ROLEPLAY


Les fables de Feinigan

Une soirée au bar, comme tant d’autres.

Ba'Rakha remarque :
— T’as l’air d’aller mieux que l’autre soir.

Feinigan a effectivement l’air en forme :
— Tu vas perdre ton pari. J’ai trouvé comment me dépatouiller de tout ça.
— Sérieux ?
— T’aurais vu cette affaire cette aprem ! C’était mirifique. J’ai vraiment cru à un moment que j’allais finir dans la goo.
— Et c’est mirifique ? rigole Ba'Rakha.
— Ou, si je m’en sortait, qu’il faudrait que je coure jusqu’aux nouvelles terres. Et finalement, j’ai eu l’illumination !
— Euh… T’étais où ? L’illumination ? Si tu me dis que t’as viré kamiste…
— Ouais, attends, je reprends du début.
— Ouais… Vaudrait mieux.
— Donc : tu te souviens du Bodoc. Déprimé, en phase terminale, tout ça. Je passe la semaine à le requinquer, lui faire découvrir les massages d’Hilarius, le saouler à la shooki, ce genre de trucs.

Ba'Rakha est impressionné. Feinigan, lui, part à fond dans son histoire :
— À la fin de la semaine, il arrive à peu prêt à tenir droit.
— Après un programme pareil ?
— C’était un boulot de fou, le résultat était pas terrible, mais je me suis dit : ça va, il va s’en sortir. Et j’ai dit « à peu près » droit.
— Ouais, ouais, j’avais noté la subtilité
— Il avait une réunion ici l’autre soir. C’est un homin de devoir, alors il a voulu venir. Je me suis dit « bon, Fairhaven, le pire qu’il puisse lui arriver, c’est un tonneau de bhyr ». Je l’ai donc lâché des yeux.

Feinigan s’interrompt un instant en voyant arriver Kyriann. Est-ce vraiment une bonne idée de continuer cette histoire si elle est là ? Baaaaah de toute façon, qui va croire une histoire aussi dingue ? Barraka, lui, enchaîne avec élégance :
— Vide… C’est ça le pire, un tonneau de byrh vide…
— Ouais, forcément si c’est vide, c’est pire ! J’en étais où... Ha oui le tonneau de bhyr.. nan, la réunion ! Je me dis au bout d’un moment « faut quand même mieux que je garde un œil sur lui ». Je lui avais fait un traitement de choc, sur un type pas mal déséquilibré.
— Ouais. Ça passe, ou ça casse
— T’imagine s’il avait décidé de mettre le feu à tous les feux d’artifices ? Bon, je l’aurais ptet pas arrêté… ça aurait été drôle.
— Ça aurait fait un beau spectacle !
— Carrément !
— Mais pas s’il avait commencé à se battre avec les gardes après
— Bah, ils l’auraient enfermé le temps qu’il… Ah ouais t’as raison, ça m’aurait fait perdre mon pari. On a dit : pas les alliés.
— Voilà.

Feinigan l’a échappé belle.
— Bref. J’arrive un peu plus tard, et là je croise au téléporteur une de ces balafrées. La tuile ! Je pensais pas qu’elles venaient ici. Du coup ma zone tranquille se transforme en zone de guerre. En plus de ça, la réunion officielle est… ben officielle, y’a toute l’écorce qui se pointe, dont le grand amour qui lui fout toujours le moral en vrac.
— Elles ont déclenché les feux ? Un coup à foutre en l’air le programme de remise en forme
— Je tente de dégager mon bodoc de là, mais tu sais comment sont les bodocs : obstinés comme pas possible.
— M’en parle pas. C’est bien pour ça que c’est des bodocs
— Ça sentait le roussi, et je ne parle pas que de la pyrotechnie de MacBill. Je me dit : c’est gagné, je suis bon pour faire un rempart de mon corps aux balafrés, qu’elles arrivent pas à la réunion.
— Qu’est-ce que tu ferais pas pour gagner un pari...
— En d’autres circonstances, ça ne m’aurait pas déplu, mais là c’était pas le soir où je pouvais faiblir. Et je vois alors au bar ce que je crois être mon salut : Yubhyr.
— Hein ?
— La yubette qui vend de la byr.
— Aaaah !
— Bodoc l’aime bien, je me suis dit que peut-être des charmes féminins réussiraient là où j’avais échoué. Ce qui était très con a posteriori, mais je paniquais un peu.
— C’est vrai que t’es pas très féminin… Mais côté charme, Yubhyr…
— Bref j’envoie ma yubhyr avec des consignes précies. Simples et précises.

