ROLEPLAY

Les Kitins l’avaient tué, le sol d’Atys l’avait avalé, il avait disparu comme tant d’autre durant le grand essaim.

La mort ne l’avait pas emmené tout de suite, il avait eu tout le temps d’agoniser en arrivant à l’Oasis secrète des Kamis. Son armure, dotée de faculté de régénération que lui n'avait pas, cachait une plaie béante de laquelle sa sève s’écoulait, laissant sa vie lui échapper petit à petit. Et pourtant, juste avant de se faire avaler par un glissement de terrain, une Gardienne du Savoir avait fait repartir son cœur.

Le Matis avait l’impression d’être en apesanteur, flottant dans le noir absolu du néant, vivant ou mort ? Sans doute un peu des deux… Mais un choc violent le propulsa définitivement de nouveau chez les vivants, un mort ne pourrait sans doute pas souffrir autant. L’air fut chassé d’un seul coup de ses poumons et le Matis haleta pour essayer de récupérer un peu du précieux oxygène qui lui faisait douloureusement défaut.

« Tu es vivant ? » lui demanda une voix rauque.

Ici, perdu au milieu de nulle part dans les entrailles d’Atys, on venait de lui adresser la parole ? Cela ne pouvait pas être Jena car la voix de la Déesse aurait surement été mélodieuse… Serait-ce alors l’avatar vénéré des Kamis ?

« Ma-duk ? » interrogea le Matis un peu inquiet.

« Et ta sœur ? » fit la voix avant de poursuivre « C’est bien ma veine, je me retrouve avec un idiot ! »

Le Matis fut un peu choqué par le coté direct et complètement irrespectueux de son interlocuteur, mais il n’eut pas le loisir de protester. Le sol se mit à se mouvoir sous lui et la voix poursuivit : « tu es vivant ? Oui ? Alors BOUGE !! »

La douleur fut fulgurante et l’homin se sentit catapulté par ce qui lui semblait bien être un coup de pied aux fesses magistral. Il retomba lourdement plus loin, sa tête heurta une racine et une lumière éclata dans la tête du Matis, suivi de prêt par une prodigieuse migraine.

« Tu m’empêchais de respirer, crétin ! »

Le matis tâtonna un moment pour trouver un endroit où s’asseoir, les lumières qui dansaient devant ses yeux et le fait que tout semblait tourner autours de lui ne lui simplifiait pas la tâche. Au bout d’un long moment, ses yeux se calmèrent et le sol se stabilisa. L’obscurité se fit moins oppressante et le Matis put commencer à distinguer les contours de ce qui l’entourait.

Il était dans une cavité de ce qui semblait être une grotte plus volumineuse, quelques pousses de plantes phosphorescentes diffusaient une faible lueur permettant de distinguer plus que de voir autours de soi. Il put commencer à percevoir son environnement : de la terre, des racines… et un homin couché au milieu !

« Qui êtes vous ? » demanda le Matis à la silhouette en armure couchée dans les racines.

« Pas Ma-duk toujours ! » Grogna l’inconnu. « Je suis Clavello, ancien sujet du Royaume… et Maraudeur à présent ! » fit-il avec un féroce sourire. « Et toi ? »

Bonne question… le Matis n’en avait pas la moindre idée. Il avait l’impression que la réponse se trouvait derrière une porte et refusait obstinément de l’ouvrir. Il trouva néanmoins une information qui acceptait d’être découverte dans un recoin de sa mémoire : « Je… suis un Sujet du Roi Yrkanis. »

Le Maraudeur lâcha : « Un esclave donc… commence par là ! »

« Comment vous êtes vous retrouvé ici ? » demanda le Matis, faisant fi de la provocation.

