ROLEPLAY


« kün geyum » Récit du voyage sur la route d’Oflovak jusqu’à Coriolis

Journal de bord d'Azazor

J1

La première chose que j’ai vu depuis que je me suis effondré de fatigue, c’est le plafond de la salle où je me trouve allongé. Un plafond très bas, où un zoraï tiendrait à peine de debout. Sur ce plafond, mais aussi sur les quatre murs de la salle, sont gravés des noms, probablement d’homins de passage, mais aussi des dates, des symboles, certains faisant penser à ceux de la rue Arispotle à Pyr. J’ai vite pris mon sac et sorti un cuir de varinx pour noter tout ça, avant qu’un fyros n’arrive et me demande de le suivre.



Il m’a demandé si j’avais bien dormi. J’ai rien dit. Bien dormir est un euphémisme. Dormir, c’est forcément bien. L’homin m’a emmené dans une autre pièce, plus grande, où j’ai pu retrouver Eeri. Elle m’a accueilli avec un sourire. Il y avait aussi une zoraï. Puis on m’a tout expliqué. L’arrivée à la tour dans un état déplorable, moi qui demande à un garde si les Yeux et la Bête peuvent rentrer dans le camp, leurs éclats de rire. Et… trou noir. Je me suis endormi pendant une journée entière.

Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je crois en fait que je n’avais jamais eu peur avant ça. Comment nous, homins des nouvelles terres, habitués à ne pas mourir sous les coups, habitués à notre environnement, pouvons-nous savoir ce qu’est la peur ? Sans les puissances, nous sommes si faibles. Et pourtant… Pourtant cette tour existe. Il y a des homins qui vivent là, dans cet endroit inhospitalier, sans puissances pour les aider. Et je leur demande si les yeux peuvent rentrer ici… Mais quel toub !

On a encore un peu discuté avec le fyros et la zoraï, puis je suis retourné dans le dortoir des voyageurs, prétextant avoir des choses à revoir. En fait, j’avais honte. Moi, Azazor, akenak, ancien légionnaire, j’ai honte de ce que j’ai été dans ce désert qui rend fou. Une loque, un moins que rien. Sans Eeri, je serai mort.

Maintenant que j’ai dormi, je dois me reprendre. J’irai faire le tour du propriétaire, noter tout ce que je peux, interroger du monde aussi. Je dois savoir ce qu’il y a réellement dans la Mer de Bois. Sur akash, Azazor ne faiblira plus.


J2

La zoraï est l'intendante de Fort-le-Phare. Elle a été nommée par le conseil ranger qui administre la Halte de Oflovak. En fait, ici, c'est une sorte d'antenne de l'Halte. Son nom est Tao Shin, 73 ans, ce qui d’après les homins ici est plus que vénérable. Avec l'absence de résurrection, la durée de vie sur la route d’Oflovak est bien plus courte que dans les nouvelles terres. Le fyros, c’est Barylus Abythan, chef des gardes. Il m’a dit que ceux-ci ont bien rigolé quand ils nous ont vu arriver. Ils ne nous ont pas cru quand Eeri leur a dit qu’on venait des Nouvelles Terres. C’est rare les homins passant par là qui ne soient pas rangers ou marauds. Alors venant des Nouvelles Terres, c’est du jamais vu de mémoire d’homin. Tao Shin m’a dit que dans les archives, il y a quelques noms d’homins comme ça. Mais elle n’était pas née et n’a pas pu les connaître. La plupart des voyageurs sont rangers. Quelques maraudeurs de temps en temps, mais aussi des émissaires ou des bannis d'autres tribus des environs, du moins ceux qui ne sont pas morts en route. Parce que oui, il y a des tribus implantées de-ci de-là le long de la route, surtout au nord de Fort-le-Phare. Certaines entretiennent d'ailleurs de bonnes relations avec eux. Le marchandage est régulièrement pratiqué.

Du coup, on nous a questionnés, que ce soit sur les Nouvelles Terres, qu’ils connaissent un peu grâce aux témoignages d’autre rangers, ou sur le but de notre voyage. Quand on leur a dit qu’on voulait aller jusqu’au désert de l'ancien Empire fyros, de l’autre côté de la Citadelle, ils ont cherché à nous en dissuader. Il paraît que traverser la Mer de Bois sans guide, c’est du suicide (et ne parlons pas du reste de la route). Plus on reste de temps dans cet endroit, plus on perd en vitalité. Il faut aller vite, et donc il faut suivre les balises avec soin. Mais entre la fatigue, l’absence de repère à cause de la brume et les prédateurs, c’est impossible pour des novices comme nous. Si on a survécu, c’est miraculeux.

