ROLEPLAY


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[HRP] Ce devait être au début une petite contribution roleplay, puis je me suis laissé emporter ... [/HRP]

Les chroniques d'Eolinius : le commencement

En cette nuit d’automne un peu fraiche Eolinius se retourna sur sa paillasse. La journée avait été épuisante et pourtant il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il attrapa la gazette de Silan qui trainait sur un matelas vide au milieu des autres paillasses de réfugié,  certains de ses camarades étaient encore en mission en pleine nuit. « Décidément, ce Chiang va nous faire mourir de fatigue » pensa t’il. A la lueur du feu qui crépitait au fond de la hutte, il tourna vivement les pages du journal pour arriver jusqu’aux rubriques des nouvelles du continent qui lui plaisaient tant. Mais comme d’habitude la page était presque vide. Il n’y avait que de vagues banalités sur le beau temps de la région des lacs et sur les brumes matinales de la jungle Zoraï.

Les nouvelles du grand monde arrivaient ici au compte-goutte. Depuis des années, la Karavan bloquait les téléporteurs et les réfugiés ne pouvaient les utiliser que dans un seul sens pour sortir de l’île. Cependant quelques fois, certaines informations arrivaient à passer on ne sait comment. « Si ce ne sont pas les réfugiés, seul le personnel de la Karavan peut diffuser ces informations. Je vois mal les étranges Kamis s’intéresser aux affaires concernant les Homins. » Eolinius soupçonnait les membres de la Karavan d’utiliser les téléporteurs dans l’autre sens. « Ils doivent bien être relevés eux aussi. Malgré leurs casques, j’ai parfois l’impression que ce ne sont pas les mêmes. » Bien sûr il voyait parfois des machines volantes planer à côté des téléporteurs, mais personnellement il n’avait jamais vu en descendre ou monté quelqu’un. « Un membre de la Karavan peut-il être soudoyé pour avoir des informations sur le continent ? »
Il secoua la tête en essayant d’oublier cette idée farfelue. Il s’en était approché quelquefois mais se sentait mal à l’aise au milieu de ces êtres sans visages. Il se résigna à lire les restes de la gazette qui ressemblait plus à une rubrique de yubos écrasés.

-Recrudescence des attaques de Gingos au nord de l’île.

Encore des missions de reconnaissances en perspective. Cela faisait maintenant une année de Jena qu’Eolinius était arrivé sur Silan. Il se demandait ce qu’il allait faire de sa vie future.  Elevé par des parents scientifiques qui avaient éveillé sa curiosité envers la nature et la technique dans la plus pure tradition Tryker, il ne comprenait pas grand-chose à la politique ni à la religion des autres homins. Il avait eu du mal à s’intégrer au début. Peu disposé aux exercices militaires, il se revoyait, rampant avec ses camarades autour du camp, plus captivé pour décrire l’aspect des champignons aux multiples couleurs qu’il voyait sous son nez que par les ordres des officiers rangers chargés de l’entrainement.
Cependant, au fil du temps, il avait petit à petit pris goût aux grandes randonnées et restait toujours stupéfait devant la beauté des plaines de Silan. Il se souviendra ainsi toute sa vie du jour où il a découvert le lac et l’île des Crays, le soleil se reflétant en myriades d’étincelles sur les eaux calmes et reposantes. Il aurait bien pris un bain si quelques torbaks assoiffés ne l’avaient obligé à sortir son épée et à prudemment rebrousser chemin.

Il se sentait maintenant tiraillé entre deux désirs, réaliser tranquillement des expériences au fond d'un laboratoire et parcourir Atys pour en découvrir tous ses secrets. « Humm, et pourquoi ne pas concilier les deux ? Je pourrais monter ma propre agence d'exploration scientifique quand je serais sur le continent. Ainsi je pourrai faire profiter la nation Tryker et tout Atys de mes découvertes»

-Deux jeunes Matis ont disparus. Des rumeurs indiquent qu'ils auraient pu être enlevés par le clan des Chlorogoos.
 
