ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Cela fait plusieurs mois qu’Azazor va chaque semaine se faire masser au bain de Pyr. A chaque fois, il demande à ce que ce soit Xarosse qui le masse. Cette homine a un truc pour le détendre. Bien sûr, elle utilise une huile spéciale, probablement à base de savaniel s’il en croit l’odeur. Mais elle a un autre truc. Ses mains robustes qui savent pétrir sa chair meurtrie par le souffle du dragon ? Son art pour appuyer là où il faut pour le détendre et le revigorer à la fois ? Car oui, il y va non seulement pour se détendre, car en ce moment, il est de plus en plus irritable, mais aussi pour se rebooster en énergie. Dès qu’il sort des bains, il se sent plus fort que jamais. Comme si… oui, comme s’il pouvait terrasser fyrak à main nue ! D’ailleurs, ce n’est pas qu’une impression.
La dernière fois au bar, il a éclaté sans effort la tête de Naveruss en se battant nue avec seulement sa hachette et son bouclier, comme lui avait recommandé le maraudeur Krapoutos. Une autre fois, il a étalé le lumper Bakus à main nue dans le plus simple appareil.

Mais cette force ne dure pas. Elle fait place, de plus en plus rapidement a-t-il l’impression, à un état de nervosité extrême. Il faut dire que la vie au sein de l’Empire n’aide pas à rester calme. Bien sûr, il y a la trahison de Naveruss avec les matis, matis qui, il en mettrait sa main au feu, lui paraissent de plus en plus présent au sein de l’Empire. Il y a aussi Ulymorus qui préfère cavalier seul avec sa guilde plutôt que de devenir légionnaire, tout comme Lyren qui tergiverse,Wixarika au abonnée absente (à moins qu’elle ne fricote elle aussi avec les matis comme Naveruss).

Et puis, il y a les cours à l’Académie Impériale auprès des grands Maitres, comme promis par la chancelière Euphanix Apotheps, mais qui sont finalement moins emballants qu’il ne l’aurait cru. Il déteste par dessus tout ces regards hautains des autres élèves et des professeurs dès que quelque chose d’un peu complexe est expliqué. Comme si lui, Azazor, seul fyros à avoir redécouvert Coriolis depuis des générations, ne pouvait pas comprendre. Il les hait. Il les hait tous ! Mais il contrôle sa rancoeur. Quand il sort de l’Académie, il va se défouler dans le couloir brûlé sur les kinchers, parfois à mains nues, parfois à la pique. Souvent sans armure. Pour sentir les coups sur sa chair. Car il finira bien par ne plus rien sentir à force d’être broyé.

Heureusement, il y a Uzykos. Avec les massages de Xarosse, c’est la seule chose qui parvient à atténuer ses souffrances et apaiser ses colères. Son fils étudie lui aussi à l’Académie Impériale. Il a la chance d’y être entré enfant contrairement à lui. En lui coule le sang pur des fyros. Sa mère est une sang pure elle aussi. Ses cheveux roux parlent pour elle. Uzykos sera un grand fyros. Peut être finira-t-il Empereur ? Quelqu’un qui rendra sa fierté à l’Empire, loin de tous ses parasites qui enfoncent chaque jour un peu plus l’Empire dans la décadence.


HRP: L'état dans lequel se trouve Azazor fait suite à l'empoisonnement à un dérivé de la sève noire par Canillia.
lien vers le topic (textes qui ne sont pas de moi du coup)

Dernière édition par Fyrenor (il y a 1 an).

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#2 [fr] 

Cela fait plusieurs semaines qu’il n’a pas vu Xarosse aux bains de Pyr. Résultat, il est au bord du craquage nerveux. Pourtant, à force de volonté, il parvient encore à donner le change devant les autres. Plus ou moins.

