afin de cacher sa crainte de la réaction de ses parents. Après quelques minutes, Nityae décida de briser le lourd silence.
- Tu ne devrais pas frapper les pierres comme ça… Elle n'ont rien à voir avec nos problèmes.
- Écoutes toi, répondit Rook d'un air simiesque. Depuis quand tu pries Ma-Duk avant de te coucher ?
- Je ne pries pas Ma-Duk ! S'exclama Nityae, offensée. Je… Je voulais juste que tu parles…
Rook, remarquant la détresse de sa sœur, réprima tout ses sentiments négatifs afin d'afficher un sourire chaleureux.
- Tout va bien se passer, Nityae. Tu n'as pas besoin d'avoir peur.
Le jeune homin stoppa sa marche.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Nityae.
- Tu veux vraiment rentrer à la maison, là, maintenant ? Pas moi. Je vais au lac. Viens.
Sur ces mots, Rook se mit à courir dans la direction du lac, abandonnant le chemin de la maison. Nityae, désemparée, n'eut d'autre choix que de courir à la suite de son frère en lui hurlant de l'attendre et de ne pas la laisser seule.


Lorsque Nityae arriva au lac, Rook, qui avait une longueur d'avance, était assit sur un rocher non loin du bord de l'eau. D'un air morose, il jetait des pierres dans l'eau, troublant la paisible vie des poissons. La jeune enfant garda le silence en s'approchant doucement de son frère, puis contempla les rives du petit lac bordé d'arbres dont l'eau claire était ça et là perturbée par les lancers de Rook, les insectes qui parcouraient sa surface, ou bien quelque poisson qui remontait observer les deux homins. Nityae rompit le silence :
- Est-ce que tu m'en veux ?
- T'en vouloir ? Pourquoi ? Répondit Rook, sans pour autant arrêter de jeter des pierres.
- Parce qu'on te traite souvent moins bien que moi, juste parce que je suis une Matis… Et que tu ne l'es pas…
- Je suis Matis. Autant que je peux l'être, avec un masque… Je ne t'en voudrais jamais, et tu ne devrais pas t'en vouloir. Ce n'est pas de ta faute. La faute revient à ceux qui me traitent différemment de toi.
Rook lança une nouvelle pierre qui perça la surface de l'eau. Nityae, pensive, fixa le point d'impact de la roche tandis que l'eau se déformait et ondulait doucement vers la rive.
Au bout de quelques minutes de silence, Rook dit :
- Un jour, je leur montrerais. Que je suis Matis. Qu'ils peuvent me traiter comme tel sans avoir besoin de se méfier. Que j'ai ma place ici, avec tout le monde.
- Commence par faire moins de bêtises… dit Nityae sur un ton de reproche.
- Huuuh… Ouais…
Rook, d'un air gêné, passa sa main sur sa nuque en souriant. Le soleil était descendu jusqu'à la cime des arbres. C'est à ce moment que les enfants, sans hâte de recevoir leur punition, décidèrent d'emprunter le chemin de leur maison.


Rook et Nityae arrivaient finalement en vue de leur maison. Ni trop grande, ni trop petite, la bâtisse suffisait à subvenir aux besoins de deux parents et des deux enfants. La nuit ayant commencé à tomber, la lanterne surmontant le portail d'entrée était allumée.
Les deux enfants pénétrèrent dans la maison par la porte d'entrée, et remarquèrent immédiatement le libraire assit à la table du salon, face à leurs parents. Les trois adultes se tournèrent immédiatement vers Nityae et Rook, le jeune homin soutint leurs regards tandis que sa sœur baissait la tête.
La mère, une matisse âgée de la quarantaine, Dame de la Cour, avait l'air particulièrement déçue, essentiellement par le comportement de sa petite fille dont elle espérait faire une Dame à son tour… Au grand dam de Nityae. Le père, concentrant son regard sur les yeux de Rook qui lui faisaient face avec une assurance naturelle inhérente au jeune homin ne paraissait ni réprimer ni approuver son comportement. Il était un officier dans l'armée royale matisse, apprécié de ses hommes dont il avait acquis la confiance les uns après les autres, au fil du temps, et de son comportement lors des missions.
Nityae, relevant la tête, observa un silence circonspect. Son frère et son père semblaient avoir une conversation silencieuse de par le biais de leurs yeux, comme ils le faisaient souvent. Sa mère avait les siens rivés sur elle d'un air pincé, visiblement désappointée. « Je suis bonne pour une nouvelle morale de Mère... » se dit Nityae. Le libraire, quant à lui, arborait un large sourire et décida de rompre le silence.
- Je ne puis vous importuner plus longtemps. Ser Kinno, je vous laisse le soin de présenter leur punition aux enfants.
Le libraire s'inclina respectueusement devant les deux parents..
- Ser Kinno, Serae. Deles necat.
Sur ces mots, le libraire se dirigea vers la porte. Lorsqu'il passa à côté des enfants, il n'oublia pas de gratifier Nityae d'un sourire en ignorant sciemment Rook, et sortit. Ser Kinno, voyant son fils prendre un air faussement naturel devant le mépris du libraire, se leva.
- Rook, viens dehors avec moi, dit-il en s'avançant vers l'enfant.
L'interessé hocha la tête et sortit de la maison à la suite de son père, après avoir jeté un regard rassurant à Nityae.
- Viens t'asseoir, ma fille, dit la Serae à l'attention de Nityae.
- Sil, mère.

