ROLEPLAY

L'Exil

Elliana avait fait le choix de l’exil il y a longtemps de cela. Elle ne supportait plus les jours qui s’écoulaient lentement, l’agitation permanente qui l’entourait. Ce semblant de paix, alors que tant d’hérétiques foulaient l’écorce.
Elle s’était immergée dans les profondeurs d’Atys, le cœur lourd et l’âme en peine. Elle savait que seul Ma-Duk pourrait soigner ses blessures.

Le temps s’écoulant, elle perdit l’habitude de revenir à la surface pour s’approvisionner.
Elle passait de longues heures au sein de l’arbre abattu, perdue dans ses prières et ses souvenirs.
Elle finit par perdre la notion du temps, plongée dans l’obscurité, ne voyant plus les jours défiler. Elle fleuretait avec les Kitins des profondeurs, s’immergeant dans leur rituel, camouflant son odeur pour qu’ils ne la remarquent pas.
Elle avait perdu tout contact avec la civilisation, elle, une matis noble de naissance, elle était méconnaissable.
Au début, elle offrait à Ma-Duk la sève des hérétiques croisés en chemin ou longuement observés, tapis dans l’obscurité. Mais au fur et mesure, tout perdit de son sens, elle ne remplaçait plus son matériel usé. Elle s’était complètement abandonnée à son dieu.

Puis vint le jour du changement. Alors qu’elle traçait une rune dans l’écorce de l’arbre abattu, une lumière se fît en elle. Ce quelle ressentit fût si violant qu’elle lâcha sa dent de jugula et s’écroula sur le sol.
Elle fît un rêve au delà de tout espoir…
A son réveil, son esprit était enfin apaisé. Elle porta son regard sur ces mains, puis ses habits… elle ne pouvait croire qu’elle était descendue aussi profondément dans sa méditation.
Sortant de sa torpeur, elle se rendit enfin compte que quelque chose n’allait pas.
Elle redressa la tête et écouta. Tout était calme autour d’elle, étrangement calme. Elle sorti de l’arbre abattu lentement, ne sachant à quoi s’attendre.
Les kitins qu’elle avait si longtemps observés avaient déserté les profondeurs.
Elle fit le tour des primes racines et se rendit compte que cela n’était pas un phénomène isolé.
Un frisson la parcouru. Les Kitins auraient-ils rejoint la surface après tant de cycles passés dans l’obscurité ? Qu’allait-elle retrouver après toutes ces années d’abandon à Ma-Duk ?

S’arrêtant au bord d’un lac de sève, elle contempla son reflet. C’est à peine si elle se reconnu, ses cheveux ternes et couverts de poussière, ses habits en lambeaux, ses mains plus noires que blanches.
Il était temps pour elle de remonter à la surface.

Retour à la surface

Lorsqu’Elliana rejoignit le désert ardent, elle fût éblouie par l’astre si longtemps caché à sa vue et écrasée par la chaleur ambiante. Tout était si lumineux autour d’elle. Elle essaya d’atténuer la douleur en partant une main devant ses yeux azurs si délicats. Elle resta un long moment aveuglée, si longtemps privés de toute lumière.
Elle était flamboyante dans sa tenue noire, qu’elle avait jadis si fièrement portée. Bien sur celle-ci n’était rien comparée à son ancien équipement. Elle avait fait ce qu’elle avait pu pour sauver les apparences.
Lorsqu’elle pu distinguer certains contours, ne pouvant plus attendre, elle s’élança dans le désert.

Ses pieds nus foulaient la sciure du désert, une douce caresse après des mois passés dans l’humidité. Le soleil déversait ses rayons sur sa peau de nacre, trop longtemps privée de toute luminosité. Elle sentait sur elle chaque rayon de soleil faire son œuvre, déjà sa peau se constellait de perle de sueur. Elle se sentait revivre.
Dépourvu de tout fardeau, elle enchainait les enjambées, effleurant à peine le sol, ses cheveux auburn flottant au vent.
Sa vue s’accoutumait peu à peu à son environnement. Elle ne croisa aucun homins dans sa course, mais des nids de Kitin qu’elle n’avait jamais vu auparavant.
Elle grimpa le long d’une dune, sachant que sa cité se trouverait en contrebas. Arrivée au sommet, elle s’arrêta net dans sa course. A bout de souffle, les mains posaient sur ses genoux, elle ne pouvait croire au spectacle qui s’offrait à elle.
Pyr, la cité guerrière, la fière cité… Pyr était en ruine…

Puisant dans ses dernières ressources, elle descendit la dune et parvint aux portes de la cité en quelques foulées. Sans un regard pour l’étable dévastée, elle continua son chemin vers son unique et seul foyer.
Elle fût rapidement ralentit dans sa course lorsqu’elle atteignit la Promenade des Marchands. Le tunnel était obstrué de toute part. Elle du escalader les débris de la cité, se frayant un chemin, laissant des morceaux de sa jupe de mage et parfois même un peu de sève. Elle fût rapidement recouverte de sciure et de poussière.
Elle fit à peine attention au marque de griffure que l’on pouvait voir sur certains murs encore debout, vestige de carnivores qui avaient profité de la confusion pour se joindre aux kitins.
Lorsqu’elle arriva devant le hall de guilde, elle ne put que faire face à l’inévitable. Constatant une vérité qu’elle connaissait déjà mais qu’elle ne voulait admettre. Il ne restait plus rien, tout était détruit. Un amas de pierre remplaçait le repaire des guerriers noirs de Ma-Duk.
Un calme anormal régnait dans la cité. Regardant autour d’elle, elle ne vit aucune trace d’hominité. Son œil fût attiré par un éclat blanc, à moitié enfui dans la sciure. Elle s’accroupie pour prendre une poigner de terre, laissant filer les débris entre ces doigts, laissant apparaître dans le creux de sa main un os usé par le temps.
Elle se redressa lentement, le vent, seul murmure en ces lieux de désolation, faisaient flotter les lambeaux de sa robe. Elle regardait des décombres sans les voir, droite au milieu de tant d’anarchie… son souffle revenant peu à peu à la normale.
Un espoir, il restait un espoir.

Revenant sur ses pas, elle sortit de Pyr par la porte de Cerakos. Elle chercha l’arbre pourpre, son éternel repère, puis se dirigea vers la vallée des empereurs.
Mais aucun espoir ne l’attendait dans le creux des dunes. Le temple Kamis n’avait pas plus résisté aux assauts des Kitins. Le désert avait fait son œuvre, recouvrant jusqu’au dernier vestige d’une gloire passée, la sciure à nouveau maitre en ces lieux.
Elle resta un long moment au sommet de la dune, réalisant peu à peu ce qu’il s’était passé. Un calme froid s’empara d’elle. Elle épousseta sa robe déchirée et constellée de sciure. Elle regarda vers le ciel et entonna une prière à Ma-Duk.
Son calme retrouvé, elle décida de partir à la recherche de ses frères et sœurs.