Lyren dernièrement a bien vu qu’il y avait quelque chose qui clochait chez lui. Elle l’a senti tendu. Et c’est vrai qu’il est difficile de se retenir de suer pour un rien. Quand il sent qu’il va exploser, il court dans le couloir brûlé pour tabasser tout ce qui bouge. Kitins, cuttler, frahar, pourvu que ça ait du répondant. L’usage de la fureur au combat lui fait perdre de l’énergie, mais ses coups sont plus puissants. Et quand il prend plusieurs ennemis à la fois, après un bon cri de guerre, sa force devient dévastatrice. Mais souvent après, il s’écroule de fatigue. C’est là que surgissent les hallucinations. Des matis qui viennent l’entourer, le visage menaçant et le sourire narquois. Alors il se redresse et redonne des coups de hache sur ces ombres qui s’évanouissent aussitôt. Les matis... Il y en a de plus en plus. Derrière le comptoire du bar, au sortir de la caserne ou de chez lui, dans les ruelles de Pyr. Partout, ils sont partout! Bien sûr, il sait que la plupart ne sont que des hallucinations. Mais il n'empêche, il n'y a pas que ça. Son instinct ne le trompe jamais. Il sait qu'ils sont là malgré tout, d'une certaine manière. Mais dans la rue, il évite de le montrer. Devant les autres, il tente encore de rester maitre de lui-même. La volonté, rien que la volonté. Avec elle, on brise des falaises.

Pourtant tout à l’heure, au marché des petits, il a craqué devant les autres. Pratiquement. Autant qu’il a pu, il a essayé de se contrôler, pour ne pas gâcher la fête. Faire un feu, cuisiner la viande pour les autres, plaisanter, autant de choses pour s’occuper l’esprit. Mais il a fini par éclater. Avant que ça n’aille trop loin, il est parti massacrer des cloppers, à poil et à mains nues, mais ça n’a pas suffit. Alors il a sorti une perle pour se téléporter, chose qu’il n’avait quasiment jamais refait depuis sont retour des Anciennes Terres. C’était son dernier recours : la téléportation. La douleur qu’il a ressenti, ces brûlures de l’intérieur, cette impression de se décomposer... même si la douleur fut brève, celle-ci fut si intense qu’à l’arrivée, il est tombé pratiquement inconscient. Cela lui a permis de relâcher la pression, pendant un temps.

Souffrir, toujours souffrir, parce que cette satanée Xarosse n’est pas là pour le masser. Parce qu’il est en manque. Lyren lui a demandé s’il ne prenait pas des drogues. Peut-on considérer les massages comme des drogues ? Ou est-ce l’huile utilisée ? Et si…. Et s’il était drogué à son insu ? Non, impossible. Il l’aurait su. Il l’aurait forcément su.

Il lui faut tenir. Jusqu'au retour de Xarosse. Ne pas recraquer. S'isoler s'il le faut. Il espère cependant que la masseuse sera de retour avant la prochaine réunion akenak. Il faudra bien reparler de la route de l'eau. Il aimerait le faire dans les meilleures conditions, et non au bord de la crise de nerf.

Dernière édition par Azazor (il y a 1 an).

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#3 [fr] 

Quelques parchemins épars sur le bureau d’Azazor, griffonés à la hâte avec une écriture hésitante, brouillée, raturée...

