ROLEPLAY


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#48 Multilingue 

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Journal de bord d'Azazor
Lendemain de mon arrivée J+1

J’ai enfin pu récupérer mes affaires. Ils ont épluché tous mes textes et ceux d’Eeri. D’après le fyros, dont je n’ai toujours pas le nom, je semble honnête dans mes intentions. Ce qui n’est pas le cas de celle qui m’accompagne. Il n’a pas voulu m’en dire plus et je m’en moque. Ils peuvent bien la pendre, ce n’est plus mon problème. 
Les maraudeurs consentent donc à m’héberger pour une semaine en échange d’un travail en cuisine. L’armure maraudeur m’a été confisquée et mes armes me seront rendues quand je partirai. J'ai donc renfilé mon armure fyros. C'est pas plus mal finalement, même si j'aurais aimé ramener une armure maraud dans les NT. Le fyros attend les ordres de ses supérieurs pour savoir s’il doit me faire rebrousser chemin ou s’ils acceptent de me laisser continuer ma route vers les AT. 

J+2
J’ai pu discuter avec un maraud qui travaille en cuisine avec moi. Il m’a expliqué que la Citadelle n’est pas vraiment une cité telle qu’on l’imagine. C’est en fait plus une zone fracturée de la grande dorsale racinaire qui entoure le désert des Anciennes Terres et qui forme une sorte de labyrinthe. Il y a des crevasses un peu partout dans lesquelles les marauds se déplacent régulièrement. Il faut plutôt imaginer un agglomérat de petits campements temporaires se construisant et se démontant au fil des déplacements des kitins. Ceux-ci gorgent littéralement les Anciennes Terres. La stratégie pour les retenir est de les faire entrer en partie dans le labyrinthe et de les faire tourner en rond pour ensuite les tuer ou les faire ressortir. Il faut oublier toute idée de grand mur devant lequel se fracasseraient les kitins. Le combat permanent des marauds face aux kitins est avant tout fait de parties de cache-cache. Le maraud qui m’a raconté cela ne peut pas trop m’en dire plus hélas. Le culte du secret est assez prégnant ici, et on se méfie de moi. Je les comprends. On se méfie aussi beaucoup d’eux dans nos terres. Ce n’est qu’un juste retour de flamme. 

J+5
Les maraudeurs acceptent de m’accompagner jusqu’à un premier campement de la Citadelle dans trois jours. De là, je recevrai d’autres instructions pour me mouvoir à l’intérieur de la Citadelle jusqu’à la sortie. Ils n'ont pas voulu m'en dire plus pour le moment. On m’a demandé avec un sourire si j’aimais l’escalade. Je sens que ça ne va pas me plaire...

J+6
Un des marauds qui m’avait accompagné en cellule le premier jour est venu me voir aujourd’hui et m’a lancé un paquet de feuille sur ma couchette. Il m’a dit que ça devrait m’intéresser. Il s’agit des écrits d’Eeri, que je pouvais les garder, ils en avaient déjà fait une copie. Je lui ai demandé ce qu’il en était de son sort, il n’a pas pu me répondre. Mais a priori, elle n’est pas prête de sortir. Tant pis pour elle. Elle n’avait qu’à m’écouter et jouer franc jeu.
J’ai commencé à lire, mais je dois l’avouer, au moins par écrit, c’est assez difficile. Je me sens un peu coupable d’avoir été si tyrannique, je dois l’avouer. La toub est cachottière et a un sérieux problème de confiance, mais ses intentions étaient bonnes. Je devrais finir la lecture ce soir.

J+8 

J'ai rejoint un petit convoi en direction de la Citadelle et nous sommes partis tôt ce matin. Plus nous avançons, plus la dorsale parait gigantesque. À côté d'elle, les falaises du Couloir Brulé semblent ridicules. Vais-je réellement devoir escalader tout ça... ? Sinon... J'ai vu Eeri. De loin. Enchainée à un toub et bien gardée. Elle fait partie de notre convoi, à l'arrière. Évidemment, interdiction de l'approcher. D'après un maraud, elle va rencontrer une personne importante de la Citadelle et je n'ai pas à savoir où. Akilia j'ai demandé, il a poussé un grognement. Donc pas Akilia. Et visiblement, elle n'est pas en odeur de sainteté ici non plus. On nous bassine dans les Nouvelles Terres qu'Akilia est la cheffe des Maraudeurs, mais après ce qu'a dit O'Tello, et ça, je commence à croire qu'ici aussi se joue les luttes de pouvoir, avec des pros Akilia et les autres...


J+9
Ça y est, on est arrivé. Durant les dernières heures de marche, je n'ai pas osé regarder le sommet de la dorsale, de peur d'en avoir la nausée. Ici, les vents étaient particulièrement violents, mais on a finalement réussit à se faufiler dans une petite entailles pour finalement se poser dans un premier campement sommaire à l'intérieur de la falaise. Les maraudeurs semblent avoir l'habitude de ce voyage. D'après l'un d'entre eux, la plupart des camps sont troglodytes et temporaires. Il existe ça et là quelques campement permanent extrêmement bien cachés et défendus, mais la quasi totalité sont mouvants, en fonction des déplacements de kitins et des tactiques adoptées pour les neutraliser. À nouveau, ces falaises me font penser à celles du couloir brûlé. Un vrai dédale de grottes, de canyons et de crevasses. Mais en tellement plus grand... On repart dans une heure. Le temps d'écrire ceci. 

Du coup, je sais comment je vais passer dans les Anciennes Terres. Par le haut. On m'avait parlé d'escalade, ça sera le cas. Depuis un endroit de la Citadelle, je pourrai emprunter un ensemble de cordes, échelles et autres passerelles pour grimper sur la dorsale. Une fois tout en haut, on m'a conseillé, si je voulais aller à Coriolis, de suivre le bord de la falaise, plus ou moins suivant la présence des kitins. Ils sont moins nombreux en hauteur, mais toujours présents. Il faudra probablement faire des détours. Mais je ne devrai en aucun cas descendre. Ils m'ont dit que de toute façon, une fois en haut, je comprendrai pourquoi. 

Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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fyros pure sève
akash i orak, talen i rechten!
élucubrations
biographie

#49 Multilingue 

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Le temps aussi semblait suspendu. Régulièrement, comme une horloge qui venait ostensiblement lui rappeler le temps qui passe, une goutte de sueur se détachait de son front pour venir s’écraser quelques centimètres plus bas dans la sciure. La pénombre de l’endroit aurait presque pu rendre l’atmosphère supportable, mais en plus de la chaleur qui y régnait, la poussière de sciure forçait l’homine à garder une respiration minimale et aussi lente que possible.

Jusque là, ils ne l’avaient pas frappée. À Sentinelle, ils l’avaient laissée plusieurs jours dans une pièce, privée de tout à part d’un bol d’eau et d’une sorte de pain sans épices qui lui faisait amèrement regretter celui d’Eolinius. Un homin (était-ce toujours le même?) venait lui poser des questions. Elle ne répondait généralement pas, autrement que par oui ou non. Elle avait demandé à parler au chef des Arpenteurs d’horizons. Parfois il lui parlait en Marund, langue qu’elle ne maitrisait absolument pas, pour tester ses réactions, sans grand succès. "D’ou vient ce cristal?" "De quel clan fais-tu partie?". Elle en avait perdu le fil du temps. Mais qu'importe.

Azazor n’avait donc rien fait pour arranger son cas. Il avait dû affirmer qu’Eeri avait volé le cristal, qu’elle travaillait pour un clan quelconque… Il avait dû dire qu’elle lui avait menti. C’était suffisant pour que les maraudeurs se méfient d’elle.

Puis ils l’avaient fait marcher de Sentinelle jusqu’à la Citadelle, attachée derrière un mektoub, pieds et mains enchaînés, pas bien loin d’un Azazor aux mains libres qui ne déniait même pas lui jeter un regard. C’était un supplice bien plus cruel. Deux jours de marche en silence. L’un des maraudeurs s’était bien fait comprendre : "tu essaies de causer à ton fyros, je te file à bouffer aux varinx."
Elle fut emmenée là, dans cette cellule, et ils l’attachèrent par les pieds. La tête en bas. Pour tester ses nerfs, avait ricané l’un des gardes. Eeri se laissa faire, sans se débattre. Ils la laissèrent là, dans la chaleur et la poussière, pour plusieurs heures, ou plusieurs journées, qui lui semblèrent une éternité. Tout était déjà tellement confus dans son esprit, et d'être pendue la tête en bas n’aidait pas à réfléchir. Elle doutait maintenant de pourquoi elle était là. D’où elle venait. Pour qui elle se battait. La Fédération? L’Empire? Les Trytonistes? Les Rangers? Les Maraudeurs? Ou un peu tout à la fois? Ou simplement pour elle même? Elle ne savait plus quoi répondre.

***

— Elle doit être mure.
— Si elle n’est pas encore crevée…

Deux gardes arrivèrent, et coupèrent le lien qui entravaient ses pieds. Elle s’écrasa mollement sur le sol, la tête la première. Puis les deux homins l’attrapèrent par les épaules et la trainèrent à l’extérieur de la cellule. Ils étaient vétus d'armures maraudeurs lourdes relativement semblables à celles des Nouvelles Terres, à quelques détails près.

— Elle est encore vivante.
— Amenez là, dit un troisième.

Puis s’approchant de l’oreille d’Eeri, ce dernier murmura avec un accent à couper au couteau :

— Et tu ferais bien de répondre aux questions qu'on va te poser, si tu ne veux pas terminer ton voyage ici… Définitivement. Sois raisonnable.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#50 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Eeri, encore vaseuse après des heures suspendue, n'eut d'autre choix que de suivre les deux gardes sans broncher. Elle fut alors trainée à travers un labyrinthe de petits couloirs, étroits, taillés dans le bois. Après une dizaine de minutes de marche, elle aperçut finalement la lumière de jour, au bout d'un couloir. Une sortie vers l'extérieur. Juste avant d'emprunter le passage, l'un des gardes jeta un coup d’œil dehors puis fit signe à son compagnon de s'arrêter. Quelques secondes plus tard, un bourdonnement s'éleva au loin dans le canyon. Il était composé d'un étrange son strident, qu'Eeri n'avait jamais entendu, et d'une multitude de cliquetis accompagnés d'un bruit de galopade, dont elle connaissait cette-fois ci très bien l'origine : les kitins. Le bruit strident augmenta en intensité et une forme fuselée passa à toute vitesse devant l'entaille dans laquelle les trois homins attendaient, soulevant au passage un nuage de poussière. Un engin appartenant aux Maraudeurs ? Probablement. Ou Karavan? Et à ses trousses, une trentaine de kitins, tous plus gros les uns que les autres... Les deux gardes attendirent une bonne minute que le canyon retrouve son calme, puis poussèrent la prisonnière en avant. Eeri put alors apercevoir des carcasses de kitins, abandonnées ici et là tout du long du gigantesque canyon. Il lui intimèrent l'ordre d'avancer, alors qu'ils prenaient eux-même la direction d'une autre entaille située sur la falaise opposée du canyon. Elle les suivit sans tarder : il ne fallait définitivement pas trainer dans cet endroit.