Justement, les prédateurs (la Bête et les Yeux…), c’est pas ce qu’on croit. Le genre de craquement plaintif qu’on entend, le même que celui qu’on pouvait entendre en bord de falaise dans les Nouvelles Terres, c’est Armadaï. Enfin, c'est comme ça qu'ils l'appellent ici. Il parait qu'il a d'autre nom ailleurs. Mais c'est toujours la même bête. Pour faire simple, c’est une sorte d’arma géant, mais pas tout à fait. Plus long, mais avec des pattes plus courtes. Herbivore pour le coup. Voilà ma Bête, celle qui fait trembler l’écorce. Juste un bon gros herbivore, plus gros toutefois que nos plus grands shalah. Faudra que j'en vois une de plus près pour me faire à l'idée. Ce qu’on doit craindre par contre, c’est les prédateurs de ces armadaïs (les Yeux...). Des yetins, de type bien coriace. Ils viendraient des îles de la Mer de Bois ou du Continent Verdoyant (c'est comme ça qu'ils appellent l'endroit où on est, ou alors Forêt Ancestrale). Contrairement aux armadaïs, ces yetins ne sont pas fait pour vivre dans la Mer de Bois. Eux aussi ça les tuerait d'y rester trop longtemps. Et s’ils nous ont épargné lors de notre petit périple dans la Mer de Bois, c’est juste un coup de chance. Barylus m’a expliqué qu’ils chassent en meute les armadaïs. Quand ils chassent, c’est là qu’on a le plus de chance de s’en tirer. On ne représente pas grand-chose à se mettre sous la dent par rapport aux armadaïs. Le risque, c’est si on passe à côté d’une meute qui n’est pas en pleine chasse. Il y en a toujours un ou deux pour se faire un petit en-cas opportuniste. Mais a priori, pas de risque d'en croiser dans la mer de bois sans qu'ils soient en chasse. Ceci dit, vaut mieux éviter de les croiser quand même.

Bref, on a eu droit à un topo sur la Mer de Bois. Ils nous ont bien sûr parlé de la Halte d’Oflovak. C'est une île assez tranquille, sur laquelle la ville de La Halte a été construite il y a très longtemps par les descendants des premiers Rangers. Ils ont bien insisté sur le fait qu’il serait impératif, si on voulait malgré tout poursuivre notre voyage, d’y passer avant de continuer vers l’Avant-Poste Diplomatique de la Falaise Nuageuse, ne serait-ce que pour se reposer et ne pas devenir fou dans la Mer de Bois. Ça m’a fait tiquer. Effectivement, j’étais en train de devenir fou. Mais maintenant que je sais mettre un nom sur ce que j’ai entendu là-bas, j’aurai moins peur. C’est la peur qui rend fou. Surtout quand on ne l’a jamais vraiment éprouvée.

Ils nous ont dit qu’on pouvait rester ici quelques jours, le temps de nous remettre d’aplomb et surtout de bien peser notre choix sur continuer ou non le voyage vers l’est. Puis ils sont retournés à leur fonction, nous laissant là, Eeri et moi, avec encore tout un tas de questions sans réponse. Moi, ce que j’aimerais savoir, c’est quels homins des Nouvelles Terres ont réussi notre exploit de venir jusque-là ? Et qu’est-ce qu’ils cherchaient ?


J3

Mac'opin Kickan, le tryker qui nous a reçu à notre arrivée ici, et avec qui Eeri a beaucoup sympathisé, nous a fait une petite visite des lieux.
La tour est un morceau de canopée qui serait tombé et resté planté dans l'écorce. Leur hypothèse est que le morceau est longtemps resté à moitié attaché au reste de la canopée, ce qui lui a permis de se stabiliser avec la pousse de la végétation adjacente. Heureusement aujourd'hui, la tour est totalement solidaire. Donc pas de risque qu'elle s'effondre malgré qu'elle soit penchée. D'ailleurs, au vue du relief très accidenté autour de la tour, il doit y avoir une quantité de débris de cette canopée aux alentours, depuis recouvert par la végétation. La chute doit avoir eu lieu il y a au moins plusieurs siècle. C'est donc à l'intérieur de cette racine que ces descendants de rangers ont construit leur habitat, en creusant tout un tas de cavités dans la racine. On y retrouve des dortoirs comme celui où on loge, des salles de vie et même un bar, le tout relié par des boyaux étroits, des escaliers taillés à même le bois et des échelles. Tout en haut de la tour se trouve le bureau de l'intendante Tao Shin.

