#23 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
Edité 2 fois | Dernière édition par Fyrenor (il y a 2 ans).
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#24 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
Tria, Harvestor 21, 2nd AC 2619À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes arrivés au village de la Halte d’Oflovak. Nous sommes encore épuisés, mais déjà moins qu’en bas. Et nous avons devant nous quelques bonnes nuits de sommeil. Je n'ai pas écrit depuis longtemps, et vais essayer de reprendre où je m’étais arrêtée.Nous sommes partis avec Kickan du fort, par une belle journée. Je dois avouer ici avoir eu beaucoup d’appréhension à redescendre dans cet enfer de la mer de bois, et le plus grand mal du monde à le cacher. La présence de Kickan était tout de même rassurante, surtout après les mots élogieux de Tao, l'intendante du fort, à son égard. J’arrivais à entrevoir qu’Azazor cachait lui aussi tant bien que mal son anxiété par un silence pesant et un peu dramatique. Notre bon mektoub, remis sur pied, nous a suivi sans rechigner, sans doute content d’avoir un peu d’exercice.Il faut dire qu’avec un guide, le chemin est nettement plus rapide. Nous allions de balise en balise, sans en rater une seule. De temps en temps, les balises étaient écrasées au sol, sans doute renversées par un armadaï. Pas étonnant que nous nous soyons perdus… Ratez une balise, et la brume vous empêchera de trouver la suivante. C’est donc la principale tâche des officiers de liaison comme Kickan, de veiller à ce qu’un maximum de balises soient visibles. Certaines, carrément cassées, ne montent pas plus haut que notre mollet... Nous en avons redressé un certain nombre sur le chemin. C’est primordial pour cette partie de la route, qui doit être faite en un minimum de temps au risque de perdre la tête. On a vu ce que ça donne, déjà.Kickan nous a expliqué en riant qu’à force, il pourrait sans doute faire le chemin sans balise. À vue de nez, il a effectué le chemin une cinquantaine de fois, au moins. Nous, sans balise, on balise.Finalement, Azazor a compris quelles étaient mes convictions. Je ne saurais comment raconter ce moment, autour d’un feu, où il a quasiment renié l’existence de Fyrak, expliquant que son histoire avec le dragon n’était peut-être qu’un rêve… Finalement, il n'est peut-être pas totalement fou. Puis des théories encore plus inattendues, demandant à la Trytoniste que je suis si je comprenais de quoi il parlait. Incroyable. J’ai feint la surprise, très mal. Ou non, j’étais vraiment surprise, je ne m’attendais pas à ce qu’il sorte ça devant quelqu’un d’autre. Depuis son retour, il faisait un candidat parfait pour être recruté parmi nos cercles, pourtant le bougre de Fyros semblait toujours s’accrocher aux Kamis comme un gingo nous mordrait les fesses. De plus, la discrétion… Bon, je ne peux rien reprocher sur ce point, non plus, mais quand même. Mais qu'est-ce que j'ai été faire dans cette galère, avec un Fyros qui doute à ce point de ses propres convictions? Il semblait déjà moins fragile mentalement, quand nous sommes partis. Je me suis sans doute trompée sur ce point. Ou pas, je ne sais plus quoi penser. Ça n’a plus trop d’importance maintenant.Bon, il sait. Je m’en doutais bien, maintenant je sais qu'il sait. Heureusement, il ne sait pas encore tout. D'une part, ce n’est pas ici que la Kuilde va venir nous chercher des puces. Et au final, Kickan, lui, se moque bien de tout ça. Et puis de toute façon, vais-je passer le reste de ma vie sur l'écorce à cacher ce que je suis? Qu'elle vienne, cette Kuilde, qu'elle s'occupe de ma graine de vie, ça renforcera l'opinion que la karavan a beaucoup trop de choses à nous cacher. Notre cause a peut-être besoin de ça, d'un nouveau sacrifice. Je m'égare. Revenons à nos frippos.Le voyage s’est passé sans trop de heurts. Nous avons pu voir quelques Armadaïs d'un peu plus près, une cinquantaine de mètres. Et nous avons entendu ses prédateurs en chasse, ils étaient heureusement trop loin pour qu'on puisse les voir. En théorie, tant qu’il y a du gibier pas trop loin et que les carnivores sont en meute, nous ne les intéressons pas trop. En théorie. S'ils ne nous sentent pas. Azazor était très intéressé par voir l'armadaï de près. "les yeux... la bête..." on s'est moqué. On a surtout pu observer quelques carcasses gigantesques, des os aussi gros qu'une cuisse de légionnaire. En parlant de cuisse, marcher ici est épuisant, je ne l'écrirai jamais assez. Chaque geste requiert une énergie bien plus grande, et beaucoup plus de concentration. Heureusement, nous avons pas dû sortir nos haches, je n'aurais peut-être pas eu la force de la soulever.Et finalement, la Halte.Nous sommes arrivés au pied d’une falaise, étrangement moins haute que celle du Phare. Nous l’avons longé un petit moment, Kickan avait l’air de chercher un endroit précis, avec nonchalance, content d'être arrivé. Puis il a dit : "Voilà, ici ! " et il a attrapé une sorte de liane qui pendouillait là, un petit morceau de bois attaché au bout. Il a tiré quelques coups secs dessus, et nous a dit qu’on allait attendre un petit moment. Après quelques minutes, nous avons entendu quelques bruits au dessus de nos têtes, et vu une énorme chose décoller à quelques pas de nous. Quelques morceaux de sciure tombaient par ci par là. "le contre-poids" a dit Kickan, le plus naturellement du monde. Nous nous sommes écartés, et avons vu une sorte de plate-forme descendre vers nous, attachée par plusieurs cordes. Nos deux tronches de fyros perplexes ont certainement dû prendre une expression de bolobi désorienté. Puis nous avons ri nerveusement :— On va devoir monter là dedans, a demandé Azazor?Kickan a considéré un moment et a répondu : — D’abord Eeri et son mektoub. Elle est un peu plus légère. Puis nous deux.— Plus légère, plus légère... On voit que tu ne la connais pas, a gromellé Azazor.— On ne peut pas laisser vot’ mektoub seul dans la nacelle, de toute façon, il a dit, très sérieusement.