Cette nouvelle le stupéfia. Comment pouvait-on enlever des réfugiés au nez et à la barbe des Rangers ? De plus des Matis, « il y en a déjà pas beaucoup sur Silan, si en plus ils les enlèvent maintenant ! » Eolinius était toujours intrigué par les Matis et leurs façons nobles de ce comporter, si éloigné des manières un peu rustres des Trykers qui vous tapent dans le dos une bière à la main.  Il en avait vu passer des réfugiés sur Silan. De toutes les races, et certains plus vite que d’autres. La vie y était dure et un nombre impressionnant de jeunes recrues manquaient à l’appel. Cependant il s’y était fait aussi quelques amis qui comptaient pour lui.
 
Il avait notamment rencontré lors d’une expédition dangereuse un Zoraï plus âgé que lui qui répondait au nom de Xebei. Ils s’étaient liés d’amitié et Xebei l’avait ensuite aidé, sauvé maintes fois la vie en le sortant de situations forts dangereuses. Xebei lui montra comment survivre dans la Jungle et Eolinius écoutait toujours ses sages conseils. Il le revoyait parfois et essayait d’appliquer ses recommandations pour rester en vie.
Par une longue nuit de traque au kirosta, il rencontra ensuite un groupe de chasseurs et fit la connaissance de Kyriann. Après la mise à mort du monstre, tous les participants qui étaient encore entiers se rassemblèrent autour d’un feu de camp. Tryker dans l’âme et toujours de bonne humeur, elle était passionnée par les bateaux et elle égaya l’assemblée en voulant apprendre à Eolinius ses chants de marins. Ils se revirent plusieurs fois et participèrent à plusieurs autres missions, puis impatiente de voir la région des lacs, elle partit rejoindre le continent.
Plus récemment, il fit la connaissance de Gaolad, un autre Zoraï. Il devint son compagnon d’armes et ils combattirent souvent ensemble, massacrant des kepees pour le compte de Chiang et des Rangers. Jeune et fougueux, fumant des cigares de slavenis, (curieux pour un Zoraï) et toujours prêt à secourir de jeunes homines en détresses, Gaolad partit pour le pays Zoraï.
 
Il essayait de s’informer autour de lui si quelqu’un avait eu vent de leurs exploits sur le continent. En repensant à tous ses amis, Eolinius sourit et se demandait s’il allait bientôt les revoir. Il lui tardait maintenant de partir et de quitter l’île.
 
Epuisé par la journée et par ses réflexions nocturnes, le journal tomba des mains d’Eolinius. Il finit par s’endormir et ses rêves se remplirent alors de batailles bruyantes, de bêtes monstrueuses et de champignons multicolores.

Edité 5 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 6 ans).

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La journée était déjà très avancée quand Eolinius émergea avec un mal de crâne pas possible. Il longea un des pontons de Fairhaven, choisit un endroit un peu à l’écart et s’assit au bord d’une plate-forme flottante les pieds dans le vide en regardant l’eau passer en dessous. Une légère brise lui effleura le visage.
C’était le lendemain de l’atyversaire de Kyriann. Soirée mémorable organisée par Jazzy qui avait amusé tous les participants avec ses feux d’artifices près de l'arche de l’île enchantée. Eolinius y avait rencontré plein de monde et les derniers fêtards avaient fini au bar d'Avendale. Il avait goûté à la fameuse et réputée bière des Lacs qui se boit comme du petit lait, mais peut être un peu trop. Il se demandait encore comment il était revenu à Fairhaven et il y avait comme un rendor qui tapait dans sa tête.

Que d’événements s’étaient produits depuis son arrivée sur le continent. Cela faisait peu de temps qu’il était là, mais il avait découvert tant de nouvelles choses que son long séjour sur Silan lui sembla bien lointain. Comme il ne se sentait pas le courage d’entreprendre quelque chose de constructif aujourd’hui, les yeux dans le vague, il se remémora ses premières impressions lors de son arrivée dans les Lacs.



L’arrivée à Fairhaven

Un éclair blanc lui fit fermer les yeux, puis il sentit une sensation de vertige. Après quelques instants, il tenta de les rouvrir mais ne put rien distinguer aux alentours. Il respira alors profondément pour dissiper cette impression de nausée qui lui venait. C’est la première fois qu’il empruntait un téléporteur sur une si grande distance, ce n’était pas un petit trajet sur Silan. Là, il entreprenait le grand voyage qu’il avait tant désiré. Il rejoignait le continent.

