ROLEPLAY

- Aaaahhh !

Le tryker se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Le hamac dans lequel il était allongé se balança dangereusement, manquant de faire basculer l'homin.

Toujours le même cauchemar, bien sûr. Bekyr ne comptait plus le nombre de fois où il l'avait fait Les images étaient confuses, changeantes. Mais certains éléments ne changeaient pas. Le bruit de la foule des homins qui se pressaient dans le canyon. Les horribles cris des kitins, tout autour d'eux, qui chargeaient de toutes parts. Les injonctions des soldats, les sorts des magiciens. Tous ces bruits de ce jour funeste de l'évacuation se mélangeaient dans sa tête, en un horrible concert.

Au milieu de l'épaisse foule, il n'avait presque rien vu de l'attaque qui avait emporté une partie des réfugiés, ainsi que le Roi des Matis, Yrkanis. Derrière eux, les homins hurlaient, poussaient, tentaient de passer en force, faisant tout ce qu'ils pouvaient pour se hâter vers l'Oasis Secret, échapper à cette horrible traversée, se mettre à l'abri, en sécurité. Là où tous l'avaient promis.

Papa et maman lui avaient tout expliqué. Ils avaient répondu, comme tant d'autres, à l'invitation du gouvernement tryker. Ils étaient allés au Bois d'Almati, au milieu de toute cette foule inquiète. Et c'était là-bas que tous avaient promis. Les gouvernements des quatre peuples, et les représentants de trois factions avaient exposé leur plan pour protéger les homins. Ils seraient saufs. Les Puissances tiendraient leurs promesses maintes fois renouvelées, et les homins seraient récompensés de leur foi. Tout ce qu'ils devaient faire, c'était aller à Pyr et rejoindre la grande marche d'évacuation.

Là où le chaos et les kitins les attendaient tous. Là où Papa et Maman avaient disparu. Petit à petit, les attaques incessantes des monstres avaient clairsemé les rangs autour d'eux, et soudain, ils n'étaient plus derrière lui. Il s'était retourné, avait appelé, crié, hurlé, mais seuls les horribles bruits de chélicères lui avaient répondu. Avant qu'il n'aie pu réellement comprendre ce qui s'était passé, la foule l'avait poussé, entrainé loin de l'endroit où sa vie avait basculé.

Bekyr les appelait encore lorsque le vortex bleu du téléporteur Karavanier l'entoura, pour le porter au loin, sur les Anciennes Terres, avec les autres homins survivants. Là où ils survivaient, tentant de reconstituer leurs forces. Là où il faisait ce même cauchemar.