— ney, tu as raison. Les bêtes d’abord, les homins après.Foutu Azazor, j'ai rien trouvé à répondre… Je ne vais pas retranscrire la totalité de ses moqueries, quand j’ai mis mon foulard sur les yeux de Ru-Dun et que nous sommes montés dans la nacelle, pas trop rassurés. Ha, oui, c’est Kickan qui a appelé le toub comme ça en route, du tyll local avec leur accent étrange. Puis il nous explique qu'il existe un autre chemin, une rampe d'accès, mais tout au sud de l'île, ce qui ferait plusieurs jours de marche en plus.La nacelle a commencé à se hisser vers le haut. Un ingénieux système, qu’ils ont. Le contrepoids descend lorsque la nacelle monte, et pareil dans l'autre sens, avec un système de poulies. Sans doute une invention de Trykers, d’ailleurs, la structure en haut pourrait ressembler à celles de nos réservoirs d’eau dans les lacs.Je suis arrivée là-haut, et quelques homins m’ont accueillie d’un regard, occupés à freiner les poulies pour stopper la nacelle en douceur. Je ne saurais pas dire s’ils étaient aimables. L’un d’eux a simplement sourit et fait un signe de tête lorsque, ne sachant quoi leur raconter après mon oren pyr, je leur ai indiqué que nous étions avec Kickan, qui attendait encore en bas.Kickan et Azazor sont arrivés en haut après quelques minutes. J’en ai bien profité pour lancer quelques piques à ce dernier qui s’accrochait fébrilement à une cordelette, tâchant d'avoir l'air décontracté. Puis nous avons pris la direction de la Halte, un peu plus à l’intérieur des terres. Il existe deux camps comme ceux-ci, à l’ouest et à l’est de l’île, pour accueillir et remonter, ou descendre les voyageurs, chacun étant à environ une journée de marche du village lui-même. Était-ce la présence de Kickan, qui semblait connaître chaque homin du camp, personne ne nous a posé de questions.Après une nuit de sommeil à mi-chemin, et une autre petite journée de marche, nous sommes finalement arrivés au village lui même. Si l'on peut appeler ça un village. De quelques constructions éparses dans la forêt sans organisation apparente, nous sommes arrivés en haut d'une petite vallée couverte d'habitations, donnant sur un grand lac. Bon, rien de comparable avec la beauté du lac de Fairhaven, mais même par cette journée nuageuse, l'endroit ne manque pas de charme. Chaque cabane semble relativement propre et bien tenue, mais possède son propre style. À y voir de plus près, certains murs semblent constituées de grands os, parfois de bois, ou de grands morceaux de cuir. Nous avons continué notre chemin en descendant vers ce qui semble le centre, ou la place principale.Puis quelqu’un a crié le nom de Kickan, quelques homins sont arrivés pour l’accueillir, d'autres sortaient la tête de leur fenêtres. Nous aurions préféré passer un peu plus inaperçus. Kickan arborait un grand sourire, saluant chacun d'entre eux, en lançant ses inimitables lordoy de chaque coté du chemin.Un matis est arrivé, sans se presser, et Kickan l’a montré de loin :— Un membre du conseil, nous a dit Kickan en souriant, avant de nous faire signe de rester un peu à l'écart et d’aller à sa rencontre. Ils ont parlé un moment, puis sont venus vers nous.Le matis nous a lancé un oren pyr pour nous saluer, avec un accent encore plus étrange que celui des habitants du fort, mais d’une voix maîtrisée et peut-être trop polie… Un matis, quoi. Il nous a souhaité la bienvenue, commençant à nous poser des questions sur notre voyage. Partant du principe qu’Azazor n’allait pas lui faire le plaisir de bavarder, j’ai répondu quelques banalités, rien de plus que ce que Kickan aurait pu lui dire. Puis que nous souhaiterions d'abord nous reposer un moment, pour commencer. Il a sourit et a pris congé, nous invitant à partager un baba plus tard. Kickan nous a mené vers une sorte de petite hutte, nous invitant à nous installer, avant de nous laisser aussi. Il a beaucoup de monde à saluer, à commencer par sa famille. Famille, tiens, un mot que j'avais presque oublié. Je me suis perdue un moment dans mes pensées, espérant qu'Uzykos et Wixarika vont bien. Quelle misérable je suis de les avoir abandonnés... Puis Azazor m'a secouée. Nous allons devoir nous concerter, rafraichir notre stratégie sur ce que l’on peut dire et ce dont il vaudrait mieux ne pas parler. Il y a peut-être déjà quelques maraudeurs par ici. Pas le temps de laisser mes émotions prendre le dessus.Avant de nous laisser, Kickan nous a prévenu à propos du conseil. Il s'agit d'un groupe de six, élus par la population. La vie ici est très tranquille et en général ils n'apprécient pas ce qui peut troubler le calme des lieux. Maraudeurs, réfugiés, voyageurs sont acceptés, mais ils ne sont pas habitués à voir des voyageurs qui partent vers l'est, autres que les officiers de liaison comme lui. Par chance, ce matis s'était trouvé là et Kickan le connait un peu. Il nous a dit avoir préparé le terrain pour qu'on le rencontre et qu'on puisse le convaincre des bonnes intentions de notre voyage. Ce sera déjà ça de gagné, non pas qu'ils puissent nous empêcher de partir, mais nous savons bien que les homins des Nouvelles Terres sont rares et pas forcément bien vus ici. Étrange comportement, pour des rangers, j'ai dit. Puis Kickan a rit : "hahaha ! Des Rangers?" Là dessus, il est parti sans rien ajouter.J'aurai encore temps de comprendre ce qui se passe ici, et de décrire plus précisément les lieux dans les prochains jours. La route qui nous attend jusqu’à l’Avant-Poste Diplomatique de la Falaise Nuageuse est similaire, et Kickan nous a déconseillé de repartir avant une bonne semaine, le temps que notre métabolisme se remette suffisamment. Il nous a aussi expliqué que contrairement à Fort-Le-Phare, vu que nous sommes ici sur une île relativement peu élevée, les effets néfastes de la Mer de Bois se ressentent, dans une moindre mesure. Nous ne recouvrirons pas totalement notre énergie physique, mais il faut au moins que l’on récupère tout notre entendement.Azazor ronfle déjà, toub. Et je n'ai plus que de la fibre de shu à me mettre dans les oreilles. Ça suffira pas, mais j’ai plus rien d’autre sous la main.
Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: NOTE : Traduction en Anglais par Nilstilar ! English Translation by Nilstilar
#25 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
Folially 24, 3rd AC 2619Les choses commencent à se préciser quant à notre départ. Le temps de nous préparer, nous repartons dans deux jours. On sera de nouveau accompagnés, mais cette fois pas par Kickan. Lui repart dès demain vers le Fort, avec un autre équipier et des marchandises.Celui qui nous accompagnera, c’est Titus. Un fyros, qui parait jeune, mais semble avoir l'énergie d'un celiakos grabataire. J'exagère. Il est juste jeune, en fait. C'est apparemment aussi dû à l'altitude, ici tout le monde semble un peu plus lent qu'ailleurs. Moi-même, je me sens faible. Je vois bien que Ru-Dun mâche son fourrage plus lentement que d'habitude, aussi. Azazor semble vouté comme après 3 fioles d'ocyx. Comme si tout tournait légèrement au ralenti.Ce Titus, donc. Depuis que nous sommes arrivés, il nous a suivi, nous a regardés avec de grands yeux, puis nous a posé des questions. Puis il nous a demandé de nous accompagner. Il veut quitter l'île, partir, trouver les maraudeurs. Il parait que son père en était un, sauf qu'il ne l'a jamais connu, il a grandi sur l'île. À force, Azazor a finit par céder à sa demande avec un "Bon. Mais pas de blague, hein?". Emmener un fils de Maraudeur, la belle affaire. Je me suis opposée à ça. Azazor pense sans doute que ça jouera en notre faveur. Et si le père les avait trahi? Bon, ça doit faire un sacré bout de temps, ils auront oublié. Il semble surtout trop inexpérimenté pour un tel voyage. Tu sais au moins tenir une épée par le bon bout, j'ai demandé? Soit disant, il s'entraîne tous les jours, il nous a dit. Je n'ai pas voulu être trop dure avec lui, mais je ne pense pas qu'il se soit déjà confronté un kirosta, ou quoi que ce soit de cette taille.Et il a demandé pourquoi on voyageait, si nous aussi nous allions rejoindre les maraudeurs.Je n'ai rien répondu de plus que "voyage scientifique", en sortant tout naturellement ma hache afin de refaire l'affûtage de la lame. Je n'aime pas ça, mais c'est vrai qu'arriver à notre prochaine destination avec un homin de la Halte pourrait être un bon point pour nous. Tenez, une recrue toute fraiche, faites en ce que vous voulez. Ou pas, qui sait. Il faudra que l'on s'adapte très vite à l'accueil qu'ils nous feront.Donc c'est décidé, il fera le voyage avec nous jusqu'à l’Avant-Poste Diplomatique de la Falaise Nuageuse. Discrètement j'ai demandé à Kickan s'il le connaissait, si on pouvait avoir confiance. Ici, m'a t-il dit, personne n'a de raison de vouloir notre perte, tant que l'on ne provoque pas de catastrophe. J'ai compris ça en buvant un baba avec lui et le matis. En passant, le baba est légèrement meilleur ici qu'au Phare, mais ça reste quand même plus fadasse et insipide que la plus légère des byrh.Ils nous ont raconté tout un tas de choses sur la Halte. Les habitants ici sont des descendants des Rangers d'Atys, qui se sont installés ici. Au début, il y a maintenant plusieurs générations. Afin de guider les réfugiés, leur offrir une pause sur le chemin des Nouvelles Terres. Ça on le savait. Beaucoup sont partis, mais certains ont fait le choix de s'installer, et la Halte s'est rapidement transformée en une petite ville. Ils ne manquent de rien, ici, m'explique Coccio, le matis. Peu de prédateurs, quelques Javing au nord, tout au plus, assez de gibier, une forêt assez généreuse, un lac. Les homins chassent l'Armadaï, aussi. C'est donc ça, les os et cuirs qui servent à construire les maisons. Azazor a demandé comment, et s'il pouvait assister à une chasse, mais la prochaine n'aura lieu que dans un bon mois. Il y a un grand trou, un piège, quelque part au sud-est de l'île. Des homins imitent le cri de l'animal, ou de son prédateur, et l'attirent vers le piège. Quand ils arrivent à le faire tomber, il est achevé à la pique par les chasseurs, puis dépecé sur place. Il ne pourra de toute façon pas ressortir du piège en un seul morceau. La chasse de l'Armadaï nécessite de nombreux homins, et donne en parfois lieu à une grande fête. Sa viande est très fortifiante et revigorante, la principale source d'énergie pour eux. Coccio nous a d'ailleurs offert deux grands sacs remplis de cette viande séchée, pour la suite de notre voyage.Plus personne n'est véritablement ranger ici, ou ne fait partie de la guilde, maintenant. L'un des seul qui pourrait prétendre à les rejoindre, c'est Kickan, comme quelques autres de son tempérament. Mais il est satisfait de son travail entre le Fort et la Halte. Et comme il nous disait : s'il ne le faisait pas, qui s'en occuperait? Les véritables rangers passent régulièrement par ici, et sont admirés et accueillis comme des héros, tant la vie à l'extérieur de l'île est rude. Mais si beaucoup de jeunes rêvent de les rejoindre, peu le font. Comme dit le matis, quand on naît ici, la vie est tellement tranqulle, nous n'avons pas besoin de partir courir le monde... Kickan a blagué quelque chose du genre : "Coccio, tu dis ça à deux fyros qui viennent de traverser la moitié de la route d'oflovak, tu crois quoi, que tu vas les convaincre de s'installer ici?"Le cas de Titus est assez rare, ainsi. Ça s'est déclenché lorsqu'enfant, il a appris que son père était un ancien maraudeur. L'homin en question était d'ailleurs mort lors d'une chasse à l'Armadaï, en glissant et tombant dans le piège. L'animal, paniqué, l'a écrasé d'un coup de patte, accident rare mais fatal.Mais alors, on a demandé : Sur l'Île, ni rangers, ni maraudeurs, comment peuvent-ils rester aussi désinvoltes? Les Maraudeurs, dans les Nouvelles Terres, sont en guerre contre les nations. Que feraient-ils si les Maraudeurs d'ici venaient envahir l'île ? De