Nexus
Avec les amis des lacs et Ulymorus, on a massacré des gibbaïs. Comportement dangereux pour autrui. Je fonçais dans le tas sans réfléchir. Parti avant que ça dégénère en drame. La téléportation m’a détruit de douleur, mais ça allait un peu mieux après.
Fairheaven
J’ai rencontré Eeri. Elle m’a fait une prise de sang. Elle aussi penche pour le poison. Il y avait une zoraï, Nikuya, dont je ne supportais pas la présence, comme si elle représentait une menace. Celle-ci m’a donné une claque et ce fut l’explosion puis le trou noir. Je me suis réveillé de ma furie destructrice assis sur la plage, Nikuya et Lyren étalées au sol et Eeri qui tentait de me calmer. Je me suis téléporté, et là encore, la douleur de la téléportation m’a redonné quelques idées claires.
Bains de Pyr
Baeline, des Alkianes, était là. Elle a dit qu’elle avait empoisonné les bains. C’était une matis, mais avec un visage de fyros, ou l’inverse, je ne sais plus. Il y en avait aussi derrière les murs, je le sentais. L’oppression, la sensation d’être cerné. Puis un fyros, Firal, est arrivé. En voulant mettre la matis dehors, elle l’a piqué et il est resté immobilisé. Xarosse était là aussi. Elle m’a massé. Ça m’a détendu. Mais ça ne m’a pas redonné de l’énergie. J’étais une loque. Je me revois ramper, la peur au ventre, devant les matis qui me cernaient. C’est la venue de ma masseuse qui m’a calmé. Un peu. Après le massage, je me suis encore téléporté. Arrivé à Thesos, je n’avais pas d’énergie pour autant. Même la douleur n’a pas suffit à me réveiller cette fois-ci. Alors j’ai rampé jusqu’à mes appartements. Je revois encore des homins voulant m’aider, je me revois les insulter, leur crier de ne pas m’approcher. Il y avait des matis parmi eux. Plein de matis. Qu’est-ce qui est vrai dans tout ça ?
Canillia, je me souviens que j’ai pensé à Canillia aux bains. Spécialiste des poisons chez Alkiane. Et je lui ai repris Be’Lauren. Il y a le mobile. Il y a la compétence. Et c’est une matis. C’est forcément elle qui m’a empoisonné. Mais avec quoi ? Comment ? J’ai refusé sa boite d’huile à Fairheaven il y a de cela des lustres, peu après mon retour des Anciennes Terres. Alors comment s’y est-elle prise ?
Pourquoi les massages ne me redonnent plus d’énergie ? Le poison est trop fort ? Je suis en manque à ce point ? Eeri, j’attends ton aide. Encore une fois, j’ai besoin de toi !
Le fyros, Firal, m'a conseilé d'aller m'isoler quelques temps dans le désert. Bonne idée. Des vivres, de la shooki, je me trouve une dune à l'ombre d'un olash et j'en bouge plus pendant une semaine. Loin des autres, je ne serai plus dangereux. Le temps qu'Eeri trouve une solution.

Dernière édition par Azazor (il y a 1 an).

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#4 [fr] 

Il avait d'abord pensé aux Hautes Tours, au bord de la falaise, juste en face du camp fyros. Mais alors qu'il chargeait son mektoub de tout l'équipement pour plusieurs semaines d'isolement, il pensa à la dernière fois qu'il s'était isolé ainsi, loin du monde. Le tremblement d'écorce de 2608. Il avait alors campé nuit et jour à l'épicentre, jusqu'à ce que ses voix le poussent à sauter dans une faille à la recherche de fyrak. Même si ce n'était pas le désert, c'était l'endroit idéal pour s'y reposer. On était en hiver. Les nuits froides seraient rudes. Mais cela apaiserait peut-être la rage en lui.

Montant sur son mektoub, il partit en direction du Couloir Brûlé. Puis il prendrait la Route des Ombres, direction le Nexus. C'est tout en haut qu'il attendrait sa délivrance. La mort? Eeri? Les kamis? Peu importe, si telle était sa destinée, la souffrance importait finalement peu. Après tout, seule la démesure de ses souffrances pouvaient le réconcilier avec l'infinitude du monde. Et pour cela, la colline de la Fin de la Destinée portait bien son nom...

Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 1 an).

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#5 [fr] 

Il avait fallu que ça tombe sur lui. Lui, Ce fyros avec lequel elle avait tant vécu, avec lequel elle se sentait indissociable, avec lequel elle avait partagé l’expérience effroyable de la mort, et l’expérience incroyable de la vie.

À croire qu’il en faisait exprès.