Les deux homins et leur prisonnière eurent encore à marcher une bonne vingtaine de minutes, traversant quelques labyrinthes de couloirs et petites salles, avant d'arriver dans une salle plus large et lumineuse, éclairée par quelques torches. Jusqu'alors, toutes les salles qu'ils avaient traversées ne semblaient qu'être des point de passage, celle-ci était légèrement décorée. Les deux gardes la firent assoir à genoux, et se positionnèrent derrière elle. Eeri eut à peine le temps d'observer les quelques meubles du lieu, elle remarqua un petit groupe d'homins de l'autre coté de la pièce.

— Voilà l’espionne, dit l'un des gardes.
— A t’elle parlé jusque là ?
— Non.
— Alors que voulez-vous que j’en fasse?
— Interrogeons-la, dit une troisième voix. Si elle persiste à ne rien dire, alors on avisera.

Les quelques homins, tous vêtus d'amures maraudeurs légères, moyennes et lourdes, s’approchèrent d’Eeri, et se positionnèrent en arc de cercle, face à elle. L’homine qui parla, au centre, était couverte d’un grand manteau noir qui dissimulait son visage et recouvrait une armure elle aussi noire. Au son étouffé de sa voix et son accent, Eeri ne put distinguer s’il s’agissait d’une fyros, d'une matisse ou d’une zoraie. Mais elle était définitivement trop grande pour être tryker.

— Nous t’écoutons, fit-elle.
— Je ne suis pas une espionne, déclara sèchement Eeri.
— Et encore?
— Quoi que je dise, Azazor m’a vendue. Il s’est servi de moi pour obtenir votre confiance. Il veut continuer seul. Il n’a plus besoin de moi.
— Nous l’avons écouté, et ses raisons sont respectables. Mais il n’a pas parlé contre toi. As-tu quelque chose de différent à nous apprendre sur lui?

Eeri fit non de la tête.

— Il dit la vérité. Sa vérité.
— Bien. Pour l'instant, nous le croyons.
— Vous pouvez. C’est moi qui me suis trompée sur vous.
— Comment ça?
— J’ai pensé que ce cristal pouvait m’aider.

Un homin s’avança pour prendre la parole, mais l'homine l’arrêta d’un signe de la main autoritaire, et continua.

— Chez nous, voler un cristal est un crime. Si tu l’as obtenu régulièrement, tu dois faire partie d’un clan. Lequel?
— Aucun.
— Alors comment?

Devant le silence d’Eeri, elle dit d’un ton menaçant

— Continuer de nous mentir plus ne t’aidera pas. La vérité sera beaucoup plus utile, avant que l’on te condamne.
— Je viens de la Fédération. Avant ça, j’ai combattu et appris auprès des Rangers, et passé ma jeunesse dans le Désert à servir l’Empire Fyros. J’ai rejoint les Maraudeurs des Nouvelles Terres sous couvert, avant d’entreprendre ce voyage, pour obtenir un cristal. Je n’ai jamais été maraudeuse.
— Nous avons lu ton journal, nous savons tout ça.
— Alors vous savez aussi que je suis une chercheuse d'Elias, et que mon but ici n’est pas de vous infiltrer ou de vous nuire.

L’homine ricana :

— Une Trytoniste… Tu n’as rien trouvé de mieux?
— Parler de la sorte me couterait la vie dans les Nouvelles Terres. J’ai passé ma vie à cacher mes convictions, même à mes proches. Ici aussi? Vous me décevez.
— Admettons. Et ce Maze'yum? Nous avons bien entendu parler de lui.
— Il m’a confié la mission de remettre des carnets à son ancien clan. Les Arpenteurs d’horizons.
— Nous savons ça.

L'homine se tourna, et un tryker prit la parole :

— Oui, nous avons reçu ces carnets. Un ramassis d’histoires obscènes sans aucun intérêt…
— Vous ne savez donc pas lire entre les lignes, coupa la fyrette en grognant? Des années de recherches…

Le tryker sourit, un peu surprit.

— Bien sur que si. Nous y travaillons. Tu sais donc ce que ces livres contiennent?
— J’ai fait des recherches avec Maze’Yum. Ce qui m’a déjà valu beaucoup de problèmes. J’ai lu et étudié ces carnets.
— Ce n’est pas un nom que je porte dans mon coeur, continua le Tryker en s’adressant cette fois à la maraudeuse. Mais il a fait récemment parler de lui dans les Nouvelles Terres, et ses recherches semblent somme toute dignes d'intêret. Tout comme la bombe à goo que nous avons trouvé dans ses affaires.

À ces mots, le groupe s’agita chaotiquement, chacun se mit à chuchoter à son voisin. Après quelques secondes, l'homine les arrêta d’un signe de la main.

— Donc nous avons là une scientifique en quête de vérité. Vous croyez à ça?
— Je ne pense pas que Maze’Yum serait assez fou pour confier ses carnets à n'importe qui. Surtout à un espion de la cendrée, annonça le tryker.
— Ce n’est donc pas vous, Akilia, Tempête de Cendre, demanda Eeri?
— Tais-toi, cria-t-elle avant de faire signe au groupe autour d’elle de se reculer de quelques pas pour échanger quelques messes basses.

— Et puis ramenez la dans sa cellule. Je n’ai plus besoin d’elle.






Note HRP :
Ces textes sont en cours de traduction vers l'Anglais, grace à notre cher ami Nilstilar Thorec. Un grand merci !
J'en profite aussi pour remercier de nouveau les homins de l'ombre qui se cachent derrière l'écriture de ce voyage, spécialement Finaen, mais aussi Drumel et Pavor, de l'équipe lore. Ils nous guident dans la découverte des Anciennes Terres, relisent, imaginent et commentent nos différentes étapes.
En passant : les notes que nos personnages écrivent dans leurs journaux ne sont pas toutes écrites ou publiées. Pour avoir leur teneur, il faut s'inspirer des textes narratifs.

OOC note :
These texts are being translated to english, thanks to our friend Nilstilar Thorec. A very big thank you !
I also take this opportunity to thank again the shadow homins who are behind the writing of this journey, especially Finaen, but also Drumel and Pavor, from the lore team. They guide us in the discovery of the Old Lands, reread, imagine and comment our different steps.
By the way: not all the notes our characters write in their journals are written or published. The content of these notes is inspired by the narrative texts.

Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#51 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
— Liberté, fit l’homin à voix basse

Eeri ouvrit de grands yeux en direction de la silhouette casquée qui venait de se glisser dans l’encadrement de la porte. C’était la nuit. Les gardes l’avaient laissée pieds et mains attachés, en position assise.

— Je suis Arma Rapide. Tu peux m’appeler Aride.
— Ocyx Rebelle, répondit la fyrette émergeant de son demi-sommeil, sans trop réfléchir.
— Nous savons.
— Liberté, répéta-t-elle, incrédule.

L’homin entreprit de détacher Eeri, alors qu’elle reprenait ses esprits, encore somnolente.

— Ils veulent me tuer, c’est ça?
— Non, mais ils comptent bien te garder longtemps ici. Ça revient au même. Parfois, nous changeons d’endroit en urgence, et il peut arriver que l’on oublie des prisonniers.
— Et c’est si simple de s’échapper?
— Non. Mais on ne pense pas qu’il y ait d’autres espions à Citadelle, pour l’instant. La garde s’est un peu relâchée, par chance.
— Des espions de qui ?
— De ceux qui cherchent à nuire aux Maraudeurs de la Citadelle.

L’homin qui, entretemps, avait défait les liens de la fyrette, lui fit signe de se taire et de la suivre. En fermant la porte de la cellule, il ramassa un sac posé là.

— Ce qui reste de tes affaires. Je te donnerai une autre armure, celle-ci sera trop voyante.
— …akep
— Ton compagnon est libre, certainement beaucoup plus surveillé que toi. Il part demain escalader la dorsale.
— Je dois le rejoindre…
— D’abord, suis-moi. Tu as besoin d’un repas, et de dormir.

Eeri suivit l’homin à travers une multitude de tunnels labyrinthiques, parfois de chemins à l’air libre. Lorsqu'ils entendaient des Maraudeurs à proximité, ils s'arrêtaient et attendaient, voulant éviter de les croiser et de devoir converser. Après une bonne heure de marche, l’homin lui annonça qu’ils étaient arrivés. Il poussa une porte légèrement cachée, au fond d’un tunnel, et les deux entrèrent dans une pièce faiblement éclairée meublée d'une table et d'un lit. L’homin posa le sac contenant les affaires d’Eeri.

— Te voilà dans l’un des repères des Chercheurs d’Elias de la Citadelle.
— Donc ici aussi, il faut se cacher?

L’homin enleva son casque et sourit.

— Lorsqu’on libère en secret une prisonnière, on évite de l’emmener à la taverne.

Un matis. Pas très grand, dans la fleur de l'âge, les cheveux d’un noir profond, le regard perçant. Il lui indiqua la table un peu plus loin, sur laquelle se trouvait déjà quelques plats, et l’invita à s’assoir.

— Je reviens, dit-il. Je vais te chercher de quoi boire.

Quelques minutes plus tard, il revint, une chope de liqueur de shooki en main. L'expression incrédule de la fyrette, lorsqu'il posa la chope en face d'elle, provoqua chez le matis un sourire satisfait.

— Je me souviens bien qu’Ocyx Rebelle était une grande amatrice de shooki.
— Vous… me connaissez?

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: English translation by Nilstilar !

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#52 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Le matis s'est assis de l’autre coté de la table, en se servant un verre de quelque chose qui ressemblait, de loin, à du vin. Il en prit une gorgée et fit claquer sa langue sur son palais.

— Mange, déjà.

Eeri ne se fit pas prier. Elle prit une grande poignée de viande séchée, qu’elle engloutit aussi sec, avec une gorgée de shooki. Le regard du matis se posa un moment sur la voute de la caverne, puis il reprit la parole.

— Je te connais, sans te connaitre. Et je te dois quelques explications. Les Trytonistes sont tolérés ici. Tout dépend des Clans, on va dire. Dans tous les cas, nous sommes avant tout des Maraudeurs, mais nous n'oublions pas nos convictions. Beaucoup d’entre nous viennent des Nouvelles Terres, quelques anciens ont toujours vécu ici. Je t'ai connue quand tu n'étais qu'une jeune recrue, à l’époque. Je me souviens de la réunion que l’on avait eue, avant de te recruter. Tu sais ce que c'est, les anciens savent toujours qui ils recrutent, alors que les jeunes ne connaissent pas les plus vieux. Mais je suis parti depuis une vingtaine d’années de Jena, déjà.

Eeri écoute le matis, bouche-bée.

— …après la mort de notre chef. Ocyx Écarlate.
— Lopy…
— Lopy, oui… Ça sentait très mauvais pour nous. L’Empire Fyros avait fait tomber des têtes, alors qu’avant le Désert était encore un endroit sûr… Sa mort a été le signe que la Karavan avait trouvé sa trace, et osait agir sur le territoire de l'Empire.
— Beaucoup ont cru que ça venait du Royaume.
— Le royaume et les sujets matis sont fous, mais pas à ce point. Ils n'auraient pas été jusque là par simple vengeance. Une mort aussi subite ne peut venir que de l’une des Puissances. Nous sommes quelques anciens à avoir pris alors la décision de partir des Nouvelles Terres, après avoir rejoint les maraudeurs. Nous pensions que nous trouverions plus de réponses.

Eeri repose sa chope et la nourriture qu’elle a en main.