Ba'Rakha rigole :
— Et ça a foiré…
— Qui sont : amène-le loin de FH, ou alors… aide-le s’il a des soucis, mais fais-le dégager en priorité !
— Aide-le s’il a des soucis… T’appelles ça des consignes précises ?
— Non mais j’avais été plus précis
— Ah....
— Et forcément… Yubhyr arrive et devant *tout le monde* elle crie « y’a une balafrée qui veut te tuer, Bodoc ». La dèche complète.

Ba'Rakha explose de rire. Feinigan ne se démonte pas, prenant un air penaud démenti par la petite lueur malicieuse dans ses yeux, et continue le récit de ses avanies :
— Le bodoc qui me regarde d’un sale œil, moi qui voit filer un contrat…
— Et un pari…
— Ouais, mais… c’est pas fini. Parce que le bodoc ne pète pas un cable dans la foulée. Mon traitement avait fait son effet quand même. Et donc la soirée se passe pas trop mal, finalement. La balafrée a disparu je ne sais où, le grand amour aussi, bref, tout se calme.
— Mais....
— Mais je me dit que si je calme pas le jeu avec les Balafrées, elles vont me courir le Bodoc sur tout Atys.
— Corrida, tout ça…
— Et donc faut faire quelque chose, au moins le temps que le Bodoc soit stabilisé. Donc je suis allé à leur campement. Ça faisait un bail que je n’y étais pas allé seul, je faisais pas trop le fier. Mais tu sais comment c’est avec elles : faut paraitre plus fou qu’un ragus enragé et ça se passe bien. Donc j’ai fait le fier, elles m’ont pas balancé tout de suite dans la goo, et je finis par avoir l’adresse de celle qui m’intéressait… celle qui se fait une fixette sur le bodoc.

Kyriann sursaute, mais cela n’interrompt pas les compères.

Ba'Rakha dit :
— Elle crèche pas avec les autres ?
— Elle était en ballade. Je vais l’appeler Arma pour la suite de l’histoire, rapport à la taille et un petit air de famille avec le bodoc. J’avais prévu un piège, et un piège dans le piège, histoire d’assurer mes arrières. Mais comme d’hab rien ne se passe comme prévu, elle n’est pas au point de rendez-vous attendu, je me retrouve à courir dans la jungle.

Ba'Rakha rigole, mais Kyriann avale de travers, puis tousse et retousse. Feinigan s’interrompt un instant :
— Ça va Kyriann ? C’est le chaî, c’est pas une boisson de tryker…
— Ah ça… rigole Ba'Rakha.

Kyriann reprend sa respiration :
— Oy grytt !

Ba'Rakha montre le tonneau :
— Bizarrement, Krill a laissé un peu de byrh
— Y n’ose pas, répond Kyriann. Dès fois que yn vide le tonneau.

Feargus arrive aussi, saluant tout le monde. Feinigan ronchonne :
— Rho la la mais si tout le monde vient au bar, personne n’achètera mes brochures ensuite ! Ça va être un peu long comme conte d’Anlor Winn, mon histoire, mais j’ai pensé à une publication papier. Peut-être avec des illustrations…

Quelques présentations sont faites, quelques remarques échangées à mi-voix sur les qualités discutables de Feinigan en tant que raconteur d’histoire, avant que ce dernier soit invité à continuer. C’est brouillon, mais ça a un côté attirant quand même.