L’odeur d’un air humide au relent d’un parfum inconnu mais pas totalement désagréable le tira de sa léthargie. Eolinius avait choisi le levé du jour pour rejoindre Fairhaven. Il ne voyait alors pas encore grand-chose car la grande cité était encore recouverte par un fin brouillard. Déjà quelques homins s’agitaient autour de l’entrée de la ville. Il s’avança vers le ponton qu’il distinguait vaguement un peu plus loin.

-« Lordoy noble visiteur », lui dit une charmante personne qui s’approcha de lui. « Je suis l’hôte d’accueil de Fairhaven. Quelque chose me dit que vous venez de Silan ». dit-elle en le dévisageant. « Veuillez-vous présenter au comptoir touristique un peu plus loin. On vous fournira votre visa pour circuler dans la ville. Vous avez de la chance » fit-elle d’un air moqueur. « La guide habituelle est supervisée aujourd’hui par notre cheffe de protocole. Vous ne perdrez pas au change, c’est quelqu’un de très compétant ».
Eolinius interloqué fit quelques pas sur le ponton qui résonnait d’un bruit mat.

Bien qu’il fût très tôt, quelques personnes s’agglutinaient déjà devant le comptoir d’accueil. Une grosse voix monotone et désagréable sortit d’une trykette à lunettes qui se tenait derrière.
-« Veuillez-vous mettre en rang s’il vous plait. Un peu de discipline »
Eolinius se mit dans la queue qui se formait et commença à attendre. De part et d’autre, le clapotis reposant de l’eau l’aida à garder son calme.

Il se revit alors la veille, rassemblant ses affaires, disant au revoir à ses camarades et se présentant devant Chiang Le Fort.
-« Ainsi vous voulez nous quitter et rejoindre le continent ? Bien, je pense que vous êtes capable de vous débrouillez seul. J’ai prévenu les autorités de Fairhaven de votre arrivée. Soyez digne de notre formation et des valeurs que nous vous avons données pour préserver Atys de l’invasion des Kitins. Bon voyage homin. »
Ainsi Eolinius rejoignit Fairhaven, la grande cité Tryker.

Le jour commença à se lever, le brouillard se dissipa lentement et Eolinius put enfin voir les grands dômes de la cité ainsi que le tournoiement des pales des éoliennes plus loin sur la rive. Il s’était toujours demandé pourquoi ses parents l’avaient affublé de ce prénom étrange, ‘‘Eolinius’’. Une fois, étant beaucoup plus jeune, il avait osé le demander. Sa mère, une douce et jolie trykette lui avait répondu patiemment.
-« Tu hériteras de la tradition scientifique des Trykers, mais tu seras libre et indépendant comme le vent d’Atys. Ainsi tu pourras continuer notre action et découvrir les mystères de notre monde ». Il n’avait alors rien compris mais ces paroles étaient restées gravées dans son esprit.

La ville battit sur l’eau, centre de commerce d’Eden Aqueous grouillait de monde. Une foule bigarrée et cosmopolite s’agitait dans tous les sens. L’atmosphère était forte différente du camp Ranger basé sur Silan ou les gens ne pensaient qu’à s’entraîner. Ici on voyait des villageois et des commerçants dans leurs activités quotidiennes. La société Tryker était une des seules fédérations démocratiques sur Atys. Mais elle n’était pas dénuée d’inconvénients, notamment en ce qui concerne la lourdeur administrative. Une impressionnante pile de dossiers se trouvait sur le comptoir d’accueil et chaque nouvel arrivant faisait l’objet d’un examen minutieux.

-« Numéro d’enregistrement 2591-flo-16-264 » fit la trykette aussi aimable qu’une porte de prison en imprimant un parchemin du tampon de la fédération.
-« Au suivant ! »

A ce moment un brouhaha s’éleva à côté du comptoir. Un Fyros plein de poussière suivit de trois mektoubs discutait violemment avec 2 gardes trykers qui lui barraient le passage. Le Fyros, vraisemblablement un marchant itinérant venant vendre sa marchandise sur la place centrale ne voulait pas laisser ses mektoubs seuls à l’entrée de la ville. Les gardes le reconduisirent poliment mais avec fermeté sur la terre ferme malgré ses protestations.
-« Non, non, pas de mektoubs à l’intérieur de la cité, par ordre du gouverneur et pour des raisons d’hygiène. Il y a des étables à l’extérieur de la ville. »
Cette distraction amusa les badauds autour de lui.

