ROLEPLAY


Et après

Depuis combien de temps était-elle là? Combien de temps était-elle restée dans ce coma, après l’opération? Que s’était-il passé pour qu’elle se retrouve là?
Elle avait survécu quelques jours grace aux plantes qu’elle savait comestibles, mais ce n’était pas suffisant pour lui redonner des forces. Pourtant, sa conscience du temps et de l’espace revenaient, lentement, avec des questionnements, et avec la nécessité de retrouver le monde, de retrouver Mazé’Yum, le laisser l’examiner. Son bras bougeait, lentement, au prix d’une concentration et d'une douleur inimaginable. Elle pouvait ouvrir et fermer sa main, et légèrement plier l’avant-bras. Pourtant, le moindre morceau d’écorce lui semblait peser le poids d’un animal mort, glissant d’entre ses doigts trop faibles pour maintenir quoi que ce soit. Elle passait des heures et des jours à regarder sa main se plier et déplier, si concentrée à tenter de développer ce mouvement faible qu’elle en oubliait de hurler de douleur, si elle ne s'effondrait pas, à bout de force, sous la racine qui lui servait d’abri.

Elle devait retrouver la civilisation, trouver de l’aide. Mais où commencer? Elle n’avait rien qu’une tunique légère, sans aucun pacte, aucun dapper, sans même une dague pour se protéger. Plus loin, à la sortie de ce labyrinthe, se trouvait cette tribu de mercenaires fyros, mais elle ne les connaissait pas assez pour ne pas être méfiante. Oh, et puis, pensa t-elle, une homine dans un état pareil, ça ne se revend pas en esclavage. Ils avaient sans doute décelé sa présence, aussi. C’était peut-être sa chance de sortie, en profitant d’une patrouille pour rejoindre le jardin fugace, s’ils acceptaient.
Elle se mit en route très lentement, sachant qu'elle devait être à l'affut du moindre danger, les dents serrées pour ne pas hurler de douleur, tant chaque pas activait les muscles de son bras droit. Elle se souvenait maintenant de ses dernières conversations avec Mazé'Yum, qu’elle devait à tout prix éviter un retour par les puissances, car même lui n'avait pas la moindre certitude des répercussions possibles. Il avait dit qu'elle perdrait des repères au réveil, mais à ce point? Quelque chose avait sans doute mal tourné pour qu'elle se retrouve là, seule. Elle n'était pas la première à survivre une pareille opération, mais le savant avait omit de lui donner trop de détails sur ses précédents cobayes, mis à part que les derniers s'étaient réveillés, vivants.

Elle se perdit bien vite dans ses pensées, mettant un pied devant l'autre au milieu du chemin qui par chance était dépourvu de prédateurs. Elle reprit ses esprits en vue de la tribu, et s’en approcha, le plus dignement possible.

— Tiens, te revoilà, lui dit le garde fyros qui se trouvait là.

Eeri le regarda incrédule. Au moins, il semblait détendu, et assez peu surpris de la voir là. Elle s’arrêta en face de lui.

— Alors, tu te décides à nous parler, cette fois?
— On.. on se connait ?

Le garde sourit, le regard plein de pitié pour elle, puis il lui fit signe de le suivre.

— Viens près du feu, il reste un peu à manger.

Eeri ne se fit pas prier, et profita d’un peu de viande grillée encore chaude, d’eau fraiche, et de la chaleur du feu. Là, un autre garde lui raconta qu’une patrouille l’avait repérée, une semaine plus tôt, au nord de la région. Elle était désorientée et épuisée, tournant en rond autour de l’un des grands arbres. Alors qu’ils s’approchaient, elle perdit connaissance, et ils l’avaient amenée avec eux, la portant jusqu’à leur tribu. Ils l’avaient installée près du feu. Quelques minutes plus tard, alors qu’ils lui cherchaient des vêtements chauds et qu’ils avaient les yeux tournés, elle s’était simplement volatilisée. Elle n’avait donc pas traversé cette région seule, un mystère s’éclaircissait. Puis elle raconta au petit groupe qui s’était formé autour du feu la raison de sa présence ici, commençant par le combat avec le Flamboyant, raison pour laquelle son bras était dans un tel état. Quelques-uns avaient entendu parler de ce voyage, c’était une histoire qui circulait parmi les tribus fyros telle une légende dont les détails se transformaient selon la fantaisie du conteur. Certains racontaient même qu’ils n'étaient pas revenus vivants du voyage. Évidemment que si, leur dit-elle, sinon comment l'histoire serait-elle arrivée ici? Heureusement, ses explications furent suffisantes pour qu’ils acceptent de la raccompagner avec une patrouille dès le lendemain au plus près du laboratoire de Mazé’Yum, sans trop poser de questions.

Ils la laissèrent tout près de l'hôte Karavan du Jardin Fugace, ne pouvant aller beaucoup plus loin, car commençait le territoire contrôllé par les Matisagoo. Mais de là, le chemin était relativement aisé, elle arriva sans problème à son but, se faufila derrière les lianes qui cachaient la porte, et la poussa. Il n'y avait personne. Le lit d'opération était encore là, au milieu de la pièce, un scalpel planté au niveau du coussin sur lequel elle avait été opérée. Ses affaires étaient là, son armure, ses pactes, ses bijoux, son badge. Lentement, après une toilette sommaire, elle s'équipa, puis s'installa dans le fauteil du Zoraï et attendit.

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Eeri
"Quand on a le nez trop près de la bouteille, on ne voit plus le bar"
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