ROLEPLAY


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#61 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Ils trouvèrent l’endroit idéal pour poser leur campement alors que la nuit était déjà tombée. C'était un grand morceau d’écorce, formant par chance une petite hutte. Eeri sortit ce qu’il restait de viande séchée et la posa entre Azazor et elle. Ils avaient marché des heures. Ils avaient eu raison de rester sur leurs gardes : quelques kirostas avaient bien trouvé le chemin du plateau, et semblaient patrouiller dans la zone, en groupe. Les fyros redoublèrent de prudence. À deux, ils n’auraient pas eu la moindre chance contre plusieurs kirostas, mais un groupe était plus facile à éviter que s’il s’agissait d’individus épars et indépendants. Il leur fallut cependant plusieurs heures pour contourner la zone et s’éloigner suffisamment.

Encore haletants, ils piochèrent dans la viande, morceau par morceau, mastiquant lentement. Moins il y a à manger, plus il faut faire croire à son corps que l’on mange. Eeri prit la parole en chuchotant, afin de rester aux aguets du moindre bruit aux alentours.

— Aucune idée d’où on est, dey?
— Plus ou moins à l'est de Coriolis. Il aurait fallut aller vers l’ouest, mais ces satanés kirostas…
— Je pense qu’on a bien fait de rester très à distance. Certains kirostas de chez nous nous sentent de très loin… Alors ici, qui sait.
— Je dis pas qu’on aurait dû s’en approcher.

Eeri avala un morceau en déglutissant bruyamment.

— De toute façon, l'est, c’est notre route.
— Qu’est-ce que tu racontes?

Eeri prit un autre morceau de viande et commença à la mastiquer. Elle alla pour recracher un morceau de couenne, mais se ravisa et mâcha de plus belle. La nourriture était rare. Azazor continua.

— On va vers l’Ouest, on trouve un moyen de descendre de cette fichue dorsale vers le désert de la route d’Oflovak.
— dey. On continue vers l'est, vers Fyre.
— MAIS T’ES COMPLÈTEMENT MALA…
— Mais chuuuut !! On a dit pas de bruit !

Azazor, se reprit en chuchotant d’une voix étranglée, les yeux exorbités

— T’es complètement malade… C’est au moins à trois mois de marche...
— Et alors, tu as déjà été si près que ça de Fyre, toi? Moi dey.
— Et puis, on a plus rien à bouffer!
— On trouvera.
— Eeri... On a un cube d'ambre qui semble parler de Coriolis! Je peux pas prendre le risque de le perdre. Et puis, y’a sans doute plus rien, comme ici.
— Je suis prête à prendre le risque. J’irai seule, si tu ne me suis pas.

Azazor ne répondit rien. Il savait bien que si Eeri avait une idée en tête, il serait difficile de la convaincre de changer d’avis.

— On en reparle quand il fera jour, grommela-t-il.
— Je vais monter la garde quelques heures, dors un peu, répondit Eeri.

Eeri, à l’affut du moindre bruit, sortit de l'écrin d'écorce dans lequel le fyros ronflait déjà. Dans l'obscurité, son regard se porta à l'est, toujours plus loin des Nouvelles Terres. Fyre, la terre de ses ancêtres, la ville dont le nom faisait vibrer les rêves des enfants de Pyr, quand elle était petite. Une ville si grande, si lointaine. Probablement détruite, entièrement ou en partie, maintenant. Elle s'adossa contre un petit buisson, posa sa pique en équilibre sur ses genoux et ferma ses yeux. C'était décidé, dès que les lueurs du jour allaient apparaître, elle allait partir pour Fyre. Avec ou sans Azazor.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: english Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#62 Multilingue 

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— Eeri !!!

Le fyros s’époumonait, mais continua d’avancer en haletant pendant quelques centaines de mètres, avant de hurler de nouveau :

— Eeri !!! Bougresse de saleté de tête de bois !!

Azazor s’arrêta un moment, pour reprendre son souffle. Voilà plusieurs journées qu’il suivait ses traces, et maintenant il avait cru l’apercevoir, au loin. Elle avançait vite, bien plus vite que quand ils étaient à deux.
Alors que la nuit tombait, il pensa à allumer un feu. La lumière dans la nuit pourrait prévenir la fyrette qu’il était à ses trousses, et elle l’attendrait sans doute, du moins espérait-il. En même temps, la lumière d’un feu pouvait attirer des prédateurs. Trop risqué, surtout en étant seul.

— Quelle idée de la laisser partir seule, bougonna t-il en se remettant en route. Il pouvait encore marcher au moins deux heures avant la tombée de la nuit, il ne fallait pas perdre de temps. Si seulement il avait pris plus tôt la décision de finalement partir lui aussi vers Fyre... Mais était-ce bien une bonne décision? Il avait un cube d'ambre, un cube qui récélait peut-être une grande vérité sur le feu de Coriolis. C'était irresponsable de prendre ce risque, il le savait. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser seule Eeri découvrir Fyre. Et puis... c'était la mère d'Uzykos. Son fils. Ils étaient partis ensemble, ils reviendraient ensemble.

Azazor avança tant qu’il put voir où il posait ses pieds, de plus en plus prudemment à mesure que la nuit tombait. Lorsque l’obscurité fut presque totale, il avisa une anfractuosité dans la sciure et s’assit là, la hache à la main. Depuis qu’ils étaient partis, ils s’étaient habitués au même rituel à la tombée de la nuit lorsqu’ils avaient à se reposer ou s’arrêter dans un endroit inconnu et sans protection. S’assoir. Pendant un moment, silence total, les armes à la main, et se concentrer sur les sons, en essayant d’imaginer leur distance et position dans l’obscurité. Un bruit isolé n’était jamais mauvais signe, il pouvait toujours s’agir d’un craquement d’écorce. Des bruits de pas rapides, plus ou moins proche, étaient souvent signes de la faune aux alentour, en général des herbivores, comme eux, à l’affut de prédateurs. Ici, il y en avait peu, il fallait se concentrer sur de possibles prédateurs. En général, des pas feutrés sur l’écorce, s’approchant, ou décrivant un cercle autour d’eux. Si après de longues minutes, la zone restait silencieuse, ils pouvaient commencer à se détendre. Les prédateurs n’attendent jamais longtemps avant de signaler leur présence et d’attaquer.

Alors que tout semblait silencieux, il put enfin fermer ses yeux, exténué.


***


Il s’éveilla dans la même position à l’orée du jour et regarda autour de lui. Tout semblait différent de ce qu’il avait pu observer dans l’obscurité. Il n’avait pas cru s’endormir si près du précipice, et réalisait maintenant que seulement quelques mètres le séparaient du ravin. Il se leva, s’étira et regarda le spectacle du désert en contrebas, une nouvelle fois. Le désert de ses ancêtres, toujours grouillant de Kitins, une véritable armée retenue par cette montagne. L’essaim qu’il avait vécu dans les nouvelles terres n’était rien comparé à la quantité de Kitins qu’il pouvait voir ici, et la petite portion de désert qu'il pouvait voir d'ici lui faisait imaginer qu'il devait y avoir des millions d’entre eux rien que dans ce désert, si ce n’est plus. Sans doute un nombre qu’aucun fyros ne pourrait jamais s’imaginer.

Rapidement, il se remit en route en suivant le bord de la falaise, et après plusieurs heures de marche, il se posta sur une petite butte pour observer s’il pouvait retrouver une trace d’Eeri. Mais rien, elle était sans doute déjà loin, en avant. Il redescendit et reprit sa route, en réfléchissant à une meilleure façon de lui signaler sa présence. Si seulement il avait un feu d’artifice… Ou une corne de torbak, c’était possible de créer des sons prodigieusement bruyants en soufflant dedans. Mais rien de tout ça. Il avançait légèrement dans ses pensées, jusqu’à ce qu’il entende un grognement. Par réflexe, il attrapa sa hache et s’arrêta.