-« Au suivant ! Réfugié Eolinius, je n’ai pas de temps à perdre »
Eolinius s'avança et remis le parchemin fourni par Chiang. La cheffe du protocole examina consciencieusement le papier d'un œil suspicieux et le dévisagea.
Il ne l'avait pas remarqué au premier abord, mais derrière le comptoir et la guide d’accueil se tenait une plus jeune trykette assise négligemment sur un tonneau de bière. Elle avait l'air de rêver le nez au vent mais à l'appel de son nom, elle le regarda avec insistance et Eolinius se sentit gêné dans ses habits rapiécés de réfugié. Voyant qu'on regardait derrière elle, la guide se retourna.
-« Encore vous Zurglub ! Toujours en train de fouiner ou il ne faut pas. »
La jeune trykette se leva et s'éloigna d'un pas nonchalant en riant et en lançant à Eolinius :
- « J'en connais une qui va être surprise, hihihi .... ».

Eolinius la regarda partir avec étonnement mais n’eut pas le temps de réfléchir à ses propos.

- « Bien revenons à nos affaires » dit la vieille trykette à lunettes. « vos papiers semblent en règle. ».
Le tampon tant attendu s’abattit sur le parchemin. Eolinius pouvait enfin séjourner librement à Eden Aqueous.

-« Numéro d’enregistrement 2591-flo-16-265. »fit la cheffe de protocole.
-« Au suivant ! »

La première chose à faire pour Eolinius était de trouver une activité qui rapporte un peu de Dappers. Sa bourse avec la maigre solde des Rangers obtenue sur Silan permettait tout juste de survivre quelques semaines.

Eolinius partit alors d'un pas léger vers le centre de la ville.

Edité 4 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 6 ans).

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Le rêve récurrent

Eolinius est un enfant. Eolinius s'amuse et court sur cette vaste plaine.
Eolinius regarde vers le ciel. Mais il n'y a pas de ciel.
A la place du ciel, tout est noir et sombre, comme un gouffre sans fond.
Mais Eolinius n'a pas peur.
Tout autour de lui dansent des couleurs. Eolinius aime les couleurs.
Il court pour attraper les couleurs.
Mais les couleurs ne veulent pas se laisser attraper.
Alors Eolinius trébuche.
Au sol, une mousse verte fluorescente, épaisse et spongieuse amortie sa chute.
A coté de lui, une nuée d'insectes lumineux s’envole.
Eolinius se relève. Eolinius rit.
Il regarde autour de lui. Au loin il voit ses parents.
Sa mère lui fait un large sourire. Son père lui fait un petit geste de la main.
Ses parents se remettent à creuser autour d'étranges ruines.
Mais Eolinius s'en fiche, lui il veut attraper les couleurs.
Il n'y a pas que les couleurs. Il y a aussi les gros ballons blancs.
Des sortes de méduses phosphorescentes virevoltent autour d'Eolinius.
Il saute pour les toucher, mais les ballons phosphorescents s'écartent à chaque fois.
Eolinius chute encore.
Le médaillon qu'il porte autour du cou a failli partir.
Eolinius le replace et se relève. Eolinius est heureux.

Et puis les ombres arrivent.
Les ombres arrivent toujours à ce moment là.
Eolinius à froid. D'un souffle, les couleurs et les ballons disparaissent.
Les ombres immenses et terrifiantes enveloppent la plaine entière.
Il y a des bruits sourds de luttes et des cris étouffés.
Les ombres sont de plus en plus grandes.
Les ombres sont de plus en plus proches.
Et puis il y a la lumière.
Une lumière verte entoure Eolinius.
Les bruits deviennent de moins en moins audibles.
La lumière encercle Eolinius. Elle se fait de plus en plus intense.
La lumière l’empêche de respirer. La lumière l'étouffe.
Mais la lumière le protège aussi.
Les ombres ne peuvent rien contre la lumière.
Et puis tout disparaît.
Les ombres, le visage de ses parents, même la lumière.
Eolinius se retrouve dans le noir, dans le silence.
Eolinius se sent seul.

