ROLEPLAY


Repas de famille

Ne pas ralentir en arrivant à la porte.
Passer entre les gardes aussi naturellement que possible.
Il n’était pas en tort.
Il n’avait rien fait de mal.
Il n’était pas convoqué pour un rappel à l’ordre.
Il était prié respectueusement par le chef des gardes d’Avalae de bien vouloir lui accorder quelques instants de son temps précieux pour apporter des précisions sur un possible incident diplomatique international en tant que témoin de première importance.

Copal avait lui même rédigé assez de documents officiels pour décrypter.
Miaro Ronti n’était pas content du tout.
Et il ne pouvait pas le dire.
Il était à son poste depuis assez longtemps pour prendre des précautions oratoires avec un Noble. Surtout un Noble qui semblait avoir les faveurs du Karin Aniro.
Même s’il avait pu regarder le dit Noble de haut quand celui ci n’était encore qu’un obscur fonctionnaire provincial.

Copal entra dans le bureau avec toute l’assurance qu’il pouvait rassembler.


Le début de l’entretien fut sans surprise.
Miaro Ronti conciliait avec beaucoup d’expérience l’efficacité d’un soldat de terrain et des manières dignes de la Cour.
Et il souhaitait connaître le contexte intégral pour mieux appréhender la situation.

Copal dut donc commencer son histoire au vortex de la Masure.
Là où les Trykeri lui avaient amené les deux mektoubs chargés de la bière qu’il avait commandée.
Là où une partie de l’escorte venue de Fairhaven avait voulu continuer jusqu’à Avalae.
En contradiction flagrante avec l’accord que le commandant Jazzy et lui même avaient passé.
Mais le Tryker n’avait aucune autorité sur les non citoyens.
Pas plus que Copal.

Et ça avait donc été le trajet désorganisé jusqu’à Avalae à travers la Masure, le Jardin Fugace et le sud du Jardin majestueux.
Copal avait eu plus souvent qu’à son tour l’impression de ne rien maîtriser.
De se maintenir comme il pouvait sur une feuille emportée par le courant.
Ou plutôt à proximité des mektoubs.
Avec des homins enthousiastes qui fonçaient tête baissée. Massacrant les bêtes féroces sur leur passage.
Sans se soucier de ce qui se passait derrière eux.
Ni d’éventuelles consignes.
Une horde indisciplinée et inconséquente.
Le pire moment avait été lorsque Serae Liosta était tombée. Victime de tirs croisés dans une altercation avec une patrouille.
Mais la cargaison était parvenue à Avalae sans encombre.

Copal ne s’attarda pas sur ses difficultés.
Ni sur sa fatigue et sa frustration croissantes à mesure qu’ils avançaient.
Pas même sur le Zoraï aux cheveux violets qui lançait des sous-entendus perfides dignes des pires commères de la Cour.
Il préféra exposer rapidement le trajet suivi. Les rares difficultés rencontrées.
Et surtout le résultat obtenu.
C’était tout ce qui comptait.
Même si Miaro Ronti n’était probablement pas plus dupe que son père.

Finalement les tonneaux de bière avaient été rangés chez lui avec l’aide diligente de l’Ordre Alkiane.
Et il avait ensuite fallu emmener le tonneau spécial à Yrkanis.

A partir de là, le chef des gardes se montra bien plus attentif.
Et réprobateur.
Il comprenait que le Filira Copal ait préféré maintenir le secret jusqu’à Yrkanis.
Et qu’il ait préféré calmer lui même les plus excités de l’escorte.
Et même qu’il les ait autorisés à l’accompagner jusqu’à la capitale.
Mais vraiment, avec tout le respect qu’il lui devait :
« Vous auriez du appeler la garde d’Avalae lorsque cette Tryker vous a attaqué, Filira. Attaquer un représentant du Karan, c’est attaquer le Royaume. Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de comportement. »

Copal se força à sourire.
« En temps normal j’aurais dit comme vous Ser. Mais l’important n’était pas mon sort. L’important était la mission que le Karan m’avait confiée. Tout le groupe se serait entre-tué sur place si j’avais répondu par les armes. Et le prisonnier aurait pu avoir l’occasion de s’échapper. »

Copal marqua une pause.
Il avait découvert la force des silences en écoutant de vrais diplomates. Filira Salazar. Ser Nilstilar.
Il s’efforçait d’appliquer leurs leçons.

Il reprit.
« Mais ils ont bien compris que rien ne me ferait changer d’avis. »
Ce qui était vrai. A sa grande surprise.
Copal ne s’était jamais imaginé en meneur d’homins. Et les événements lui avaient largement donné raison.
Mais il avait découvert qu’il était réellement prêt à tout pour accomplir son devoir.
Et aussi qu’il n’appréciait pas du tout de recevoir d’ordres d’une bande de kamistes incultes et surexcités. Mais le chef des gardes n’avait pas besoin de le savoir.

Ce que Miaro Ronti n’avait pas non plus besoin de savoir, c’était la vraie raison pour laquelle il n’avait pas riposté.
La Tryker qui l’avait attaqué savait se battre. Vraiment. Et lui, non.
Malgré tous ses efforts.
Il ne se plantait pas son épée dans le pied. Et il se débrouillait contre des animaux sans intelligence.
Mais il ne faisait vraiment pas le poids dans ce genre de situation.

Heureusement qu’elle l’avait abattu rapidement.
Il n’avait pas eu le temps d’être trop ridicule.
Et il avait réussi à retourner la situation à son avantage par la suite.

Le chef des gardes n’était pas complètement convaincu.
Mais il savait reconnaître un combat qu’il ne pouvait pas gagner.
Il remercia son hôte avec courtoisie et le raccompagna à la porte.
Non sans commenter au dernier moment.
« Qui aurait cru que protéger un chargement de bière intéresserait tant d’homins. Si je puis me permettre Filira. La prochaine fois mieux vaudrait choisir un autre prétexte si vous recherchez la discrétion. »

Et Copal se retrouva dehors dans la nuit d’Avalae.
Il retint un juron malvenu.
Il n’y aurait pas de prochaine fois. Pas s’il pouvait l’éviter.
Grace soit rendue à Jena. Il était ambassadeur auprès de la Théocratie. Pas de la Fédération.

Il se hâta de rejoindre son épouse.
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