— J’en étais où… je sais plus. Ah ouais, l’Arma… ha ha ha ! Mais je résume pas, Fergus ! c’est trop long ! T’achèteras la brochure. Bref, me voilà donc face à une arma déchainée, motivée à bouffer tous les homins qui se présentent.
— Attends… Comment tu l’as trouvée ? demande Ba'Rakha. T’en étais à courir la jungle.
— Un izam égaré et laconique qui m’a dit vers où chercher.
— Ah… C’est donc elle qui t’a préparé un piège dans un piège…
— J’ai même pas le temps de la saluer qu’elle se met à me charger. N’écoutant que mon courage, j’ai donc pris mes jambes à mon cou.
— Normal.
— Je l’ai emmené dans la tribu des Iconodoules… ça l’a bien ralenti 5 minutes. Et après j’ai couru jusqu’à Min Cho. Heureusement les trykers sont les meilleurs à la course, sinon mon histoire aurait une autre gueule ce soir.
— Toi aussi… dit Ba'Rakha.
— Un peu plus rose peut être… ajoute Kyriann en hochant la tête.
— Ouais. Là, les gardes de Min Cho ont stoppé sa charge. C’est pas la plus stupide, elle est pas entrée en ville. Et du coup, elle a commencé à partir, probablement vexée. Donc je suis passé à la contre-attaque. Courir après une Arma en essayant de la titiller assez pour qu’elle écoute, c’est du sport !

Ba'Rakha est plié de rire :
— Pour qu’elle écoute sans te raccourcir, tu veux dire
— Ouais je suis déjà assez bas sur l’écorce comme ça. J’ai fini par lâcher le nom du Bodoc, ça l’a enfin intéressé… un peu. Après elle m’a accusé de me mêler de ses affaires, j’ai dit que c’était pas moi qui avait commencé. Bref on s’est chamaillé mais je voyais bien que ça lui plaisait.
— T’aimes bien les chamailleries…
— J’adoooooore ce genre d’homine, répond Feinigan avec un grand sourire. Ça devenait plutôt cordial, du coup je l’ai invité à mon pique-nique. Le piège dans le piège, tu te souviens ?
— Ouuuuuais…
— Connaissant la gourmandise de l’Arma, j’avais préparé un festin.
— Un piège dans le pique-nique ? C’est un pique-nique sans byrh ??? demande Kyriann.
— Y’avait de quoi nourrir un régiment de tryker, répond Feinigan. Ça c’était le premier piège : un ventre bien rempli, surtout d’une Arma gourmande, ça aide à être conciliant. Mais… avant de tout amener, j’avais eu une autre idée. Je m’étais dit : de toute façon, elle va le manger. De la nourriture gratuite, ça ne se refuse pas. Donc pourquoi ne pas prendre une assurance supplémentaire ?
— Sul à empoisonné l’arma ? Demande Feargus.
— Empoisonné… pas exactement. Drogué plutôt. Rien d’énorme, hein !
— Si.... L’arma… murmure Ba'Rakha.
— Une assurance sur l’avenir… ça met 4-5 jours à faire effet.

Feargus et Kyriann lancent de drôles de regards à Feinigan
— Donc, tu drogues les homines, dit le premier.
— Non mais tu verrais l’homine en question…
— Et ça justifie tout ?
— La dernière fois que j’ai négocié avec cette tribu seul, j’ai fais plusieurs aller-retour dans la goo, et c’était elle qui lançait. Alors pour cette fois, je me suis assurée qu’elle faiblisse avant moi
— Sainte Jena mais tornett sul t’approche de gens comme ça !

Feargus a un déclic et comprend soudain :
— Un arma qui lance des trykers dans la goo ?!
— Elle va pas en mourir. C’est de bonne guerre, et elle va même pas le sentir passer, promis juré !
— Bah si c’est la personne à qui je pense, ils doivent être assez résistants à ça en tout cas.