En face de lui, elle n’avait rien montré, ni peur, ni panique. Elle avait pris son sang, pour l’analyser, prétendant vaguement qu’elle savait faire. Nikuya s’était proposée pour amener un échantillon à Zora et le faire analyser par les savants de la théocratie. Mais ça ne servait à rien. Elle savait pertinemment de quoi il s’agissait. Inutile qu’elle perde son temps à analyser le sang du fyros, pour au mieux pouvoir observer que quelque chose n’allait pas. Elle tourna une page de son carnet de recherche et nota :
Violence, Rage. Incontrôlable. Hallucinations.
mais pas de perte d’identité, pas de perte de mémoire ?
-> Symptômes similaires au poison administré par la matisse.
( CICATRICE ? TACHE NOIRE ? )
- Symptomes de manque? depuis plusieurs mois?
-> Signe de plusieurs administrations du poison? sans doute à doses plus faibles, à intervalles réguliers?
( Coincide avec massages -> Xakosse - lien avec C ?)

— URGENT—
Huile de Gulatch
Sève Ardente,
Larves d’insectes,
Os de vorax - X
Yeux de ploderos
Alcool pur
Fioles

C’était loin d’être là un antidote miracle, mais c’était bien le seul qu’elle était encore capable de faire. Lorsqu’elle avait été droguée, ça lui avait permit de surpasser le symptôme de manque et ses crises de folies. Ça n’allait pas suffire pour Azazor, mais ça pouvait aider..
Elle subtilisa quelques fioles vides, un petit pot contenant des os de vorax broyés, puis se mit en route. Tous les ingrédients à part celui-là devaient être de qualité haute et les plus frais possible, il n’y avait pas trente-six endroits pour se les procurer rapidement à cette saison.

Puis elle râla. Pourquoi le Zoraï n’était jamais là quand il y avait besoin de lui? Il aurait sans doute accepté d’aider son ancien compagnon de route. Elle devait bien admettre, à contrecoeur, que cette fois elle espérait que la guérisseuse de la théocratie allait vite réagir.

Dernière édition par Margote (il y a 1 an). | Raison: Adding link to related post

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#6 [fr] 

Envoyer cet izam était une prise de risque modérée. Certes, il pouvait se faire intercepter... mais les indiscrets n'apprendraient rien d'important.
Courrier privé adressé à Erenkyl
Bankun Erenkyl,
Il m'est revenu une étrange affaire aux oreilles : un légionnaire a des comportements qui déroutent ses compagnons. D'après quelques informateurs s'intéressants aux affaires du désert, cela évoque les symptômes de la Sève Noire.

Je ne sais pas si cela est vrai ; j'ai peu d'occasions d'ausculter un Légionnaire. Mais si les rumeurs s'avéraient fondées, je préfère m'assurer que nous avons les mêmes informations.

En premier lieu, est-ce que cela a quelque chose à voir avec toi et les tiens ? Vu l'état du Clan, cela me surprendrait que ce soit une nouvelle recrue. Cependant, si c'est quelque chose comme ça, si tu es à l'origine de cette affaire ou un autre légataire officiel… l'information me suffit, je ne m'en mêlerais pas. Je sais qu'officiellement tu n'es plus maraudeur, mais je sais aussi qu'on ne renie jamais complètement certaines choses, et tu es à ma connaissance le dernier héritier ayant des droits sur la Sève Noire.

Si cette affaire de légionnaire n'a rien à voir avec toi, je tiens à préciser que de mon côté, je n'y suis pour rien non plus, et à ma connaissance le Cercle Noir a respecté son engagement, ne vendant ni la recette ni la Sève Noire elle-même à quelqu'un qui ne se revendique pas du Clan.

