#1 Ajouté par Azazor il y a 2 mois
Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 mois).
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#2 Ajouté par Azazor il y a 2 mois
#3 Ajouté par Shalla il y a 2 mois
#4 Ajouté par Azazor il y a 1 mois
Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 1 mois).
#5 Ajouté par Azazor il y a 3 semaines
#6 Ajouté par Azazor il y a 2 semaines
Dernière édition par Azazor (il y a 2 semaines).
#7 Ajouté par Azazor il y a 4 jours
Fils,Quand tu liras cette lettre, je serai parti via la route d’Oflovak pour les Anciennes Terres. J’irai jusqu’au désert de jadis, sur les traces d’un Empire disparu. Mais avant, je voulais te dire certaines choses. Je me doute que tu ne voudras pas me parler, alors je le fais par écrit. C’est peut-être mieux comme ça finalement. Ainsi, si tu ne veux pas m’écouter, il te suffit de jeter cette lettre immédiatement. Tu restes ? Très bien. Tout d’abord, je voudrais te parler de ta mère. Je sais que tu ne la portais pas dans ton coeur. Mais il est trois choses que j’ai appris à ses côtés. Premièrement, elle m’a appris à me battre sans m’économiser. C’était vraiment la plus douée au combat, une vraie furie. Je pense que Lyren a hérité de quelque chose d’elle. Cet instinct animal, cette rage de vaincre à tout prix. Quand l’enjeu est énorme, il faut parfois prendre tous les risques.Ensuite, elle m’a fait comprendre qu’il y avait une différence entre mentir et différer la vérité. Toutes les vérités sont bonnes à dire à ceux qu’on aime. Mais parfois, il est des vérités qu’il faut garder un temps secret. Même si ça nous bouffe de l’intérieur. Pour le bien des êtres chers.Enfin, ta mère m’a appris que le chemin de la vérité est pavé de choses horribles. Ta mère a fait bien de mauvaises choses, mais toujours dans un but louable. Je ne te raconterai pas ses expériences sur les frippos qu’elle m’a décrites, ce n’est pas le genre de chose qu’on couche par écrit. Mais je sais qu’elle avait toujours en tête la quête du savoir.Je pense que tu vois où je veux en venir en te racontant les qualités de ta mère. Je veux bien sûr parler de son sacrifice. Je n’ai pas cherché plus que ça à expliquer mon geste lors de mon procès. Aucun n’était vraiment disposé à entendre la vérité. Seul Pephoan Kridix a su m’écouter dans ma cellule. J’aurai dû lui faire confiance dès le début. Alors dans cette lettre, je vais te dire cette vérité, à toi, mon fils. Le culte de fyrak, c’est l’antithèse de la culture fyros. Ils ne cherchent pas à combattre le dragon mais à le réveiller. Ils sacrifient pour cela des homins. Et ils s’infiltrent partout dans la société fyros. Ne va pas croire qu’ils se contentent de vivre dans les profondeurs en sortant de temps en temps pour tuer quelqu’un. Non, la plupart des adeptes vivent dans les sociétés homines. Certains ont même quelques responsabilités. Sache que ce taré de Pimokos par exemple était déjà haut placé. Il était chef des gardes de Dyron. Un général ! Que crois-tu qu’il se serait passé si j’avais été condamné ? Il serait devenu un héros, celui qui a sauvé l’Empereur. A la mort de sharükos, nous aurions peut-être eu un adepte du culte de fyrak à la tête du sharük ! Aussi, cette infiltration a probablement sauvé l’Empire. Mais c’est le genre de réalité qu’on préfère ne pas voir. Le sharük est bien trop sûr de sa toute puissance pour imaginer s’écrouler. Et pourtant, il n’a jamais été aussi faible.Si ça m’enlève ma culpabilité ? Non, bien sûr. Le fait que la cause soit juste n’a rien à voir avec la culpabilité. Déjà, suis-je vraiment responsable de la mort de ta mère ? Une partie de moi se demande s’ils l’ont capturé exprès à cause de moi ou si elle était déjà leur captive. Je n’en sais rien et je garderai ce doute à jamais. Mais