ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Une rumeur grandissante circulait depuis quelque temps dans tout l’Empire. Elle concernait l’akenakos Azazor, portée disparu depuis de nombreux mois. Son absence avait été signalée au retour d’une expédition dans les profondeurs, à la recherche de membres de la tribu des Saigneurs de Racines. Le groupe était tombé sur une grosse patrouille de kirostas et, devant le nombre, celui-ci avait fini par être ramené par les Puissances. Mais l’ancien légionnaire n’avait pas été rappelé. Et depuis, les avis allaient bon train sur ce qui avait pu lui arriver. Certains, qui avaient participé à l’expédition, l’avaient vu s’écrouler au sol lors de l’attaque de kirostas, quand d’autres l’avaient vu détaler à toutes jambes. Cette dernière affirmation était surtout colportée par des médisants, trop ravis de voir en Azazor un lâche fuyant devant les kitins. D’autres enfin n’imaginaient tout simplement pas sa mort et continuaient de croire en son retour.

Mais depuis une semaine, la rumeur circulait qu’il avait été aperçu à Pyr. Des étudiants à l’Académie Impériale l’avaient croisé dans l’école. On disait qu’il avait un air étrange et distant, que son regard était effrayant, que son visage, déjà largement brûlé depuis son retour des Anciennes Terres, s’était creusé, dévoilant un teint cireux et cadavérique. Certains prétendaient qu’ils l’avaient vu trainer la carcasse d’un kitin des profondeurs dans un couloir, quand d’autres arguaient qu’il s’agissait du corps d’un étudiant. Il portait tantôt la tenue blanche des enseignants de la chambre de la Vérité, tantôt une armure lourde et sanguinolente. Toujours est-il que la rumeur ne cessait d’évoluer et de s’enrichir au fil des commérages. Pourtant, quand on interrogeait les membres de l’Académie, aucune réponse n’était donnée. Suivant les membres, on avait le droit à un soufflement de mépris, un léger sourire ou à une indifférence la plus totale. Aussi, la rumeur continuait d’enfler, et le grand jeu des étudiants était à celui qui trouverait Azazor, chacun le cherchant dans des endroits de plus en plus improbables et n’hésitant pas à rajouter de nouvelles rumeurs aux anciennes. On jouait à se faire peur, en se menaçant les uns les autres d’être emporté par Azazor au détour d’un couloir ou en affirmant que celui-ci avait été embauché à l’Académie pour punir les élèves peu studieux. Et il était devenu rare de croiser des étudiants déambulant seuls dans les couloirs.

Pour Phaïstos, jeune étudiant de seize ans à l’Académie Impériale, tout cela relevait du folklore. Le genre de bêtises que les plus grands racontent aux plus jeunes pour les effrayer. Il avait entendu parler des légendes circulant sur Azazor. On disait qu’il avait survécu au feu du Dragon, à une chute dans une faille sans fond du Nexus, à un empoisonnement et même, disait-on, à la rencontre avec fyrak en personne. Pourtant, cette fois-ci, Azazor était vraiment mort, il en avait la conviction. On ne pouvait pas taquiner la mort et constamment lui échapper. Tôt ou tard, comme disait sa mère, celle-ci vous rattrappe. Aussi, Phaïstos se souciait peu des rumeurs et il restait concentré sur ses études. Aujourd’hui, il aurait un nouveau professeur de kitinologie et il avait hâte de voir à quoi il ressemblerait. Un jeune, cela le changerait de tous ces vieux profs décrépis qu’il avait parfois du mal à entendre du haut de l’amphi.
Il se rangea avec les autres étudiants devant la porte de la salle de cours. Ils étaient une vingtaine, tous habillés d’une drogeus, à attendre l’arrivée de leur nouveau professeur. Des fils et filles de bonne famille pour la plupart, ayant déjà passé leurs huit dernières années à étudier à l’Académie. Dans l’attente, des bavardages s’installèrent parmi les rangs. L’ambiance était assez détendue en attendant la venue du nouveau prof.