Cependant, Vao s'était montré très bavard avant de disparaître à nouveau. Il reste possible qu'un petit malin aie fait ses propres expérimentations. C'est même plus que probable. Des rumeurs sur le sujet courent depuis longtemps, jusqu'ici sans impact visible. Je te laisse décider si cela mérite une enquête plus poussée, voir des suites, ou si cela ne mérite pas ton attention.

Sois assuré de mon soutien dans cet affaire,
Mazeyum



Le deuxième message, lui, donnait des sueurs froides au zorai. C'était un pari risqué. Cela faisait un moment que son acolyte n'avait pas donné signe de vie, et s'il lui était arrivé quelque chose… D'un autre côté, passer à côté de cette occasion serait frustrant pour la science. S'il n'avait pas de réponse dans la semaine... il aviserait.


Message glissé dans un creux de l'écorce
K…
Information à confirmer, peut-être as-tu plus d'élément de ton côté. Ce sur quoi nous avons travaillé ces dernières années pourrait trouver une application concrète. Beaucoup d'organisations impliquées, cela pourrait aussi se révéler assez explosif.
Je t'attendrais à notre point de rendez-vous habituel, Quinteth prochain, si tu souhaite que nous confrontions nos informations et pour décider d'une ligne de conduite.
Y.

#7 [fr] 

Erenkyl ouvrit l'izam de Mazeyum le lut et le jeta dans le feu.
Izam envoyé a Mazeyum
Mazeyum
J'ai vu au marché des petits de Fairhaven, le Légionnaire en question.
Et si son comportement déroute ses compagnons, il est un indice qui ne m'a pas échappé.
A aucun moment je n'ai mis en doute ta loyauté envers notre engagement ni celle du Cercle Noir.
Si tu as cet Izam, nous nous retrouverons au lieu habituel.
Merci de ton soutien.
Erenkyl

Edité 2 fois | Dernière édition par Erenkyl (il y a 1 an).

#8 [fr] 

Eeri arriva essoufflée en haut de la colline. Quelques années auparavant, venir jusqu’ici aurait été un jeu d’enfant, en courant droit devant elle et évitant les coups.
Maintenant, il lui fallait faire attention à chaque pas, éviter les prédateurs, gérer le peu d’énergie qu’il lui restait. Quelques dizaines de mètres plus bas, elle avait bien failli tomber nez à nez avec un cuttler qu’elle n’avait pas vu. Mais la chance était de son coté, et le prédateur tourna le dos au moment ou il aurait pu la voir. Mais finalement, elle était là. Le haut de la colline de la fin de la destinée, là où elle était à peu près sûre de trouver son vieux compagnon.

Quelques heures plus tôt, elle s’était arrêtée au bar de Fairhaven. Existait-il un autre endroit similaire, sur l’écorce, où littéralement tous les bruits, toutes les rumeurs, transitaient? Elle s’était assise pour prendre une pause et une byrh fraiche. Ses potions étaient prêtes, mais elle n’avait pas pu trouver le fyros. Il lui fallait bien demander un coup de main à sa bande de Drakans. Ces spécialistes dans l’art de laisser traîner leurs oreilles partout ne refuseraient de l’aider à trouver le fyros. Bellandrha lui indiqua rapidement avoir parlé à un certain Firal, qui lui avait dit chercher Eeri. Puis la mémoire collective se souvint de l’attirance d’Azazor pour cet endroit du Nexus, là ou il avait campé des semaines durant avant de disparaître.

Puis cette lettre. Ce curieux Tryker, O’Tall, payé pour lui remettre un torchon écrit à la hate. Une liste d'ingrédients et une lettre dans laquelle "une amie des héros de la route d’Oflovak" s’estimait innocente, et déclarait ne rien comprendre à ladite liste qu'elle s'était procurée. Tout en laissant entendre qu'il s'agissait de l’antidote qui pouvait sauver le fyros, pour "enlever les araignées qui lui bouffent la cervelle".

C’en était trop, et à première vue, rien en quoi Eeri ne pouvait avoir confiance.