Rook marchait derrière son père d'un pas franc. Il demanda :
- Quel est la punition ?
- Peu importe, ce n'est rien d'insurmontable. Je veux te montrer quelque chose.
Sur ces mots, ser Kinno saisit une torche et la tendit à son fils. Il en saisit une seconde, qu'il garda. Le deuxième objet que lui tendit son père surpris Rook ; c'était une dague.
- Elle est solide. Pas ce qu'il y a de plus haute qualité, mais elle a le mérite de m'avoir sorti de certaines situations… Difficiles.
- Pourquoi en aurais-je besoin ? Demanda Rook.
- J'espère que tu n'en auras pas besoin, en effet. Nous sommes rarement trop prudents, Rook. Prends-la, elle est à toi, répondit son père.
Le jeune homin poussa un soupir-grognement dont il avait le secret et saisit délicatement la dague, qu'il garda en main afin de s'habituer à la répartition du poids de la lame -pour en avoir une meilleure prise en main-.
- Reste derrière moi, dit son père

La nuit était désormais entièrement tombée. Père et fils évoluaient rapidement dans la forêt, à la lueur de leurs torches. Alors qu'ils étaient maintenant à environ une demi-heure de marche au sud de Natae, ser Kinno dit à voix basse : «  Éteins la torche ». Rook comprit alors qu'ils avançaient vers quelque chose de dangereux. Il imita son père qui éteignait sa torche en fronçant les sourcils. La pleine lune procurant un bonne éclairage, leurs yeux s'adaptèrent rapidement à l'obscurité. Le jeune homin avançait maintenant silencieusement à la suite de son père. Après quelques nouvelles minutes de marche, ils se retrouvèrent à l'orée de la forêt qui débouchait sur un vaste plateau comportant, ça et là, des reliefs. Ser Kinno fit signe de s'arrêter, et pointa une haute colline du doigt. Au départ, dans l'obscurité de la nuit et à un bonne centaine de mètres de distance, Rook ne vît rien. Cependant, un léger éclair gris-blanc au bas de la colline attira son attention. Le jeune homin ne comprit pas immédiatement ce qu'il voyait. Les entités au bas de la colline, il en discernait quatre, lui était inconnues et pourtant familières.
- Les patrouilles sont revenues, chuchota précautionneusement son père.
« Des kitins des profondeurs ! » pensa Rook. Ser Kinno lut sur le visage de son fils qu'il avait compris ce qu'il voyait, et acquiesça. Le jeune homin resta planté, ébahi, pendant cinq bonnes minutes. C'est alors que son père posa sa main sur son épaule pour signifier à Rook qu'il était temps de rentrer.


Lorsque père et fils furent rentrés, la maison semblait endormie.
- Tu dois aller dormir, dit ser Kinno.
- Et pour la punition ?
- Une énigme. Toi et Nityae devez également effectuer un travail d'intérêt général pour la bibliothèque. Tu demanderas l'énigme à ta sœur demain matin, que ça ne t'empêche pas de dormir.
- Bien, père, répondit Rook.
Le jeune homin se dirigea doucement vers sa chambre, mais son père l'arrêta.
- Attends. Viens t'asseoir.
Rook ne fit pas mine d'être surpris -il savait pertinemment qu'il ne s'en sortirait pas comme ça- et alla s'asseoir sur la chaise en face de son père. Ser Kinno avait les yeux rivés sur ceux de son fils, dans l'obscurité de la maison. L'éclairage naturel de la lune était toujours suffisant pour qu'il se distinguent.
- Qu'as-tu trouvé, dans la pièce de bibliothèque ?
- Un cube d'ambre. Un coffre remplit de cubes, en fait. L'un d'entre eux avait été laissé ouvert, je l'ai lu. C'était un recueil de poèmes et chansons bizarres. Elles parlaient de choses qui n'existent pas… Ici, sur Atys. C'est quoi un tigre ? Demanda Rook.
Le père ne put s'empêcher de sourire.
- Qui sait ? Cependant, tu dois arrêter de te mettre à dos les gens. Un jour, tu auras besoin d'eux. Un jour, tu devras avoir la confiance des gens tout comme de tes camarades ou de tes hommes.
- Ce sont eux qui me haïssent. Parce que je suis un zoraï. Que je ne suis pas né ici. Que je n'ai pas leur… sang.
- Et c'est une excuse pour ce que tu fais ? Si tu veux prouver que leur haine est infondée, tu ne vas pas dans le bon sens, affirma calmement ser Kinno.
- Je ne suis pas d'ici ! Je n'appartiens pas à cette société ! Je n'aime pas la Karavan, je n'aime pas la façon d'être matis ni leur façon de vivre ! S'emporta Rook.
- Je t'ai adopté. Tu es autant matis que n'importe lequel d'entre eux. Tu n'aimes pas la Karavan, bien. Personne ne te force à les aduler. Nous t'avons élevé ici, tu appartiens à cette société, tu dois simplement t'en rendre compte. Il faut que tu saisisse les chances que tu as, et ne pas les gâcher avec un comportement immature. Tu peux servir dans l'armée, montrer qui tu es. Reste silencieux, passe inaperçu, et entraîne toi.
- Je m'entraîne déjà, répondit Rook en recouvrant son calme.
- Alors continue. Tu pourras faire de grandes choses, je le sais. Aies confiance en toi, et ne laisse pas l'attitude d'autres matis t'influencer. Sois fier. Vas te coucher, il se fait tard.
- Merci, père. Davae naia.
- Davae naia, fils.
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