ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Aller de l'avant.
Je savais que je faisais une bêtise et je savais que je n'avais pas le choix.
Au fur et à mesure que les passeurs nous frayaient un passage vers les primes, les monstres se faisaient plus effrayants, plus hideux, plus imprévisibles.

Du yubo facétieux de mon enfance au goari que j'avais appris à trouver d'une maladresse amusante, j'avais vu passer les placides ybers, puis les kipees monstres mécaniques indifférents.
Mais une fois le vortex des Plages d'Abondance franchi, le monde extérieur m'apparaissait dans toute sa sauvagerie.
J'avoue avoir du fermer les yeux de nombreuses fois lors de ce passage pour ne pas me laisser submerger par la peur, suivant à tâtons les passeurs.

Mais aujourd'hui ces bêtes ne me font plus peur, ce ne sont que des bêtes, elles ne peuvent m'atteindre.

Je ne sais pas ce que j'allais chercher la bas.
C'était sans doute la richesse; les pieds dans l'eau à Fairhaven j'avais vu passer ces fiers guerriers en habits noirs et blancs des primes.
Mais je savais déjà comme tout bon tryker qu'on ne s'amuse pas plus avec une épée sup qu'avec une épée choix.
Alors quoi? ... sûrement l'envie de partir.
Quand ce qu'on a trop aimé ne devient qu'un bout de soi qu'on ne vois plus, il faut partir.
Quitter ce qu'on aime encore pour pouvoir espérer vivre complètement à nouveau.
Même si on est pas sur que ça soit possible, qu'on puisse recommencer sa vie, renaître ailleurs pour se retrouver.
Aller de l'avant.

C'est seulement quand nous entrâmes dans les primes que je compris ce qu'était cette force qui m'aspirait vers ce trou.
C'était beau.
Ce n'était pas doux comme le sable d'Avendale, ce n'était pas clair comme le Lac de la Liberté, ce n'était pas chaud comme la terrasse de bois de Windermeer.
C'était beau et rien de plus, et j'ai compris pourquoi j'étais là.

Et alors que mes compagnons avançaient impatients vers la sécurité de la jungle zoraïe, je me cachait et restait la.
C'était la fin de mon voyage, c'était son commencement.
Je repense parfois à eux, ils sont sûrement niveau max, combattant fièrement au Vide.
Dans ce pays zoraï, dans cet autre pays des lacs, leur nouveau "chez eux".

Je suis restée dans les primes, ce n'est pas mon nouveau "chez moi" et ça ne le sera jamais.

Et chaque matin je me réveille au ronronnement du vortex, j'avance dans la Fosse aux Epreuves, et c'est un éblouissement.
J'avance au milieux des champs de champignons et d'algues lumineuses et c'est beau.
J'avance au milieu de ces animaux broutant au paradis, et je les aime.
J'étend mon bras au dessus de cette mousse fluorescente et je sent cette humiditée boisée qui monte du sol doucement.
De la fibre bouillonne sous ma main et ma pioche s'enfonce dans la shu suprême comme une cuillère en bois dans la mélasse aux baies sauvages de ma tante Kealey.
Et dans le silence je ne fais qu'un avec les racines.

Mais je sais que je ne suis pas seule.

Mais je sais que d'autres ici ont leur vie, une vie qu'ils ne veulent pas partager.
Je sais que ces tyranchas ne diront rien.
Jusqu'à ce que je les approche de trop près, jusqu'à ce que je les force à me voir.
Jusqu'à ce qu'ils soient obligés de montrer ce qu'ils pensent vraiment de ma présence ici.
Je sais aussi les kirostas.
Je sais que cette fibre que je leur prend, ils n'en ont aucun l'usage.
Je sais que quand ils me tue, ce n'est même pas pour manger mon corp.
Je sais la haine.

Et je sais quand je me retrouve prostrée au vortex, le souffle court, faible et pansant mes blessures, que mes amis trykers m'attendent encore la bas, les pieds dans l'eau.
Et je sais que je ne posséderais jamais ces primes comme les lacs font partie de moi.
Je sais qu'il n'y a pas de but, juste la certitude que c'est là que je veux être et que je serais.
Aller de l'avant.

#2 [fr] 

Chapeau bas, Nair.

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#3 [fr] 

Agréable à lire. Bravo !

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