— Je suis désolé, continue Aride. Tu ne t’attendais sans doute pas à entendre parler de ça ici. Je sais que tu le connaissais bien.
— J’ai eu une enfant de lui… Née après sa disparition... J'avais peur, je l'ai cachée. Enfin… Je l’ai confiée, mais l’homine qui devait s’en occuper a disparu. J’avais peur.
— Ça a été un bouleversement pour beaucoup d’entre nous.

Après quelques minutes de dialogue, Aride se leva et reposa son verre de vin.

— Maintenant, essaie de manger et de te reposer.
— Cet endroit est sûr, demanda Eeri?
— Oui. Nous avons repris ici nos vieilles habitudes d’aménager des cachettes par endroits. C’est aussi pratique, à cause des kitins. Il y a beaucoup de cavernes, à Citadelles. Si les sbires de la Régente nous cherchent, ils leur faudra deux jours pour tout retourner.
— Qui ça ?
— La Régente. Elle administre la Citadelle et aide les Clans à s'organiser contre les Kitins.
— C'est donc la cheffe des Maraudeurs ?
— Non, les Maraudeurs n'ont pas de chefs.
— C'est ce qui me semblait oui. C'est peut-être même elle qui m'a interrogée... Enfin, bref. Akep. Vraiment.
— Ne me remercie pas trop vite. J’ai du assommer et attacher l’un des gardes pour te libérer. Ça veut dire qu’ils vont te rechercher, dès qu’ils s’en rendront compte. Avec un peu de chance, après le départ de ton compagnon.
— Ils le laissent donc prendre la route de Coriolis?
— Oui. Par le sommet de la dorsale.
— Il penseront sans doute que je ne le suivrai pas. Nous sommes fâchés. Mais je le suivrai.
— Si c’est ce que tu veux, tu n'auras sans doute que peu de répit après son départ. De toute façon, dans ton cas, rester à Citadelle serait du suicide. Demain matin, je t’amènerai une autre armure, tu passeras plus inaperçue. Maintenant, je vais devoir te laisser et rejoindre ceux de mon clan, avant que mon absence ne paraisse suspecte. Sois prête à l'aube.

Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans).

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#53 Multilingue 

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Azazor finishes crossing the rope bridge that connects two cliffs of the great ridge. A very rudimentary bridge. A rope at the top to hold on to and a rope at the bottom to put his feet on. Obviously, impossible to cross with a mektoub.

Carrying all his stuff on his back since his departure from The Citadel, the climb was a hell. Between stairs carved in the bark, ladders most of them extremely worn, ropes to pull oneself up with the strength of arms and legs, and now this izam bridge as they call it, because many izams like to perch there. Yes, he knew it was going to be hard, but not that hard. He hadn't had this much trouble since crossing the Verdant Continent, when he had to climb big roots with the mektoubs. Such a crossing would be for him so easy today… That time seems to him so distant. He was still with Eeri then, he was still trusting her...

He sits down for a moment to catch his breath. No kitins on the horizon, unlike yesterday when he had to wait several hours because a group of kirosta were blocking the road. He had taken the opportunity to study them in the distance. They didn't seem to be very different from those that one can meet in the desert, except by their size: all of them were at least as big as Nymton. So he had not tried to confront them as he could have done in the New Lands. Who knows how fast they could run and especially how much damage their blows could make. And maybe their poison was more powerful. He should have asked the Marauders before leaving them. In any case, they didn't fit the description of the Flamboyants he had been given. They must have been classic kitins, just a little bigger and more dangerous, like almost all the animals here...

Opening his bag to take out something to eat—some dried varinx meat—he finds Eeri's notebook that he had brought with him. He flips through it mechanically while chewing his meat without pleasure. Then he puts the book down, picks up his own journal and begins to write.

Azazor's logbook
I've been climbing for hours. Now that I can finally settle down, I have to go back to that evening spent with the Marauders, the last one before my climb. It was a shock, one can say so. The group I had accompanied until then had to settle in one of these semi-permanent camps I had been told about. I was invited to share a meal and to sleep there before my departure the next day.

We had gathered in a kind of particularly gigantic cave to which one reached after having followed many tunnels dug in the cliff. The entry in the cave was through a narrow tunnel after the climbing of a tumulus blocking the entry. It was explained to me that the entrance was once much larger, but a landslide had been deliberately set off to block the entrance during an epic battle against the kitins. It was while telling me about this battle that I heard for the second time, after Barmie Dingle, about the Flamings. Contrary to what I had believed, not all Flamings were kitins of the kipesta species. In fact, this name "Flamings" is given to the whole new generation of red kitins that appeared in the desert, and it is the term "red dragons" that specifically designates the kipestas among Flamings, for their fire is particularly destructive and their abdomen bristled with spines. During the said battle, many Marauders had perished trying to defend the entrance to the cave where many of them had taken refuge. Since then, the cave has become a symbol for many. The Flamings had continued to multiply, making access to the desert almost inaccessible. The Marauders said that the Karavan was hunting them down and targeting them first.

Inside the cave was a huge camp, visibly less rustic than the previous ones. There was a sort of infirmary in a tent, a kitchen area stocked with enough food to feed an entire regiment, a stable full of mektoubs, hundreds of beds dug into the walls and even some sort of tubs filled with water for washing. Here and there, a few devices and tools reminded me that the Marauders had mastered a rather advanced technology, linked in some way to the Powers.

High on the walls, one could see several holes connected by walkways. There must have been other rooms behind the walls and on several floors. It was a real miniature city, lit by the glowing of gigantic braziers. One of the Marauds of the company, probably a little too talkative, explained to me that there was also an armory, laboratories and a library somewhere, hidden in this maze of tunnels connecting them to the cave, which served as the main reception hall.

But what surprised me the most were the children. Until then I had imagined The Citadel as a huge battlefield, and yet here I found children, old people, a whole bunch of homins that I had not expected to find here.

Finally, I understood that this cave was used as a resting place, but also as a research area and a place to fall back in case of massive attacks, as it happened sometimes. These few spaces were in fact the only stable areas of The Citadel. The nerve centers of this movable city, reconfigured with defeats and victories. However, there was no guarantee that the kitins would not succeed in taking these places, as had already occurred a few times. Everything was designed to be easily moved, as evidenced by the shape of the furniture and the many mektoubs equipped as if they were on departure.

The evening was enriching, especially on a cultural level. As I watched them laughing with their loved ones, talking about their last day, helping each other with daily duties, playing music and dancing, I realized that these Marauders did not fit our idea of them. Their ability to create moments of life for themselves, while a few dozen kilometers to the east, a gigantic swarm of kitins threatened to swoop on the Oflovak Road, generated in me confused emotions. Respect, but also a strange sense of pride. As I watched these Marauders, I remembered that the first of them were Fyros. Fyros who decided not to flee from the kitins, but to fight to keep their homes, and who were still fighting today. I even felt some anger at the Empire of the time of Cerakos II, which had abandoned its people to flee from the kitins.

To my surprise, that evening, many of them shared moments with me. Their friendliness surprised me. Of course, they considered me as a stranger, and kindly told me not to insist, when I asked them about their links with the Powers and if I could consult the books in the library... For the rest, they seemed happy to share this evening with someone coming from so far away, and asked me a number of questions. Especially since this time the stranger was not a Ranger! I was a stranger among strangers. I also believe that they respected me very much for undertaking such a dangerous journey to carry out my research. As in Fyros society, Courage, Honor and Truth were strong concepts in Marauder society.

Yet, several hundred kilometers to the west, Akilia was waging a dirty war against the nations of the New Lands, not hesitating to recruit criminals and commit terrorist acts. Why such a difference? I dared to ask the question to one of my hosts who expressly ordered me, in a low voice, to change the subject. A Fyros who was passing by our group at that moment heard my question and launched into a violent monologue defending Akilia's policy. Then, raising his head towards a footbridge above him, he turned around and walked away while mumbling. I raised my head and saw that some guards had stopped up there to watch us. So, from what I could see, at The Citadel pro- and anti-Akilia people stand alongside. Though, probably, many don't take sides. Like my hosts who, visibly uncomfortable, hastened to change subject.

A Tryker told me later, under the tone of confidence, that if the pro Akilia were present in minority in The Citadel, and frawned upon by many—because suspected of fomenting conspiracies—they were nevertheless admitted in these places. First, because many of them were members of the oldest clans, from the Melkiar era, and were among the most powerful and feared Marauders. Second, because conflicts between the various clans had always been commonplace, and it was implicitly understood that no dissension should ever endanger Marauder society. Thirdly, because The Citadel was the home of all Marauders, and to be permanently banished from it was the heaviest punishment of all... The Tryker added, however, that what was most important, and what everyone agreed on, was the fight for survival and against the kitins. To imagine that the Marauder society owes its cohesion, and thus its existence, to the presence of a monstrous swarm at the gates of The Citadel, seemed sadly ironic...

Finally, I ended my evening by telling some children the History of the Cult of the Great Dragon. It was a real delight to see their eyes both amazed and terrified at the adventures of Liriope. I never thought I would find children here, so close to danger. I thought they would all be in Sentinel, but that was a mistake. The Citadel was the heart of the Marauder people, the place where life was beating. And when I saw these Marauders children, I thought of my own...

Uzykos...

He drops his arma thorn and puts down his logbook, suddenly worried.

So he has a son. A Fyros. A redhead. A real one. And there he is, thousands of miles away from him. This time, he can't blame Eeri for keeping that from him. What would he have done if he had known before leaving? He couldn't have brought himself to abandon him, and yet... Yet... At least the lack of thatinformation had come in handy. Eeri was right on this point. Not every Truth is right to be told.. At least at the moment, she could have added.

Of course, he has qualms about having left her in the hands of the Marauders. But what could he do? She had lied to them, she hadn't play fair. There was nothing he could do about it. And it wasn't for lack of him warning her.

His mind escapes towards the horizon. From where he is, he cannot perceive the desert of his ancestors. He still has many cliffs to cross before he finds himself at the top of the ridge and hopes to see what lies beyond. But already, he begins to feel something. Like a sort of nagging call, Fyros voices flying in the wind... voices that are more and more real. Which call to him, Azazor!

Turning around, he sees Eeri at the izam bridge, closely followed by three Marauders obviously in pursuit.

- Aza, pass me your axe!
- My axe ? Wh…

His gaze rests on his axe, his faithful "Courtesy", the only weapon with his hatchet "Politeness" that he has brought on this insane journey. In a daze, he takes the big axe with both hands and approaches the izam bridge while Eeri is still halfway. One of the guards starts to step on the bridge while the others yell at Eeri to stop if she wants to live. Azazor raises his axe above him, ready to strike as soon as Eeri is within reach. He's so close to his goal that there's no way she's going to ruin all up. Eeri gives him a frightened look but continues to advance on the bridge, swinging at the same time to make fall the guard who clings on and shouts even more to the homina. Arrived near Azazor, she throws herself behind him in a roll. This one then crushes his axe... on the ropes of the bridge which breaks, making fall the guard still hung in front of the exorbitant eyes of the two others who waited on the other end of the bridge. The two adventurers don't take the time to translate the insults shouted in Marund. Azazor hurriedly picks up his stuff before leaving on a fast walk towards the next part of the itinerary while Eeri stands up incredulous and follows the Fyros without a word.

After one hour of walking with no word exchanged it is Eeri who decides to break the silence.