Mais arrivée en haut de cette colline, au lieu de chercher le fyros, Eeri sorti la lettre de son sac, et parcourut des yeux cette liste d’ingrédients. À la suite, des formules d’alchimistes. Les bases d’Eeri dans ce domaine, bien qu’elle avait étudié le sujet des années auparavant, ne lui permettaient pas de tout comprendre mais elle pu au moins déceler qu’il s’agissait de formules sérieuses, posées là par une main experte.

Qui d’autre que la personne coupable de l’empoisonnement pouvait être capable de fournir un antidote? Eeri avait appris ceci des années auparavant, lorsqu’elle avait acheté un poison et payé de son imprudence.

Pendant un instant, elle fut tentée de laisser ce torchon s’envoler, le laisser s’échapper de sa main et le voir disparaître avec le vent du Nexus. Mais une silhouette, un peu plus loin, la regardait. Le fyros était là, il l’attendait.

Dernière édition par Eeri (il y a 1 an).

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#9 [fr] 

Quand elle s’approcha de lui, il ne la vit d’abord pas. Il était occupé à manger ce qui ressemblait à une patte de cuttler cuite avec la peau. Un flash de mémoire lui revint du voyage sur la route d’Oflovak, quand elle l’avait sauvé d’une bande de cuttlers en haut de la grande dorsale. Elle lui avait alors montré comment cuisiner la bête. Encore une fois, elle venait pour le sauver. Ou tout du moins, prolonger sa vie. Car le remède qu’elle lui apportait ne lui donnerait qu’un répit, avant que la folie ne le reprenne.

- Aza, mon gros, héla la fyrette en arrivant devant lui.

Le fyros la fixa sans pour autant s’arrêter de manger.

- Alors, comment tu te sens aujourd’hui, s’enquit-elle tout en s’asseyant face au fyros.

Celui-ci était en slip, le corps recouvert de sciure, de sang séché et de suie. Cette crasse faisait ressortir ses cicatrices et ses brûlures d’autant plus, les mettant en relief. On aurait dit qu’il portait une sorte d’armure fantastique faite de chair homins. Pourtant, sous la saleté, il était bien nu si on exceptait le slip qu’il avait eu encore la pudeur de garder. Le fyros ne lâcha pas sa patte de cuttler mais répondit :

- La viande de cuttler, quand elle est consommée bien cuite, redonne des forces ! Regarde !

Ce faisant, il fit tournoyer la patte en l’air, mimant une hache, et la fit tomber lourdement dans le feu, projetant des braises aux alentours. Puis il arracha d’un coup de dent un nouveau morceau de viande sans prendre soin de la débarrasser de ses cendres.

- Je vois ça, fit la fyrette, tentant un sourire maladroit.

Elle avait peur. Non pas pour sa vie, mais pour la santé mentale de son ami. Il semblait marcher au bord de l’abîme.

- Lyren m’a dit qu’elle allait bientôt rentrer chez les Légions Fyros, fit la fyrette pour détendre l’atmosphère.

Le regard du fyros vrilla en un instant et s’assombrit.

- Tu veux quoi, marmonna le fyros en la regardant avec rage.

La fyrette déglutit mais tenta de ne rien laisser paraître. Il fallait qu’elle tienne le coup, pour lui.

- Hum… je t’ai ramené de quoi te requinquer. Ce n’est pas encore un remède. Mais ça devrait te remettre sur pied un moment.

Elle sortit une fiole de son sac et la tendit au fyros.

- Je sais aussi que Tao Sian travaille sur un remède. C’est Nikuya, tu sais, la zoraï qui…

Ne la laissant pas finir, le fyros se leva d’un bond et hurla :

- Les zoraïs sont des traitres ! Ils tiennent leur technologie de la Karavan ! Ils nous manipulent !

La fyrette resta impassible autant que possible. Il lui fallait le calmer le temps de le faire boire sa potion. Ensuite, si celle-ci était efficace, et elle le serait, tout rentrerait dans l’ordre.

