ROLEPLAY


Les fables de Feinigan

C'est toujours un plaisir de retrouver Barakka au bar. Tout en savourant la bhyr de Ba'Naer, les deux trykers échangent ragots et nouvelles.

Barakka fait rouler ses dés au fil de la conversation, choisissant certaines réponses grâce à leurs résultats. Alors, très vite, la conversation dérive sur leur amour du jeu. Feinigan, lui, joue pour le simple frisson du jeu, le plaisir d'aller toujours un peu plus loin, jusqu'à tout perdre. Il n'est pas de bon jeu sans gros enjeux.

La difficulté est de trouver d'autres personnes avec qui jouer. À défaut d'avoir leur consentement, les trykers ne se privent donc pas d'inclure d'autres homins dans leurs paris.

(Note : pour respecter la vie privée des homins cités, et pour ne pas trop fausser les paris surtout, leur nom sera remplacé par celui d'animaux. Aucun frippo n'a été réellement maltraité.)

Feinigan cherche un bon sujet de pari :
- J'aurais bien parié qu'Ocyx allait épouser Frippo, mais c'est plié : ils ont déjà eu des petits ensemble.
- Oh ? Sérieux ?
- Oy ! Ils sont très moches. Ça date de la semaine dernière.
- Tu t'attendais à quoi ?
- Je n'espérais pas qu'ils s'entendraient aussi bien !

Barakka n'avait pas vu Ocyx récemment, et n'avait donc pas remarqué si elle avait pris du poids. Feinigan avait présenté les deux homins l'un à l'autre quelque temps auparavant, et il fallait reconnaitre que ces deux-là s'étaient trouvés, même s'il fallait l'esprit farceur du tryker pour y voir quoi que ce soit de romantique.

Barakka cherche à propos d'autres homins :
- Tu peux aussi parier que Igara raconte une histoire vraie. Là, y'a une petite chance...

Feinigan rigole :
- Ses histoires sont vraies ! Elles sont juste horriblement déformées.
- Ouais... C'est ça... Pour une valeur très approximative de vraie...
- La vérité est tellement tordue dans sa bouche qu'elle doit aller chez le guérisseur quand elle en sort. C'est ce qui le rend si fréquentable.

Barakka aime bien Igara aussi. Il ne fera pas l'objet d'un pari cette fois-ci... Le tryker jette un œil à Ba'NAer Liffan :

- C'est vrai que Ba' a promis un open-bar à Igara et Bolobi s'ils faisaient venir le Karan ?
- Il parait, oui ! Mais faire venir le Karan ici... Je parierais s'ils se bougeaient pour le faire advenir.
- La Karae est bien venue, y'a des années.
- Ça remonte. Et Stevano n'est pas du genre marrant.
- C'est vrai qu'ils ont pas des masses de contacts... Encore que, y'a Raspal qui traine souvent dans le coin.
- Il faudrait trouver comment il peut motiver son roi à sortir de son arbre.

Barakka rigole :
- Stevano serait plutôt du genre à venir avec son armée...

L'idée lui fait lancer les dés. Le résultat le fait frissonner et il les ramasse sans rien dire.
- Déclencher une guerre ? Tu n'as pas froid aux yeux... dit Feinigan qui a suivi le manège.
- En lui passant un savon ? Il a l'air d'aimer ça, répond Barakka en repensant à Raspal.

Feinigan réfléchit, puis déclare :
- C'est moins drôle que la guerre.

Décidément, ce n'est pas encore le pari qui les fera vibrer...

Passant en revue les divers homins qui viennent au bar, puis ceux qu'ils peuvent croiser sur l'Écorce, Feinigan finit par trouver un premier sujet de pari.
- Je n'ai jamais vu un homin mentir autant. Il ment tellement, qu'il ne se rend même plus compte qu'il le fait.

Barakka n'ayant pas eu la chance de fréquenter l'énergumène, son compère lui décrit les péripéties de l'homin en question : ayant rejoint le culte d'une des Puissances et travaillant à en être le meilleur représentant possible, quand tout le pousse vers l'autre camp... y compris le fait de tomber amoureux de la mauvaise personne.
- Et je ne saurais rien de cette histoire, précise Feinigan, si je n'avais pas eu à lui procurer des vêtements pour ses rendez-vous. Il a essayé de faire le coquet pour l'impressionner... et il est revenu à chaque fois plus dépité !