ce que j'ai compris dans les explications de Coccio, ça n'aurait aucun intérêt, pour personne. Les maraudeurs sont aussi bien accueillis que n'importe quel homin, par fidélité à la tradition Ranger. Les capacités physiques sont moindres, pour ceux qui n'y sont pas nés, ce qui fait que ces derniers ne restent pas bien longtemps, ils se sentent trop faible. Tout comme pour nous. Et puis, il n'y a rien à combattre ici : pas de Kitins, pas de puissances, pas ne nation, et une organisation populaire. Le travail du Conseil de l'Île est de veiller aux respects de ces traditions, et d'administrer la ville en concertation avec tous. Coccio est élu avec 5 autres pour quelques années de Jena, il laissera sa place, dans deux années. Peut-être à Kickan, a-t'il sourit. Il ferait du bon travail. Ce à quoi Kickan a répondu sarcastiquement qu'il n'était pas assez vieux, comme lui, pour une telle tâche. "Le conseil? Un truc de grabataires". Pas autant que chez nous dans le désert, j'ai ajouté.Nous savons calmer les fauteurs de trouble, pour en revenir aux maraudeurs, me dit Coccio. En général ils se comportent bien. Il est même arrivé par le passé que certains s'installent sur l'île, ce qui est très mal vu chez eux. Tout comme nous, on sera très mal accueillis, nous prévient-il. Le fait que nous partions avec un homin d'ici aidera peut-être, et si l'on amène quelques marchandises, aussi.Outre leur bienveillance, Azazor et moi avons cru voir une sorte d'insouciance face aux problèmes du monde, et surtout, étions stupéfaits par ce manque de curiosité, cette absence totale de la soif de savoir qui nous habite. Nous nous sommes regardés, et n'avons rien dit. Comme si pour la première fois depuis pas mal de temps, nous nous comprenions.
#26 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
Aujourd’hui, deux étrangers sont arrivés de l’ouest. Ils accompagnaient notre cher Kickan. Je les ai pas encore vu, mais Tikra dit que ce sont deux fyros venus d’au-delà des contrées verdoyantes. Plus loin que Fort-le-Phare. Plus loin que chez Kickan. Je dis que Tikra raconte encore n’importe quoi. Depuis qu’elle travaille à la passerelle ouest, elle me raconte que des conneries. La dernière fois, elle avait vu un armadaï plus gros que les autres écraser un yetin sous son poids. Si c’était pas ma grande sœur, je la haïrai. Demain, j’irai voir les deux étrangers, et on verra si c’est encore des krakras de Tikra.J’y crois pas, les deux fyros viennent bien d’un endroit très à l’ouest de la Halte. Par de là l’horizon, il existe des terres où les homins ont bâti d’immenses cités. Le fyros a parlé d’un empire avec un type à sa tête qui a plus d’un siècle. Ça a fait rigoler la fyrette qui l’accompagne. Mais le plus incroyable, c’est que ces deux homins vont vers l’est, en direction de la Citadelle. Du coup je leur ai parlé de mon père, qui était un ancien maraudeur venu prendre sa retraite ici. Ils ont trouvé ça intéressant puisqu’ils m’ont tout de suite posé des questions sur comment c’est là-bas, et où était mon père. J’ai bien vu la déception sur leur visage quand je leur ai dit que mon père était mort deux ans après ma naissance et que je connaissais rien de là-bas. Mais moi, j’ai plein de questions à leur poser. Des étrangers venus d’aussi loin, ça a forcément des tas de choses à raconter, sûrement plus intéressantes en tout cas que les conneries de Tikra et ses armadaïs géants.Le fyros s’appelle Azazor. Il m’a dit qu’il était une sorte de chercheur de dragon. Du coup, je lui ai montré le dessin du tatouage qu’avait mon père, celui avec le monstre volant cracheur de feu qui s’appelle dragon rouge d’après les vieux du Conseil. Mon père, c’était un chasseur de dragon lui aussi. J’ai bien vu que ça a plu à Azazor. Il a d'ailleurs un tatouage de dragon sur le visage lui. Mais c'est pas le même. Ouais que je lui ai dit, mon père maraudeur était un vrai tueur de dragons. J’aimerai tant être comme lui. Mais faudrait que je quitte ce trou. Parait qu’en dehors de la Halte, c’est trop dangereux. Mais je m’en fous moi du danger ! Je suis fils de maraudeurs ! Fils de chasseur de dragon ! Qu’est-ce que ça peut me faire des yetins ou des armadaïs ?JE VAIS QUITTER LA HALTE !!!! Après 3 jours à leur tanner les fesses, ils ont fini par céder. Je partirai donc avec eux, direction la Citadelle ! Azazor m’a montré la carte de la route qu’ils suivent depuis tout ce temps. Ça passe d’abord par l’Avant-Poste de la Falaise Nuageuse. Ils me laisseront là-bas et je devrais me débrouiller ensuite tout seul pour continuer. Azazor m’a dit qu’il aimerait bien que je continue avec eux jusqu’à la Citadelle, mais Eeri, la fyrette, ne préfère pas. Parait qu’elle a pas confiance. Azazor m’a rassuré en me disant que la confiance, je la gagnerai en chemin et qu’Eeri changera peut-être d’avis une fois qu’on sera arrivé à l’Avant-Poste. Maman, si tu reviens un jour de la Grande Flaque, je te laisserai mon journal intime, pour que tu saches que je t’aime. Mais mon destin m’attend, loin à l’est, chez les maraudeurs. Je veux vivre comme papa.Le grand départ arrive. J’ai fini de charger Polly avec ma viande séchée. Mes deux nouveaux compagnons l’ont goûté et ont adoré. C’est des bouchers chez eux, entre autre métier qu’ils exercent. Ma viande doit donc être exceptionnelle. Je vais t’ouvrir un marché à l’avant-poste de la falaise, ça va être la folie ! Allez, qu’est-ce que je peux écrire comme phrase ultime sur mon journal ? Un truc qui en jette. Je sais, la phrase que m’a dit Azazor quand Eeri a dit que ce serait trop dur pour moi de les accompagner.Ne souhaite pas que ce soit plus facile, souhaite que tu n’en sois que meilleur. Ouais, je sais que je vais en baver. Mais quand j’arriverai à la Citadelle, je serai un autre homin. Fort et fier, comme mon père !