"akep! I thought you were going to..."
"I was going to do it. Don't you dare believe otherwise."
"But you didn't."
"dey."
"And you cut the ropes of the bridge! Why?"
"I need you still," he says with a growl.

He then throws one of his two bags to the ground. Eeri picks up the bag, smiling. Azazor's grunt bodes well. She has gotten to know him over the years. It's when he doesn't growl that you have to worry. They will need a few more days to finish their climb and reach the plateau of the ridge. From there, they will head east to reach the edge and follow it.

Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#54 Multilingue 

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Journal de bord d'Eeri

Azazor m’a rendu mon journal. Et m’a sauvée.
Ce n’est pas la première fois que j’écris ça, mais j’avais de nouveau perdu espoir de réécrire ici. Et une fois de plus, on s’en est sortis. Il faut croire que quelque chose veille sur ma vieille peau. Une puissance? Ou la chance, simplement. Comme à la roue de ce bon vieux gubani toujours plus fortuné.

Les maraudeurs lui ont donc rendu mes écrits. C’est dire qu’ils lui faisaient confiance. Pas comme à moi. Et par ma faute, on se retrouve comme des fugitifs, en haut de cette montagne.

Il a sans doute lu.

Mais je vais réécrire depuis le début, depuis notre arrivée à Sentinelle.
Nous avons été arrêtés par les maraudeurs, nombreux et lourdement armés. Séparés, privés de nos affaires. Il me semble qu’ils aient très vite mieux traité Azazor que moi… Et ils m’ont posé des questions idiotes. De quel clan je fais partie. Là, j'ai compris que mon cristal posait problème. Ce que je fais là. J’ai cru que je pouvais jouer à la plus fine avec eux. Mais pas moyen d’entendre parler du clan des Arpenteurs d’horizons. Résultat, ils m’ont transférée à Citadelle, attachée, avec le convoi qui emmenait Azazor. Détaché et libre, lui. Arrivée là-bas, ils m’ont pendue par les pieds dans un placard à balais. Si j’avais eu une hache à portée de main, je t’aurais fait une bouillie de maraudeurs… La tête en bas, je ne sais combien de temps. Quelques heures, quelques jours? Ils m'ont finalement emmenée pour être interrogée par plusieurs maraudeurs. Sans doute haut-placés, peut-être même celle qui administre la Citadelle, la régente, comme ils l’appellent. Mais je me demandais pourquoi mon cas les intéressaient plus que ça. Il semble que les maraudeurs s’espionnent entre eux, et que les clans se tirent dans les jambes pour récupérer un peu de pouvoir, faire valoir leurs opinions. Ils m’ont peut-être prise pour l’une de ces espionnes. Là, avec eux, j’ai joué franc-jeu, et dit toute la vérité. Je ne saurai jamais si ça à marché, s’ils m’auraient libérée ou tuée. D’après ce que j’ai compris plus tard, j’aurai sans doute été oubliée dans une cellule jusqu’à ce que je meure de faim, les maraudeurs ayant d’autres kitins à fouetter.

Et il s'est réellement passé ce à quoi je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout...
Je pensais peut-être qu'Azazor, ayant arrangé les choses pour moi, allait arriver avec des gardes pour me faire libérer avant de reprendre la route. Enchaînée comme j'étais, je ne voyais pas d'autre échappatoire possible. Mais c’est Aride qui est arrivé. Un homin casqué, seul. Je compris après qu’il n’avait pas agit seul, mais je ne fus en contact avec nul autre. Il a assommé un garde, ouvert la porte, m’a délivrée. J’aurais pu tomber amoureuse, s’il ne s’agissait pas d’un matis, et plus tout jeune. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. Il m’a dit connaitre mon nom, mon goût pour la liqueur de shooki - il m'en a même offert une. Je n’ai même pas eu la présence d’esprit de m’intéresser à sa provenance, mais j'ai cru comprendre que c'était plutôt quelque chose de rare à Citadelle. Il est tout à fait pensable que ce savoir-faire soit revenu des Nouvelles Terres, et qu'ils en produisent un peu, quelque part dans un camp du désert morcelé.

Aride, Arma Rapide, Maraudeur et Chercheur d’Elias, exilé dans les Anciennes Terres depuis une vingtaine d’années de Jena. Il m’a montré son visage, chose que les Trytonistes ne font normalement pas, chez nous. Il ne m’a pas donné son vrai nom, et je ne l’aurais de toute façon pas demandé. Il m’a donc connue alors que j’étais une jeune légionnaire qui se posait des questions et venait de tourner le dos aux kamis. Il a surtout connu Lopyrèch… Icus, mon mentor, mon ami. Celui qui a fait de moi une chercheuse de vérité, celui qui m’a fait ouvrir les yeux sur tant de mystères, sur tout ce que les puissances nous cachent… Le seul autre fyros, avec Azazor, auquel je me suis abandonnée... Une fois, l'alcool aidant. Encore une chose que je n'ai dite à quasiment personne, tiens... Et ramèch, voilà le résultat. Une fyros qui abandonne ses mioches et qui ment comme elle respire. Lopy... Si tu étais encore de ce monde, tu me mettrais une paire de baffes bien pires que celles qu’Azazor a envie de me coller tous les jours. Et tu aurais bien raison. Ou tu me dirais simplement de cacher la vérité plus intelligemment... Je me rends compte que si c’était utile sur les Nouvelles Terres, là ou les Puissances nous traquent, là ou nous faisons tant de cas des jeux de pouvoirs insipides entre les nations, c’est quelque chose de totalement stupide et inutile ici, en l’absence des Puissances et des pouvoirs politiques. Mais lorsque je réfléchis à ce que je peux répondre à une question, ne sort de ma bouche que l’option la plus improbable et mensongère… Je dois changer ça.

Je dois donc ma liberté à ce matis. Il a même pris le temps de récupérer mes affaires, et de me fournir une autre armure de maraudeur, bleue. Celle que j’avais en arrivant aurait trop attiré l’attention. Il m’a donnée une pique et un bouclier, en plus de ma hachette et de mes amplificateurs qu'il avait pu récupérer. Une pique ! La seule arme efficace contre certains kitins. J'avais cassé la dernière dans je ne sais plus quel combat. Des vivres, de quoi tenir quelques jours. Il n’a rien demandé en échange, je n’aurais pas pu lui offrir grand chose. Si ce n’est de faire vivre la croyance d’une hominité libérée. Nous sommes partis au petit matin de la cache ou il m’avait amenée et avons repris ce jeu de cache-cache avec les kitins et les patrouilles de maraudeurs. Je ne m’attendais pas à ça de Citadelle. Ce n’est pas une ville, c’est un champ de bataille, ou se déroule une guerre permanente avec les kitins. Les Maraudeurs ici sont presque les Rangers de chez nous, le coté j’aime tout le monde en moins. Ici, c'est marche ou crève, c’est la porte qui retient l’enfer du prochain essaim derrière les montagnes. Bon, je ne dois pas exagérer non plus. Il m'a aussi dit que Citadelle regorge de lieux de vie : des auberges, des écoles, des lieux d'entrainement, des armureries... Ils habitent ici, mais tout a été conçu, au fil du temps, pour être déplacé facilement et rester à l'abris des Kitins. Ils ne m'ont pas proposé de visiter, je lui ai répondu, en riant.

Avant de partir, il me raconta aussi son voyage pour arriver ici. À peu près le même que nous avons fait, mais avec un groupe plus large aux origines assez disparates. Ce qui ne l'empêcha pas de voir plusieurs de ses compagnons tomber, notamment pendant la traversée de la Mer de Bois. Lorsqu'il arriva, l'ancien Sujet du Royaume qu'il était du servir plusieurs années à l'Avant-Poste de la Falaise Nuageuse, avant de pouvoir être considéré comme digne de confiance et d'être autorisé à rejoindre leurs rangs. Après ça, finalement, il a pu rejoindre la Citadelle. Certains de ses compagnons sont toujours ici, quelques-uns, surtout les plus agés à l'époque, étaient restés sur l'île d'Oflovak.

J’ai aussi appris une chose très intéressante. J'avais compris que les maraudeurs utilisent des objets de la Karavan, pillés sur les croiseurs abandonnés par exemple, pour faire fonctionner leur propre technologie. Comment, ça reste à découvrir, mais le contact que j'ai eu avec eux ne va pas m'aider à en savoir plus. En revanche, ce que je ne savais pas, est que la Karavan est encore présente dans la zone, d’une certaine façon. Peu au sol, mais surtout depuis le ciel. Aride m’a expliqué que parfois les vaisseaux de la Karavan attaquent les Kitins. Ils appellent ça une "frappe" ici. De puissants sorts, envoyés depuis leurs vaisseaux situés vraisemblablement au dessus de la canopée. Sans doute quand les kitins sont trop concentrés à un endroit, parfois juste devant les portes de Citadelle. Ou, le plus souvent, dirigé contre certains spécimens en particulier, ces fameux flamboyants dont nous avions entendu parler.

Aucun kami dans la zone, en revanche, m’a dit Aride. En tout cas, pas qu’il sache. Il se raconte que du temps de Melkiar, certains chefs de clans avaient eu des contacts avec eux, mais c'est devenu presque une légende, de nos jours. Non pas que cela me surprenne, ça vient même confirmer pas mal de vieilles théories. Mais que la Karavan essaie encore et toujours de contenir les kitins, avec les maraudeurs, est une information étonnante. Parfois, m'a t-il dit, des agents Karavan sont aperçus à Citadelle, lors de certaines réunions importantes le plus souvent réservées chefs de clans. Nul ne sait, à part sans doute ces derniers, si ces ambassadeurs demeurent en permanence à Citadelle. Il me laissa aussi entendre, sans vouloir en dire plus, que la technologie des Maraudeurs était en partie liée à celle de la Karavan.

Alors, j'ai demandé... S’il n’étaient pas là, les maraudeurs arriveraient-ils à retenir les Kitins? Travaillent-ils vraiment ensemble? Il me semble que sa vision de la Karavan n'était plus celle que nous, Chercheurs d'Elias pouvions avoir dans les Nouvelles Terres. Mais Aride n’a pas vraiment pu m’en dire plus, nous étions déjà en retard pour assister au départ d'Azazor.

Puis quelque chose a sans doute mal tourné. Son plan était de suivre le convoi d’Azazor, et lui laisser quelques heures d’avance. Comme il l’avait prévu, les gardes qui l’avaient accompagné jusqu’à ce chemin escarpé étaient restés là un moment après le départ du fyros, et lorsque celui-ci ne fut plus en vue, ils se dispersèrent dans les anfractuosités du canyon. Après quelques secondes, du point d’observation où Aride et moi étions positionnés, il nous fut impossible détecter la présence d’un seul homin. Le matis semblait tendu. Nous avons encore patienté, puis il m’a indiqué le chemin à prendre, me disant qu’il allait me suivre à distance. En faisant attention à ne pas me faire voir. "Si quelque chose tourne mal pour moi, cache-toi, et laisse moi gérer. Nous ne nous en sortirons que si l'on ne me voit pas avec toi. Si tu es repérée... cours. Je verrai ce que je peux faire". Je lui ai demandé de partir dès maintenant, de se téléporter s’il pouvait. Il avait assez pris de risques. Il m’a fait oui de la tête sans vraiment répondre ce qu’il allait faire. J’espère qu’il n’a pas eu de problèmes. Puis après l'avoir remercié une dernière fois, je suis partie dans la direction qu’il m’avait indiquée.