Un cuttler, en face de lui, le regardait de ses yeux affamés, une sorte de bave poussiéreuse aux lèvres. Sa couleur se confondait avec la sciure de la dorsale.

— ramèch, j’avais bien besoin de ça…

Il regarda autour de lui, sachant bien qu’un cuttler n’arrive jamais seul. Il devina un second, légèrement en retrait sur sa gauche, dans l’ombre. Deux? Trop facile. Il serra sa hache et se prépara à l’assaut. Attaquer le premier, et être prêt à parer les crocs de celui qui arriverait par derrière, si possible en lui décochant un coup de hache. Pourtant, son attention était troublée par quelque chose, une autre présence. Un troisième cuttler? Il n'était pas sûr. Le prédateur, en face de lui, ne l'avait pas encore attaqué, semblant lui aussi hésiter. C'est alors qu’un cri terrible se fit entendre. Eeri surgit du talus et s’élança sur l'animal, les dagues à la main.

— Gruuuuhhh !!
— Eeri !
— Gaffe au troisième !
— Quel troisième?

Un autre cuttler, qu’il n’avait pas vu, sauta en direction d’Azazor. Le fyros esquiva, et d’un grand coup de botte, envoya l’animal dans le ravin.

— Bien joué ! Un autre derrière, s’écria Eeri, toujours aux prises avec le premier.
— Mais qu’est-ce que tu fous là, je te croyais à des jours d’ici, répondit Azazor, envoyant un coup net de hache dans la mâchoire de son attaquant, lui explosant quelques dents.
— C’est à moi de te demander ça ! Je te pensais parti !

Après plusieurs coups de hache d’Azazor, le troisième cuttler finit par s'enfuir sur trois pates, halletant et dégoulinant de sang, tandis qu’Eeri achevait celui qu’elle maintenait au sol, d’une série de coups de dagues. Azazor haussa les épaules.

— À deux, c’est facile.
— ney. Donc tu m’accompagnes?
— ney. Tu croyais quand même pas que j'allais laisser la redécouverte de Fyre à une fyros à moitié tryker?
— A la bonne heure.
Pointant un cuttler au sol, elle ajouta:
— T’as déjà bouffé du cuttler?
— dey. Ça doit être dégueulasse mais s’il n’y a que ça, je vais pas refuser.

Le visage d’Eeri offrit à Azazor son habituel sourire de bouchère, et elle entreprit de couper les quatre membres de l’animal.

— Il faut bien marteler la viande avant de la griller, ça réduit l’acidité et c’est plus digeste. Puis si tu as le temps, tu la fais cuire lentement, c’est un peu plus tendre.
— Je sais que ça l'attendrit, mais l'acidité?
— Tu savais que les fraiders mangeaient parfois du tyrancha? Eh bien, ils savent aussi cuire le cuttler.
— Et du coup ils tapent dessus?
— ney, tu l'écrases et fais sortir le jus. C'est plus sec, mais ça t'évite une sacré débâcle.

Elle jeta une cuisse à Azazor.

— La tête et le torse, c’est vraiment pas mangeable. En plus celui-là n’est pas bien gros. En revanche, il faut trouver un endroit à l’abris du vent, on ne peut pas faire de feu ici.

Elle attacha les deux membres avant à son sac à l’aide d’un reste de cordelette, puis jeta la cuisse sur son épaule.

— En route. On trouve un endroit pour établir un camp et on cuisi…

Eeri fut interrompue par un grondement d’une puissance incroyable qui fit vibrer la montagne.

— J’sais que tu as faim, mais quand même…

Quelque chose approchait. Les deux fyros restèrent un moment interdits, immobiles et silencieux. Le grondement se fit de nouveau entendre, plus proche, tandis que l'air se chargea d'une tension inquiétante. Scrutant le bord de la falaise d'où venait le bruit, ils virent surgir une créature gigantesque, comme ils n'en avaient jamais vue.

— Mets tes amplis, hurla Azazor !!
— dey, TU mets des amplis. Cette fois c'est à moi de jouer, hurla à son tour Eeri, arrachant la hache des mains du fyros.
— Mais… !!
— Ma pique ne fera pas le poids !! Fais ce que je te dis !

Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans).

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#63 Multilingue 

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Eeri laissa tomber la viande qui pendait à son sac et vissa son casque sur sa tête. Ses mains se crispèrent sur la hache.

— Un dragon rouge ! gueula finalement Azazor.

L'homine se concentra, décidée à se battre, et observa le kitin afin de déceler la moindre faille dans sa carapace. Ce dernier était déjà à quelques mètres d’eux, et avait ralenti sa course, comme s’il voulait lui aussi observer et apprécier ses proies. Sa carapace était écarlate, vive et luisante. Chaque écaille semblait palpiter d'un feu brûlant, comme si les veines du kitin transportaient des braises en fusion. Ce dragon rouge était un énorme kipesta de plusieurs mètres de long, entouré d’un halo de fumée grise, semblant prêt à exploser. Sa carapace, bardée de crêtes d'épines acérées, reliait son crâne protubérant au bout de sa queue écailleuse. Quant à sa poche à pollen, elle était bien plus imposante que celle qu'un kipeskoo pouvait avoir, et suintait d'un liquide écarlate et fumant, bien différent du celui que les kipestas produisaient habituellement. Pour finir, le battement de ses six ailes faisait voler la sciure autour de lui, et générait un vrombissement assourdissant.

Obnubilée par l'allure de la créature, Eeri ne vit pas sa première attaque arriver. Le puissant coup de queue qu'elle reçut dans la poitrine la fit valser sur plusieurs mètres et l'envoya s'écraser droit sur une souche, qu'elle se prit en plein dans les reins. Le souffle coupé par le double impact, la Fyrette s'écroula dans la sciure, totalement sonnée. Elle ne s'était pas attendue à une telle vivacité. Ne perdant pas une seconde, Azazor lança un sort de soin en direction d'Eeri. Bien qu'il n'était pas un mage expert en magie curative, l'enchantement mis sur son amplificateur était de bonne qualité et faisait parfaitement son office. Enfin... Fallait-il encore qu'il n'épuise pas tous les cristaux de sève qu'il avait en réserve, sans quoi il ne serait plus capable d’utiliser l'enchantement de son amplificateur. Et malheureusement, le premier coup porté par le kipesta ayant mis KO Eeri, il se vit contraint de bien entamer son stock. Tournant autour du corps de son amie en envoyant des salves de soin, et en esquivant les attaques du kitin qui l'avait désormais repéré, il parvint finalement à la relever. Ce qu'il ne vit en revanche pas, c'est le bord de la falaise qui se rapprochait dangereusement de ses pieds...

— Par ici ! hurla Eeri, de nouveau debout.
— Rends-moi ma hache ! Tu soignes mieux que moi ! répliqua le Fyros.

