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Chroniques Iwakura

Depuis que j’ai quitté les Terres Sauvages, la solitude et la survie sont restées mes deux plus fidèles compagnes.

Lors de l’invasion Kitin, je ne fis pas partie de ceux qui fuirent Zoran par les arcs-en-ciel Karavan. Seuls les lâches fuient enfin, c’est ce que je pensais à l’époque, jusqu’à ce que je vis les Kitins aux portes de Zoran. Je me souviens mal de notre capitale, j’étais encore jeune, mais je n’oublierais jamais le bruit des crocs acérés se mêlant aux cris des malheureux déchiquetés, parfois encore vivant, parfois encore des enfants. Dans ce combat mon destin fut de tomber avant que tous les Tran ne furent détruit. Le jet d’acide de Kenrey qui dut m’être fatal me sauva car les Kamis, encore présents, purent sauver ma graine et me ranimer à l’écart du combat principal.
La destruction du dernier Tran rompit le lien kamique et, à partir de cet instant, la fin était scellée; nous n’eûmes plus qu’une vie, une chance, et surtout nous étions seuls. En une journée Zoran devint le tombeau des derniers fidèles et j’espère que dans son sacrifice ces derniers remparts de chair surent qu’ils ne combattirent pas tant pour la théocratie que pour permettre aux derniers des leurs de fuir se cacher dans les anciennes terres. J’apprendrais bien des années plus tard la disparition de notre chef Min-Cho, j’aime à penser qu’il fut dans ce dernier carré!


De notre groupe d’épargnés et de fuyards la plus grande sidération vint des anciens, plus leur foi était grande, moins ils survécurent. L’initié agé que je suis aujourd’hui comprend que, tournée vers le passé la foi des anciens s’effondra en même temps que les murs de notre capitale. Souvent ils donnèrent leur vie pour cacher et préserver de précieux cubes d’ambre ou alors n'avaient-ils plus la force de continuer. Leur maladresse n’était que bonté, leur faiblesse que désespoir. Peut-être, un jour, raconterais-je leur histoire, je prie pour eux et leurs fantômes m’accompagnent…

Une fois les derniers arc-en-ciel détruits, Atys, notre mère jadis nourricière devint stérile. Après nous avoir exterminés les Kitins se mirent à détruire notre monde, ils se répandirent dans la canopée et j'ignore encore comment ils furent arrêtés ! Plusieurs fois nous trouvâmes refuge en des lieux isolés, mais la terre s'épuisait trop vite. Pour survivre nous vécument nomades, je ne saurais donner le compte exact des années qui s’écoulèrent, au moins 4 peut-être 6. Ainsi notre troupe d'infortune se transforma, d'un attroupement de Kwai épars en une tribu de guerriers soudés!

Les premières années, grâce à mes aptitudes pour tous les travaux manuels j'étais contenu aux activités du camp mais, les blessés et handicapés se multipliant je dus rejoindre l'équipe de chasse. J'y devins leur meilleur éclaireur, je savais me rendre invisible dans toutes les conditions et, appelez çà un don ou de la chance, j'ai toujours senti le danger avant de le voir. Je devins aussi un bon chasseur, ce qui en ces temps se résumait à revenir en vie au campement.

La vie à Zoran nous revenait d’un autre monde, d’une autre Atys. On ne survit pas aux kitins, à la folie et à la goo par hasard et surement pas en rêvant d’un lit douillet. Au fil de nos errances nous fîmes de nombreuses rencontres et, sans la confiance les contacts avec les autres errants se limitèrent au troc. Tout se troquait, vraiment tout... la bonté avait disparu rien n'était donné, rien n'était gratuit.

Quand je compris pour la première fois l’existence de terres nouvelles l'espoir revint ! Ce fut lors d’une chasse tandis que je récoltais des œufs dans les nids d'Izam. Un cadavre Matis gisait le crane ouvert au pied d'un immense arbre sur lequel j'avais grimpé. Quelques instants je crains un nouveau piège pour me capturer ou me piller, éh oui, je passe sous silence de biens tristes aventures en ces temps de famine……. Depuis longtemps nous ne portions plus que des loques rapiécées une telle armure neuve avait trop de valeur pour n'être qu'un simple appât, pour le moins elle en valait le risque ! Après m'être assuré des alentours je sortis de l'ombre protectrice des racines, et là... je trouvais sur ce corps une chose que je pensais à jamais disparu, une des premières choses que l’exode avait rendu inutile; des dappers avec leur goutte de sève si reconnaissable.

La déduction s’imposait à moi quelque part, quelqu’un avait trouvé un havre, un refuge, et recommençais à développer une cité, du commerce !

@Matashichirô Iwakura

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