- Azazor ! Cette potion, c’est moi qui l’ait faite. Ce du pur fyros. Aucune autre race d’homins n’y a touché, tu peux me croire.

Le fyros sembla s’assagir et se rassit, sans pour autant lâcher sa patte de cuttler dans laquelle il mordit de plus belle.

- Allez, boit d’un coup sec. C’est pas très bon, mais après, j’ai un petit quelque chose pour faire passer tout ça.

Elle sortit une fiole d’essence d’ocyx de sa poche et en but une gorgée, autant pour rassurer le fyros que pour se rassurer elle-même. Le fyros prit la fiole du remède et la déboucha. D’un air inquisiteur, il demanda :

- C’est à base de quoi ?
- D’urine de mektoub, fit-elle en rigolant. Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Bois, c’est tout.

Le fyros maugréa comme à son habitude, ce qui était bon signe. Puis il engloutit la totalité de la fiole non sans une mine de dégoût. Il faut dire que ce remède n’était pas fait pour être bon.

- Maintenant laisse moi, bougonna-t-il, et laisse aussi la fiole d’ocyx.

La fyrette hocha la tête et se leva. Le fyros continuait de dévorer sa patte de cuttler avec avidité. En tant qu’ancienne légionnaire, elle savait que la rumeur comme quoi les légionnaires mangeaient des bébés matis était infondée. Pourtant, en voyant Azazor croquer à pleines dents dans le tibia du cuttler au point de l’entendre craquer, elle ne put s’empêcher de se dire qu’il y avait peut-être un fond de vérité avec certains légionnaires. Elle ne demanda pas son reste et partit sans un regard en arrière.

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#10 [fr] 

Journal d’Azazor

Cela fait quelques jours après la prise de la première potion de Tao-Sian que m’a filée Nikuya. Hormis l’envie de vomir au début, pas d’effets secondaires particuliers. Je me sens en forme, j’ai retrouvé un esprit plus ou moins apaisé. J’ai même pu assurer l’intégration de Lyren au sein des Légions dans la foulée, sous l’oeil ému de sa mère. Je sens néanmoins que je pourrai retomber dans mes crises paranoïaques à tout moment. Il y a normalement une deuxième potion d’après Eeri. J’ai écrit un message de remerciement à Tao-Sian. Et dire que dans ma folie, même elle, je ne lui faisais plus confiance. Heureusement, ma foi en Eeri était restée intacte. Mais pour combien de temps si je n’avais pas été soigné ?
Journal d’Azazor
Hier, j’ai rencontré Canillia chez Pecus. Elle a avoué spontanément et trouve qu’elle a été trop loin. Elle avait préparé un remède qu'elle a laissé au sol avant de partir. J'ai demandé aux gardes de le brûler. Non pas que je ne crois pas que ce soit vraiment un remède, mais non seulement je n'en ai plus besoin, mais surtout, je ne veux pas que ça se sache que Canillia connaisse le remède contre la sève noire. Il ne manquerait plus que je lui fasse de la pub!

Bien sûr, je sais pourquoi elle est surtout venue me voir. Elle le nie, mais je sais qu’elle fait ça car elle a peur. Elle espère sans doute que je serai clément ? Je te rassure Canillia, la vengeance, ce n’est plus quelque chose que je cautionne. Mais j’aime éduquer, inculquer dirais-je, certaines choses importantes aux autres homins, fussent-ils Matis. Surtout que grâce à cet empoisonnement à la sève noire, j’ai trouvé le courage (ou la folie) d’abandonner les disciples des kamis. Je suis enfin libre des Puissances. Alors à moi de t’aider maintenant. A te montrer ce que ça fait, de vivre sans la Karavan. Mais je te laisse cogiter un peu avant. Le savoir, ça prend parfois du temps avant d'arriver...

Dernière édition par Azazor (il y a 1 an).

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