Ignorant Azazor, la Fyrette fonça sur le kitin, qui lui tournait désormais le dos, et lui assena un puissant coup de hache, touchant l'une de ses ailes. La créature fit volte-face et riposta d'un coup de queue circulaire, qu'Eeri esquiva cette fois-ci. Voyant que le kipesta avait à peine bronché, elle comprit qu'il en faudrait bien plus pour venir à bout de cet ennemi. La blessure qu’elle venait de lui infliger était ridicule en comparaison de sa taille... Furieux, le monstre donna un troisième coup de queue en direction de l'homine, qui l'esquiva une seconde fois. En vérité, cela n'était pas chose facile : le monstre était si gros qu'il fallait largement anticiper son attaque pour espérer éviter le choc. Par ailleurs, chaque coup porté par la bête faisait voler la sciure, envoyant un nuage de poussière brouillant largement la vision des Fyros. Repérant l'aura incandescente du kitin dans le brouillard de poussière, Eeri s’élança de nouveau vers lui en hurlant, telle une furie, frappant où elle pouvait. Mais la hache ne fit que ricocher sur la carapace brûlante. Le kipesta tenta une nouvelle attaque avec sa queue et la Fyrette se baissa juste à temps pour sentir les pics acérés racler le dessus de son casque. Elle en profita alors pour exécuter une contre-attaque, que le kitin esquiva d'un battement d'aile en prenant de la hauteur. Se retournant brusquement malgré son immense masse, la bête effectua finalement une charge aérienne et réussit à percuter Eeri, qui valsa une seconde fois à plusieurs mètres. Désarmée et affalée dans la sciure, l'homine eut à peine le temps de comprendre que l'impact avait déboitée son épaule gauche que l'enchantement d'Azazor remit aussitôt l'articulation en place. Son camarade continuait inlassablement de tourner autour d'elle, attentif à soigner chacune de ses blessures. Ramassant sa hache et vérifiant d'un moulinet du bras l'efficacité de l'enchantement, Eeri fonça une nouvelle fois vers la créature. Le combat allait définitivement être long...

Et effectivement, le combat dura ainsi quelques minutes. Des minutes qui, dans ce genre de situations, étaient pareilles à des heures. Si le kitin réussissait la plupart du temps à blesser Eeri, rares furent les fois où la Fyrette put le toucher en retour. Sans les soins prodigués par Azazor, elle serait morte depuis longtemps... Et lorsqu'elle parvenait finalement à atteindre sa cible, la hache venait se fracasser sur l'épaisse carapace du kipesta. Pas une seule fois elle ne parvint de nouveau à toucher ses ailes, seule partie a priori plus vulnérable que les autres. Comme si la bête avait compris. Comme si elle avait compris qu'il lui suffisait de prendre un peu de hauteur pour éviter les coups les plus dangereux. Le kipesta était, en effet, capable de s'envoler très haut dans le ciel, hors de portée de toutes attaques. Quand il ne pouvait pas s'envoler assez rapidement, il lui suffisait de présenter sa tête de front pour parer le coup de hache qui venait alors buter sur l'épaisse carapace protectrice de son crâne. Pendant ce temps, Azazor vidait progressivement son stock de cristaux de sève en soignant Eeri à chaque fois qu'elle se retrouvait au sol. Il n'avait même pas eu le temps d'ôter son armure lourde pour tenter de lancer un quelconque sort de feu. À quelques moments, le monstre tenta de s'en prendre à Azazor. Lorsque que cela arriva, Eeri enfila sa propre paire d'amplificateurs, afin de soutenir son camarade le temps de réussir à attirer à nouveau l'attention du kitin. Et le manège se répéta.

Il se répéta jusqu'à ce que, soudainement, comme lassé par la tournure que prenait le combat, le kipesta fit tranquillement demi-tour, s'éloignant d'une dizaine de mètres. Déconcertée, Eeri baissa sa garde et jeta un coup d'œil à Azazor. Face à un tel adversaire, un match-nul avait valeur de victoire, non ? Si son camarade n'était pas casqué, la Fyrette aurait probablement pu lire l'horreur qui s'exprima sur son visage alors qu'il pointa ses amplificateurs en direction du kipesta. Mais il était déjà trop tard. La créature se raidit, fit pivoter ses six ailes, et se propulsa en marche arrière en direction d'Eeri. Jamais les deux Fyros n'avaient vu un kipesa opérer une telle manœuvre. Sans même qu'Eeri ne puisse réagir, la queue écailleuse et acérée transperça son ventre. Tel un fouet, le monstre n'eut alors qu'à faire claquer son extrémité abdominale sur le sol pour se débarrasser du corps de l'homine, qui roula dans la sciure telle une vulgaire poupée de chiffon. Son corps mutilé et désarticulé allait demander de nombreux soins avant d'être totalement réparé... Sa précieuse pique aussi, auparavant attachée sur son dos, et désormais brisée en deux dans la poussière.

Probablement conscient de sa réussite, le kitin délaissa Eeri et se retourna vers Azazor, qui tentait tant bien que mal de relever sa partenaire. La créature poussa un grondement terrifiant, mais n'agit pas, comme si elle jaugeait son adversaire. Profitant des quelques secondes qui lui étaient offertes, Azazor fonça vers Eeri, vidant ses amplificateurs de toute charge magique, épuisant tout son stock de cristaux. Cela ne suffit cependant pas à la relever. Elle était vivante, il le sentait. Mais en très mauvais état, quasiment inconsciente. N'abandonnant pas, il tenta de la soigner sans enchantement, en armure lourde, épuisant progressivement son endurance à manipuler la sève. Si le kipesta continuait à l'observer ainsi sans réagir, il aurait le temps de la relever. Il le devait. Et alors que la Fyrette commençait à peine à se remettre à genoux, le kitin la renvoya aussitôt au sol d'un coup de queue. Désemparé, Azazor accrocha sa paire d'amplificateurs à sa ceinture sans quitter la créature des yeux. Il jouait avec eux, il en était certain. Ce monstre jouait avec eux, et après avoir vaincu Eeri, il cherchait désormais à combattre Azazor seul à seul. Sans pouvoir confirmer son hypothèse, qui n'était peut-être que le fruit d'une projection fiévreuse, le Fyros accepta le duel. Quitte à mourir aujourd'hui, que ce soit une retch à la main que des amplificateurs !

De longues secondes s'écoulèrent, durant lesquels les deux guerriers se jaugèrent, puis Azazor passa finalement à l'action. D'un habile mouvement de pied, le Fyros ramassa la pique brisée d'Eeri et la lança en direction du kipesta, qui la para d'un énième coup de queue et fonça sur son adversaire. Le duel avait commencé. Jouant sa vie, Azazor évita la charge du kipesta d'une roulade et ramassa la hache qu’Eeri avait laissée échapper de ses mains. Puis, il s’élança également vers le kitin, hurlant comme une bête. Cet accès de courage n'impressionna pas le monstre, qui fit valser le Fyros par-dessus le précipice d'un coup de crâne en pleine poitrine. Plantant sa hache in extremis dans le rebord de la falaise, faisant fi de son souffle totalement coupé, Azazor réussit à éviter la chute mortelle. Il arrivait à peine à respirer, ses côtes étaient probablement brisées, et il n'était désormais plus capable de relever Eeri. Mais il n'était pas encore mort. Réussissant à se hisser sur le plateau, le Fyros leva sa hache et la fit tournoyer au dessus de lui, gueulant de toutes les forces qu'il lui restait. Un cri de guerre, peut être son dernier. Puisant dans ses dernières ressources pour régénérer son corps blessé, il chargea le dragon rouge. D'un saut, il évita la queue acérée, et à la suite d'une ultime roulade, il réussit à porter un coup de hache furieux sur le flanc de la créature, qui ne s'attendait probablement pas à voir le frêle homin prendre tant de risques. En récompense de sa bravoure, Azazor vit alors voler une écaille écarlate. La bête avait finalement un point faible.

— ORAK !!!!