Ba'Rakha dit :
— Ça dépend la quantité que t’as mise… Mais ouais…
— Bref, reprends Feinigan. Voilà pour le décor ! Et donc j’ai mon arma qui commence à faire honneur au repas, et je la suis. Quand on drogue un repas, faut toujours en manger avec les gens… sinon ça fait suspect. Et ça devient de plus en plus cordial : le miracle d’un bon repas !
— Ouais. Il manquait plus qu’une bonne bière, fait remarquer Ba'Rakha.
— Y’en avait. J’allais pas oublier les boissons. J’en viens donc à la faire causer sur le Bodoc. Je savais pas trop ce qu’elle lui voulait exactement. Je pensais qu’elle voulait juste en faire un mari de plus, un truc du genre.
— Ouais, intervient Ba'Rakha. Il est un peu gros pour le balancer dans la goo… Il volerait pas loin…
— Ouais. Et pourquoi pas, après tout : ça lui ferait du bien de se rouler dans la sciure, au bodoc. J’ai bien tenté de lui expliquer comment ça marchait mais il est pas très ouvert sur le sujet.
— Ouais. Il lui faudrait un dessin…
— Enfin bref, j’étais prêt à plein de scénarios, dont certains bien plus improbables que l’histoire que je raconte. Mon excuse, c’était que j’avais un « commanditaire qui s’intéressait aussi au bodoc ». Ce qui n’est pas complètement faux.

Ba'Rakha ricane :
— Pas complètement
— Même si le commanditaire que j’avais en tête était celui qui le veut mort. Et… Là, l’arma qui me dit qu’elle veut la même chose ! De tout ce que je pouvais imaginer, ça je ne l’avais pas pensé ! Les deux qui veulent la même chose : un bodoc mort et bien mort… J’aurais pu les rendre heureux… tous les deux… Mais bon, ça n’aurait pas été drôle. Moi, je veux le bodoc en, vie et distribuant ses dappers.
— Et t’en faisant gagner… précise Ba'Rakha qui n’a pas oublié le pari.
— Ceci dit, j’étais bien bloqué. Vraiment, pendant au moins une minute, je n’ai pas vu comment m’en sortir. Je me voyais déjà te remettre les sous du pari : la défaite ultime !
— Ouais hein.
— Impensable.

Ba'Rakha fait un clin d’œil à Feinigan, qui sourit et continue :
— Et puis je me suis souvenu de quelques vieux contes. Des trucs qui se racontent pas au bar. Le genre d’histoires tellement tordues qu’il faut être un balafré pour y croire. J’en ai entendu un paquet dans ces pays-là, j’aurais de quoi faire une encyclopédie, mais c’est pas très drôle. Par contre, je me suis dit que l’Arma devait croire à ces trucs. Et après tout pourquoi pas, tout n’est pas faux… comme dans les histoires d’Husyrech. Donc je lui ai dit que quelqu’un de son bord avait des projets pour le Bodoc. Et le pire, c’est que ça pourrait… Mais il m’a jamais parlé de ce genre de rencontre, alors je pense que non.
— Et ça a fonctionné ? demande Feargus
— Et ouais, Feargus, ça a marché. J’ai jamais autant baratiné et jamais autant remercié les conteurs d’Atys.
— C’est vraiment compliqué ton histoire.
— Et encore t’as la version simplifiée !

Feargus sourit :
— Et je suis certain que tu n’es pas capable de t’arrêter de baratiner en fait.
— Parce qu’il veut vendre ses brochures après… dit Ba'Rakha.

Feinigan s’amuse comme un fou :
— Ouais, la version longue avec ajouts de faits authentiques sera dans la brochure. Bref, mon arma a été d’accord pour s’incliner devant les puissances supérieures qui devaient s’occuper du Bodoc. À savoir, moi, en gros. Mais ça, elle a pas besoin de savoir.
— Combien de temps ?
— Assez pour la suite de mon plan. Parce que c’est pas fini… Mais pour ce soir, si ! Et sinon, je suis vraiment fan de l’arma ! Une fois tout ça fini, je retourne la voir pour la suite du festin.

Ba'Rakha dit :
— T’es fan de toutes celles qui te menacent de te tuer, te découper, ou te faire bouffer tes orteils.
— Mais non ! c’est ses formes !
— On espère que tu te feras pas écraser par son gros postérieur, dit Feargus.

Il s’ensuit quelques réflexions sur les arrière-train des arma, qui ne méritent pas d’être colportés au delà d’une soirée alcoolisée.
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