Barakka rigole :
- J'imagine bien... Une homine K... Tu penses qu'elle a été impressionnée par un Bodoc tout pimpant !
- Pour tout te dire, il me fait un peu pitié.
- Oh ? Tu vieillis ?
- Faut croire. C'est un pauvre type.
- Mais du coup... Tu voulais parier sur quoi ? Apparemment, c'est plié, avec son homine. Tu vas quand même pas essayer de les rabibocher.
- Lui et l'amour de sa vie ? J'y crois pas vraiment, an. Après, c'est peut-être pas de la pitié, c'est aussi qu'il distribue ses dappers comme il distribue des mandales à ses ennemis sur les OP, donc j'ai pas envie de me le mettre à dos.
- Ouais... Forcément... Attends... Il se bat sur OP ? Contre sa dulcinée ?

Barakka se tord de rire une nouvelle fois, et Feinigan ne montre aucune pitié :
- Oy, oy. Chaque bataille où il l'affronte le rend plus morose ! Mais il y retourne quand même.
- C'est un assez sacré client, c'est le cas de le dire !
- C'est qu'il a promis d'être un bon croyant, tu vois !

Vient le moment de parier sur la destinée de cet homin qui tourne mal. Va-t-il finir maraudeur ? Et si oui, en tuant combien de ses amis actuels ? Ou va-t-il devenir le prochain élu divin ? Ou encore... une autre voie ?

Les joueurs discutent des possibilités. Ils finissent par en conclure qu'il n'y a probablement pas grand-chose à parier : selon toute probabilité, Bodoc deviendra de plus en plus fanatique et violent avec le temps, "le genre de type qui hurle le nom de sa Puissance tout le temps", avant de rejoindre les maraudeurs dans une apothéose de sang et de sève. Comme le résume Barakka :
- D'abord, il tue tout le monde au nom de sa Puissance... Et ensuite au nom de rien du tout...
- C'est le parcours de la plupart des fanatiques. Ils font tous ça. À fond pour leurs Puissances, et puis après, une haine à la hauteur de leur précédente dévotion... Mais du coup il n'y a plus rien à parier. Ah si ! la troisième voie !

C'est une alternative peu crédible : que Bodoc trouve un moyen de ne pas devenir zinzin et s'éloigne du destin funeste vers lequel il se dirige. Barakka observe ses dés, ne sachant sur quoi parier... Mais tous deux tombent d'accord sur le fait que le fanatisme semble couru d'avance.

Il faut trouver plus croustillant. Et à force de chercher et de faire des ragots...

- Raspal aime les parties fines... on ne le mariera pas facilement. Par contre, je suis sûr qu'on peut le mouiller dans un scandale à cause de ça. Encore que... coucher avec tout le monde, pour quelqu'un comme lui, ça ne doit pas être si scandaleux.
- Avec Ocyx ? Tu crois que ça ferait un scandale suffisant ? Elle a été dans le camp ennemi.
- Oulah... Ocyx et Frippo étaient déjà un beau coup. Mais avec Raspal ?
- Un beau coup ? Ou un bon coup ?
- Il est trop mou pour elle.
- On s'en fout. On a juste besoin du scandale.
- C'est vrai. On parie qu'on arrive à monter un scandale avec eux deux ?
- Tu paries qu'on y arrive ? Ou qu'on y arrive pas ? Parce que si on est tous les deux d'accord que ça va se faire... Qui remporte la mise ?
- Ah, c'est comme l'autre pari ! Si on parie sur la même chose, ce n'est pas drôle. Je parie qu'on n'y arrive pas, voilà ! Et du coup je vais prendre plus de risque sur l'autre... Je parie que Bodoc ne va pas massacrer tout le monde !
- Ben oy. Mais tu vas essayer ? Ou tu me laisses faire tout le boulot ?
- Je te laisse le boulot avec notre couple gagnant... Et je m'occupe du couple impossible.

Barakka lance ses dés, tandis que Feinigan éclate de rire :
- C'est tout aussi impossible !

Il est enfin temps de fixer les enjeux, tandis que les dés continuent de rouler pour décider les homins :
- Qu'est-ce que tu dirais de... Un million sur chaque pari ?
- Un million pour que la cheffe découvre que je m'en suis pris à une homine importante ? Okal...
- Voilà, ça c'est des paris avec des enjeux !
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