Mais la joie fut de courte durée. Le kipesta poussa un hurlement ignoble, et au même moment, le Fyros crut voir des flammes palpiter en lieu et place de l'écaille qu'il avait réussi à arracher. Comprenant que quelque chose était en train de se préparer, Azazor décrocha le bouclier qu'il portait jusqu'alors sur son dos et vint se placer devant Eeri, gisante toujours sur le sol. À peine eut-il le temps de se positionner qu'il sentit la température augmenter. C'est en observant la créature une dernière fois qu'il comprit que son impression était fondée. Le kitin était en train d'enfler de part en part. Du bout de sa queue à son crâne. Mais cela n'était rien en comparaison de sa poche à pollen, qui venait de tripler de volume en à peine quelques secondes. D'un mouvement erratique, le monstre planta sa trompe dans le sol, et Azazor sut alors que c'était la fin. Une explosion gigantesque survint, brisant la portion de falaise sur laquelle ils combattaient, et libérant un flot de flammes si puissant qu'elles rasèrent tout sur une centaine de mètres. La dernière chose que sentit Azazor fut la chaleur.

Faisant fondre son bouclier.

Puis son armure.

Et enfin sa peau.

((HRP: texte écrit à 6 mains par Eeri, Azazor et Finaen))

Dernière édition par Fyrenor (il y a 2 ans).

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fyros pure sève
akash i orak, talen i rechten!
élucubrations
biographie

#64 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Azazor ouvre un œil. Un seul. Il se voit flotter, voler, comme la fumée d’un grand brasier. Il flotte au dessus du désert. Il voit la grande dorsale, le désert et même de l’eau plus loin, par delà une autre chaine de montagnes. La grande flaque peut-être.

Mort, il est mort. Il n’y a pas de doute. Son corps est tout en bas, carbonisé, réduit en cendre par le dragon rouge, et il flotte comme la fumée. Il lui faut pourtant lutter contre l’envie de se laisser porter.

gladuch odraèt og, didrauch fyrak gladuch, tels sont les mots des gey-zas morts au combat, tel est son devoir. Combattre la fumée qui élève pour redescendre dans les profondeurs afin d’y combattre le dragon. Alors il ferme son oeil et se concentre pour redescendre vers son dernier combat.



Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#65 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Eeri ouvre un œil. Peut-être les deux, qui sait. Tout est brouillé. Elle ne voit rien, ne sent rien, à part l’impression d’être posée sur une matière en même temps glaciale et brulante, vibrante d'énergie. La douleur et l’absence de douleur. Un long hurlement sans fin semble avoir pris possession de son esprit, un fracas strident résonnant sur les parois de son crâne. Un cri long et terrible enfermé en elle, effaçant toute notion de temps, de passé, de présent, de futur.

C’est donc ça, le vide? Le néant? La punition pour son âme et sa graine de vie, le châtiment pour les erreurs de sa vie passée, ses secrets, ses mensonges, ses fuites, ses abandons?

Un hurlement sans fin, assourdissant.

Une ombre émerge du chaos. Il y a des ombres, dans le néant? Une forme, plutôt, une silhouette, un casque. Le casque de l’épouvante. Le vacarme dans son esprit se fait plus intense et perçant, à mesure que la silhouette se rapproche. Des dagues glaciales viennent se planter dans ses orbites, ses tympans, sa gorge, son torse.

La douleur, dernière délivrance avant la mort.

Et soudain, le silence. Son esprit sombre dans le néant.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar

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Eeri
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#66 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Eeri jeta doucement dans le feu l’os qu’elle tenait en main, dernier vestige de la cuisse de yubo qu’elle venait de manger. Son interlocuteur se tut et la regarda, en silence, concient qu'il allait falloir lui laisser du temps pour qu'elle encaisse ce qu'il venait de lui dire.

— C’était donc ça, articula t-elle. Ils n’ont rien dit de plus?
— Ils ont dit qu’ils vous avaient cru morts. C’est déjà arrivé, et parfois, ils offrent une sépulture décente aux homins qu’ils trouvent, s’ils le peuvent. Ça t’étonne tant que ça?
— De leur part, oui, répondit Eeri. J’ai toujours cru qu’ils œuvraient contre l’hominité.
— Contre l'hominité ? Tu sais, ils ont besoin d'elle. Et malgré ce que laisse croire leur apparence, ils ne sont pas tous pareil. Certains ont à cœur de protéger chacun d'entre nous.
— ney, je vois. Et nous leur devons la vie. Ils nous ont sauvés et soignés... Un kamiste et une... agnostique.

Le ranger sourit doucement et observa l’homine installée en face d’elle. Cela faisait plusieurs semaines que leurs corps avaient été déposés dans son campement, et il avait pris la suite des choses. Les soins qu'il leur avait prodigués commençaient à porter leurs fruits. Eeri avait été la première à reprendre ses esprits la veille. Elle avait poussé un hurlement incroyable, et s'était tellement agitée qu'il fallut deux homins pour la maintenir le temps qu'elle retrouve la raison. Puis elle s'était plongée dans un silence mutique en voyant son ami, près d'elle. Le lendemain, elle s'était levée calmement pour venir le trouver, acceptant enfin un peu de nourriture. Il avait bon espoir pour l’autre fyros, même si ce dernier avait encore besoin de plusieurs jours de repos.

— Il semblerait que ton ami t'ait protégée des flammes. Il a été beaucoup plus brûlé et blessé que toi, mais il semble lentement récupérer. Ils l'ont retrouvé agrippé à toi, sans doute la raison pour laquelle tu as été moins atteinte par les flammes que lui.
— Il m’a protégée…
— Ils suspectaient que sa graine de vie avait été touchée. Ils ont dû extraire une énorme épine de bois qui traversait son crâne de part en part, et qui aurait dû le tuer. J'espère qu'il n'a pas totalement perdu l’esprit... En tout cas, sa survie est inespérée. Et la tienne aussi ! En vérité, c'est un miracle que vous soyez encore en vie. "Miracle", c'est le mot qu'ils ont employé. Tu imagines ?

Eeri resta silencieuse, le regard plongé dans le feu de camp. Sa faute. C’était sa faute. De nouveau. Prendre le chemin de Fyre, comme si après Coriolis il ne s’agirait que d’une promenade sans aucun danger. Puis elle baissa son regard sur sa main, posée immobile sur son genoux. Les brûlures y étaient encore vives, marquant sa paume et une partie de son avant-bras. Elle retourna son bras gauche, pour contempler la paume de son autre main, miraculeusement épargnée par les flammes.

— Ça ne reviendra pas, dey?
— Je ne pense pas. Tu étais dans un sale état, inconsciente, incapable de te régénérer. Ils ont passé un long moment à déblayer pour vous retrouver sous les décombres de la falaise en partie explosée, et passé un certain délai, certaines blessures deviennent intraitables...
— Ces marques sont donc imprégnées dans notre graine de vie…
— Oui. Et même leur technologie ne peut rien y faire. Comme je te l'ai déjà dit, c'est déjà un fichu miracle que vous ayez survécu.
— On resiste bien au feu, nous autres fyros, il paraît.
— Et à l'enfouissement sous des tonnes de gravas visiblement ! Au fait, comment va ton oeil?
— Toujours rien.

Eeri se leva lentement en s’appuyant sur son bras gauche, et fit quelques pas pour arriver à la tente qui abritait Azazor. Elle regarda le visage marqué de son ami, semblant dormir paisiblement sur un lit de camp. Une étoffe légère couvrait pudiquement son torse et ses jambes.

Elle sentit une larme couler.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#67 Multilingue 

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For several hours Azazor has been contemplating the ceiling of the tent where he is lying. Several hours observing the skin canvas slightly cracked by years of wear and tear. Watching the shadows dance to the rhythm of the crackling of the brazier. Listening to vague whispers coming from outside. Sounds, laughter, where the voice of Eeri and other homins are mixed.