Eolinius se réveilla en sueur ce matin. « Encore ce rêve » se dit-il. « je le fais de plus en plus souvent »
Il se rendit compte qu'il était en retard. Il avait plein de choses à faire aujourd’hui : préparer son sac pour une nouvelle expédition, faire quelques emplettes et acheter de nouveaux vêtements pour le mariage de Kyriann qui avait lieu dans quelques jours, rejoindre Mohe pour poursuivre son entraînement.
Pas de temps à perdre.
Il se leva et machinalement, pour se rassurer porta sa main autour de son cou et sur sa poitrine. Mais il ne sentit rien à part sa peau. Il ne savais même pas pourquoi il avait fait ce geste.
Il ne portait jamais de bijoux autour du cou.
Eolinius fila vers le centre de Fairhaven.

Edité 3 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 5 ans).

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Le mektoub qui aimait les fleurs (1ère partie)

 

C’est avec une mine déconfite et contrariée qu’Eolinius ouvrit son sac et examina tout son matériel ce matin. Il vérifia la présence de son armure, les armes disponibles et ses rations de nourriture, sans oublier des nombreuses tranches de pain d’épices empilées dans des feuilles de slavenis pour ne pas qu’elles sèchent.

Il était encore plein de bosses et de pansements sur le visage après l’attaque des maraudeurs devant FairHaven , sa première bataille en compagnie des Dragons noirs contre une vague offensive envers les lacs. Il avait goûté plusieurs fois la poussière mais il avait défendu son honneur avec ses amis et sa guilde. Mais ce n’était pas ça qui le contrariait le plus. Après tout, pour lui ce n’était que des exactions d’individus oisifs qui se battent parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire.

Non, il y avait des choses bien plus importantes à ses yeux. Ce qui l’inquiétait le plus, c’était l’attitude étrange que Nair’Pom avait eu ces derniers temps, puis sa disparition subite auprès des Rangers malgré les protestations de Nair’Kyriann. Il aurait bien aimé l'aider, mais que pouvait-il faire ? Tout cela ne lui disait rien de bon. Lui qui avait un esprit rationaliste, il n’aimait pas les choses inexplicables.

Il sortit de Fairhaven d’un pas décidé en direction de l’étable la plus proche. Il soupesa sa bourse en cuir de bodoc qui contenait cette fois un peu plus de Dappers que d’habitude. Depuis plusieurs semaines il s’était résolu à faire des analyses pour la compagnie des eaux, ce qui lui permettait de pouvoir acheter un mektoub qui lui serait fort utile pour ses explorations lointaines. Arrivé devant l’étable, il posa sa bourse sur le comptoir. Le palefrenier O'Cauty Eoppie le regarda d’un œil perplexe.

« C’est pourquoi mon bon ami ? »

On était toujours l’ami d' O'Cauty Eoppie quand celui-ci voyait une bourse devant lui. Eolinius pointa les mektoubs dans l’arrière-boutique. O'Cauty Eoppie lui donna le parchemin ou était indiqué les tarifs des différentes bêtes. Eolinus pâlit. Il avait certes des Dappers, mais à ce tarif-là, c’était exagéré. O'Cauty Eoppie le regarda d’un air contrarié et secoua la tête.

« Ces Trykers sont tous les mêmes. Il faudrait peut-être que je les donne avec une botte de foin en plus aussi ?... C’est que j’ai des bouches à nourrir moi… Et les taxes, vous les avez vu les taxes ?... Et les concurrents des autres étables qui ne pensent qu’à me couler ! ... »

Eolinius commençait à avoir mal à la tête. O'Cauty Eoppie se pencha alors vers lui et regarda autour du comptoir pour voir si d’autres personnes pouvaient entendre. Il s’adressa à lui à voix basse d’un air complice.

« J’ai peut-être quelque chose pour vous. J’ai là un jeune mektoub qui n’est pas encore entièrement dressé. Il est peut-être un peu bourru, mais je vous le laisse à moitié prix. »

Eolinius sentit l’arnaque, mais le palefrenier insistait.