Après quelques minutes, alors que j'allais traverser une zone relativement découverte, un brouhaha a commencé à se faire sentir, semblable aux nuées de kitins que j’avais pu voir quelques jours plus tôt. Je me suis cachée comme j’ai pu dans une anfractuosité de sciure, et j'ai attendu un bon moment, essayant de ne pas paniquer, que le brouhaha passe. Ça a duré, et je me suis perdue dans mes penséses... Et si ma libération compromettait la sécurité des Trytonistes de Citadelle? Et si, par ma faute, l'attention se portait sur eux, au point qu'ils soient incriminés? Lorsque je suis sortie de mes pensées, le bruit avait cessé.

En ressortant de ma cachette, malgré mes précautions, je suis tombée nez à nez avec un maraudeur, seul, et armé d'une lance. Mon clan, ce que je fais ici ? Je n’ai pas menti, et lui ai dit que je me cachais des Kitins, en ramassant ma pique pour feindre de la remettre sur mon dos. D'un mouvement vif, je la lui ai alors plantée en dessous du casque, droit dans le cou. Un coup sec, fatal, pour un homin qui ne s’y attend pas. "Avec les amitiés d’Akilia" j’ai dit en frappant, sans vraiment réfléchir. Son corps s’est dématérialisé. Toub de toub… Sur le moment, je n'avais rien trouvé de mieux pour détourner leur attention. S’ils pensent que je suis une espionne du clan des cendres, ils en oublieront peut-être les Trytonistes.

Il m'a fallu plusieurs heures d'escalade avant que je ne puisse voir Azazor, de loin. Le bougre s'en sort pas mal, je dois dire. Il est bien plus en forme qu'au début de notre voyage. Je suis restée à distance, pour qu’il ne me voit pas. Pas encore. Je devais lui laisser un jour ou deux d’avance. Par chance, il semblait ne pas regarder en arrière. Lorsqu'il a établi un camp pour la nuit, j'ai essayé de dormir à même la sciure dans une crevasse de la falaise, réfléchissant à comment arriver devant lui. Que pouvais-je lui dire... Pour dédramatiser, maintenant que Citadelle était derrière nous, je pensais à... "Aza ! 'ren pyr, ça marche la grimpette?" "C'est vivifiant ici, tiens. On se fout des avoines maintenant ou on garde ça pour plus tard?".

Il faut croire que je réussis toujours mes arrivées. Le lendemain, il prit une pause après sa traversée hasardeuse d'un pont de corde. J'attendais de l'autre coté qu'il veuille bien re-démarrer, toujours pour lui laisser de l'avance. C'est alors que j’ai réalisé, par chance car j'essayais de me cacher de lui, que quelques maraudeurs escaladaient plus bas, après moi. Ils m'avaient vue, et espéraient m'atteindre sans bruit. Je n'avais aucune chance de me cacher ni des uns, ni de l'autre. Le combat n'était pas une bonne idée, je me suis donc élancée pour traverser le pont avec mon barda sur le dos. Azazor était surpris, j'ai cru qu'il allait m'envoyer par le gouffre. C'était eux, ou moi. Mais il a attendu que je traverse, avant de donner un grand coup de hache dans les cordes du pont pour le couper.

Il a sans doute lu.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#55 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Les deux aventuriers sont enfin arrivés tout en haut de la dorsale. Alors qu'ils se dirigent vers la bordure du plateau à l'est, Eeri pousse un soupir. Cela l'embête de relancer le sujet, mais il faut crever l'abcès.

- Bon, tu peux me l'avouer maintenant, t'as lu mon journal?

Azazor pousse un grognement mais finit par répondre oui dans sa barbe. Il ne l'a plus taillée depuis leur arrestation par les maraudeurs, lui donnant une allure d'ermite un peu illuminé.

- Donc tu sais pour... Uzykos?

Eeri prend soin de peser ses mots, s'attendant à tout moment à un accès de colère comme le gros fyros en a l'habitude. Cependant, sa réponse est particulièrement posée, ce qui est inquiétant.

- ney, je sais.
- ça a un rapport avec le fait que tu as coupé ces fichues cordes du pont d'izam?

Le fyros ne répond pas, continuant sa marche vers l'est. Eeri ne préfère pas insister. Elle sait déjà une chose, il a lu ses notes. Et c'est pas plus mal finalement.

Une heure plus tard, Azazor s'arrête. Eeri croit alors qu'il va enfin lui en dire plus. Au lieu de ça, il reprend sa marche mais lentement et finit par se figer à une vingtaine de mètres. Eeri le rejoint prudemment, ne sachant trop à quoi s'attendre. La vision qui s'offre à elle est tout bonnement monstrueuse. D'où ils sont, ils peuvent enfin voir le sol en contrebas à l'horizon. Un sol rouge et mouvant. Encore quelques centaines de mètres, et ils sont au bord de la falaise. Tout en bas, on distingue à peine le sol. Celui-ci est littéralement recouvert de kitins. On peut remarquer des endroits plus denses en kitins que d'autres, mais où que porte leur regard, tout n'est qu'invasion rampante.

Azazor tourne son regard vers la fyrette. La peur se lit sur son visage. La peur mais aussi... l'excitation. Car ce qu'ils voient en contrebas, c'est aussi la terre de leurs ancêtres. Ils y sont enfin arrivés. Ils voient pour la première fois ce que peu d'homins des Nouvelles Terres ont déjà vu: l'ancienne terre des fyros.

Ils restent assis là une bonne heure, les jambes dans le vide, à contempler le paysage qui leur rappelle celui des dunes impériales, une marée de kitins rouges en plus. Quand Azazor prend enfin la parole.

- Eeri?

Celle-ci lève les yeux de la marée grouillante de kitin.

- Hein, quoi?
- Si je t'ai aidé avec les marauds qui te poursuivaient, c'est bien à cause d'Uzykos. Je ne veux pas qu'il grandisse comme moi sans connaitre sa mère.

Il pointe un doigt plein de menace vers Eeri.

- Alors t'as intérêt à survivre.

La fyrette sourit et hoche la tête.

- De toute façon, je te préviens, si tu survies pas, je te tue!

A ces mots, il éclate de rire, suivie aussitôt par Eeri. En bas, les kitins continuent de grouiller, occupant les terres qui furent jadis celles des fyros.

Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#56 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Eeri surgit de derrière un grand morceau d’écorce et lança sa pique, qui toucha sa cible au poitrail. Sans attendre, elle s’élança en sortant une dague de sa ceinture, rattrapa la pique de sa main gauche et fit pivoter le manche vers le haut, afin de faire tomber l’animal au sol. Elle acheva le capryni d’un coup de dague, en grimaçant un peu. Puis, l’attrapant par les pattes arrières, elle le traîna sur une centaine de mètres, en direction d’Azazor.

— Azazor, prépare un feu! On va se gaver de barbaque!

Le fyros s’exécuta aussitôt, avec le peu de bois qu’il avait pu trouver. Il avait faim,ça faisait bien deux jours qu’ils n’avaient pas vu la trace d’un animal.
Dès que le feu commença à prendre, il posa sa cuirasse dessus afin de faire cuire les tranches de viande que découpait Eeri. Après ça, elle fit pendre à sa pique de fines lamelles découpées dans les parties grasses, et positionna l’arme horizontalement à proximité du feu. Une façon assez rapide de faire sécher la viande pour pouvoir la conserver quelques jours, espérait-elle. La tâche aurait été plus facile à la lumière naturelle, mais la zone était fraiche, à l'ombre de la canopée, et le soir arrivait.

Les deux mastiquaient en silence, profitant du repas. Dès qu’Eeri eut terminé, elle se leva.

— Nous n'avons pas assez de bois pour terminer de faire sécher la viande. Je retourne essayer d'en forer.

Sans attendre, elle empoigna sa hachette, la pioche qu’Azazor avait encore, par chance, et s’éloigna.

Le fyros était assis à mâchonner le reste de son repas. Il observait la canopée au dessus de lui, d’un oeil un peu rêveur. La végétation qui couvrait certaines parties et pas d’autres, la façon dont certaines racines semblaient se reposer littéralement sur d’autres, comme si par leurs enchevêtrements complexes, elle s’entraidaient pour ne pas s’effondrer. Puis il suivait des yeux les entrelacs jusqu’à l’horizon, espérant apercevoir les endroits où l’écorce et la canopée se rejoignaient. À vue d’oeil, estimer la taille des différentes canopées était difficile, même d’où ils se trouvaient. Il se rapprocha un peu du feu. Tant ils avaient eu chaud durant leur ascension, ce qui contrebalançait les nuits fraiches, la zone qu'ils venaient de traverser était en permanence à l'ombre de ce grand pan de canopée. Ils s'attendaient à une nuit glaciale.

Passer par le haut de la dorsale était certes la meilleure solution pour aller en direction de Coriolis. En revanche, ils ne pouvaient transporter que peu de vivres, leurs mektoubs étant restés à la Citadelle. L’altitude et le chemin escarpé, ou plutôt, l’absence de chemin et les crevasses, rendait la probabilité de croiser des Kitins presque nulle. Au plus avaient-ils aperçu un ou deux kipestas, à flanc de colline, en contrebas. Mais très vite ils se rendaient compte qu’ils ne croisaient aussi que peu de gibier. Le capryni qu’Eeri venait de chasser était un miracle inattendu. Ils n’avaient, depuis leur départ, capturé tout au plus qu’un ou deux Yubos plutôt maigres et déshydratés.

Lorsqu’Eeri revint avec un peu plus de bois, elle commença par consolider le feu et en rapprocher un peu la viande à faire sécher. Restant accroupie là, près du feu, elle regarda Azazor, et sourit. Pour la première fois depuis des jours, il semblait reposé et détendu.

— Je dois te raconter comment je m'en suis sortie.

Azazor, détourna ses yeux de la canopée pour regarder le feu, et répondit.

— La question que je me pose, c’est comment on va revenir. Il est hors de question de repasser par la Citadelle, et je ne pense pas qu’ils re-construisent ce pont de corde de sitôt. D’autant que je ne serai pas bien reçu non plus…

Eeri continua en ignorant ces nouveaux bougonnements d’Azazor.

— C'est grace un ami de Lopyrèch. Il m’a connue quand j’étais jeune.

Azazor frissona en entendant ce nom, sa mâchoire s'arrêta lentement de mastiquer et ses yeux s'écarquillèrent. Il resta quelques secondes en silence, comme pour se convaincre qu'il avait bien entendu.

— Il t’a libérée?
— ney. Il a pris beaucoup de risques pour ça. C’est lui qui m’a donné cette armure bleue, la mienne était trop voyante.
— Ça ne les a pas empêchés de te repérer et te poursuivre.

Eeri raconta sa captivité et son évasion, en effleurant le sujet des convictions Trytonistes de son libérateur.

— Tu es sure que c’est tout?

La fyrette regarda le feu, hésita un moment, puis continua :

— J'avais pas fini. J’ai du tuer un maraudeur, avant de pouvoir escalader. C’était lui ou moi… Il s’est dématérialisé et a sans doute donné l’alerte. Je pense qu’ils croient que je suis une espionne d’un autre clan maraudeur. Ils doivent sans doute considérer que toi aussi, maintenant.
— Je ne pense pas, mais ça compliquera le retour.
— On s'en sortira. On trouve toujours un moyen.

