ROLEPLAY

Geyos était parti rejoindre Kiwalie en fin de soirée. Un besoin cookivore, ou comme il disait "je me nourris pas d'amour et d'eau fraîche moi !". Après une longue discussion (et quelques sachets de cookies) à propos de Wilk et des Anciennes Terres, il accompagna la matisse chez les Fraiders. C'était probablement voué à l'échec et Zrrul avait disparu il y a bien longtemps, maintenant ...
Mais tenter de négocier avec Rrak ne coûtait rien, et Geyos rendait de toute façon régulièrement visite aux Fraiders. Il aimait bien l'ambiance tranquille et simple du camp ; les Fraiders étaient en fait plutôt agréable à vivre, une fois qu'on les connaissait. Et ils faisaient d'excellents goûteurs quand il testait de nouvelles variétés.
Rrak n'avait pas eu l'air convaincu ce soir là par les arguments du fyros et de la matisse (et pourtant, elle en avait). Geyos en profita pour faire une inspection du coin, histoire de s'assurer que les écorcheurs ne posaient pas trop de problèmes. Une fois son tour fini et Kiwalie rentrée chez elle, il s'assit à sa place et commença la longue veillée traditionnelle des Crânes.

Je passais le plus clair de son temps au camp Fraider, désormais. Je m'étais doucement réhabitué à cette vie simple mais agréable que je partageais avec les Frahars. Ici, plus de politiques, d'empereur, de trahison, de jumeau secret et de fyros pour lequel j'avais désormais moins d'égard que pour la carcasse d'un cuttler.

J'étais venu plusieurs fois avec Kiwalie pour essayer d'accéder aux Anciennes Terres ; je lui devais bien Ça. Mais Rrak restait intraitable là dessus : personne ne passait plus. J'avais vu au fil des jours le sourire sur le visage de la Matis s'effacer devant le chef inébranlable, mais elle avait continué à revenir, armée de cookies pour négocier.

Je suis allé au Bois d'Almati, pour ne pas inquiéter le Cercle outre mesure, mais cela me semblait tellement futile et lointain ... Les grands plans de Wilk d'exploration des Anciennes Terres avaient été mis sous silence par ce mystérieux zorai - et personne ne savait où était Daeronn. Encore un volet de mon histoire parti en fumée ...

Je suis allé dans les Lacs, espérant retrouver un peu de calme en buvant une bière fraiche. C'est avec plaisir que j'ai pu constater le retour de Kaaon ; il semble s'être lui aussi éloigné de la politique. Curieux d'entendre ce qu'il se passait, je suis allé à une assemblée Taliari. J'ai été sidéré par la position de Binarabi ; les chercheurs d'Elias avaient toujours été de proches amis, et les voir ainsi dénaturé m'avait un peu plus dépité. Ces homins n'ont ils donc aucun respect ?

Je n'ai pas eu le courage de faire mes adieux à mes proches, même à Icus. J'ai essayé de lui parler, mais il a l'air au bord de la folie avec Atreus ... Ils savent où me trouver de toute façon.
J'ai déjà transféré la majorité de mes possessions qui m'importaient ; et je transporte en ce moment au camp la dernière trace de ma vie passée, en souvenir de la joie d'antan, ma Poutre.

Quelque part dans le Couloir Brûlé, le vieux brasseur discutait avec une charmante fyros de noir vêtue.

- Quand je pars, et tu sais que ça va arriver bientôt, je veux que tu brûles tout, sans exception. Je veux qu'il ne reste rien du nom de Geyos. Ce rassemblement de lâches hypocrites qu'on appelle hominité ne mérite pas que j'y laisse ma trace.
- Et Eeri, Icus, et tous les autres pour qui tu as compté ? Ils ne le méritent pas non plus ? L'hominité ne se réduit pas à ses hypocrites, tu le sais bien.
- Glorf ne sera pas oublié, lui. Je n'aurais jamais du revenir de toute façon, j'ai causé bien trop de problèmes. C'était stupide et égoïste de ma part.
- Je suppose que je ne peux pas vraiment te faire changer d'avis, de toute façon ...
- Non, en effet. Je peux te faire confiance ?
- Évidemment, malos.

Quelques jours plus tard, Melor poussa la porte d'un vieil appartement à Pyr, poussiéreux à souhait. Après quelques heures de recherche, elle trouva enfin ce qu'elle voulait : une vieille armure rouge, et la massue assortie. Elle profita heureusement de l'aide des Fraiders pour installer le bûcher, sur lequel elle déposa son frère dans son armure de Légionnaire, déposant à ses côtés sa massue et sa Poutre.

«Il y a de cela bien longtemps, tu as prononcé des voeux sacrés, jurant de défendre les Légions et le Désert. Jusqu'au bout, tu les auras honorés. Tu t'es battu jusqu'au bout contre les innombrables Kitins, les perfides Maraudeurs, et les insidieux Matis. Au delà d'un furieux guerrier, tu étais un idéaliste qui pensait pouvoir faire évoluer le sharük vers des horizons plus verts. Ce combat invisible contre les Puissances qui t'as amené à collaborer avec des homins venus de tout bord - et même des Matis, toi qui les détestais tant - pour au final permettre à l'Hominité de se protéger des Kitins. Pour cela, je ne t'en serai jamais assez reconnaissante.
Adieu petit frère ; où que tu sois désormais, je ne pourrai plus te protéger. Puisse ton Grand Glouglou t'apporter la paix que tu cherchais depuis si longtemps.»
Sur ces mots, Melor regarda le cadavre de Geyos prendre feu, se laissant aller aux larmes qu'elle avait retenues si longtemps.

Les flammes consumaient le corps et les souvenirs de Geyos dans une danse sinistre et gracieuse. Non loin de là, Nedjeiir observait discrètement la scène sans bruits ni émotions. Qui était réellement ce vieil homin aujourd'hui tant pleuré par la fyros, se demanda t'elle? Quel était son rang pour s'octroyer l'autorisation d'ôter un morceau de poutre gravé, d'une valeur inconnue mais pourtant réelle? Et cette armure rouge devenue noircie par les flammes, quel importance avait-elle pour le vieux brasseur fyros? Cet homin, qui avait assurément vécu le pire lors du Grand Essaim.

Nedjeiir émet un soupir devant les questions désormais sans réponses. "Quelle que fût ton existence, repose en paix vieil homin !" . L'épaisse fumée monte dans les air, tandis que la fyros reprend sa route.