« Il me vient d’un marchand ambulant Fyros dont sa femelle mektoub a mis bas ici. Celui-ci était pressé comme un izam portant une missive. Comme il n’avait pas pu vendre toute sa marchandise et payer sa note, il m’a laissé le jeune mektoub en gage. Il est parti en vitesse car il voulait marier sa filleule dans le désert. Une vraie histoire de fou, hihihi. Celle-ci a en effet rencontré un Zorai qui méditait dans le désert sur les turpitudes de la vie. Chassé de sa famille à cause d’une sombre histoire de dette avec son cousin qui avait des démêlés avec les autorités locales, il errait sur les dunes d’Oflovak quand un torbak attaqua une caravane de mektoubs qui passaient par-là …»

(15 minutes plus tard)

« … et sa grande tante qui avait des douleurs était partie se soigner chez un rebouteux Matis à Yrkanis. De vrais charlatans ceux-là. En revenant chez ses neveux, elle voulut attraper un pot de crème au beurre de capryni posé sur les étagères et alors…  »

Eolinius n’en pouvant plus s’affala sur le comptoir.

« Stop, c’est bon. Y le prends » dit Eolinius résigné.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Eolinius se retrouva avec sa bourse vide et une corde dans les mains au bout de laquelle se trouvait un drôle de mektoub , les yeux globuleux et sans expression qui le fixait. Il répondait au doux nom de Tapioca.

Pour sa première sortie avec Tapioca, Eolinius choisit de rester près de l’entrée de la ville. Il essaya de le faire marcher en le tirant au bout de sa corde, mais Tapioca rechignait à avancer et Eolinius dut acheter une botte de foin à O'Cauty Eoppie qui se frotta les mains. Au bout d’un certain temps et avec de la patience, Eolinius réussit à lui faire faire le tour de l’étable. Mais le Mektoub était entêté et tirait toujours à droite et à gauche pour renifler ce qu’il y avait autour de lui.

A sa deuxième sortie, Eolinius se décida à le monter. A sa grande surprise Tapioca n’offrit pas trop de résistance. Cependant le pas et l’assise étaient mal assurés et Eolinius tanguait sur sa selle. Mais bon, il était peut-être le descendant de corsaires et ce n’est pas cela qui allait lui donner le mal de mer. Eolinius voulut pousser un peu plus loin la balade et en passant devant la colline à la sortie de FairHaven, le mektoub obliqua soudain sur sa droite pour aller renifler encore une fois dans les fourrés. Surpris par ce mouvement brusque, Eolinus fut désarçonné et se retrouva la tête dans le sable de carapaces, ce qui se termina par une bordée d’injures dirigées contre O'Cauty Eoppie . Il ne se doutait pas à ce moment-là que quelque temps plus tard, Tapioca allait peut être lui sauver la vie…

(à suivre)

Edité 3 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 3 ans).

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Le mektoub qui aimait les fleurs (2ème partie)

 

Au fil du temps Eolinius finit par apprivoiser Tapioca, mais ce dernier restait quand même parfois assez retors, surtout quand le mektoub voyait une homine avec des fleurs dans les cheveux. Il voulait toujours aller renifler dans sa coiffure, ce qui provoquait parfois des situations délicates.

Par une belle journée, Eolinius prépara son sac et décida de faire une expédition en emmenant Tapioca dans les landes obscures. Il ne savait pas pourquoi mais ce lieux produisait sur lui toujours un effet spectaculaire. En fait il aimait ces paysages étranges et désolés que d’autres auraient dit malsains mais que lui trouvait romantiques. Il aimait s’assoir sur les grosses racines surplombant les eaux vertes et saumâtres, étudier ou relire ses notes qu’il avait prises lors de ses excursions, ou bien rédiger son courrier personnel. On ne savait pas trop ce qui se passait dans la tête d’Eolinius. Parfois, il s’allongeait sur la racine géante, regardant le ciel en rêvassant.

Après un assez long voyage et avec un pas parfois encore mal assuré, le duo arriva enfin près des landes. Il existait plusieurs chemins pour y arriver. Eolinius ne prit pas le plus rapide mais le plus sûr pour préserver Tapioca des coups de pinces des cloppers qui pullulaient dans la région. Les rayons de l’astre lumineux commençaient légèrement à baisser et donnaient un bel éclairage contrasté aux hautes racines sur lesquelles les deux compères s’engageaient. Eolinius descendit de son mektoub et s’avança sur la racine centrale, contemplant le paysage et les marécages en dessous. La lumière rasante donnait une belle couleur verte émeraude à l’étendue d’eau en contrebas et procurait une impression encore plus irréelle.