"… used to hunt them with their ships. But even they are careful when they have to fight them. The Flamboyants are smart. They know how to take cover when they know they are being hunted."
"Individual intelligence? I thought kitins had only group intelligence?"
"Not all of them."
"It has indeed proven himself to be particularly cunning in battle."
"Yes, and when they can't run away, they also have their terrible fire attack."
"I was probably already down… Azazor must have found his weak point to attack like that."

The pain of his burns made him stop following the talk. At first, there was only pain, like a continuous tearing radiating throughout his whole body. Darkness, silence, the feeling of floating in… a wide puddle of pain —the Wide Puddle— Eeri being swallowed by the prakker. Eeri… Then came the sensation of his own body, the impression of being bedridden, of having an up and a down. Then the sounds, whispers, Eeri telling him to fight. And now the sight. Those dancing shadows.

He didn't go down into the depths to fight the Dragon. He survived. And he owes it to the Karavan. He can't take it anymore and falls back into his anguished dreams.



Many days passed before Azazor could speak. His lips, which had melted together in the heat, were finally separated thanks to the care provided by the Rangers. He can now mumble a few words, articulating with difficulty. It will take him days to learn to speak again, and probably just as long to walk again. But at least he hasn't lost his mind. However, images come to him, as if from a dream. He still sees himself floating above the desert. The Rangers who take care of him were able to explain to him what happened.

They tell him about the tracking and killing of the Flamboyant by a Karavan ship when it used its flame attack and blew up part of the cliff —besides he remembers that talking with the Marauders during his last evening with them, they had told him that the Karavan was tracking this kind of kitin as a priority. They also explain to him the clearing of the rubble during several hours to find the bodies of the two homins having fought it, the body of Azazor, always gripping and protecting that of Eeri, their transport in a kind of pod and the choice made to bring them back in this Ranger camp on the other side of the ridge, in spite of their condition, in spite of the little chance of survival they had then. Yes, the Karavan, or at least these agents, made a choice that was not favorable to them: to save two unimportant homins. Thus, the defense of hominkind is indeed part of the values of the Karavan.

Eeri has just entered the tent. She has a smile on her lips and a tear flows from her only eye, the second one being hidden by a blindfold. A tear of guilt? Maybe, but he doesn't blame her.

"oren pyr my fatty! I hear you can finally talk?"
"n… ney."
"Well, don't push yourself too hard, I'm not in a hurry to hear you bellow again!"
"de… tal."

The Fyrossa bursts out laughing then, against all expectations, embraces with one arm the lying Fyros who grimaces with pain.

"ramèch, I forgot that you were sensitive. Wait, I'll see if I can get you some of that miracle cream they've been applying to you since we got here. It fixes and calms the pain.
a… ke… p."

Eeri lifts a piece of canvas to get out of the tent and then turns his head to his friend.

"I'm the one who thanks you. The Rangers told me that you probably stood in front of me, to take the flame attack. Without you, I would have died."
"MM… mm."
"Save your strength, I'll be right back."

He wanted to say "me too" but couldn't. He closed his eyes and fell back into his reverie.



Several weeks thus pass in the Ranger camp. This is one of many Ranger outposts in the area. There are others, more discreet, and sometimes even closer to the kitin threat, including high on the ridge. The current camp is also a place of passage for Marauders and surrounding tribes. This is a kind of peace place, preserving its neutrality in the conflicts between homin tribes and Maraudeurs clans. The Karavan has understood this and sometimes drops off injured homins found here and there.

During her weeks of rest, Eeri learns to replace the use of her right arm with her left. It is clear that she will not be able to fight as before, especially with one eye missing. As for Azazor, he is learning to walk and talk again, but progress is slow and difficult. Moreover, a piece of wood had gone through his skull, probably damaging his seed of life. The Karavan, on returning them to the camp, called it a "miracle". His chances of survival were nil. And yet, he was well and truly alive. He was alive, but badly injured. The Karavan did not know what the consequences of such an injury would be, but disorders were to be expected. For the moment, apart from a large area in front of his skull where his hair gives way to an ugly scar, nothing seems to indicate that his life seed has been touched. The worst fear was that Azazor would lose his mind. But for the moment he seems to have his all wits about him. While the hair has begun to grow back on the back of his head, despite the burns, the front will be forever devoid of hair, making his face even more hideous with its burned patches and scars.

The Rangers tell them that they should wait before going back on the road, that they could accompany them, as ranger expeditions towards Fort Beacon and passing by Oflovak's Halt are regularly organized. This is mainly a rotation of Rangers, so as not to leave always the same ones at the front. The way back would only be safer and faster for them. Azazor and Eeri hurry to agree. Their condition would not allow them to make the journey on their own anyway.

Thus, the days continue to pass slowly in the camp, waiting for a future expedition…

Edité 3 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#68 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Il est assis avec ses amis au bar de Thesos. Les flammes d’un brasero éclairent leur visage souriant. Il y a évidemment les légionnaires, Naveruss, Wixarika tête collée sur l'épaule de Lylanea, Zuros et même Lopyrech, revenu d’entre les morts. Il y a aussi Jazzy et toute la bande des Drakani, les Talodis, les Rangers du Cercle du bois d’Almati et d’autres encore. Tous, ils sont là, ils écoutent le récit de leur voyage. Eeri est également à ses côtés, et Uzykos, leur fils, en tunique rouge et qui joue avec la masse de Naveruss. La shooki coule à flot et on entend les rires qui s’entendent jusqu’à la forteresse. Il parle, sans difficulté, sans besoin d’articuler. Ses blessures se sont résorbées comme par miracle et il n’a plus mal nulle part. Il en est à l’épisode avec le dragon rouge.

« Alors nous acceptâmes le combat. Nous combattîmes avec une fureur sauvage et rencontrâmes la mort incarnée avec toutes ses horreurs, sans reculer ni nous plaindre. Aucun de nous deux ne demanda à être épargné ni ne s’enfuit. Nous combattîmes aussi longtemps que nous pûmes nous tenir debout. Et quand la mort sous forme d’une pluie de feu s’abattit sur nous, nous l’accueillîmes avec le sourire des combattants fiers d’avoir su mourir dignement. Je compris alors, juste avant de perdre conscience, ce qu’akep signifiait réellement. akash depyr, la mort dans l’honneur. Et oui, je remerciais alors dans un dernier soupir ce dragon rouge de nous avoir si vaillamment résisté.»

Il marque une pause puis reprend.

« Et pourtant mes amis, nous sommes là, devant vous. Car la destinée n’en avait pas fini avec nous. Elle prit alors la forme de la Karavan, qui vint à notre secours et nous sauva tous les deux. Oui, la Karavan !

Est-ce que je regrette d’avoir été sauvé ? Non ! Moi qui pourtant ne porte pas la Karavan dans mon coeur, je dis merci à elle. Car si cette mort face au dragon rouge fut la plus belle qui m’eut été offerte, celle qui viendra un jour le sera encore plus. Mais pas encore ! Pas aujourd’hui ! Alors vivons mes amis, et levons nos verres à la vie ! Qu’elle soit la plus glorieuse de toute ! CAL I SELAK !»

Ils lèvent tous leur verre en criant le salut du légionnaire. De nombreux rires se font entendre. C’est Uzykos, il a réussi à lever la masse au dessus de sa tête. Il est fort ! Comme son père ! Les rires se font plus fort encore quand il tombe à la renverse et se met à pleurer. Un pleur… Presque un cri. Oui, un cri strident, qui monte et se fait de plus en plus fort. Un hurlement ! Et… et le visage de son fils qui se transforme. Qui… devient… vaporeux… comme vu derrière un écran de fumée. La fumée d’un grand brasier. Un souffle chaud… Un souffle de feu ! C’est un dragon face à lui ! SON dragon ! Et ce qu’il a pris pour des pleurs, c’est son cri. Un son roque et guttural qui le transperce. Une poche sous son gosier se met à gonfler, gonfler… Et le feu se met à jaillir sur son corps qui brûle, brûle comme une bûche ardente, et se consume.