On a aussi pu visiter le phare en lui-même. Il s'agit d'un gigantesque brasero et d'un ensemble de miroirs et de... de quoi? Des trucs qui déforment la vue quand on regarde dedans. J'ai pas posé la question sur leur nom. Mais c'est constitué de matières totalement inconnues. Il parait que ça vient d'une épave d'un vaisseau de la karavan, retrouvée au nord du Continent Verdoyant il y a un siècle environ. Du haut de la tour, on peut voir l'Arbre Éternel à l'ouest, émergeant au dessus du couvert végétal. D'après le tryker, il y a là bas des animaux très hostiles et particulièrement gros. Lui n'y ait jamais allé, donc il ne sait pas trop, mais d'après ce qu'on lui a dit, il y a aussi des homins qui y vivent, et même des tribus de gibbaïs. Cependant, c'est assez compliqué à confirmer, les rangers y allant rarement. Pourtant, il y aurait des ressources extrêmement rares dans ces terres. Il nous a aussi expliqué que d'autres arbres de ce genre, que certains appellent Arbres Ancestrales, existent ailleurs, loin de la route d'Oflovak. Mais il a été bien incapable de me dire où ils sont. Ou alors, il n'a pas le droit de le révéler?

Tout ce que je peux dire, c'est que de là-haut, Atys est bien plus grande qu'on ne peut l'imaginer. Ce sont des forêts donnant sur d'autres terres nues, des îlots de vie, des reliefs, des plaines désolées. Un monde si vaste, si... inconcevable? On n'a pas idée de l'immensité tant qu'on n'a pas vu ça.

Après cette belle visite, Kickan nous a proposé de le rejoindre ce soir au bar. Il nous fera goûter la spécialité de la route d’Oflovak : le baba.


J4

Gros mal de crâne ce matin. Son foutu baba, mais qu’il se le garde ! J’ai rarement bu un truc aussi insipide. Même la byrh de Lorlyn a plus de goût. Le baba, c’est un alcool fait à partir de graines de balogna, une sorte de buisson rustique de la forêt. On pile les graines, on laisse macérer avec de l’eau puis on y met un peu de sciure pour la conservation. On a à boire et à manger avec ça. Alors oui, je comprends que ce soit utile quand y'a rien à manger, surtout que ça se conserve assez longtemps. Mais de là à boire ce truc par plaisir… En plus ça bourre très peu. C’est pas immonde, mais c’est pas la joie à boire. Et si j’ai mal aux cheveux ce matin, je suis sûr que c’est leur baba. Avec Eeri, on a hésité à sortir la fiole d’essence d’ocyx qu’on a réussi jusqu’ici à préserver miraculeusement de la casse. Mais on s’est dit que c’était pas encore l’occasion de fêter ça. On n’a même pas fait la moitié du chemin.

Ceci dit, c'était une bonne soirée avec le Kickan. Il est né à la Halte d'Oflovak, comme la plupart ici. Puis, après avoir commencé comme garde là bas, il est monté en grade. Il y a 5 ans, il est venu comme officier ici. De temps en temps, il repart à la Halte. Il est officier de liaison, principalement. La plupart des rangers ici ont plusieurs postes à la fois. Lui, c'est surtout la liaison avec la Halte (courriers, quelques marchandises). Il s'occupe aussi de l'entretien des balises dans cette portion de la route. Il nous a d'ailleurs proposé de nous accompagner dans quelques jours jusqu'à la Halte. Il a justement quelques messages à apporter, principalement des messages personnels des homins à leurs familles restées à la Halte. Bref, c'est un chic type et Eeri s'entend bien avec lui. Faut l'entendre glousser à chaque fois que Kickan sort une blague. Ils ont un humour particulier ces rangers...

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fyros pure sève
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