C’est à ce moment qu’il l’aperçu pour la première fois. Sa silhouette longiligne contrastait avec le paysage désolé. Elle était là, insolente, admirable, fière et presque arrogante. Une magnifique fleur solitaire se tenait au milieu de la grande racine. Elle n’était pas très haute mais ses couleurs étaient éclatantes. Eolinius n’en avait encore jamais vu de pareille. Ces pétales semblaient doux comme du velours, ses feuilles étaient effilés et légères comme du satin. Il était évident qu’elle avait poussé là par accident. Une graine venue d’on ne sait où avait germé dans cet endroit hostile et elle paraissait encore plus fabuleuse comparé à la froideur du lieu.

Eolinius se dit tout de suite qu’il ne rentrerait pas sans elle, il devait la ramener coûte que coûte. Elle sera le plus beau spécimen de son herbier qu’il avait décidé de constituer pour les besoins de la science. Enfin ça c’est le prétexte qu’il se donnait. Peut-être avait-il une autre idée en tête, comme par exemple offrir une des tiges à une homine qu’il avait rencontré. Mais nous avons déjà dit que nous ne savions pas tout ce qui se passait dans sa tête de Tryker.

Il l’examina pendant de longues minutes et regarda comment il pourrait la prendre aisément. La fleur n’était pas en fin de compte si facilement accessible. Elle avait poussée sur le bord externe de la racine, un peu en contrebas dans une anfractuosité pleine de mousse. Eolinius s’approcha et tendit le bras pour la saisir mais ses doigts arrivaient à peine à l’effleurer. Il se pencha un peu plus, s’agrippant comme il pouvait avec son autre main sur les rugosités de la grande racine. Il ne se rendit pas alors compte qu’en cette fin de journée, les rayons lumineux chauffant la souche avaient maintenant presque disparus, et l’humidité du lieu et des marais en dessous emplissait maintenant l’atmosphère, rendant tout d’un coup sa prise de plus en plus glissante.

Il se sentit partir vers l’avant et pris machinalement la fleur pour s’agripper, mais celle-ci n’offrit que peu de résistance et se déracina presque immédiatement. La tige de la fleur dans une main, l’autre essayant de se raccrocher sur une surface glissante, il ne dut son salut qu’à son pied gauche qui se prit légèrement dans un bout de liane qui n’allait pas résister très longtemps. Eolinius resta ainsi suspendu au-dessus du vide, les bras ballants, n’osant plus bouger de peur de glisser d’avantage. Il distinguait maintenant en contrebas les marais verdoyants et des fumerolles rosées sortant des sources de goo. Allait-il finir de cette façon ? S’écraser lamentablement dans un gisement toxique ? Il repensa à ses amis de la guilde des Dragons noirs, Kyriann, Jazzy et Mohe qui étaient bien loin de lui maintenant. Il repensa aussi à ses parents à qui il avait promis de continuer leurs travaux scientifiques. Il s’était égaré ces derniers temps dans des considérations terre à terre et se promis, s’il arrivait à se sortir de ce mauvais pas de reconsidérer ses priorités. Ces quelques secondes lui semblèrent durer une éternité.

Il entendit à ce moment-là quelque chose remuer derrière lui. Tapioca qui était resté un peu plus loin et étonnamment tranquille jusqu’ici rappliquait.

« C’est bien le moment pour qu’il se remette à gambader n’importe où » se dit Eolinius.

Soudain il sentit une pression sur sa jambe gauche et se sentit soulevé subitement. Le mektoub le saisit en encerclant la jambe d’Eolinius de sa trompe et le leva au-dessus de lui. On vit alors un petit Tryker suspendu en l’air et qui se balançait, tenu au bout d’une trompe d’un gros mektoub. Celui-ci le déposa délicatement sur la racine. Eolinius encore essoufflé parce qu’il venait de vivre tenait toujours dans sa main au-dessus de lui la fleur tant convoitée. Ébahi, Il regarda Tapioca sans rien dire ni comprendre, puis fini par bredouiller :

« ben alors sul ! y ne sais pas comment y pourrai sul remercier »

Sans attendre, le mektoub attrapa rapidement avec sa trompe agile la fleur que tenait Eolinius et l’engloutit aussitôt dans sa bouche. Eolinius regarda encore plus abasourdi sa main vide, puis Tapioca, et ne sut pas si il devait en rire ou en pleurer. Les petits yeux noirs globuleux et sans expression du gros mektoub le fixaient. Eolinius fini par se jeter au cou de Tapioca en riant. Alors Tapioca émit un « trrrompffe » triomphal.