Il se réveille en sursaut, assis sur son lit de camp. Il fait encore nuit. Il se touche le visage avec ses mains et sent les plaques encore vives de ses brûlures. Mais il ne brûle pas. C’est encore ce fichu rêve. Toujours le même. Demain, l'expédition de retour tant attendue partira. Le voyage sera douloureux avec son handicap, mais ce ne sera probablement rien en comparaison de l'aller. Son corps le lance de toute part. Il a l’impression d’être dans un corps trop petit. Ça le tire de partout. La crème qu’il s’applique plusieurs fois par jour lui fait du bien, mais elle ne suffit pas à lui enlever cette sensation de sécheresse et de tiraillement sur la peau. Et bien sûr, les douleurs. Surtout quand il ne s’hydrate pas assez.

Assis dans son lit de camp, il repense à la soirée survenue il y a quelques jours, celle passée avec un groupe de nomades des Atakorum venu au campement pour du commerce de potions. Il a d’ailleurs eu à cette occasion une nouvelle révélation. Une de plus certes, mais le concernant spécifiquement cette fois-ci. En donnant son nom d’Azazor aux nomades, ceux-ci ont été interloqués. D’après leur culte, une forme de kamisme qui ne dit pas son nom, Azaz est le nom donné aux esprits du désert que seuls certains sages de leur tribu peuvent voir. Ce qui aurait pu n’être qu’une simple coïncidence s’est révélée plus profond que ça quand il a donné son nom de famille : Eridlo Mirihus. L’un des nomades lui a alors expliqué que Miri est un nom très courant chez eux. Peut être qu’un de ses ancêtres faisait partie des quelques Atakorum parvenus à fuir lors du premier essaim et ayant rejoins les Nouvelles Terres, tandis que la plupart s’étaient contentés de s’installer de l’autre côté de la grande dorsale. En y réfléchissant, ce n’est pas absurde. Mirihus signifie troisième de la lignée de Miri et son père lui avait expliqué que sa mère était issue d’une famille de nomade. Alors après tout, pourquoi pas ? De toute façon, on a tous un descendant des Anciennes Terres. D’un peuple de nomades très porté sur les potions et les rites étranges, cela ne l’étonne guère. Il est lui même une étrangeté parmi les siens. Encore plus maintenant avec son visage et son corps boursouflés.

Azaz, les esprits protecteurs du désert... Oui, les Kamis sont peut être aussi pour quelque chose dans leur survie miraculeuse. Là était peut-être la réponse au "miracle" dont parlait la Karavan ? Trop de questions sans réponses. Trop à réfléchir pour le moment. Azazor repose sa tête sur son lit de camp et essaie de dormir encore un peu avant demain.

Puis vient le départ tant attendu. Après des années de voyage sur la route d'Oflovak jusqu'au confin de Coriolis, après avoir survécu à milles dangers et vécu ce que peu d'homins des Nouvelles Terres peuvent se targuer d'avoir vécu, nos deux aventuriers prennent le chemin du retour, blessés et meurtris dans leur corps, leurs convictions chamboulées ou parfois renforcées, mais surtout fiers d'avoir su aller au bout de leurs idéaux. En tournant une dernière fois leur regard vers l'est, la mélancolie les rattrape, une pointe d'amertume de n'avoir pas pu aller jusqu'à Fyre et au delà. Mais ils ont tant à raconter, tant à partager. Azazor prend dans sa poche le cube d'ambre brisé qu'il a su protéger des flammes, la seule preuve qu'il lui reste. Il le montre à Eeri qui lui sourit. Oui, ils ont tant à raconter, mais aussi à offrir. Et c'est donc avec le sourire qu'ils se retournent vers l'ouest, là où les attendent les leurs.

Edité 3 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#69 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
[…]
Pour terminer… J’ai grandit, et j’ai appris. J’ai vieilli.
Pour être franche, j'ai un peu peur du retour. Au fond de moi, je voudrais que ce voyage ne s'arrête jamais, et encore découvrir tous ces endroits dont nous ont parlé les Rangers. Mais une vie ne suffira pas. Et en même temps, si tu savais comme il me tarde de retrouver mon fils, ce fils qu’on ne connait pas… De rattraper le temps perdu, de soutenir Wixarika qui a dû s’en occuper si longtemps. J’ai beaucoup appris, je crois. Je me rends compte maintenant que j’ai toujours cru faire le bien, j’ai toujours cru aller dans la bonne direction, soutenir mes proches, mais en ignorant leurs attentes, leurs conseils, leurs opinions. J’ai fait tout le contraire. J’ai pensé faire le bien pour tous, mon bien, sans me soucier de savoir ce qu’ils voulaient vraiment. Je t’ai menti, j’ai agi comme si mes actions allaient nous sauver, et je n’ai fait que nous séparer, nous déchirer, nous mettre en danger. Une égoïste aveugle et bornée, j’ai été.

Mais j’ai vieilli, maintenant. J’ai changé d’opinion sur le monde, sur la Karavan, les Kamis, sur les homins. Sur toi, sur moi, sur la confiance que je peux placer en chacun. Sans doute aussi sur la confiance que je peux placer en moi-même. C’est de là que ça part, non? Lorsqu’on veut toujours à prouver que l’on est à sa place et que l'on fait le bon choix, sans vraiment y croire... On termine par avoir l’impression d’avoir le monde contre nous, d’être la seule conscience éveillée dans ce monde. J’ai été d’une arrogance idiote, et j'ai fait tellement d'erreurs. J’aurai aimé me rendre compte de ça plus jeune, mais c’est sans doute dans l’ordre des choses. Il faut vieillir pour avancer. Il faut frôler la mort, la vraie mort, il faut comprendre qu'on est totalement impuissants face à certaines choses.

Et pour répondre à ce que tu m'as demandé plus tôt... Il y a des années de ça, j’ai perdu ma confiance en l’Empire, et j’ai fui. Plutôt que de me battre, plutôt que de leur laisser une chance de me redonner confiance en eux. Maintenant, je pourrais revenir, mais j’ai fait une promesse, celle de retrouver les lacs, les Drakani, la Fédération. La famille qui m'a accueillie alors que je n'étais que l'ombre de moi-même, tiraillée de questionnements et de haine. Je ne pense pas qu’ils aient besoin de moi, là-bas, mais je dois tenir ma promesse, j’ai beaucoup à rattraper. Et je passerai autant de temps que possible à Thesos, pour m’occuper d’Uzykos. Et tu seras là, aussi...


Eeri se tut, ferma les yeux un moment, après avoir parlé d’une voix inhabituellement lente et calme, comme si elle sortait d'un rêve. Alors qu'elle reprit conscience de ce qui l'entourait, Azazor était encore en train d’écrire. La peau de son front abîmé était légèrement plissée. Il afficha une moue concentrée alors qu'il écrivait le dernier mot, tout en levant un oeil sur elle. Elle le regardait, confuse.

— Je… Je me suis égarée. Tu as écrit tout ça?
— ney.
—Ah toub… J’étais vraiment dans mes pensées. Tu ne veux pas effacer les derniers trucs que j’ai dit...?
— Tu m’as demandé d’écrire, j’ai écrit.
— Bon, on pourra toujours relire et modifier, non?

Le fyros bougonna, il n'avait aucune envie de passer du temps à retoucher chaque phrase.

