Épuisé par son suivi, attentif comme jamais, des débats de l'Assemblée, Nilstilar s'assoupit bientôt sur la plage du Marché Est, devant le feu entretenu par les gardes de Fairhaven. Ce n'est qu'au matin, après avoir regagné ses aîtres et dégusté son chaï rituel, qu'il se mit à l'écritoire pour rédiger la missive informant son Roi de la décision prise la veille par la Fédération.
Yrkanis, le 15 de Mystia 2620-1
Votre Majesté,
C'est avec réticence que je me suis, voici quelques jours, résolu à saisir Son Excellence Ailan Mac'Kean de Votre requête. À savoir, autoriser les troupes matisses à pénétrer en Aeden Aqueous pour y traquer Pebre Di Ciosi.
Réticence, car Votre volonté d'introduire une telle requête a été portée à ma connaissance par un moyen inusité, d'une part et, dautre part, parce que ladite requête m'est apparue, vu les mauvais souvenirs qu'a laissé au peuple des Lacs la dernière « pénétration » du genre, audacieuse… pour ne pas dire provocatrice. De fait, je me suis demandé durant quelques temps si cette affaire n'était pas une machination destinée à me déconsidérer, tant dans le Royaume que dans les Lacs. Votre Majesté voit par là que nul, fut-il diplomate chevronné, n'est à l'abri d'un délire complotiste.
C'est donc pour sortir de ce délire naissant que je me suis permis, en formulant la susdite requête à Ailan Mac'Kean, de lui suggérer de la rendre publique, c'est à dire de convoquer une Assemblée des Taliari destinée à statuer sur la suite à lui donner, Assemblée devant laquelle je me déclarais prêt à intervenir. Ainsi fut fait. Et, bien que le procès-verbal des débats de l'Assemblée en question doive être bientôt, lui aussi, rendu public, je viens ici vous donner leur conclusion : la requête du Royaume été rejetée par l'Assemblée, mais celle-ci a adopté, à l'unanimité, la motion suivante : « L'armée fédérale capturera Pebre di Ciosi, que la Fédération jugera ensuite pour apologie de l'esclavagisme. Suite à quoi nous le remettrons à l'armée royale à la frontière tryker-matis. »
Pour conclure, je me tiens, bien entendu, à la disposition de Votre Majesté pour faire part à la Chambre des Nobles de l'unique « point de vue » matis sur les dits débats (ce jour là, j'étais en effet, hélas, le seul Sujet du Royaume à les suivre).
Matis Aiye !
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Nilstilar Thorec
Ambassadeur de Votre Majesté auprès de la Fédération de Naw Trykoth
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