Les deux compagnons rentrèrent tranquillement vers Fairhaven comme deux larrons en foire, Eolinius chantonnant et Tapioca gambadant.

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Edité 3 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 5 ans).

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L’énigme de ses parents


Quelle belle fête !

Et le gâteau préparé pour l’anniversaire de Liosta, la fille de Kyriann ! Un délice !

Eolinius s’était bien amusé avec les autres convives sur la plage d’Avendale en lançant des feux d’artifices qui faisaient la joie de Liosta. Quel bonheur pour un enfant d’appartenir à une vraie famille. Eolinius avait trouvé la sienne en quelque sorte en entrant chez les Drakani, mais ce n’était pas tout à fait la même chose.

Il n’avait jamais parlé de son enfance à quiconque. La peur que l’on se moque de lui certainement. Petit, il avait passé la majeur partie de son temps sous la surface parmi les parias et les rejetés d’Atys. Il n’avait jamais vu l’astre lumineux comme les autres enfants insouciants. En fait il ne savait pas exactement où il était né. La seule chose dont il se rappelait était son enfance bohème parmi les différentes tribus des primes racines.

Ses parents pourtant étaient de brillants scientifiques reconnus sur Atys. Ils passaient leur temps d’une part à enseigner des rudiments d’éducation aux petits homins des tribus perdues en parcourant le monde souterrain. D'un autre coté ils se livraient aussi à des fouilles étranges et des expériences incompréhensibles aux yeux d’Eolinius au plus profond des primes racines. Malgré cela le petit reçut très tôt le désir de découvrir de nouvelles choses en même temps que l’esprit tolérant insufflé par ses parents. Ces journées étaient faites de jeux avec les autres enfants des tribus et l’enseignement pratique qu'on lui fournissait quand on l’emmenait en expéditions pendant plusieurs jours de marche. A cette époque Eolinius ne se souciait pas de n’avoir jamais vu la beauté d’un coucher de lumière qu’il ne connaissait pas, il se contentait des multiples bizarreries qu’il voyait autour de lui, ainsi que des formes et des couleurs qui s’agitaient sous la surface. Il y avait tant de choses à voir, parfois aussi belles que dangereuses.

Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il commença à se poser des questions sur le travail exact de ses parents. Son père, bien qu’il s’occupait aussi de lui était toujours en train de rédiger des notes et faire des expériences. Sa mère, toujours avec un sourire aux lèvres était très attentionnée et gentille envers les autres. Elle était toujours prête à seconder son père dans ces recherches.

Ses parents s’éclipsaient souvent en le laissant dans le camp. Un jour, alors qu’une pluie de sève tombait en abondance dans la nuit perpétuelle, Eolinius les avait suivi en cachette plus pour jouer que par inquiétude. Au détour d’une ruine, il les avait alors surpris en compagnie d’autres individus singuliers venus les rejoindre. Que venaient-ils faire là ? Pourquoi ces rendez-vous paraissaient-ils toujours aussi secret et pourquoi ils avaient l'air de se cacher ? Eolinius était alors trop petit pour comprendre et reconnaitre le visage des interlocuteurs, mais plus tard il se posa longtemps la question de leur provenance. Etait-ce des gens de la surface ? Des Rangers ? Ou même des Trytonistes ? En tous cas certainement pas des Maraudeurs, ces parents étaient trop humanistes pour côtoyer ces gens-là. Surtout, la question essentielle qu’il se posait, que cherchaient-ses parents exactement en ces lieux étranges?

Il se rappelait les douces paroles de sa mère qui lui répétait tout le temps sans qu’il puisse alors comprendre :

« La vérité et les réponses aux questions se trouvent là, en dessous. Il faut juste les chercher »

Malheureusement il n’eut jamais l’occasion d’en savoir plus, ses parents disparurent tragiquement au cours d’une expédition et il fallut un événement étrange pour qu’Eolinius ne suive pas le même chemin qu'eux.

Mais il était tard maintenant, Eolinius chassa ces pensées de son esprit et prit un morceau de pain d’épices.
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Edité 10 fois | Dernière édition par Eolinius (il y a 4 ans).

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