ROLLENSPIEL


La danse du conteur

Après avoir roué suffisamment de coups le mur pour se rendre compte qu'il avait bien plus mal que le mur, Husy se mit à fouiller son appartement, se demandant ce qui avait bien pu être volé. Il fut fort étonné quand il se rendit compte que la seule chose qu'il avait perdu était son sang-froid, et que rien ne manquait chez lui.

Cela ne le rassura pas pour autant, et il décida d'aller interroger le gardien de son immeuble à ce sujet. Après tout, il aurait nécessairement du voir quelqu'un passer !

"Comment ça, tu n'as vu personne ?"
"C'est ce que je te répète pour la quatrième fois ! Personne n'est rentré pendant les 10 minutes où tu es parti !"
"Mais c'est impossible, je suis sûr que ce n'est pas moi qui ai vandalisé mon propre appartement, quand même !"
"Et tu as demandé à la trykette à couettes d'hier soir ?"
"Comment ça, quelle trykette ? Quelles couettes ?"
"Une trykette dans la force de l'âge, avec des couettes et une tenue raffinée beige, qui m'a dit qu'elle te faisait une surprise ... Elle avait manifestement les clés pour rentrer chez toi, je ne l'ai pas vu ressortir de la soirée."
"Mais ENFIN, à quoi ça sert de payer un gardien s'il est même pas foutu de garder ? Un seul travail à faire, et même ça t'y arrives pas ! C'est comme si j'allais dans les bars raconter des salades de Cratchas, c'est ridicule !"
Le gardien réprima un sourire, connaissant bien assez la réputation d'Husyrèch en la matière ...
"Je ne peux rien de plus pour toi, Husy. Et si tu n'es pas content, envoie une réclamation au Palais."

Après quelques minutes passées à insulter copieusement le gardien qui resta d'ambre, Husyrèch partit en direction de chez Lydix. Il avait eu une idée ; comme quoi, la colère ne mène pas qu'à la haine, mais aussi à des éclairs de génie. Lydix vit arriver le conteur, le visage encore rougi, et la tête des mauvais lendemain. Les questions indiscrètes, ça ne faisait pas vendre, alors il les rangea avec sa curiosité.
"'ren pyr Husy, qu'est ce qu'il te faut ?"
"Du matériel d'adoration, qualité supérieure."
"T'es sûr que tu t'es pas trompé de magasin, par hasard ?"
"dey, dey, ce soir c'est prière au Grand Glouglou, je vais pas faire ça avec de l'eau !"
"Je vais voir ce que je te trouve. Mais cette fois-ci, je veux voir les dappers avant ! J'ai pas envie de devoir ré-engager un huissier comme la dernière fois."
Husy grommella et sortit sa bourse. Ce n'est pas qu'il était pauvre, c'est plus que par principe il n'aimait pas payer, voilà tout. Armé d'un tonneau et d'une multitude de bouteilles, Husy repartit chez lui.

Une fois arrivé, il alluma un feu, et se mit dans la position de prière avancée. Adossé au mur, le bras à 90°, juste au dessus d'une petite table, et on garde une régularité dans le mouvement. Husy n'en était pas à son premier coup d'essai, même s'il consultait rarement le Glouglou pour ses conseils. Mais à ce stade, il n'avait plus vraiment d'autres idées, et puis c'était en plus un moment relativement agréable. Pour couronner le tout, il sortit un peu de stinkaab qu'il avait récupéré dans une de ses folles aventures, et se prépara.

Au bout d'un moment, Husyrèch se mit à fixer le feu, fasciné par la danse des flammes. Alors qu'il se demandait comment celui-ci faisait pour danser ainsi, il fut surpris d'entendre le feu lui répondre.

"Oh, tout est dans le déhanché, en fait. C'est pas parce que je suis un feu que je ne peux pas le faire !"
"Woah, un feu qui parle, trop bien !"
"Oh mais, tous les feux parlent, c'est juste que presque tous les homins ne savent pas nous entendre. Tu dois être unique en ton genre !"
"Ouais !!!!!"
"..."
"Et sinon, monsieur fyr, vous savez raconter des histoires ? C'est toujours à moi le faire, ces derniers temps ..."
Un peu déçu d'être pris pour un simple conteur, le feu commença à lui raconter l'histoire de Kyr'Tas, le tryker qui se prenait pour un Kizoar. Husyrèch était fasciné, admirant les images que lui montrait le feu qui narrait en même temps. Ça, c'était du conteur avec des preuves solides ! Au bout d'un moment, alors que Kyr'Tas s'apprêtait à affronter le légendaire Ekilm, le feu se mit à danser dans toute la pièce et changea de voix, ce qui impressionna d'autant plus Husyrèch. Si seulement il pouvait faire la moitié de ce qu'un feu pouvait faire, ses histoires seraient dantesques ...
"La pique ! Husyrèch ! Attrape la pique !"

Fasciné par le feu, Husyrèch obéit et attrapa la pique, qui n'était qu'à quelques centimètres de lui. Au moment où il la toucha, tout son corps se figea, ses muscles se crispèrent et ses yeux se révulsèrent. Husyrèch se vit dans le bois du champignon géant, admirant Yren se battre contre des Jugula, avec une pique. Non, pas une pique, SA pique, celle qu'elle portait sur elle en toute circonstance, ne s'en séparant jamais. Et pourtant, Husy la tenait dans sa main, sentant les gravures uniques le long du manche.

Pris d'un éclair de lucidité, Husyrèch reconnut la fyrette à ses côtés qui lui parlait sans qu'il n'y comprenne mot. Il essaya de lui dire, qu'il avait compris, que la goo l'avait atteint, et qu'il devait se faire rappeler par les Puissances. Mais seul des grognements incompréhensibles sortaient de sa bouche. Un conteur qui n'arrivait plus à parler, quel comble ... Se rendant compte de la futilité de son action, Husy lutta de toute ses forces pour reprendre contrôle de son corps. Centimètre par centimètre, il déplaçait la pique en direction de son coeur. Il serait assez fort pour le faire lui même, pas comme ce faible de drakani !

Husyrèch sentit une main entourer la sienne, puis une deuxième. Il sentit des murmures à son oreille, mais oublia tout lorsque la dernière vision de sa vie s'imprima sur ses yeux : sa propre sève coulant le long de la Pique d'Yren.
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