Edité 4 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).
#27 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
Germinally ..., 4th AC 2619Je lui avais dit de mettre un casque.Si seulement. La bête aurait arraché le casque, et sa tête serait encore sur ses épaules. Qui sait.Mais dey, j’ai chaud sous mon casque, ça me démange, il a dit.Cela fait cinq jours que nous marchons, Azazor et moi, sans dire un mot, sans même presque rien avaler. J’ai l’impression de voir les yeux de ce Titus en face de moi, dans la brume. Ses yeux exorbités de terreur sur sa tête sans corps, un flot de sang imbibant sa bouche encore ouverte.Et dire, j’en ai vues, des choses dégueulasses. Des scènes de torture, des morts atroces, des membres voler. Tiens, quand j’étais jeune légionnaire, la fois où Icus avait tranché le bras d’une matisse, avant de lui ouvrir les veines du cou une à une. Le sang avait giclé sur mon armure, et on lui avait dit de ne pas revenir. On a rigolé. Et évidemment, elle est revenue. On a recommencé jusqu’à ce qu’elle ne revienne plus.Si seulement on pouvait arriver à la falaise nuageuse, et voir un Titus tout frais, ramené par je ne sais quelle puissance… Peut-être par les maraudeurs ? Mais ça me semble peu probable qu’il ait un cristal, et quand bien même il aurait celui de son père, que celui-ci soit actif.Sur le moment, je n’ai pas eu le temps d’enfiler mes amplificateurs et d’essayer de le soigner. La bête était déjà loin, emportant son corps. Je sais maintenant que ça aurait été vain. Aucune magie de soin, même la plus puissante qu’il soit, ne peut recoller une tête sur un corps, autrement qu’en passant entre les mains des puissances. Nous avons donc fui, emportant les mektoubs, et laissant sa tête là où elle était tombée. Si Jena ou Ma'Duk l'avaient rappelé à eux, son visage terrorisé aurait déjà disparu en poussière fine, dégageant cette lueur bleutée.J’ai peur. Nous avons peur. Mais il faut avancer. On ne le reverra plus. Mis à part dans ma propre folie, ses yeux dans la brume, et ma propre voix qui ressasse dans ma tête : "‘si tu tombes ici, tu ne reviendras pas.".D’après nos estimations sur la carte, l’avant poste devrait encore être à cinq ou six jours de marche. Jamais je ne me suis autant réjouie de rencontrer des maraudeurs.
Edité 2 fois | Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar
#28 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
Edité 2 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).
#29 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
End of Nivia, 4th AC 2619. Or 2620 already?Here we are, we are at the Marauders.Since we arrived, we go from surprise to surprise. Some more unpleasant than others.The most unexpected one is that Azazor has been in a much better mood these last days. Our talks are quieter, and we have agreed on our course of action. It's about time. I didn't believe it anymore. The bodoc even asked my opinion, and not just once. I thought he was scheming something, but I guess I was mistaken.So. We spent a night stuck on the side of a cliff. I've never climbed a cliff so high. We stopped about halfway up, following the directions the homins at the Halt gave us, when we could find a suitable platform. Then we walked for a few more hours in the morning before we found this famous pod. There, it hasn't been that easy.First, we had to understand what they were saying. The further away from the New Lands, the more atrocious the accent. Toub, and we realized that it was mutual. That we had to speak slowly, with simple words, articulate. Not to speak fast and eat words as I had become accustomed to doing among the Trykers, by contagion.So they descended the pod, and shouted things from above. By dint of shouting from each side without understanding each other, they finally put the pod back up with us in it. It was much wider than the one at the Halt, which allowed us to get into on with the two mektoubs. When we reached the top, we immediately felt that the homins in front of us had a different build than those of the Halt. The system of pulleys was however similar, so it should be believed that they were able to pull harder.They looked at us with slightly startled eyes, probably because of our attire or what we'd yelled from downstairs, and then one said they didn't expect to see a convoy from the Halt for several weeks. I let Azazor do the talking, as agreed. We are not a convoy from the Halt, though coming from. We are Fyros scientists from the New Lands, heading for the Citadel. They were visibly confused, as expected. They asked if we had any goods, we vaguely explained what we were carrying, a mektoub loaded with bags of armadai meat. From behind them came a Matis with a somewhat hurried step and a stern look."This one I don't like," I whispered to Azazor. Two hours later, we were sure, I was completely right not to like him.This one is Ostini. He's a sort of chief of guards, or rather he's one of the minions of the chief of the clan that owns the outpost, the Passers, as they call themselves. It's always like that with the homins. Give them a little power, and they'll work to devalue others to keep the little bit of privilege they have. In the end, Ostini asked the same questions as his homins, using a condescending and obsequious tone. A good Matis, the kind I had missed since we left. After a few minutes, we understood that he was only interested in the goods we were carrying, and understanding that we were not merchants, he then asked us to pay for our stay here. One bag of armadai meat per person per night. We gave him two bags of Titus' mektoub, without begrudging. This one will not come to claim them anymore, except in my nightmares. Ostini gave us a briefing on the rules of the Outpost. We will be allowed to keep our weapons, but must keep them stowed away when inside the compound, as well as a couple of relatively logical things, water is rationed and we will have to pay for it. We are free to use the dormitory, the tavern, and a partly open hall that serves as a place of exchange, as a market. He showed us the dormitory where we could stay, specifying again: as long as we have enough to pay.So we were able to get to the center of the outpost. There are indeed six buildings, two of which are obviously reserved for the clan members, arranged in a circle inside the surrounding walls. A watchtower, the market, the inn, the dormitory. Nothing very pretty, like at the Halt. A rather functional style, whose some details vaguely resembling what the Marauders build in the New Lands."Two bags per night… we won't last long here," I whispered to Azazor.At that moment my eyes fell on two strange figures passing further on, between two buildings. Two strangely familiar figures.Disturbed, believing I was dreaming, I had a moment of inattention, and Azazor told me things I did not take in at the time. He repeated them to me afterwards: maybe we would spend more time here than planned. And that we should get hired as butchers or cooks at the tavern to pay for our stay, the time to organize and especially to recover our energy after several weeks in the Sea of Wood.The figures, meanwhile, had disappeared. At the time, Azazor didn't believe me. "What? Fraiders? What the hell would they be doing here? Are you sure? What would they be doing in a Maraudeurs camp?"… We went into this dormitory. It's very basic, but it's still better than spending a night down there. I'm taking a moment of rest to write these lines, then we'll go to the tavern. I have a plan.