Mais quelques minutes plus tard, des pas résonnèrent dans les couloirs. Des pas lourds, à la démarche martiale. Un officier de l’armée impériale ? Il en passait régulièrement, l’Académie étant aussi une école militaire. Les étudiants se mirent au garde à vous en voyant arriver un grand fyros, massif dans sa kostomyx noire. Il marchait tel un militaire, droit dans ses bottes. Une grande hache noire était accroché dans son dos. Le visage du fyros était ravagé par les cicatrices et les brûlures. Son front dégarni laissait entrevoir un creux important, comme si une grosse épine s’était plantée dans son crâne avant d’être retirée. Les homins des Nouvelles Terres avaient rarement l’occasion de voir des cicatrices, encore moins d’une telle ampleur. La magie puissante de ces terres réparait généralement le corps sans laisser de traces. Et pourtant ce que tous voyaient sous leurs yeux terrifiés n’était pas une hallucination.
Le fyros continua d’avancer vers eux. Vision cauchemardesque que tous avaient redouté croiser cette dernière semaine, et qui s’avançait là, sous leur regard épouvanté, finissant par arriver à leur hauteur et se plantant devant eux. Ils purent alors constater que ses yeux étaient d’un éclat rouge sang. On disait beaucoup de choses sur les yeux rouges. Qu’ils étaient porteurs de malédiction, ou signe d’une grande puissance. Mais ce regard avait quelque chose d’encore plus terrifiant. Quelque chose de malsain. Il entendit gémir l’un de ses camarades à ses côtés.
Le fyros les regarda longuement d’un air sévère, dévisageant chacun d’entre eux. Quand Phaïstos croisa son regard, il eut l’impression d’être sondé de l’intérieur. Un frisson lui traversa l’échine et des images torturées lui imprégnèrent l’esprit. Comme ses camarades avant lui, il baissa instinctivement la tête. Alors, ayant constaté que tous avaient baissé la tête, le fyros parla d’une voix rauque :

« Je m’appelle Azazor Eridlo Mirihus et je suis votre nouveau professeur de kitinologie. »

On entendit un bruit sourd. C’était l’un des étudiants qui venait de s’évanouir.

Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 1 mois).

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neya fyren orèch, ney fyros gladùch
orum gesun, fyrak a oren depyr

Tant que le Feu Sacré nous lie, nous fyros combattons
Le Désert nous parcourons pour un jour pourfendre le Dragon

Biographie sur le wiki

#2 [fr] 

Le cours de kitinologie avait lieu en dehors de Pyr, en haut d’une dune à l’ombre bienvenue des olansis. Le vent portait avec lui une odeur de résine et de sciure, tandis que les élèves attendaient dans l’angoisse. Parmi eux, Phaïstos, jeune homin d’un naturel curieux mais peu habitué à l’austérité, observait avec une appréhension palpable la silhouette imposante d'Azazor, leur nouveau professeur de kitinologie.

Azazor était tout ce que l’on pouvait imaginer d’un guerrier brutal : une carrure imposante, renforcée par une armure lourde noire gravée de marques de batailles passées. Son visage buriné par les épreuves, zébré de cicatrices et de brûlures, était une carte vivante de combats inégales contre les kitins. Il tenait fermement sa hache à deux mains, une arme massive ornée de ce qu’il avait appelé une « dent de dragon ». La hache semblait presque vivante sous la lumière crue du matin et il la maniait avec autant d’aisance qu’un autre prof aurait manié une canne. Quand il parla, sa voix rauque fusa comme un coup de fouet :

— Cessez de bailler aux kitins, bande de toubs ! Aujourd’hui, on va voir ce que vous avez dans le ventre, ou si vous finirez comme ces abrutis qui se jettent à gorge déployée dans une colonie de kirostas. Prenez vos bâtons et bouclier !

Le ton était sec, brutal, et les élèves obéirent en silence, le regard fuyant. Phaïstos, bien que terrifié et n'ayant aucune idée de ce qu'il avait prévu, ressentit une étrange admiration pour cet homin qui semblait avoir vu l’enfer et en être revenu. Sous sa peur, il y avait une véritable soif d’apprendre.

Azazor entama son cours en marchant devant eux, chacun de ses pas martelant la sciure comme un tambour de guerre.

— Les kitins, grogna-t-il, sont pas des bestioles que vous pouvez sous-estimer. Chacun d’eux, même le plus petit, peut vous arracher une jambe. Ils ont une stratégie, une hiérarchie, et surtout une intelligence de groupe qu’aucun d’entre vous ne peut espérer surpasser. Votre seule chance ? Apprendre à les comprendre. Et à être plus rapides qu’eux.

Puis, sans prévenir, il pointa Phaïstos de la lame de sa hache.