Eeri recommença à s'occuper de la viande qui séchait là, alors qu'Azazor reprenait doucement ses bougonnement.

— D’ailleurs... Tu as toujours ton cristal?

Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#57 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Journal d'Eeri
J’ai tout dit à Azazor. Plus de mensonges. De toute façon, je n’ai plus rien à lui cacher… Je n’ai plus grand chose en ma possession. Ils ont tout pris. Toutes les expériences que j’avais prévues, envolées. Plus de poison, afin de tester si la réaction des kitins ici est la même que dans les Nouvelles Terres. Plus de goo, plus de casque filtrant, et ce n’est pas ici que je vais réussir à en reconstituer. Plus de fioles vides, je ne pourrai pas non plus ramener d’échantillons sensibles… On oublie les poisons et sécrétions de kitins locaux, ou autres résidus que je pourrai trouver à Coriolis. De toute façon, j’aviserai… Il faudra bien du courage pour transporter quelque chose de plus, sans avoir de mektoub…
Un miracle que je puisse encore écrire, et que mes carnets de notes me soient revenus. Les maraudeurs les ont copiés, d'après Azazor. Au point ou on en est, tout aurait pu être pire.

Je n’ai même pas demandé à Azazor pourquoi il n’avait rien dit, rien fait, pour me sortir de cette situation de ramèch. Je lui dois bien ça. Il avait ses raisons, que je respecte. J'ai merdé. Je n’aurais peut-être pas du écouter Mazé’Yum, mais sans lui, sans ce cristal, j’aurais vraiment terminé dans le ventre d’un monstre des eaux de la grande flaque. J'aurais peut-être simplement dû lui en parler. Qui a raison, qui a tort… Nous faisons bien de laisser de coté ce qui a pourri nos relations depuis qu’Azazor a découvert ce flacon de poison, il y a si longtemps déjà.

Qui avait dit que passer en haut de la dorsale serait une partie de plaisir? Le chemin que nous avons emprunté pour arriver en haut a certes été façonné par des homins par le passé. Mais arrivés en haut, quasiment plus rien. Nous avançons comme nous pouvons, évitant les crevasses, parfois obligés de faire un détour de quelques kilomètres pour traverser. Et parfois, un escalier ou une échelle sont installées. Peut-être que tout simplement, nous perdons la trace du peu d'aménagements qui ont été réalisés, le chemin étant si peu emprunté. J'espère surtout qu'ils n'ont pas installé de Zinuakeen plus loin, dans la direction que nous prennons. Les maraudeurs pourraient simplement être en train de nous attendre, les armes à la main... Azazor semble avoir entendu dire que seul quelques rares chasseurs de dragons rouges et quelques Rangers s’aventurent encore dans cette direction... Ils ont sans doute autre chose à faire que de nous poursuivre. J'imagine que nous ne sommes pas si important à leurs yeux.

D’après les indications qu’Azazor a reçues, il nous reste quelques semaines de marche avant de pouvoir atteindre Coriolis. Nous marchons à l’affut du moindre gibier, de la moindre plante comestible. Quand nous serons à Coriolis, il nous faudra trouver le moyen de descendre de la dorsale, très prudemment. Éviter de tomber, et éviter de nous faire repérer par les kitins. Qui sait ce que nous trouverons... Peut-être rien, peut-être la réponse à tant de questions.
Si nous ne mourrons pas de faim d'ici là.

En contrebas, nous pouvons voir l’enfer qui a envahi le désert de nos ancêtres. Lorsque nous ne marchons pas, la vue que nous avons sur le mouvement des kitins est impressionnante. Mais plus nous nous éloignons de Citadelle, plus nous pouvons voir qu'ils ne couvrent pas la zone, loin de là. Ils se déplacent en groupe, des groupes bien plus fournis que ceux que nous pouvons voir dans nos Nouvelles Terres. Mais certaines zones semblent compter moins de kitins, voir aucun. Peut-être s’agit t-il de terrains sans gibier ou nourriture? De zones que les Kitins évitent pour d'autres raisons? Se déplacent-ils de zones en zones, en fonction des saisons? En fonction de la nourrirure qu'ils trouvent? Il me semble que malgré leurs mouvements de groupes distincts, certains troupeaux de kitins on tendance à se rapprocher de la dorsale pendant la journée, et de s'en éloigner le soir. Peut-être pour trouver la fraicheur? Nous verrons, mais il nous faudra peut-être descendre vers Coriolis de nuit. Le désert s'étend à perte de vue, et nous n'en apercevons qu'une petite partie, il nous faudrait quelques jours de plus à observer ces mêmes zones pour déterminer s'il s'agit des mêmes groupes, ou si de plus larges mouvements s'opèrent. D'ici, il est aussi relativement difficile de distinguer de quelles espèces il s'agit, ni de se faire une idée sur la taille de ces régions. Nous sommes si loin du sol, si près de la canopée, sans qu'elle ne soit accéssible. Voir le monde de si haut donne une sensation mêlée, entre victoire, vertige et angoisse infinie. Et plus nous avançons vers Coriolis, plus notre impatience se transforme en fébrilité.

Coriolis, la terre de nos ancêtres, là où, en creusant, ils ont réveillé l'essaim de Kitin. Ou Fyrak, peut-être... Peut-être bien l'endroit ou les Puissances cachent leurs plus terribles secrets.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"

#58 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
Journal d'Azazor
Après quatre ans de voyage depuis Silan, nous sommes enfin arrivé à Coriolis! Ou tout du moins là où aurait dû s’ériger la cité minière. Quatre ans pour en arriver là! Nous sommes des novices, clairement. Des novices, affaiblis par des générations à vivre sous la protections des Puissances, quand des homins, maraudeurs ou rangers, ont su faire sans et réussissent le trajet Silan-Citadelle en deux ou trois cycles.

Du haut de la dorsale, en regardant en bas, il n’y a rien. Pas de bâtiments, pas même de ruines reconnaissables. Tout semble avoir été balayé par les kitins. On peut les voir au loin émerger de différents trous au niveau du sol. Il s’agit peut être des anciennes mines d’ambres, depuis complètement colonisées par les kitins. Ceux-ci forment une nuée grouillante à première vue totalement anarchique. Pourtant, cette masse se sépare ensuite en deux. Une partie converge vers quelques part au sud-est, vers ce qui est d'après moi l'ancienne forêt matis, l’autre se dirige vers la Citadelle. On dirait vraiment que Coriolis est une sorte de point de départ des kitins.

Nous savons que nous sommes au niveau de Coriolis, car, hormis cet agglutinement de kitins plus dense qu'ailleurs dans le désert, on peut encore apercevoir quelques ruines à flanc de falaise, en hauteur. L’une d’elle me fait penser à ce qu’il reste d’une tour de guet, une autre à un morceau de façade à moitié écroulée. Mais la ruine la mieux conservée est celle dans laquelle nous nous trouvons. Il s’agit d’une sorte de temple plus ou moins troglodyte presque tout en haut de la dorsale. Seule sa façade émerge de la falaise, le reste du temple étant creusé dans l'écorce. Il nous a fallu descendre un peu avec les cordes pour y accéder. La position de cette ruine, très difficile d’accès pour les kitins depuis le bas ou le haut de la dorsale explique son relativement bon état de conservation.

Il s’agit très probablement d’un temple au regard des colonnes d'ambres qui décorent la façade d’entrée. Sur le tympan, lui aussi visiblement taillé dans de l'ambre pure et finement décoré, on peut encore y lire « talum glad èt », le savoir est une arme, ainsi qu’une gravure ressemblant à s’y méprendre au tatouage des Flammes de Coriolis. Difficile de dire la fonction qu'avait ce temple. Une bibliothèque? Je les imagineais plutôt à Fyre qu'à Coriolis. Un lieu de fabrication et de restauration des cubes d'ambres peut-être comme le suggère Eeri? Ce qui ne serait pas idiot, vu la proximité des mines d'ambres.

Concernant les accès, un escalier taillé dans la falaise permettait autrefois d'accéder au temple par le bas, mais celui-ci est désormais totalement inutilisable, ne subsistant que deci delà quelques morceaux, tout le reste étant écroulé. Il devait aussi y avoir d'autres batîments plus bas à flanc de falaise, accessibles par ce même escalier serpentant sur la paroi. En se penchant, on peut encore voir quelques restes de ces bâtiments de temps à autre.

A l’intérieur du temple, on y trouve une salle principale avec un toit à moitié effondré. Tout le fond de la salle est inaccessible à cause de l’effondrement du plafond qui forme un tas de gravas bouchant les possibles pièces du fond. Seules deux portes bien conservée, sur les côtés, sont encore accessibles. L’une à gauche, menant sur une pièce entièrement effondrée sur elle même, et une autre à droite, dans laquelle je me trouve. Au sol, quelques meubles tombant en poussières, des étagères vides taillées à même l’écorce, et les restes d’un feu de camp, laissant entendre que cette pièce a déjà été utilisée dans un passé par si lointain. Par qui ? Des marauds de passage comme ce fameux clan de chasseurs de dragons rouges dont faisait parti jadis le père de Titus ? Ou par des rangers en mission d’observation? Il faut dire que depuis l’unique fenêtre de la pièce, on a une vue imprenable sur le désert et sa marée grouillante de kitins.

Avec Eeri, nous avons décidé d’excaver le fond du hall principale, pour tenter d’accéder à d’hypothétiques pièces plus au fond. S’il reste encore quelques savoirs préservés en ces lieux, ce ne peut être que derrière l’éboulement. Il nous faudra bien plusieurs heures pour espérer se créer un passage vers ce qu’il peut y avoir derrière tout ce fatras.


......


Nous avons commencé à excaver l’arrière du hall mais nous prenons une pause pour réfléchir. Un truc nous intrigue. En retirant patiemment les gravas de bois, nous avons pu remarquer que certains n’étaient probablement pas la résultante d’un effondrement mais avaient été mis là volontairement. C’est en fait un endroit précis qui nous alerte. Comme si à cet emplacement, il y avait un tunnel déjà creusé dans l'éboulement originel et rebouché ensuite avec les moyens du bord. A croire que nous ne sommes pas les premiers à creuser pour se frayer un passage, mais que les derniers à l’avoir fait ont vite eu fait de reboucher par la suite. Ce rebouchage ne doit pas dater de très longtemps. Notre hypothèse est que derrière se trouve une galerie par où peuvent potentiellement sortir des kitins et que cela a été rebouché par des homins pour assurer une relative sécurité du lieu. Pourtant, même si ce n’est pas très prudent, nous devons voir ce qu’il y a de l’autre côté.

Je crois que pour la première fois de ma vie, j’aime creuser. J’ai l’impression d’être comme ces mineurs de Coriolis qui, s’enfonçant toujours plus profondément pour chercher le Grand Dragon, tombèrent les premiers sur les kitins. J’ai beau savoir ce que l’histoire a donné, je ne peux m’empêcher de ressentir cette excitation propre à ma race de fyros, celle d’avancer, toujours plus loin, toujours plus profondément, en quête de la Vérité. S’il y a des kitins derrière, alors tant pis. Je suis prêt à mourir, ici, sur nos terres, entouré de nos ancêtres. Car après tout, le courage demeure-t-il à jamais dans les souvenirs de nos ancêtres morts au combat, ou coule-t-il encore dans le coeur des patriotes ?