— Si t’es pas contente, tu n’as qu’à apprendre à écrire de la main gauche. Et puis, c’était plutôt touchant.
— Touchant… Pour une fyros à moitié tryker à moitié impotente…

Azazor sourit et regarda au dessus de l'épaule d'Eeri. Un tryker arrivait vers eux en souriant, émergeant de la pénombre étrangement familière de cet endroit où ils étaient déjà passés voilà des années.

— …Et à moitié vieille, aussi, continua Eeri.
— Garde tes moitiés pour plus tard, j’en connais un qui arrive pour nous proposer du baba en chopes pleines.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#70 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
C’est un Azazor et une Eeri exténués qui arrivent à Silan. Ils saluent l’assistante instructeur de garde Be’Arlly Emer d’un simple woren siloy quand celle-ci vient à leur rencontre. Ils ne s’arrêtent pourtant pas pour discuter et continuent leur route jusqu’au petit campement de base installé juste après. Arrivés là, ils s'arrêtent, soufflent un coup, lancent un regard aux alentours, puis se regardent un instant sans parler. Ils ont du mal à y croire. Alors ça y est, ils sont enfin arrivés? C'est fini?

Six longues années de voyage et maintenant qu'ils sont de retour, ils hésitent. Que faire? Aller se reposer dans leur appartement respectif? Revoir leurs amis? Parler aux autorités? Et à qui? Aux Rangers? Aux Fyros? Aux Trykers? Qui les croierait? Ils ne sont plus que l'ombre d'eux-même. Une Fyrette avec un bras paralysé et un oeil en moins, un Fyros défiguré et en grande partie brûlé. Mais surtout, ils ont du mal à se séparer. Depuis six ans, ils sont ensembles. Ils ont tout affronté, les kitins, les maraudeurs, les monstres en tout genre et même les disputes entre leurs deux forts caractères.

C'est Eeri qui brise la glace et dit d'un ton qui se veut nonchalant.

— Je vais à Fairheaven. On se revoit plus tard.
— Tu y vas comment?

La question fait hésiter la Fyrette. C'est vrai ça, comment? Ici, ils peuvent se téléporter. Alors pourquoi continuer à pied?

— Je vais prendre le téléporteur Karavan, dit-elle sans émotion. Je viendrai à Thesos plus tard.
— Ok, alors à plus tard. Je passe d'abord à l'Académie Impériale, lui répond Azazor sur le même ton faussement détaché.

Celui-ci la regarde partir vers le sanctuaire de la Karavan. Voilà, elle est partie. Ils se sont quittés, sans effusions de joie ni de larmes, froidement, en fyros au coeur dur.

Et maintenant? Il souffle un peu, respirant à plein poumon cet air rempli de magie, puis se dirige vers le téléporteur kami.

Arrivé dans l’enceinte sacrée, il s’approche du Kami. Un Kami blanc aux yeux étoilés qui le regarde avec curiosité. Le Fyros met un genou à terre devant lui et reste silencieux. Il a encore le souffle rauque d’avoir couru aussi vite dans la petite mer de bois entre le Continent Verdoyant et Silan. Contrairement à Eeri, qui avait semblé hésiter à rentrer dans les Nouvelles Terres, il était pressé de rentrer chez lui. Pressé au point qu’une fois de retour sur les Nouvelles Terres, il préfère prendre le téléporteur vers Pyr que de terminer le trajet à pied en passant par le tunnel ranger menant au Bosquet de la Confusion. Mais devant le Kami, il hésite. Même s’il sait au fond de son cœur que les Kamis sont responsables de sa survie lors de son combat contre le dragon rouge, il sait aussi que depuis son départ d’ici, il y a de ça de longues années, il ne ressent plus ce qu’il ressentait avant pour les Kamis. Plus d’attachement, plus de… confiance ? Comme si les années passées sans faire appel à leur puissance avaient coupé le cordon qui le reliait à eux. Il se sent maintenant libre des Puissances. Alors pourquoi remettre de nouvelles chaines ? Pourtant il est curieux. Curieux de voir si « ça marche encore ». Quelle était cette sensation déjà, quand on se téléportait ? Il ne sait plus trop. On tombait dans l’inconscience pour se réveiller ailleurs. Rien d’autre ? Il faut qu’il essaie, au moins une fois. Ensuite, juré, il ne le fera plus que pour les cas d’extrême urgence.

Il se relève et s’adresse au Kami pour qu’il le téléporte à Pyr. Celui-ci lui demande de confirmer, comme s'il avait vu le doute dans la demande d'Azazor. Mais bien sûr qu'il confirme. Pyr. La capitale. Chez lui!

Alors vient la lumière, la sensation de chaud, puis…

La douleur !! Le corps qui se fragmente !! La souffrance de sentir son corps se décomposer !! Tout son corps !! Sa chair intérieure !!

Il s’écroule de douleur à côté du téléporteur kami de Pyr. Il hurle et se roule au sol ! Son corps le brûle, il… il sent la sciure. La sciure chaude sous ses mains, sur son visage. La douleur n’est plus qu’un souvenir. Et cette chaleur du désert… Son désert ! Il est de retour parmi les siens. Les badauds le regardent avec surprise, certains tentent de le relever mais s’éloignent aussitôt en voyant son horrible visage brûlé. Pourquoi cette douleur au téléport ? La perte de contact avec les Kamis pendant tant d’années ? Ses brûlures ? Sa blessure à la tête qui aurait endommagé sa graine de vie ? Probablement ça. La Karavan avait prévenu que cela pourrait avoir des conséquences. Mais peu importe, c’est une raison de plus pour ne plus se téléporter à l’avenir. Il se relève péniblement en s'aidant de sa hache noircie par les flammes du dragon, l'une des seules choses qu'il ait gardé du combat. Puis il se remet en route en boitant un peu vers l’Académie Impériale.

...


Euphanix Apotheps est dans son bureau, en train de classer des documents quand on frappe à sa porte.

— Entrez, dit l’archiviste sans lever la tête de ses documents.

La porte s’ouvre sur un Fyros au visage brûlé. Une vilaine cicatrice en forme de trou déforme son front dégarni. Il est en tenue ranger et porte sur son dos un sac bien rempli. Ses mains cloquées tiennent une retch noircie par le feu. Tout dans ses gestes montre qu'il est au bout de ses forces et ses yeux portent en eux une douleur intense. Pourtant, il fait quelques pas en avant, se tenant le plus droit possible, le regard franc. L'espace d'un instant, la chancelière croit voir Dexton quand il sortait péniblement de sa maladie et tenait à tout prix à ne pas montrer sa faiblesse.

— oren pyr Euphanix, dit le Fyros d’une voix rauque.

Sans attendre de réponse, il pose son bardage au sol, le manche de sa hache posée le long du mur et ouvre son sac. Il en sort un épais livre en cuir qu’il pose lourdement sur le bureau de l’archiviste. Du cuir de varinx. Euphanix comprend soudain à qui elle a affaire.

— Azazor ?!
— ney...
— Je… que… tout le monde te croyait mort ! On n’a plus de nouvelle de toi depuis des années.
— Et mes rapports ? Jamais reçus ?
— Si, ceux de Fort-le-Phare. C’est tout.

Le Fyros est pris d’un rire gras.

— Je savais bien que ce Ranger avait une tête à pas lui confier quoi que ce soit. Mais c'est pas grave, tout est là, fait-il en tapotant l’épais livre sur le bureau.

Euphanix approche sa tête de la couverture et lit :

« kün geyum »

Récit du voyage sur la route d’Oflovak jusqu’à Coriolis*

— Tout y est, reprend le Fyros. Tous mes rapports ont cramé à cause de ce foutu dragon rouge. Mais pas ma mémoire.Se faisant, il se gratte la peau de son visage boursouflé.