#30 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
#31 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).
#32 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
#33 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
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Edité 6 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).
#34 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
2620, été du troisième cycle.Nous y voilà, nous repartons demain. Il s’est passé tant de choses ici que j’en ai oublié ce journal.Pour résumer très vite… Des fois que je perde la mémoire.Arrivés à l’avant poste. Ils ont pris notre viande, on a créché quelques nuits là à se demander ce qu’on pourrait faire, puis on s’est fait embaucher à l’auberge comme cuisiniers. On a commencé à planquer de la viande pour préparer le reste de notre voyage. Ils ont remarqué, Ostini, le chef des gardes, nous est tombé dessus. Azazor a eu l’idée brillante de raconter qu’on échangeait ça avec les akako akatorums contre un poison, En racontant qu'on a perdu celui qu’on avait emmené. Puis il a fallu que je montre mon poison à ce salopard d’Ostini, leur chef des gardes. Un matis. Bien entendu, il a tout de suite vu que ce poison ne venait pas des akatakomachins… Ensuite, celle qu’on prenait pour la simple tenancière de la taverne s’est révélée être la cheffe de leur clan. Elle nous a fait cracher le morceau, mais s’est montrée relativement compréhensive. Comme quoi, les maraudeurs d’ici, c’est pas comme ceux de chez nous. Ici, on peut parler.Résultat, on a accepté de faire une livraison pour elle, pour repayer nos erreurs. Enfin, nos actions, pas nos erreurs. Ils ont eu la cordialité de ne pas nous balancer par dessus la falaise, ou quoi que ce soit d’autre. Sur le moment, la situation était assez excitante, je n’ai réalisé qu’après que l’on jouait vraiment avec nos vies. La bonne chose, c’est qu’O’Teelo est prête à nous fournir en matériel pour ce travail. Des armures de maraudeurs, locales. Juste ce qu’il nous faut, pour espérer arriver à la Citadelle un peu plus inaperçus qu'avec nos tronches de fyros hébétés. Elle nous a filé une carte, le chemin à suivre semble simple, comme ça. Premièrement, longer la falaise vers le sud, pour trouver le point de livraison. Ensuite, là-bas, nous sommes censé rencontrer d'autres maraudeurs. Ils pourront nous en dire plus sur les danger qui nous attendent si nous décidons de suivre la grande chaine de montagne qui mène à Sentinelle. C'est ça ou faire demi tour, retrouver l'avant-poste et reprendre le chemin des Rangers.Finalement, là est la moins bonne chose : quoi qu'on choisisse, on est contraint de faire un détour de plusieurs semaines, voire plusieurs mois...Ce qu’on doit livrer? Je n’ai jamais vu un truc pareil. O’Teelo nous a ammené un petit coffret, et l’a ouvert devant nous. Elle sait bien que notre curiosité nous aurait poussés à l’ouvrir, de toute façon. Elle a sorti avec précaution trois objets, aux bords un peu verdâtres, ornés d’un coté d’inscriptions étranges, brillantes. Des lignes, dans tous les sens, des points. De près, j’ai remarqué qu’il s’agissait de motifs gravés, pas seulement dessinés. Les points sont de tout petits picots, incrustés. De l’autre côté, comment décrire… une multitude d’ornements, de petits objets, agglutinés les uns aux autres. Comme des éclats de bijoux de différentes couleurs, reliés par de petits fils brillants. Des rectangles, des cercles. À première vue quelque chose de chaotique, et pourtant laissant apparaître une organisation incroyable, chaque élément semblant trouver sa place. Comme s’il s’agissait d’une ville miniature.O’Teelo les a rapidement enveloppés dans des étoffes de fibres, pour les caler dans le coffret, nous recommandant de ne pas l’ouvrir. Pas trop souvent, en tout cas. Elle pense que le vent et la sciure du désert pourraient les abîmer. On a promis d’en prendre soin. J’ai alors demandé : c’est Karavan, non?La Trykette m’a alors regardée d’un air affligé : "Non, ça a été pondu par un Lumper". Azazor n’a pas perdu une occasion de se moquer de moi, avant qu’elle nous fasse signe de la suivre vers l’étable en emmenant le coffret. J’aurais voulu lui poser plein d’autres questions, mais ma première ayant été d’une bêtise totale, je n’ai pas osé en rajouter. Quand même, des fois je ferais mieux de fermer ma gueule.Elle nous a sorti des armures. Couleur de la sciure du désert, rutilantes. Une à Azazor, une à moi. Déjà utilisées, visiblement, mais d’incroyable facture. On a négocié ça. Enfin, Azazor a réussi à négocier... Il m'a bluffée, là dessus. Ah oui, j’oubliais, avant ça, on a du aller chercher le fameux stock de viande. On s’est quand même sentis comme deux crétins, même si on était soulagés de l’issue de tout ça. Au final, on a même cru comprendre qu’ils allaient nous regretter en cuisine.Il me faut écrire ça, aussi : je dois admettre que je me suis trompée. Nous nous sommes tous trompés. Les maraudeurs ici n'ont rien à voir avec ce à quoi on s'attendait. Akilia n'est qu'une cheffe de clan parmi d'autres, et tous ne reconnaissent pas son autorité, ni son combat, ni ses idéaux. Loin de là. La guerre qu'elle mène n'est pas la guerre des maraudeurs des Anciennes Terres.Barmie le savait, sans doute. Je ne peux plus me souvenir de s'il nous l'avait dit, mais nous étions sans doute trop sûrs ne nous, de notre savoir, nous ne l'aurions de toute façon pas cru. Quoi, des maraudeurs qui ne sortent pas leur masse pour régler le moindre problème, qui savent écouter, et plus inquiets de contenir la menace kitin que de s'occuper des pitreries de nos empires des nouvelles terres. Presque des rangers, en fait. À croire qu'il s'agit des mêmes. Nous n'avons croisé que peu de rangers, jusque là.Nous allons de surprise en surprise. Barmie nous avait prévenu des frahars du désert. Il s'agit surtout de Fraiders ! Je garde la hache que je tiens de ceux des nouvelles terres à mon ceinturon, mais je n'ai hélas pas eu le temps de créer de lien de confiance avec aucun d'eux. On en croisera sans doute d'autres dans le désert. Je dois en savoir plus sur eux.Ah, tiens, et Azazor a décidé d'envoyer toutes ses notes vers Pyr. Je pense que c'est idiot, il a plus de chance de se les faire voler ou que le porteur se fasse bouffer par n'importe quelle bestiole sur le chemin. Je lui ai dit de faire une copie. Pas le temps pour ça, qu'il me dit. Tiens, ça me fait penser que les lettres que j'avais confiées au phare sont peut-être arrivées. J'espère qu'ils vont tous bien.Pour résumer... En fait, non, il n'y a pas grand chose à résumer. Juste à se remettre en route.Si. Je dois ajouter... et avouer : j'aimerais tant passer plus de temps avec les homins d'ici, découvrir les richesses et leur savoir, les comprendre mieux. Revenir un jour vers les nouvelles terres avec leur message. Mais allez, ce n'est pas le moment de s'arrêter, nous sommes si près de notre but. Un nouveau désert nous attend.