— Toi, le jeunot. Tu crois pouvoir échapper à un kincher ? Explique-nous leur stratégie d’encerclement.

Pris au dépourvu, Phaïstos sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. Pourtant, il rassembla son courage et balbutia une réponse, se rappelant les manuels qu’il avait dévorés.

— Euh… Les kinchers… Ils… attaquent en formant un cercle autour de leur proie pour… couper toute fuite. Ensuite, les plus rapides… euh… se jettent en avant pour… affaiblir…

Azazor l’interrompit d’un rugissement.

— Plus fort, Phaïstos ! Tes murmures vont pas les arrêter !

L’adolescent se redressa, le regard de ses camarades lui brûlant le dos. Cette fois, sa voix fut plus assurée.

— Les kinchers encerclent leur proie pour l’épuiser et couper toute retraite ! Les plus rapides frappent les premiers, tandis que les autres… gardent leurs distances pour bloquer toute fuite.

Un silence s'en suivit, puis Azazor hocha lentement la tête.

— Pas trop mal. Mais n’oublie jamais : ce n’est pas en récitant que tu vivras. C’est en agissant ! Maintenant, on va passer à la pratique.

Le groupe sortit de l’ombre rassurante des olansis pour se retrouver sous la chaleur écrasante du désert. La lumière brûlante de l’astre du jour tapait sans relâche en cette heure méridienne, et la sciure soulevée par le vent semblait s’accrocher à leur peau en une couche poisseuse. Azazor était implacable.

— Vous allez jouer un combat contre des kinchers, annonça-t-il, un rictus cruel sur le visage. Certains d’entre vous feront les kitins, d’autres les proies. Et pour vous motiver, sachez que je n’hésiterai pas à frapper. Un kitin ne retient jamais ses coups, alors moi non plus.

Les élèves s’organisèrent, certains prenant des bâtons et adoptant des postures menaçantes, imitant les kinchers avec plus ou moins de succès. D’autres, dont Phaïstos, se préparèrent à jouer le rôle des proies, les muscles tendus par la nervosité.

— Commencez ! hurla Azazor.

Le chaos s’installa immédiatement. Les élèves-« kinchers » bondirent sur leurs camarades, simulant des morsures et des coups de pattes. Mais Azazor, lui, ne simulait pas. Sa hache frappait du plat de la lame les retardataires et ceux qui osaient ralentir.

— Plus vite ! Vous appelez ça une esquive ? rugit-il en abattant sa hache sur le bouclier tremblant d’un élève, qui vacilla sous l’impact avant de tomber à genoux.

Phaïstos, le souffle court, esquiva de justesse un élève jouant le kincher. Il se retourna juste à temps pour voir Azazor frapper un autre camarade à l’épaule, le faisant rouler dans la sciure.

— Relève-toi ! cracha le professeur de kitinologie. Un kitin ne te laisse pas le temps de pleurnicher ! T’as le droit de tomber, mais si tu restes à terre, tu crèves !

La chaleur, la sciure brûlante et la douleur pesaient sur le groupe. Plusieurs élèves étaient à terre, blessés ou épuisés, mais Azazor n’avait cure de leur état. Il poursuivait sans relâche, aboyant des ordres, frappant, corrigeant.

— Si vous ne pouvez pas survivre ici, dans cet exercice, vous êtes foutus dans un vrai combat ! grogna-t-il.

Phaïstos souffrait, ses muscles hurlaient, mais il se surprenait à être captivé. Chaque mot, chaque geste d’Azazor semblait être une leçon forgée dans le sang et l’expérience. Il n’était pas seulement un guerrier – il était un survivant.

Quand enfin la session prit fin, les élèves s’effondrèrent dans la sciure, haletants et la peau couverte de bleues. Phaïstos, épuisé mais debout, sentit une lueur de fierté. Il avait tenu bon.

Azazor les surplomba, la froideur acérée du jugement dans son regard. Des yeux rouges, terrifiants.

— Pas mal pour un premier jour. Mais souvenez-vous : face à des kitins, l’hésitation, c’est la mort. Reposez-vous si vous pouvez. Demain sera pire.

En dépit de la brutalité de l’entraînement, Phaïstos sentait une étrange gratitude. Azazor ne cherchait pas à les briser. Il les forgeait.