Edité 3 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#59 Multilingue 

Multilingue | English | [Français]
- Aza, regarde ça!

Eeri finit de déblayer la sciure recouvrant un crâne en à peu près bon état. Cela fait plusieurs heures qu’Azazor et Eeri déblaient minutieusement ce qui ressemble de plus en plus à un tunnel creusé par on ne sait qui. Des homins ? Des kitins ? Impossible à dire. Toujours est-il que celui-ci a ensuite été rebouché. L’état du remblai ne fait aucun doute là-dessus. Les deux fyros n’ont pas cherché à déblayer entièrement le tunnel et se sont contentés de se creuser un étroit tunnel où tenir à un seul homin, allongé. A force d’aller-retour, ils se sont creusés une galerie de plusieurs mètres de long pour finir par déboucher sur une sorte de petite caverne tapissée de sciure. La caverne se termine par un autre tunnel, parfaitement ouvert quant à lui. Celle-ci ne doit pas faire partie du temple, au regard des parois qui semblent plutôt brutes. Cette caverne et ce tunnel au bout étaient-ils déjà là lors de la construction du temple par l’Empire fyros ? Ou ont-ils été construits par la suite, le tunnel menant on ne sait où ? A moins que ce tunnel ne soit qu’une construction kitin ?

Avant d'éventuellement s'aventurer plus avant dans le tunnel après la caverne, les deux fyros se sont mis en tête de fouiller le sol à la recherche de quelque chose d'important qui aurait pu être conservé sous la sciure. Très vite, ils ont pu mettre à jour là un morceau de bouclier en décomposition avancée, ici la lame d'une retch sans son manche ou encore des boules de sèves finement taillées provenant probablement d'un bijou. Les quelques restes trouvés jusqu'ici laissent présager qu’ici périrent un certains nombre de fyros. La lumière de la torche plantée au sol par les fyros fait ressortir les restes de ce champ de bataille, rendant la scène plutôt lugubre.

Azazor se rapproche du squelette trouvé par Eeri. Seul le crâne est pour l'instant dégagé du sol. Le reste est encore enfoncé dans le sol meuble fait de sciure et de débris en tout genre. Contrairement à Eeri, ce n'est pas la première fois qu'il est confronté à un squelette, il en a déjà vu un lors des cours d'anatomie à l'Académie Impériale. Toutefois, c'est la première fois qu'il en touche un, et le contact de l'os sur ses doigts lui procure un frisson qui lui parcourt toute l'échine. Se raclant la gorge pour se recentrer, Azazor commence à déblayer autour du squelette pour en dégager le reste du corps.

- Qu’est-ce que tu fais ?
- ça se voit non ? Je creuse.
- Tu veux voir s’il était cul de jatte ?
- dey, je veux voir si le reste du corps a été mieux conservé grâce à la sciure. Des bijoux, des bottes, un semblant de vêtement, n’importe quoi. On trouve que des miettes pour l'instant.

Eeri hausse les épaules mais aide néanmoins le fyros dans sa tâche. Même si ça la dégoute, elle est aussi curieuse de savoir si l'homin en question a laissé autre chose que ses vieux os dans sa mort. Après quelques minutes de fouille autour du squelette, Azazor tombe sur une boite fermée par un loquet. Il la brandit fièrement à Eeri qui ouvre de grands yeux étonnés. Le fyros lui sourit et s’empresse d’ouvrir la boite. Hélas, rien ne se trouve à l’intérieur. La mine déconfite d’Azazor fait sourire la fyrette. Qu’est-ce qu’il espérait après tout ? Trouver un cube d’ambre ?

Alors que cette pensée traverse son esprit, son regard s’accroche sur un bref éclat de lumière en dessous de l’endroit où se trouvait la boite. Le fyros l’a vu également et plonge la main pour saisir l’objet avant elle.
Cette fois-ci, pas de déconvenue. L’objet qu’en sort Azazor est de forme cubique, renvoyant une légère lueur violacée.

- Coriolis ! ne peut s’empêcher de lâcher la fyrette.
- Il y a une inscription dessus. Attend…

Le fyros souffle dessus pour en chasser les impuretés puis se met à lire l’inscription. Sa voix résonne en échos dans la caverne.

- bavèchen coriolis fyrum...
- Rumeurs sur l’incendie de Coriolis !
- ney ! Mais vu l’état du cube, on ne pourra pas le lire ici. Il faudra le réactiver au minimum.
- Ouaip, il manque un morceau en plus.

Un coin du cube est en effet manquant. Voyant cela, Azazor se remet à fouiller autour du squelette à la recherche du morceau perdu, quand un bruit se fait entendre du fond du tunnel.

- Aza, t’as entendu? souffle Eeri.
- Aide-moi à chercher ! beugle le fyros tout en continuant à fouiller frénétiquement autour du squelette.

Un autre bruit se fait entendre, plus proche cette fois-ci. Eeri, l’oreille affûtée, reconnaît là le déplacement rapide d’un kitin venant à leur rencontre.

- Aza, y’a un kitin qui se pointe !

Le fyros lève les yeux vers Eeri, l’air agacé. Un grondement de kincher inscrit la terreur sur son visage.

- ramèch ! On s’arrache !

Ils se précipitent tout deux vers la galerie qu’ils ont creusé et, rampant aussi vite que possible, en sortent haletant, couverts de sciures et complètement affolés. Derrière eux, le kincher pousse un nouvel hurlement.

- Il… il pourra pas passer, la galerie est trop petite et…

Comme pour faire mentir le fyros, le kincher se met à furieusement gratter la galerie pour l’agrandir. Sa force est phénoménale, et très vite, il semble évident qu’il va rapidement passer de l’autre côté, là où l’attendent les deux fyros terrorisés. Ils ont déjà affronté des kitins dans les Nouvelles Terres, mais pas ici. Ceux des Anciennes Terres sont bien plus coriaces, ils le savent. Et surtout, s’ils tombent, il n’y aura personne pour les relever.
Mais très vite leur entrainement martial reprend le dessus et ils s’équipent avec leurs armes laissées dans la petite pièce à droite du hall. Azazor s’équipe de son bouclier et de sa hachette, Eeri enfile les amplificateurs d’Azazor, sa pique n'étant de toute façon pas efficace contre les kinchers et le fyros lui ayant formellement interdit de toucher à sa hache deux mains. De toute façon, c’est lui le tank, il l’a toujours été, rechignant à chaque fois à s’occuper du soin.

Prêts au combat, les deux fyros font face à la galerie d’où surgit bientôt le kincher qui explose le tas de remblai qui bouchait le tunnel. Celui-ci est immense comparé à ceux des Nouvelles Terres. Plus gros encore qu’un Gerder ou un Daï-den. Sa couleur rouge détonne également. Ses mandibules claquent violemment l’une contre l’autre tandis qu’il pousse un hurlement encore plus massif que tout à l'heure.

Comme pour répondre à la tentative d’intimidation du kincher, Azazor cogne son bouclier avec sa hachette.

- Viens là, kitin ! Ici, il y a encore des fyros qui se battent !

Le combat qui suit est particulièrement violent. Plus d’une fois, le fyros doit encaisser péniblement les coups du kincher sur son bouclier tandis que la fyrette apporte le soutien en arrière. Heureusement, le kitin ne se bat pas différemment que dans les Nouvelles Terres, et surtout, Eeri est là pour assurer le soin et lancer des sorts de feu quand l’occasion se présente. Après un rude combat, où le fyros voit sa hachette se briser dans les mandibules du kincher et être obligé de lâcher le bouclier pour se battre avec la hache à deux mains, le kitin finit par s’écrouler sous un dernier sort de feu fatal d’Eeri. Les deux fyros reprennent à peine leur souffle quand une secousse se fait ressentir dans le temple. Un crépitement d’un millier de pattes se fait entendre du fond du hall, là où a surgi le kincher.

- Il y en a d’autre Aza ! Faut qu’on dégage de là !
- ney ! On retourne à la corde et on remonte sur le plateau !

Courant comme des dératés, ils parviennent tout juste à s’accrocher à la corde quand un grand nombre de kitins, principalement des kirostas, déboulent du tunnel et se dirigent vers les fyros. Ceux-ci ne se font pas prier et remontent aussi vite que possible par où ils sont descendus, tandis que les kirostas restent en bas, ne pouvant les suivre dans leur escalade.

Edité 4 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).

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#60 Multilingue 

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— Pour une fois, c’est pas à cause de mes conneries, haleta Eeri. Tu as pu sauver le cube?
— ney, râla Azazor dans un souffle, en s’avachissant sur le dos pour reprendre son souffle.
— ramèch, espérons qu’il n’y ait pas de galerie aboutissant sur le plateau de la dorsale…

Eeri se redressa vivement et entreprit de remonter lentement la corde.

— Un tryker de plus avec nous, et ça aurait lâché, ricana-t-elle. On a eu de la chance. Mais je pense qu’on ne pourra pas s’en resservir.
— Une fyrette de moins et j’aurais terminé mon voyage ici.
— Dis pas de bêtises. On forme juste une bonne équipe, répondit Eeri. Quand on ne se fout pas des tartes, pensa-t-elle.

Eeri s’empressa d’escalader une petite butte, et observa les alentours, aux aguets.

— Faut pas traîner, Aza. Si les kitins ont un moyen de monter ici, ils vont pas tarder à se pointer...
— T'as raison. Traînons pas.

Azazor se redressa vivement. Il leur fallait s’éloigner du bord de la dorsale et progresser prudemment, à l’affut. La montagne comptait sans doute de nombreuses galeries, il pourrait suffire d’un accès pour qu’une horde de kirosta déboule à leurs trousses.

— C’était donc ça, Coriolis, annonça Azazor, de façon solennelle..
— Faut croire. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre...
— Il ne reste plus rien, à part le peu qu’on a pu voir.
— Sinon, faudrait trouver un moyen de descendre plus bas.
— Tu y penses sérieusement?

Eeri s’arrêta, et regarda vers l’horizon.

— geniyùch, talorùch, didraùch… dey, odraùch.*
— Tu crois vraiment que c’est le moment de faire de la poésie, railla Azazor?
— Bah... On est arrivés jusque ici, et même si c’est pas aussi glorieux qu’on l’imaginait, il faudrait trouver le genre de citation qui pourrait rester dans la légende, tu vois…

Azazor haussa les épaules d’un air peu convaincu.

— La légende, ricana Azazor en reprenant sa marche. T’en fais une belle, de légende.
— T’as raison, ney, ça sonne pas si bien, continua-t-elle. Et puis y’a personne d’autre que nous, on pourra trouver un truc qui en jette un peu plus tard.

Eeri emboita le pas d’Azazor en lui tirant la langue.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: English translation by Nilstilar !

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#61 Multilingue 

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Ils trouvèrent l’endroit idéal pour poser leur campement alors que la nuit était déjà tombée. C'était un grand morceau d’écorce, formant par chance une petite hutte. Eeri sortit ce qu’il restait de viande séchée et la posa entre Azazor et elle. Ils avaient marché des heures. Ils avaient eu raison de rester sur leurs gardes : quelques kirostas avaient bien trouvé le chemin du plateau, et semblaient patrouiller dans la zone, en groupe. Les fyros redoublèrent de prudence. À deux, ils n’auraient pas eu la moindre chance contre plusieurs kirostas, mais un groupe était plus facile à éviter que s’il s’agissait d’individus épars et indépendants. Il leur fallut cependant plusieurs heures pour contourner la zone et s’éloigner suffisamment.