— Alors pendant le trajet retour, on a tout remis sur cuir. Mes souvenirs, ceux d'Eeri. Il y a aussi des relevés de l’astre du jour, ça doit bien servir pour évaluer la circonférence d’Atys ? Il y a également des croquis, notamment des dragons rouges, des notes diverses et variées, des cartes. Tout ce que nos caboches ont pu se souvenir. Je demanderai à la N'ASA d'en faire une copie pour la partager avec les autres nations.

L’archiviste est tenté d’ouvrir dès maintenant le recueil mais se ravise. Visiblement, le Fyros n’en a pas fini.

— Je te laisse le sac. A l’intérieur, y’a aussi des fioles de sciure de différents biotopes pour les xylologues. Ça devrait ravir Ulyton Meros.

Il met alors sa main à la poche de son armure.

— Et voici le plus important, dit-il avec un sourire énigmatique.

Euphanix le voit en sortir une petite bourse qu’il pose sur le bureau devant ses yeux.

— Vas-y, regarde.

Celle-ci ne peut se contenir et ouvre la bourse en tremblant d'excitation. A l’intérieur, un objet brillant et violet lui renvoie son reflet. Elle manque de défaillir et se raccroche au bord de son bureau.

— Un... Un ?
— Un cube d’ambre. Abîmé. Mais tu dois bien connaître des érudits pour réparer ça ?
— Je… ney, des érudits…

Elle sort délicatement le cube pour l’admirer à la lumière de la fenêtre de son bureau.

bavèchen coriolis fyrum… ramèch !!
— Ouais hein, dis toi qu’une saloperie de kincher nous a attaqué juste après. Pas eu le temps de chercher le morceau qui manque.
— C’était à Coriolis ?
— Dans un temple en hauteur de ce qu’il reste de la cité minière.
— C’est à dire ?
— Rien.

Disant cela, il reprend sa hache et pousse un soupir.

— Bon, je passerai bien des heures à discuter de tout ça, mais pas aujourd’hui. Si on me cherche, je suis chez Pecus.

Azazor fait alors mine de faire demi-tour mais l’archiviste le retient par l’épaule, non sans une pointe de dégoût devant ce corps en charpie.

— Attend Aza. J’ai tant de questions !
— Non, je suis crevé et là, j’ai qu’une envie, c’est de me siffler un tonneau de shooki. Si tu savais là daube qu’ils boivent là bas… On discutera demain. Ça te laisse le temps de lire l’ouvrage.

Il tient la poignée de la porte du bureau et commence à l’ouvrir. Euphanix l'interpelle néanmoins.

— Je voulais juste te dire…

Le fyros se retourne, la regardant droit dans les yeux. Des yeux humides. Des yeux si fatigués et si... tristes?

— Désolé Azazor, finit par dire Euphanix.
— De quoi ?
— D’avoir douté de toi.
— Alors arrange toi pour que je puisse étudier au talumetim-an. Je pense avoir fait mes preuves, dit Azazor d'une voix lasse.

Euphanix sourit. Oui, il a fait ses preuves. Il n’y a pas de doute là dessus. Le Fyros tourne alors les talons et ouvre la porte du bureau pour sortir.

— Et Eeri ? s’enquit Euphanix avant qu’Azazor ne franchisse le seuil.
— Elle doit être au bar de Fairhaven en train de se soûler. Elle a perdu l'usage d'un bras et d'un œil mais ça l’empêchera pas de boire.

L’archiviste regarde le Fyros s’en aller, remuant dans sa tête sa dernière phrase. Un bras et un œil en moins ? Des brûlures et des cicatrices permanentes ? De quel enfer revenaient-ils ? Elle a hâte de le savoir. Elle s’assoit à son bureau et entreprend la lecture de « kün geyum » Récit du voyage sur la route d’Oflovak jusqu’à Coriolis*


* L’ouvrage comporte toutes les informations contenues dans les textes publiés sur le forum. On y trouve également des plans plus détaillés de la route d’Oflovak et du début du désert des AT (s'inspirer de la carte de Kigan), des mesures de la hauteur de l’astre du jour permettant d’estimer la circonférence d’Atys, des croquis de faunes et de flores, mais aussi des cités traversées et de quelques personnages rencontrés, ainsi que des réflexions d’Azazor et Eeri sur fyrak et les puissances et quelques confessions diverses. Seul l’appartenance d’Eeri au trytonnisme n’est pas mentionnée. Pour ce qui est de son évasion chez les Maraudeurs, il n’est pas précisé que c’est un Trytonniste qui en est responsable. Par ailleurs, il y a en notes le journal intime de Titus qu'Azazor a pu récupérer lors du voyage retour à la Halte d'Oflovak. On peut imaginer que les rapports déjà envoyés par Azazor seront inclus en addendum par la suite. Il est écrit par Azazor (Eeri ne pouvant plus utiliser son bras droit) et corédigé par Azazor et Eeri.

Edité 6 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 1 an).

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#71 Multilingue 

Multilingue | [Français] | English
Bonjour,

Je suis Finaen de la Lore Team.

Je poste ce message pour remercier Azazor et Eeri de s'être prêté.es au jeu de cette expérience narrative de longue haleine, qui est - je crois - une première dans l'histoire de Ryzom. De mon côté, je me suis beaucoup amusé. L'expérience de co-création a été très intéressante, et nous a poussé, nous les Loristes, à travailler sur des sujets précis et concrets. En ça, j'aimerais aussi remercier toute l'équipe.

Puisque cette aventure a été positive, je reste ouvert à la discussion avec ceux et de celles qui aimeraient elleux aussi expérimenter ce format. Cette proposition n'engage bien sûr que moi, et non pas le reste de l'équipe.

L'univers de Ryzom est riche et beau. Je pense qu'il se prête à être exploré au-delà des limites de son gameplay.

En espérant que vous aillez vous aussi pris du plaisir à suivre cette histoire, je vous souhaite bon jeu sur Atys, et vous dit à bientôt !

Edité 2 fois | Dernière édition par Finaen (il y a 2 ans).

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Finaen of the Lore Team

#72 [fr] 

Puisqu'on est dans les remerciements, j'en profite aussi pour remercier Finaean et la Lore team dans son ensemble pour l'accompapgnement, Nilstilar pour les traductions EN faites aussi vite que l'éclair et bien sûr tous les lecteurs et leurs retours.

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#73 Multilingue 

Merci a vous tous pour cette belle épopée, que j'ai eu grand plaisir a suivre.

#74 [fr] 

[[HRP :
Mon tour de passer aux remerciements !

Merci particulièrement à Finaen, merci Drumel, et merci à toutes celles et ceux qui se sont intéressé.es ou ont participé à cette aventure, de près ou de loin.

Merci pour le retour, le suivi et les commentaires et les encouragements de certaines lectrices et certains lecteurs.

Merci à tout ceux qui font vivre l'univers de Ryzom, de manière constructive et créative.

Enfin, merci à Azazor, sans lequel ce voyage ne se serait jamais passé, pour avoir eu l'idée de ce voyage, pour avoir eue l'idée d'inviter Eeri (et pour avoir été assez fou pour le faire) et enfin pour ses corrections, idées, critiques toujours constructives, j'en passe. Merci.

Eeri est donc revenue dans les Nouvelles Terres (mon irl chargé en ce moment fait que je n'aurai pas le temps de la ramener "pour de vrai"). Afin d'échapper à la réalité du retour et des retrouvailles, elle se cache sans doute quelque part, au fin fond du désert ou des primes racines. À vous de la trouver, à l'occasion ;-)
]]

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#75 [fr] 

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