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#3 [fr] 

une présence dans le lointain

#4 [fr] 

Dans le bureau du Haut Conseil de l’Académie Impériale, l’atmosphère était lourde. Les torches fixées aux murs projetaient des ombres vacillantes sur le sol. Azazor se tenait debout devant une table massive, derrière laquelle trois membres du Haut Conseil de l’Académie Impériale étaient assis. Il fixait ses interlocuteurs d'un regard brûlant, presque incandescent, comme s'il pouvait faire fondre leur autorité à la seule force de sa volonté.

— Azazor, tes méthodes sont inacceptables ! tonna Euphanix Apotheps, l’archiviste en cheffe. Mettre des élèves en danger de mort pour leur apprendre à combattre les kitins est une absurdité ! Hier encore, un élève a été ramené par les Puissances. Il serait tombé du haut de la falaise dans le Canyon Interdit à cause d’un coup de hache de ta part.

— Il a survécu, non ? rétorqua Azazor en croisant les bras, un rictus moqueur étirant ses lèvres. Le danger forge le caractère. Si ces gosses ne sont pas capables de tenir sur leurs jambes, ils n’ont rien à faire ici.

— Tu n’es pas professeur de combat mais de kitinologie, siffla une fyrosse aux cheveux blonds et au visage sec. Il y a des livres pour apprendre comment agissent les kitins.

— Les kitins, eux, ne lisent pas.

— Ce n’est pas seulement une question de méthode ! intervint un fyros à la chevelure blanche immaculée, ses yeux étincelants d’indignation. Les parents de tes élèves nous inondent de plaintes ! Certains considèrent déjà ta nomination au poste de professeur comme une insulte. Toi, un homin des basses classes, qui ose violenter leurs enfants, c’est inexcusable !

Le visage d’Azazor s'empourpra. Sa mâchoire se crispa, et il planta son regard dans celui du fyros.

— Une insulte ? Une insulte, c’est de remettre en cause mon travail après tout ce que j’ai accompli pour l’Empire. Si je suis ici, c’est parce que je connais les kitins mieux que quiconque ! C’est à moi que vous devez les premières cartes précises des nids, à moi que vous devez beaucoup de vos connaissances sur les kitins des profondeurs. J’ai passé une bonne part de ma vie dans les tunnels, à étudier ces monstres, à saigner pour chaque fragment de connaissance. Vous ne sauriez même pas à quoi ressemble un dragon rouge si je n’en avais pas affronté un ! Et vous osez me parler d’insulte ?

Il s’avança d’un pas vers la table, son ombre projetée par les torches semblant grandir derrière lui. Sa voix se fit plus rugissante, comme le grondement du tonnerre sur le point d’éclater.

— Ce n’est pas moi qui insulte l’Empire. C’est vous, avec vos craintes et vos règles ridicules. Vous élevez une génération de faibles, bons à fuir à la première difficulté. Quand les kitins des profondeurs décideront de passer à l’attaque – car ils le feront, croyez-moi – ces enfants gâtés ne seront que de la chair à déchiqueter. Et vous, conseil de lâches, en serez les premiers responsables !

— Azazor ! s’écria Euphanix, frappant la table du poing. Tu oublies ta place ! Discipline !

Mais le Fyros était hors de lui. Il frappa à son tour la table du poing d’une telle force qu’on entendit celle-ci craquer.

— Ma place ? Ma place est dans les profondeurs, à risquer ma vie pour que l’Empire survive, pendant que vous restez ici à m’accuser d’être un monstre. Si vous pensez pouvoir trouver quelqu’un de meilleur pour enseigner, alors renvoyez-moi ! Mais sachez ceci : quand le sol tremblera et que les kitins blancs surgiront, vous regretterez de ne pas m’avoir écouté.

La tension atteignait son paroxysme. Un silence pesant s’était installé, jusqu’à ce qu’un soldat en armure entre précipitamment dans la pièce.

— talumetimos Azazor ! haleta-t-il. Pephoan Kridix te demande dans son bureau. C’est urgent.

Azazor, encore rouge de colère, planta un dernier regard glacial dans les yeux de ses supérieurs. Puis, sans un mot, il pivota sur ses talons et quitta la salle d’un pas martial.

Derrière lui, les membres du Haut Conseil se lancèrent des regards lourds de sens. Une chose était sûre : cet homin, bien que brillant, était un élément incontrôlable. Mais ils savaient aussi que, dans ce domaine dangereux qu’était la kitinologie, ils n’avaient pas de meilleur connaisseur du terrain.

Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 6 jours).

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