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Les chroniques d'Eolinius

Le mektoub qui aimait les fleurs (1ère partie)

 

C’est avec une mine déconfite et contrariée qu’Eolinius ouvrit son sac et examina tout son matériel ce matin. Il vérifia la présence de son armure, les armes disponibles et ses rations de nourriture, sans oublier des nombreuses tranches de pain d’épices empilées dans des feuilles de slavenis pour ne pas qu’elles sèchent.

Il était encore plein de bosses et de pansements sur le visage après l’attaque des maraudeurs devant FairHaven , sa première bataille en compagnie des Dragons noirs contre une vague offensive envers les lacs. Il avait goûté plusieurs fois la poussière mais il avait défendu son honneur avec ses amis et sa guilde. Mais ce n’était pas ça qui le contrariait le plus. Après tout, pour lui ce n’était que des exactions d’individus oisifs qui se battent parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire.

Non, il y avait des choses bien plus importantes à ses yeux. Ce qui l’inquiétait le plus, c’était l’attitude étrange que Nair’Pom avait eu ces derniers temps, puis sa disparition subite auprès des Rangers malgré les protestations de Nair’Kyriann. Il aurait bien aimé l'aider, mais que pouvait-il faire ? Tout cela ne lui disait rien de bon. Lui qui avait un esprit rationaliste, il n’aimait pas les choses inexplicables.

Il sortit de Fairhaven d’un pas décidé en direction de l’étable la plus proche. Il soupesa sa bourse en cuir de bodoc qui contenait cette fois un peu plus de Dappers que d’habitude. Depuis plusieurs semaines il s’était résolu à faire des analyses pour la compagnie des eaux, ce qui lui permettait de pouvoir acheter un mektoub qui lui serait fort utile pour ses explorations lointaines. Arrivé devant l’étable, il posa sa bourse sur le comptoir. Le palefrenier O'Cauty Eoppie le regarda d’un œil perplexe.

« C’est pourquoi mon bon ami ? »

On était toujours l’ami d' O'Cauty Eoppie quand celui-ci voyait une bourse devant lui. Eolinius pointa les mektoubs dans l’arrière-boutique. O'Cauty Eoppie lui donna le parchemin ou était indiqué les tarifs des différentes bêtes. Eolinus pâlit. Il avait certes des Dappers, mais à ce tarif-là, c’était exagéré. O'Cauty Eoppie le regarda d’un air contrarié et secoua la tête.

« Ces Trykers sont tous les mêmes. Il faudrait peut-être que je les donne avec une botte de foin en plus aussi ?... C’est que j’ai des bouches à nourrir moi… Et les taxes, vous les avez vu les taxes ?... Et les concurrents des autres étables qui ne pensent qu’à me couler ! ... »

Eolinius commençait à avoir mal à la tête. O'Cauty Eoppie se pencha alors vers lui et regarda autour du comptoir pour voir si d’autres personnes pouvaient entendre. Il s’adressa à lui à voix basse d’un air complice.

« J’ai peut-être quelque chose pour vous. J’ai là un jeune mektoub qui n’est pas encore entièrement dressé. Il est peut-être un peu bourru, mais je vous le laisse à moitié prix. »

Eolinius sentit l’arnaque, mais le palefrenier insistait.

« Il me vient d’un marchand ambulant Fyros dont sa femelle mektoub a mis bas ici. Celui-ci était pressé comme un izam portant une missive. Comme il n’avait pas pu vendre toute sa marchandise et payer sa note, il m’a laissé le jeune mektoub en gage. Il est parti en vitesse car il voulait marier sa filleule dans le désert. Une vraie histoire de fou, hihihi. Celle-ci a en effet rencontré un Zorai qui méditait dans le désert sur les turpitudes de la vie. Chassé de sa famille à cause d’une sombre histoire de dette avec son cousin qui avait des démêlés avec les autorités locales, il errait sur les dunes d’Oflovak quand un torbak attaqua une caravane de mektoubs qui passaient par-là …»

(15 minutes plus tard)

« … et sa grande tante qui avait des douleurs était partie se soigner chez un rebouteux Matis à Yrkanis. De vrais charlatans ceux-là. En revenant chez ses neveux, elle voulut attraper un pot de crème au beurre de capryni posé sur les étagères et alors…  »

Eolinius n’en pouvant plus s’affala sur le comptoir.

« Stop, c’est bon. Y le prends » dit Eolinius résigné.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Eolinius se retrouva avec sa bourse vide et une corde dans les mains au bout de laquelle se trouvait un drôle de mektoub , les yeux globuleux et sans expression qui le fixait. Il répondait au doux nom de Tapioca.

Pour sa première sortie avec Tapioca, Eolinius choisit de rester près de l’entrée de la ville. Il essaya de le faire marcher en le tirant au bout de sa corde, mais Tapioca rechignait à avancer et Eolinius dut acheter une botte de foin à O'Cauty Eoppie qui se frotta les mains. Au bout d’un certain temps et avec de la patience, Eolinius réussit à lui faire faire le tour de l’étable. Mais le Mektoub était entêté et tirait toujours à droite et à gauche pour renifler ce qu’il y avait autour de lui.

A sa deuxième sortie, Eolinius se décida à le monter. A sa grande surprise Tapioca n’offrit pas trop de résistance. Cependant le pas et l’assise étaient mal assurés et Eolinius tanguait sur sa selle. Mais bon, il était peut-être le descendant de corsaires et ce n’est pas cela qui allait lui donner le mal de mer. Eolinius voulut pousser un peu plus loin la balade et en passant devant la colline à la sortie de FairHaven, le mektoub obliqua soudain sur sa droite pour aller renifler encore une fois dans les fourrés. Surpris par ce mouvement brusque, Eolinus fut désarçonné et se retrouva la tête dans le sable de carapaces, ce qui se termina par une bordée d’injures dirigées contre O'Cauty Eoppie . Il ne se doutait pas à ce moment-là que quelque temps plus tard, Tapioca allait peut être lui sauver la vie…

(à suivre)

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