tu vois, on pourrait me certifier qu’elle était déjà leur captive avant que je ne décide de m’infiltrer parmi les adeptes, ça n’enlèverait rien à ce sentiment de culpabilité. Car cette culpabilité, je la ressens dans sa mise à mort en tant que telle, dans son application effective. Toi, Lyren, sharükos, personne ici, ou si peu, ne savent ce que c’est que de tuer vraiment. De tuer définitivement. Alors tu penses bien que tuer l’un des êtres qui nous est le plus cher, fusse pour une cause juste, est une meurtrissure de l’âme qu’on garde à jamais. Et cette cicatrice, je n’en tire aucune fierté.Tu vois fils, j’ai longtemps pensé que nous, enfants des bas fond de l’Empire, étions aussi honorables que ceux d’en haut. Que nous aussi, nous méritions, à force d’effort, de toucher du doigt les avantages d’une vie au sein des élites. Mais non. La société fyros est ainsi faite que ceux qui sortent la tête de la sciure ne sont pas pour autant différents de ceux qui continuent d’y ramper. On te le fait bien comprendre quand tu oses t’approcher de trop près de leurs privilèges. Toi-même, tu ne seras jamais accepté pour ton mérite. Et même si tu pars sur une meilleure ligne de départ que moi à ton âge, tu devras te battre dix fois plus pour gagner ta place. Mais celle-ci restera précaire. Tu ne seras qu’un imposteur aux yeux des élites. Et au final, tu finiras par faire ce que la société attend de toi. Le sale boulot. Celui sans honneur, sans gloire. Le travail ingrat, celui qui ne donne aucune gratitude. On te montrera du doigt comme un meurtrier, parce que tu auras osé faire ce que eux n’auraient pas osé. Tu ne recevras rien. Pire, on te prendra ce que tu as sué à obtenir.Et tu vois, peu importe. Je me fous de leur reconnaissance. Je les hais, tous autant qu’ils sont, ces traine-palais, ces biens nés. La seule reconnaissance que je peux espérer avoir, c’est dans celle des coeurs durs des fyros de la sciure, comme nous, comme ta mère. Mais eux ne diront rien. Cette reconnaissance est silencieuse. Eeri et moi étions toujours prêt à faire exploser notre colère. Mais quand il s’agissait de montrer de la gratitude, nous étions plutôt taiseux. Et pourtant, il suffisait d’un seul regard pour comprendre que nous nous aimions et nous respections. C’est ce regard que j’ai vu dans ses yeux avant de la tuer. C’est ce regard, et uniquement ce regard, que tu peux attendre de la part des fyros de la sciure. Mais il vaut plus que tous les honneurs, que tous les titres, plus encore que le feu sacré.Nés de la sciure, nous retournerons à la sciure. Tel est notre destin. Car un fyros doit toujours combattre la fumée qui l’élève pour retourner dans les profondeurs combattre le dragon. Et là-dessus, nous autres, rampant au sol, nous avons déjà une longueur d’avance. Si tu as atteint la fin de cette lettre, c’est que tu as progressé en capacité de concentration. Sache que je suis fier de toi mon fils. Même si j’ai été un père horrible, je l’ai fait pour la bonne cause. Et là aussi, je n’attends aucune reconnaissance de ta part. Être père, c’est ramper dans la sciure pour le bien de sa progéniture, sans rien attendre en retour. Je t’aime, ne doute jamais de cela. Sur ce, prends bien soin de ta demi-sœur. Dis-lui que je lui pardonne d’avoir passé les légions fyros du joug des kamis au joug de la karavan. J’espère qu’elle comprendra un jour qu’on peut se passer des Puissances, comme son père et sa mère l’avaient bien compris. Et que si elle veut se venger pour mon crime, qu’elle n’hésite pas à traverser la route d’Oflovak. Je serai heureux de l’accueillir. Va, suis ton destin, Uzykos, quelle qu’en soit l’âpreté du chemin. Et souviens-toi, fils, de ton courage à chacun de tes pas. Papa
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