Encore haletants, ils piochèrent dans la viande, morceau par morceau, mastiquant lentement. Moins il y a à manger, plus il faut faire croire à son corps que l’on mange. Eeri prit la parole en chuchotant, afin de rester aux aguets du moindre bruit aux alentours.

— Aucune idée d’où on est, dey?
— Plus ou moins à l'est de Coriolis. Il aurait fallut aller vers l’ouest, mais ces satanés kirostas…
— Je pense qu’on a bien fait de rester très à distance. Certains kirostas de chez nous nous sentent de très loin… Alors ici, qui sait.
— Je dis pas qu’on aurait dû s’en approcher.

Eeri avala un morceau en déglutissant bruyamment.

— De toute façon, l'est, c’est notre route.
— Qu’est-ce que tu racontes?

Eeri prit un autre morceau de viande et commença à la mastiquer. Elle alla pour recracher un morceau de couenne, mais se ravisa et mâcha de plus belle. La nourriture était rare. Azazor continua.

— On va vers l’Ouest, on trouve un moyen de descendre de cette fichue dorsale vers le désert de la route d’Oflovak.
— dey. On continue vers l'est, vers Fyre.
— MAIS T’ES COMPLÈTEMENT MALA…
— Mais chuuuut !! On a dit pas de bruit !

Azazor, se reprit en chuchotant d’une voix étranglée, les yeux exorbités

— T’es complètement malade… C’est au moins à trois mois de marche...
— Et alors, tu as déjà été si près que ça de Fyre, toi? Moi dey.
— Et puis, on a plus rien à bouffer!
— On trouvera.
— Eeri... On a un cube d'ambre qui semble parler de Coriolis! Je peux pas prendre le risque de le perdre. Et puis, y’a sans doute plus rien, comme ici.
— Je suis prête à prendre le risque. J’irai seule, si tu ne me suis pas.

Azazor ne répondit rien. Il savait bien que si Eeri avait une idée en tête, il serait difficile de la convaincre de changer d’avis.

— On en reparle quand il fera jour, grommela-t-il.
— Je vais monter la garde quelques heures, dors un peu, répondit Eeri.

Eeri, à l’affut du moindre bruit, sortit de l'écrin d'écorce dans lequel le fyros ronflait déjà. Dans l'obscurité, son regard se porta à l'est, toujours plus loin des Nouvelles Terres. Fyre, la terre de ses ancêtres, la ville dont le nom faisait vibrer les rêves des enfants de Pyr, quand elle était petite. Une ville si grande, si lointaine. Probablement détruite, entièrement ou en partie, maintenant. Elle s'adossa contre un petit buisson, posa sa pique en équilibre sur ses genoux et ferma ses yeux. C'était décidé, dès que les lueurs du jour allaient apparaître, elle allait partir pour Fyre. Avec ou sans Azazor.

Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: english Translation by Nilstilar

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Eeri
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#62 Multilingue 

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— Eeri !!!

Le fyros s’époumonait, mais continua d’avancer en haletant pendant quelques centaines de mètres, avant de hurler de nouveau :

— Eeri !!! Bougresse de saleté de tête de bois !!

Azazor s’arrêta un moment, pour reprendre son souffle. Voilà plusieurs journées qu’il suivait ses traces, et maintenant il avait cru l’apercevoir, au loin. Elle avançait vite, bien plus vite que quand ils étaient à deux.
Alors que la nuit tombait, il pensa à allumer un feu. La lumière dans la nuit pourrait prévenir la fyrette qu’il était à ses trousses, et elle l’attendrait sans doute, du moins espérait-il. En même temps, la lumière d’un feu pouvait attirer des prédateurs. Trop risqué, surtout en étant seul.

— Quelle idée de la laisser partir seule, bougonna t-il en se remettant en route. Il pouvait encore marcher au moins deux heures avant la tombée de la nuit, il ne fallait pas perdre de temps. Si seulement il avait pris plus tôt la décision de finalement partir lui aussi vers Fyre... Mais était-ce bien une bonne décision? Il avait un cube d'ambre, un cube qui récélait peut-être une grande vérité sur le feu de Coriolis. C'était irresponsable de prendre ce risque, il le savait. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser seule Eeri découvrir Fyre. Et puis... c'était la mère d'Uzykos. Son fils. Ils étaient partis ensemble, ils reviendraient ensemble.

Azazor avança tant qu’il put voir où il posait ses pieds, de plus en plus prudemment à mesure que la nuit tombait. Lorsque l’obscurité fut presque totale, il avisa une anfractuosité dans la sciure et s’assit là, la hache à la main. Depuis qu’ils étaient partis, ils s’étaient habitués au même rituel à la tombée de la nuit lorsqu’ils avaient à se reposer ou s’arrêter dans un endroit inconnu et sans protection. S’assoir. Pendant un moment, silence total, les armes à la main, et se concentrer sur les sons, en essayant d’imaginer leur distance et position dans l’obscurité. Un bruit isolé n’était jamais mauvais signe, il pouvait toujours s’agir d’un craquement d’écorce. Des bruits de pas rapides, plus ou moins proche, étaient souvent signes de la faune aux alentour, en général des herbivores, comme eux, à l’affut de prédateurs. Ici, il y en avait peu, il fallait se concentrer sur de possibles prédateurs. En général, des pas feutrés sur l’écorce, s’approchant, ou décrivant un cercle autour d’eux. Si après de longues minutes, la zone restait silencieuse, ils pouvaient commencer à se détendre. Les prédateurs n’attendent jamais longtemps avant de signaler leur présence et d’attaquer.

Alors que tout semblait silencieux, il put enfin fermer ses yeux, exténué.


***


Il s’éveilla dans la même position à l’orée du jour et regarda autour de lui. Tout semblait différent de ce qu’il avait pu observer dans l’obscurité. Il n’avait pas cru s’endormir si près du précipice, et réalisait maintenant que seulement quelques mètres le séparaient du ravin. Il se leva, s’étira et regarda le spectacle du désert en contrebas, une nouvelle fois. Le désert de ses ancêtres, toujours grouillant de Kitins, une véritable armée retenue par cette montagne. L’essaim qu’il avait vécu dans les nouvelles terres n’était rien comparé à la quantité de Kitins qu’il pouvait voir ici, et la petite portion de désert qu'il pouvait voir d'ici lui faisait imaginer qu'il devait y avoir des millions d’entre eux rien que dans ce désert, si ce n’est plus. Sans doute un nombre qu’aucun fyros ne pourrait jamais s’imaginer.

Rapidement, il se remit en route en suivant le bord de la falaise, et après plusieurs heures de marche, il se posta sur une petite butte pour observer s’il pouvait retrouver une trace d’Eeri. Mais rien, elle était sans doute déjà loin, en avant. Il redescendit et reprit sa route, en réfléchissant à une meilleure façon de lui signaler sa présence. Si seulement il avait un feu d’artifice… Ou une corne de torbak, c’était possible de créer des sons prodigieusement bruyants en soufflant dedans. Mais rien de tout ça. Il avançait légèrement dans ses pensées, jusqu’à ce qu’il entende un grognement. Par réflexe, il attrapa sa hache et s’arrêta.

Un cuttler, en face de lui, le regardait de ses yeux affamés, une sorte de bave poussiéreuse aux lèvres. Sa couleur se confondait avec la sciure de la dorsale.

— ramèch, j’avais bien besoin de ça…

Il regarda autour de lui, sachant bien qu’un cuttler n’arrive jamais seul. Il devina un second, légèrement en retrait sur sa gauche, dans l’ombre. Deux? Trop facile. Il serra sa hache et se prépara à l’assaut. Attaquer le premier, et être prêt à parer les crocs de celui qui arriverait par derrière, si possible en lui décochant un coup de hache. Pourtant, son attention était troublée par quelque chose, une autre présence. Un troisième cuttler? Il n'était pas sûr. Le prédateur, en face de lui, ne l'avait pas encore attaqué, semblant lui aussi hésiter. C'est alors qu’un cri terrible se fit entendre. Eeri surgit du talus et s’élança sur l'animal, les dagues à la main.

— Gruuuuhhh !!
— Eeri !
— Gaffe au troisième !
— Quel troisième?

Un autre cuttler, qu’il n’avait pas vu, sauta en direction d’Azazor. Le fyros esquiva, et d’un grand coup de botte, envoya l’animal dans le ravin.

— Bien joué ! Un autre derrière, s’écria Eeri, toujours aux prises avec le premier.
— Mais qu’est-ce que tu fous là, je te croyais à des jours d’ici, répondit Azazor, envoyant un coup net de hache dans la mâchoire de son attaquant, lui explosant quelques dents.
— C’est à moi de te demander ça ! Je te pensais parti !

Après plusieurs coups de hache d’Azazor, le troisième cuttler finit par s'enfuir sur trois pates, halletant et dégoulinant de sang, tandis qu’Eeri achevait celui qu’elle maintenait au sol, d’une série de coups de dagues. Azazor haussa les épaules.

— À deux, c’est facile.
— ney. Donc tu m’accompagnes?
— ney. Tu croyais quand même pas que j'allais laisser la redécouverte de Fyre à une fyros à moitié tryker?
— A la bonne heure.
Pointant un cuttler au sol, elle ajouta:
— T’as déjà bouffé du cuttler?
— dey. Ça doit être dégueulasse mais s’il n’y a que ça, je vais pas refuser.

Le visage d’Eeri offrit à Azazor son habituel sourire de bouchère, et elle entreprit de couper les quatre membres de l’animal.

— Il faut bien marteler la viande avant de la griller, ça réduit l’acidité et c’est plus digeste. Puis si tu as le temps, tu la fais cuire lentement, c’est un peu plus tendre.
— Je sais que ça l'attendrit, mais l'acidité?
— Tu savais que les fraiders mangeaient parfois du tyrancha? Eh bien, ils savent aussi cuire le cuttler.
— Et du coup ils tapent dessus?
— ney, tu l'écrases et fais sortir le jus. C'est plus sec, mais ça t'évite une sacré débâcle.

Elle jeta une cuisse à Azazor.

— La tête et le torse, c’est vraiment pas mangeable. En plus celui-là n’est pas bien gros. En revanche, il faut trouver un endroit à l’abris du vent, on ne peut pas faire de feu ici.

Elle attacha les deux membres avant à son sac à l’aide d’un reste de cordelette, puis jeta la cuisse sur son épaule.

— En route. On trouve un endroit pour établir un camp et on cuisi…

Eeri fut interrompue par un grondement d’une puissance incroyable qui fit vibrer la montagne.

— J’sais que tu as faim, mais quand même…

Quelque chose approchait. Les deux fyros restèrent un moment interdits, immobiles et silencieux. Le grondement se fit de nouveau entendre, plus proche, tandis que l'air se chargea d'une tension inquiétante. Scrutant le bord de la falaise d'où venait le bruit, ils virent surgir une créature gigantesque, comme ils n'en avaient jamais vue.

— Mets tes amplis, hurla Azazor !!
— dey, TU mets des amplis. Cette fois c'est à moi de jouer, hurla à son tour Eeri, arrachant la hache des mains du fyros.
— Mais… !!
— Ma pique ne fera pas le poids !! Fais ce que je te dis !

Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 1 an).

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"
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