Dernière édition par Eeri (il y a 2 ans). | Raison: Traduction en Anglais par Nilstilar / English Translation by Nilstilar
#35 Ajouté par Azazor il y a 2 ans
Je me suis résolu à envoyer vers les nouvelles terres tous mes rapports depuis Fort-le-Phare jusqu’à notre départ de l’Avant-Poste Diplomatique. Sur les conseils d’O’Teelo, je les ai remis à un ranger de confiance qui devait aller à la Halte. Espérons que tout se passe bien. La route dans la Mer de Bois est bien plus risquée. Au pire tant pis si le paquet se perd. Toutes les informations qu’on a récupérées sont dans ma tête et je jure de revenir vivant pour les raconter un jour.Bref, comme déjà expliqué dans mon précédent rapport, nous avons trois artefacts à livrer aux maraudeurs installés près de la Grande Flaque au sud. Ils sont censés servir à la construction d'un zinuaken dans la région. Les marauds sont en contrebas d'une falaise. Mais a priori, il n'y aura pas de monte charge ou d'escalier. Donc ce sera escalade, sueur et huile de coude. S'ils se sont installés en bas, sans moyen pratique pour descendre, ça ne veut dire qu'une chose: que la région est très dangereuse et que c'est pour eux un moyen de se défendre. Je vais tenter de décrire au mieux ces artefacts qui me rendent vraiment mal à l’aise. Déjà, on voit tout de suite que ce ne sont pas des créations homins. On dirait des sortes d’écailles de dragon vertes et oranges, sur lesquelles sont peintes ou peut être gravées des lignes qui se croisent et s’entrecroisent. Incrustés sur les écailles il y a des trucs noirs carrés, ronds ou rectangulaires et des sorte de coulées brillantes, durs et froides qui les relient à l’écaille. Eeri parle de bijoux. Pour moi, on dirait des pustules noires d’une créature innommable suintant un liquide gris et brillant qui se serait solidifié. Il y a aussi quelques symboles dessus. Des lettres, des chiffres, mais sans aucun sens. Des symboles qui insufflent la vie comme pour les foreuses kamis ? Mais ça n’a rien de kami. Rien que de toucher ce machin ça me dégoûte. Au moins, je n’ai pas vu de traces de goo dessus. Je note tous les symboles sur une page à part et je tente un dessin du plus gros artefact, pour vous donner une idée. Mais vous savez mes talents pour le dessin…Extrait du dessin d'un des artefacts.On nous a pas dit le nom de ces trucs, O’Teelo se contentant d’appeler ça une babiole. En tout cas, c’est pour moi clairement karavan. Je ne vois pas les maraudeurs créer ce genre d’artefacts. Il va falloir que j’en sache plus sur le lien entre marauds et kara. Sur les NT, il y a parfois des alliances de circonstances pour les batailles d’Avant-Postes. On peut imaginer qu’ici ce soit là même chose. La karavan fournissant la technologie pour fabriquer les zinuaken en échange de ressources récoltées par les marauds. Une rumeur que j’avais entendue autrefois parlait de dissidents de la karavan. Eeri en sait peut-être plus sur le sujet. Bref, tout ça renforce l'hypothèse d'un fyrak mécanique de la karavan dont les écailles seraient ce genre d'artefact, même si ici il ne s'agit pas de dragon mais d'un zinuaken. Pour changer de sujet, laissez-moi vous décrire brièvement le désert que nous parcourons. A première vue, il n’y a pas de différences avec le désert impérial. Même dunes, même sciures, même plantes, peut être un peu plus chaud. Des olash, des olansis, des savaniels, des botogas qui nous aident à ne pas trop puiser dans notre stock d'eau. On n'a pas encore vu de Bothaya. Je présume que la présence de la grande flaque pas trop loin permet une hydratation des sous-sols qui empêchent son apparition. Mais je sais plus, je dois confondre avec une autre plante. J'aurai dû mieux suivre les cours de botanique à l'Académie. Il n'y a pas de papalexi non plus sur la route pour l'instant. Et pas croisé de loojine également. Il parait qu'ils sont de la même famille. Ceci explique peut être cela... Concernant la faune, pour l'instant on a seulement croisé au loin des varinx. D'après les maraudeurs, nous ne devrions pas croiser de Fraiders, ne passant pas sur leur territoire. Cela semble déplaire à Eeri, mais qu'elle se rassure, ce sera pour le chemin du retour, dans quelques années. Par ailleurs, j'ai stocké dans une bourse une petite partie de sciure pour analyse ultérieure, quand je rentrerai. Si le maitre xylologue Ulyton Meros accepte de se pencher dessus, on aura peut être une surprise.Ah oui, un point intéressant à noter: l'astre du jour est bien plus haut que dans les Nouvelles Terres. C'est un fait. J'ai pu le mesurer avec le sextant. Je note toutes mes mesures sur une page à part. En estimant le nombre de kilomètres parcourus vers l'Est, je pense qu'on peut donner une estimation de la courbure d'Atys. Mais n'étant pas doué pour les calculs, je laisserai ça au soin des maitres de l'Académie à mon retour. Est-ce que le fait qu'il fasse un peu plus chaud viendrait de là, les rayons arrivant moins obliques que dans les Nouvelles Terres? Plus nous avonçons sur la route, plus je découvre de choses, mais plus je me pose de nouvelles questions. La quête de la Vérité est un chemin infini.Nous devrions arriver au point de rencontre d'ici quelques jours. En espérant ne pas se faire bouffer par un varinx d'ici là...
