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[Nations & Neutres] Congrès Académique de Pyr

Intervention de Mona di Fareni

Mona di Fareni s’avance d’un pas solennel.

Mona di Fareni
Lorsqu’on parle de formes de vie intelligentes, on peut se méprendre facilement sur les critères.
Le réflexe classique est de rechercher chez la créature des équivalences à ce que nous sommes, nous les homins.
C'est une erreur de débutant, mais c'est pourtant l'écueil dont doit se garder le biologiste même le plus chevronné.
On est naturellement tenté de qualifier d'« intelligent » l'animal avec lequel nous pouvons établir une communication.

Le mektoub est un bon exemple d'un tel animal, que l'on peut dresser pour comprendre certains ordres, mais qui est aussi capable d'éprouver des sentiments, de partager de l'affection. Le folklore nous donne plusieurs témoignages de cela n'est-ce pas ?

Mais si on le juge par ce critère, le kitin est alors en bas de l'échelle. J'en veux pour preuve ce kipucka des profondeurs capturé par le S.K.A. et confiné dans une galerie de l'Arène. Celui-ci n'est guère plus qu'un estomac sur pattes.

Par réflexe, il ingère les quantités de nourriture qui lui sont fournies, mais il ne tente pas de s'échapper, de creuser, ni même simplement d'attaquer. Il ne réagit bien sûr à aucune tentative classique de communication ou de dressage. Il est vide, dénué de toute intention hormis les fonctions primaires qui le maintiennent en vie. Une apathie causée par l'absence de tout stimulus. Je veux dire, de stimulus approprié…

C'est bien là toute la différence entre le kitin et l'homin.

L'homin, doté d'un intellect puissant, se définit par cette conscience qu'il a de lui-même. À partir de là il utilise un langage complexe pour partager sa pensée d'individu à individu. Mais globalement, même au sein de la société, il reste lui-même.

Le kitin lui, n'est rien en tant qu'individu. Pourtant, bâtie sur la somme de multiple petites interactions entre spécimens, leur société aboutit à une autre forme d'intellect, impalpable pour nous, très difficile à conceptualiser. Mais chez le kitin, la résultante de la somme des individus va TOUJOURS vers le haut !

On serait tenté d'imaginer leurs Reines comme détentrices de leur intellect. Elles ont indubitablement un rôle majeur dans une colonie, mais de là à en faire leur cerveau décisionnel… Je pense que ce n'est qu'une projection erronée de notre part, calquée sur notre propre nature.

Pour communiquer, le kitin utilise des phéromones de différentes sortes, chacune étant associée à une fonction précise. Pistage, alerte, mais aussi identification comme on le sait depuis que Ser Keale a découvert l'existence d'autres colonies.

Mais ce n'est pas tout, n'oublions pas que le kitin émet aussi des sons, à destination de ses proches congénères, ou pour terroriser sa proie.

Ce sont là des mécanismes que l'on peut appréhender. C'est bien fait, étonnant, intelligent, mais .. pas de quoi y déceler un alphabet, des mots et encore moins un langage ou une pensée ! Le mystère de leur intellect invisible demeure ; et particulièrement génial sera celui - ou celle - qui parviendra un jour à le décrypter.

Bref, tout ceci était ce dont j'étais persuadée jusqu'à ce que la Karavan partage avec nous le rapport sur le « Kipesta Ambassadeur ».

Ce grand kipesta mutant de couleur bleu vif est un concentré d’émetteurs et récepteurs de phéromones de nature inconnue répartis sur tout le corps.

De plus, j'ai pu obtenir d’autres détails : le battement de ses trois paires d'ailes, en plus de le maintenir en suspension, pourrait produire des signaux portés par des variations de vibrations secondaires.

Malheureusement nous manquons d'un dispositif capable de les rendre audibles pour nous autres homins. Toujours est-il que la variété de signaux et leur combinaisons potentielles nous permet d'envisager l'existence d’un vocabulaire étendu.

La conclusion du rapport vient corroborer cette hypothèse en présumant que ce kipesta est un ambassadeur inter-colonies. Comme nous l'a appris Ser Keale, deux colonies ne sont pas forcément amies, loin de là.

Autrement dit, entre deux colonies, nous n'avons pas forcément un rapport hiérarchique, mais plutôt confrontation, ou via des ambassadeurs, négociation. Et pour négocier, il faut un langage…
En tant que scientifique, je trouve que tout ceci est proprement fascinant et excitant...

… Mais s'il est vraiment avéré que les kitins possèdent une double forme d'intellect, alors en tant qu'homine, je peux vous dire que vous aurez beau affûter vos haches et polir vos armures… On est mal ! On est très mal ! J'en ai des frissons dans le dos rien que d'y pens…

Elle porte la main à sa poitrine avant de retourner à sa place.

Dixie Keale
À propos du kipucka blanc, Nair-tala, et de son manque de stimuli, je peux probablement vous aider. Faites-moi envoyer une poignée de volontaires et je les emploierai à préparer un cocktail de phéromones à lui mettre sous le nez ! Il va grimper au plafond, ha, ha !

Daeronn Cegrips
Vous m’avez presque fait peur, chère collègue. Mais restez optimiste je vous en prie. Jusque là nous avons toujours survécu. Gardons foi en nos capacités de recherche et de défense. Et si les kitins ont un langage, vous serez celle qui le déchiffrera. Ah ! Et vous avez cité deux fois ce gredin d’Ardan dans votre discours… vous m’en voyez fort désappointé.

Mona di Fareni
J’entends bien poursuivre mes recherches en usant au mieux du don qui m’a été accordé par Jena. Mais si l’on pense au pire… Peut-être que, pendant que nous les étudions, les kitins eux-même nous étudient aussi.
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