ROLEPLAY


« kün geyum » Récit du voyage sur la route d’Oflovak jusqu’à Coriolis

Devant le désert qui s’offre à lui, Azazor ne peut s’empêcher d’avoir une bouffée de nostalgie pour son désert, celui qu’il a quitté voilà de ça des années. La sciure parait moins fine ici, où est-ce ses souvenirs qui s’embrouillent? Le vent, venu de l’est, semble s’engouffrer vers le bas de la falaise, faisant s’agiter les deux mektoubs attachés un peu plus loin. Leurs meuglements semblent répondre au sifflement du vent dans une sorte de complainte lugubre. Jamais il n’a ressenti la mélancolie dans son désert. Mais ici, tout est différent. À la fois si loin de ses proches, et si près de ses ancêtres.

Cela fait trois jours qu’Eeri est partie. Trois jours qu’il l’a vu descendre en rappel la falaise, accrochée à une corde dont elle a pris soin de vérifier l’attache à la racine sortant de la sciure avant de s’y harnacher. Comme si elle avait fait ça toute sa vie. Reviendra-t-elle ? Les maraudeurs de ce clan sont-ils aussi amicaux que ceux de l’Avant-Poste Diplomatique ? D’ailleurs, amicaux, c’est un bien grand mot. Disons plutôt civilisés. Avec un certain sens de l’honneur. Il n’y a a priori pas de raison qu’Eeri soit mal reçue. Elle leur apporte des « babioles » pour faire fonctionner leur zinuaken.

Leur campement s'est installé dans l'épave d'un gros vaisseau de la karavan. Celui-ci fait bien cinquante mètres de long vu d'ici. Comment a-t-il été détruit? Difficile à dire. Les kitins seraient-ils capables de cela? Ou les kamis? D'ailleurs, l'épave, à ce qu'il peut en voir, doit dater du premier essaim. Une partie semble enfoncée dans la sciure, ou disons plutôt recouverte par elle. De loin, la carcasse du vaisseau parait bien sombre. Il est incapable de reconnaitre un des vaisseaux visibles dans les Nouvelles Terres. Peut-être s'agit-il d'un ancien modèle, jadis utilisé dans les Anciennes Terres et aujourd'hui tous à l'état de ruines, pour il ne sait quelle obscure raison. Après l'épave au nord de Fort-le-Phare sur laquelle les rangers ont récupéré de quoi faire le système d'éclairage du phare, c'est la deuxième ruine de vaisseau de la karavan dont il prend connaissance, et la première qu'il voit de ses yeux. Ici, la karavan semble bien fragile, comme en décrépitude. Les kamis aussi d'ailleurs, il n'en a pas entendu parler. A croire que les puissances ont toutes déserté ces lieux. Seul survivent les homins, se réapropriant les ruines du passé, bâtissant de nouvelles cités, ne perdant pas espoir. Il avait décidément mal jugé les maraudeurs. Du moins ceux d'ici.

Eeri doit être là-bas avec eux, sûrement dans une des pièces du vaisseau réaménagée en lieu de vie, à siroter un baba ou à boulotter un morceau de varinx grillé au feu. Peut-être sont-ils en train de rire, de se dire qu’ils ont bien de la chance de l’avoir croisée, qu’elle leur apprendra à cuire la viande, qu’ils ont bien besoin d’une bouchère, qu’elle pourrait rester… Il ne lui en voudrait même pas. Il sait que ça viendra. Il a vu son regard quand elle a parlé de ces homins, de la rudesse de la vie ici. Ça lui plait. Ici, bien qu’elle le nie, elle se sentirait enfin libre. C’est la vie qu’elle a toujours rêvée. Alors pourquoi continuerait-elle de s’encombrer d’un gros balourd de fyros incapable de terrasser un simple bandit ? Il ne la mérite pas.

Azazor observe les dunes derrières lui. Des dunes déjà bien sombres, se détachant comme des silhouettes du ciel couleur pourpre. C’est de là qu’ils viennent. Si on les a suivis, c’est de là que viendra l’attaque. Trois jours qu’il redoute qu’ils lui tombent dessus. Si ça devait arriver, il ne combattrait pas et laisserait les mektoubs pour descendre par la corde. Autrefois, il serait resté pour combattre, en gueulant du cal i selak à plein poumon, cognant sa hachette contre son bouclier, sûr d’être un guerrier d’exception, certain de pouvoir tuer fyrak lui-même, car la peur de la mort ne faisant pas encore partie de ses concepts. Mais plus maintenant. Depuis l’épisode de Titus, et surtout, depuis son combat avec ces bandits, il sait ce que mourir veut dire. Et ça le hante. On pense être courageux, mais on ne sait pas ce que c’est tant qu’on n’est pas réellement passé près de la mort. Ce qu’il espère, c’est qu’un jour il sera lui aussi capable d’affronter la mort, de la défier en frappant sur son bouclier. Comme Eeri… Eeri qui ne reviendra pas. Car il n’a plus rien pour lui. Pas même le respect de la Vérité. Et elle le sait maintenant, depuis qu’il lui a dit son secret, son mensonge, qu’il traîne comme un fardeau depuis des dizaines d’années…

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