Ce qui devait arriver arriva. Ce matin, nous avons croisé un groupe de quatre homins accompagnés d'un varinx. Ramèch! Un varinx de compagnie! Une bête magnifique, aussi haute qu'un homin. Un peu comme Aen chez nous. Sauf que ce n'était visiblement pas des maraudeurs. Ils ne se sont même pas présentés. Ce ne sont pas des Atakorum en tout cas, mais sûrement une énième tribus de nomades du désert. Ils ont exigé qu'on leur laisse tout notre bardage et le mektoub en échange de la vie sauve. On a essayé de négocier un peu de viande pour eux et leur varinx, mais rien à faire, c'était la totalité de nos affaires si on voulait pas, je cite: "finir dans le ventre de Razor". J'ai présumé que c'était le nom du varinx. Toujours est-il qu'on pouvait pas se permettre de leur filer l'objet de notre quête. Il y allait de notre honneur. Alors pour la première fois depuis notre départ de Silan, on a du se battre contre des homins pour sauver nos vies. Résultat: on en a tué deux et le varinx, les deux autres se sont enfuis. Enfin... Eeri a tué le varinx, un homin et en a blessé un autre grièvement. Moi je me suis contenté de l'achever, récoltant au passage une belle entaille à la cuisse droite quand la pique d'un homin a réussi à perforer l'armure maraudeur au niveau d'une jointure. Sans Eeri, c'était mon thorax qu'il transperçait. C'est une vrai furie quand elle se bat celle-là. Je l'avais déjà vu faire dans les Nouvelles Terres. Mais jamais avec autant de rage et de détermination. On aurait dit une déesse de la guerre. Lopyrèch m'avait prévenu, cette homine est dangereuse. Heureusement que je suis son ami. Enfin, je crois. Bref, aujourd'hui, j'ai tué un homin. Je veux dire, définitivement. Ce n'est pas du tout la même chose. Je ne l'avais pas encore remarqué jusque là, mais quand on tue quelqu'un d'habitude, on sait toujours au fond de nous que ce n'est pas, ou rarement, une véritable mise à mort. Là, quand j'ai planté ma hache dans le crâne de mon ennemi, j'ai su qu'il ne s'en relèverait pas. C'est comme si j'avais aspiré son âme. Je me suis senti sale. Cela m'a rappelé la mort d'une crise cardiaque du celiakos Lyan Cexius après qu'il se soit énervé contre moi. Sur le coup, j'ai ressenti une certaine culpabilité. Sauf que cette fois, je ne peux pas me rassurer en me disant que l'homin était très âgé et que son heure était venue. Je suis responsable du coup de hache qui l'a terrassé. J'ai pensé alors à nos ancêtres qui, au combat, devait vivre ça de nombreuses fois. Tout s'embrouille dans ma tête, j'ai plein de pensées contradictoires. C'est vraiment un autre rapport à la vie. Comme nous sommes devenus faibles à cause de la protection des puissances! Comme nous avons perdu tout cet aspect, je dirais, philosophique! Tous les guerriers, et moi le premier, nous nous trompons depuis le début. Tuer n'est pas une chose anodine. C'est un véritable pouvoir qui peut rendre fou. Celui-ci nous a été ôté par la résurrection des puissances. C'est désormais elles qui ont ce pouvoir. Et je ne suis pas sûr que ce soit forcément un bien.
Décidément, c'est la loi des séries. Aujourd'hui, alors qu'on avançait tranquillement vers le sud, je suis tombé dans une crevasse. Une belle chute d'une dizaine de mètres. C'était pourtant pas marqué qu'il y a des crevasses dans le coin. C'est censé être plus loin, vers l'est. Bref, on a bien passé une heure pour qu'Eeri parvienne à me remonter à l'aide d'une corde et du mektoub. Soit disant j'étais trop lourd. Ce doit être le sac, il est chargé de cuir de varinx, ça pèse son poids. On va devoir redoubler de prudence. Autant on a aucun mal à se soigner ici, contrairement à la Mer de Bois, mais on n'est pas immunisé à la blessure mortelle. S'il y a des crevasses de dix mètres de profondeurs, on peut imaginer qu'il y en a de bien plus profondes. J'ai beau être résistant, je ne suis pas incassable.
Edité 3 fois | Dernière édition par Azazor (il y a 2 ans).
#36 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
#37 Ajouté par Eeri il y a 2 ans
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