Pleton,
J’ai bien reçu ta dernière lettre. Je te remercie pour ta bienveillance et pour ta résolution impitoyable, je te cite « de venir me flanquer des coups de latte au cul si je continuais à faire mon petit yubo effarouché». J’ai suivi tes conseils dans l’ensemble, et si je suis toujours aussi indécis, je dois dire que je me sens globalement plus à l’aise.
Je m’entraîne sans relâche dans un petit coin du désert peuplé d’adversaires herbivores, mais puissants et déterminés. Le mouvement des muscles des caprynis, l’appréhension des sabots, des griffes des Izam, m’évoquent irrémédiablement les prédateurs qui me menaient la vie si dure à mon arrivée. Je ne suis presque plus tombé sous leurs crocs depuis que j’ai gagné en force. Et puis, je me suis rapproché d’un des dirigeants militaires de Pyr, qui m’a lui-même jugé capable. J’en suis très heureux, et plus que jamais, je sens en moi la marque des Fyros, ce sang de basalte coulé qui pousse à se relever, à frapper, à culbuter le plus féroce ennemi alors qu’on a déjà posé un genou en terre. Et je comprends à quel point ma précédente lettre a du porter atteinte à ta fierté d’être de mes amis. Cela ne se renouvellera plus.
Régulièrement au cours de mon entraînement, j’ai retiré des pièces d’armure, afin de mieux sentir le soleil du désert me manger la peau et le sable me fouetter les reins. Je ne veux plus simplement être un guerrier du désert, tu comprends. Si je continue dans cette voie, je sais que je m’écraserais contre plus fort que moi, et que je commettrais le grand péché qui consiste à se croire plus fort qu’Atys. Mais je veux être le désert. Je veux que ma chair soit un roc, mes mouvements, une tempête de sable, mes réactions, celles d’un Gingo enragé, et mes yeux, deux fentes de lumière brûlante à laquelle rien n’échappe.
Je reste aussi indécis en ce qui concerne le choix d’un camp. Pour l’heure, je me vends au plus offrant tout en restant à l’écart de la Karavan, conformément aux lois de Pyr. Je rends service aux kamis plus en vertu du défi qu’ils proposent que par réelle dévotion. Même le choix des pièces que j’ai envie de forger ou de façonner m’est difficile. Nous sommes de très nombreux artisans à Pyr, et la concurrence est rude.
Bien à toi,
Eudemon.
J’ai bien reçu ta dernière lettre. Je te remercie pour ta bienveillance et pour ta résolution impitoyable, je te cite « de venir me flanquer des coups de latte au cul si je continuais à faire mon petit yubo effarouché». J’ai suivi tes conseils dans l’ensemble, et si je suis toujours aussi indécis, je dois dire que je me sens globalement plus à l’aise.
Je m’entraîne sans relâche dans un petit coin du désert peuplé d’adversaires herbivores, mais puissants et déterminés. Le mouvement des muscles des caprynis, l’appréhension des sabots, des griffes des Izam, m’évoquent irrémédiablement les prédateurs qui me menaient la vie si dure à mon arrivée. Je ne suis presque plus tombé sous leurs crocs depuis que j’ai gagné en force. Et puis, je me suis rapproché d’un des dirigeants militaires de Pyr, qui m’a lui-même jugé capable. J’en suis très heureux, et plus que jamais, je sens en moi la marque des Fyros, ce sang de basalte coulé qui pousse à se relever, à frapper, à culbuter le plus féroce ennemi alors qu’on a déjà posé un genou en terre. Et je comprends à quel point ma précédente lettre a du porter atteinte à ta fierté d’être de mes amis. Cela ne se renouvellera plus.
Régulièrement au cours de mon entraînement, j’ai retiré des pièces d’armure, afin de mieux sentir le soleil du désert me manger la peau et le sable me fouetter les reins. Je ne veux plus simplement être un guerrier du désert, tu comprends. Si je continue dans cette voie, je sais que je m’écraserais contre plus fort que moi, et que je commettrais le grand péché qui consiste à se croire plus fort qu’Atys. Mais je veux être le désert. Je veux que ma chair soit un roc, mes mouvements, une tempête de sable, mes réactions, celles d’un Gingo enragé, et mes yeux, deux fentes de lumière brûlante à laquelle rien n’échappe.
Je reste aussi indécis en ce qui concerne le choix d’un camp. Pour l’heure, je me vends au plus offrant tout en restant à l’écart de la Karavan, conformément aux lois de Pyr. Je rends service aux kamis plus en vertu du défi qu’ils proposent que par réelle dévotion. Même le choix des pièces que j’ai envie de forger ou de façonner m’est difficile. Nous sommes de très nombreux artisans à Pyr, et la concurrence est rude.
Bien à toi,
Eudemon.