ROLEPLAY


Antekami Kaze

Haokan se téléporta au Vide. Puis il s’approcha de la goo, sortit le petit paquet de son sac, et le lança aussi loin qu’il put, avec un grand cri de rage. Pas vraiment satisfait, il sortit de son sac quelques autres objets, qu’il balança avec autant de force et de rage. Ces trucs allaient lui manquer par la suite, mais là, pour le moment, il devait surtout se retenir de ne pas tenter d’y lancer un gubani, ou sa hache Vedice, ou tout autre chose vraiment irremplaçable.

Enfin, ayant épuisé sa rage, il s’écroula et éclata en sanglots.



***


— Né, fii. Je ne vais pas fuir.
— Okajia ? Tu n’es pas assez forte pour lui résister si elle débarque !
— Je suis lasse de fuir.
— Miiiiiii !
— Jia ? Tu ne vas pas me forcer à partir. Et certainement pas pour aller habiter chez un matis !
— C’est juste le temps que je les mette tous en prison, Mi.
— Tu n’y arriveras pas. Tu n’es pas le premier à essayer.
— Au moins celle-là !
— Elle a échappé à la justice jusque-là, tu penses faire mieux que les patrouilles zoraïes ? C’était une futée, dans leur bande. Les homines antekamies sont souvent plus futées ; ça ne place pas le niveau très haut, mais il ne faut pas sous-estimer leur capacité à embobiner les gens.
— Mais Mi…
— Haokan, cela suffit. Tu m’as prévenu, le reste me regarde. Si je dois fuir, je sais comment m’y prendre. Tu surestimes l’importance que je peux avoir aux yeux des Antekamis. Ceux qui auraient pu s’acharner à me poursuivre sont morts définitivement, nous en avons eu toutes les preuves. Quant à toi, je t’interdis de pourchasser cette homine !
— Jia ? Elle est moins forte que moi. Elle est effrayante, mais j’ai réussi à la battre, même sans être vraiment préparé au combat. Je vais la neutraliser.
— Né. Je ne veux pas que tu approches un des ennemis des Kamis avec ce Vide dans ton cœur. Tant que tu n’es pas allé voir les guérisseurs et qu’ils ne t’ont pas déclaré soigné, le seul moment où il me semble acceptable que tu les croises, c’est sur le champ de bataille, entouré de tes amis.
— Je ne suis plus un enfant, Mi ! Je ne me suis pas entrainé autant pour rester à prier au Temple ! Je suis plus fort que toi, plus fort que cette Antekamie, plus fort que les membres de la Kuilde aussi ! J’ai donné toutes les preuves que je savais me battre.
— Avec de la magie et au corps à corps, peut-être. Mais il y a d’autres combats que tu perds, et ce sont les plus importants.

Haokan regarda sa mère, ulcéré. Comment osait-elle ? Après tout ce qu’il avait fait ? Il vit la peur dans son regard, alors qu’elle se tenait dressée face à lui, et cela l’exaspéra encore plus. Le masque déformé par la rage, la voix sourde, il déclara :
— Ce ne sera jamais assez à tes yeux.

Il n’y avait rien à ajouter, à part lutter contre sa colère. Il quitta l’appartement, claquant la porte avec fureur.

***


La journée avait pourtant bien commencé. Il était allé saluer l’aube du haut du Grand Tunnel Roccailleux. Perdu dans des souvenirs bienheureux, il était dans un de ces rares moments de paix.

Il avait été sorti de ce calme par les cris d’une homine. Pas des cris de détresse : juste quelqu’un qui s’amusait à gueuler depuis le promontoire d’en dessous. Il avait observé la zoraïe discrètement, espérant qu’elle parte rapidement et le laisse à sa tranquillité, se préparant cependant à se téléporter dans un endroit plus serein. Elle avait un casque, une armure moyenne qui enserrait péniblement ses formes débordantes, et une masse quasiment plus grosse qu’elle, ce qui était un sacré exploit.

Puis l’homine avait crié un truc qui avait changé radicalement ses plans :
— FAKUANG SI T’ES A QUELQUE PAR JE T’EMMERDE ! SALE TRONCHE DE CAKE À GOO !

Voilà un nom qui aurait dû rester enterré. Haokan avait attrapé ses armes, s’approchant avec prudence. Pas assez cependant : l’homine s’était sentie agressée par sa seule présence (ce qui, avec le recul, pouvait se comprendre). Elle avait commencé à lui mettre des claques pour lui faire avouer « qui l’envoyait pour la surveiller » ; vite échaudé, Haokan avait attrapé son casque, essayant de ramener l’homine au calme tout en évitant de se faire malmener.

Il avait fini par arriver à se présenter. Elle-même enleva son casque, montrant un masque horriblement mutilé :
— Je suis Gia'suki, j’ai plus de nom de famille. Leader des Antekamis Kaze.

Haokan avait été alors saisi d’horreur. C’était une chose que d’aller voir les Antekamis Kaze qui étaient emprisonnés à Min Cho (et cela avait déjà été une sacrée épreuve), mais se retrouver, ici, loin de tout, face à une des leurs… Et qui se disait Cheffe en plus !

Pendant un long moment, il avait oublié ses heures d’entrainements, les défis qu’il avait déjà relevés et réussis. Il s’était retrouvé comme quelques années auparavant, dans cet état de sidération face à l’ampleur du Mal à combattre, quand il était faible et seul.

Mais il n’était plus faible. Il s’était repris tandis qu’ils se chamaillaient verbalement. Et il savait ce qu’il devait faire.

Il serra son poing sur sa hachette. Il avait déjà tué de nombreux homins, et cela ne l’effrayait plus d’infliger de douloureuses blessures à autrui. C’était ce qu’il fallait faire ; ce que les Kamis commandaient. Détruire la goo, et détruire ceux qui la propageaient. Pourtant, une étrange réticence retenait sa main. Cette homine était un lien vers son passé, une occasion de comprendre des choses que personne d’autre ne connaissait…

Et puis (il ne savait plus comment), sa mère avait été évoquée. Cela avait rendu le zoraï fou. Il avait porté le premier coup de hache. Gia'suki s’était bien défendu et lui avait rendu les coups avec hargne, mais l’entrainement auquel il s’astreignait depuis des mois portait ses fruits. Il l’avait mis à terre. Facilement, même.

Contemplant l’homine qui agonisait à ses pieds, il s’était soudain senti vide. C’était ça, qui lui avait fait si peur ? Juste une grande gueule pas si solide ? C’était pour ça qu’il sacrifiait tout ? Pour un combat déloyal avec une zoraïe tout juste rencontrée, dont il ne savait quasiment rien ?

Les larmes avaient glissé le long de son masque. Il avait saisi ses amplificateurs et relevé son ennemie.
— Va-t’en. Je ne veux plus te revoir. La prochaine fois, tu iras rejoindre les autres à Min Cho.
— Non, la prochaine fois, tu ne me verras pas. T’es fort en tout cas, je te donne au moins ça.

Elle avait sorti un cookie emballé dans un linge, qu’elle avait posé devant lui :
— Tiens c’est pour toi, si un jour t’en as marre du grand mensonge.

Il avait contemplé le cadeau avec fascination et dégoût.
— J’ai déjà assez de Vide en moi sans avoir besoin de ta drogue.
— Tu m’en diras tant. Au revoir beau masque immaculé.

Elle était partie. Il l’avait laissé partir. Puis il avait ramassé le paquet, contemplant le cookie, témoin de sa stupidité.
— Malédiction !

Et il s’était ensuite téléporté au Vide pour se débarrasser du dangereux biscuit.
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