« En luttant vaillamment aux cotés d’Akilia contre une attaque de Kinchers, peu après la réunion du Bois d’Almati. Je me suis fait attraper par un de ces maudits Kitins, mais je nous ai envoyé dans un gouffre à proximité. Dans notre chute, je l’ai achevé, mais cette saleté m’a également grièvement blessé. »

« Alors voici un point qu’on a en commun fit le Matis… les Kitins m’ont également grièvement blessé. Je suis revenu à la vie, mais je ne pense que ce ne sera que pour un court instant. »

Assis sur des racines, le Maraudeur et le Matis discutèrent de longues heures sur les mentalités de l’un et de l’autre camp.

" Vous avez fui lâchement devant les Kitins ! Tels des Yubos apeurés, et vous espérez que nous puissions nous respecter mutuellement ? Vous vous fichez de moi ! " demanda le Maraudeur.

" Nous avons simplement permis au plus grand nombre de s’en sortir. Toute société n’est pas uniquement composée de combattants. Il faut des artistes, des lettrés et bon nombre d’autres homins qui ne brillent pas nécessairement au combat ! Autrement on ne vaudrait guère mieux que des Frahars ! " Riposta le Matis.

" Que vous êtes fatiguant ! " enchaina le Maraudeur en poussant un soupir agacé.

Le Maraudeur fit un mouvement pour se rasseoir, mais il ne put achever son geste. Une douleur fulgurante le traversa alors que son corps protesta vigoureusement contre l’effort demandé. Il s’était cassé plusieurs cotes en dégringolant la falaise avec le Kincher.

" Je peux vous aider ? " Commença le Matis en s’approchant de lui. Mais le Maraudeur écarta la main tendue d’un revers de la sienne.

" Me touchez pas ! Je n’ai pas besoin de l’aide d’un faible comme vous ! "

Le Matis s’énerva. " Vous en avez pas marre de jouer à l’asocial ?! Vous avez besoin d’aide et - au cas où votre cerveau fatigué n’aurait pas encore compris la situation - je suis le seul dans le coin à pouvoir vous porter secours ! "

" Je préférerai encore mourir que de me faire aider par vous ! Vous n’êtes qu’un escl… " La claque qu’il prit dans la figure le stoppa net dans sa phrase.

" Cessez donc de sortir des absurdités pareilles sombre idiot ! Comment pouvez-vous lutter pour vos idées une fois mort ?! " s'énerva le jeune Matis.

Une lueur meurtrière s’alluma dans le regard du Maraudeur. " Je devrais vous tuer pour un pareil affront ! Vous avez de la chance : j’ai trop mal pour vous donner la correction que vous méritez ! "

" Les homins doivent lutter ensemble et s’entraider pour survire face aux dangers d’Atys ! Avec vos équipiers habituels, vous seriez laissé en plan derrière, en pâture aux Kitins ! Les homins qui suivent les voies des Nations s’entraident et se portent mutuellement assistance. Si vous étiez avec nous, vous seriez soigné et vous pourriez à nouveau lever votre arme pour défendre vos convictions une fois remis de vos blessures ! "

" Incroyable que vous ayez pu vivre aussi longtemps en suivant de pareilles idées utopiques ! " Riposta le Maraudeur. " Avec de telles âneries plein la bouche, je pense deviner qui vous êtes ! "

Le Matis, toujours amnésique, se calma instantanément et leva un sourcil interrogateur. " Dites toujours. Ca m’intéresse. "

" Vous devez être le Duc de la Maison Aquilon, il n’y a que ce sujet Matis pour débiter autant de mièvreries à la seconde. Vous vous appelez surement Ri… fermez là ! " Le Maraudeur plissa les yeux et scruta les ombres de la caverne.

" Riferméla ? " Demanda le Matis étonné. " Vous êtes sur de vos informations ? "

" Mais bouclez là idiot ! On n’est pas seul ! "

Le Matis se retourna et vit avec terreur qu’un tas de racine venait de prendre vie et d’étirer ses membres. Leur discussion venait de faire sortir un Kincher de sa léthargie. Et tel tout Kincher qui se respecte, il se réveilla de fort mauvaise humeur et avec une grande envie de manger quelque chose.

+1 bravo !

Merci ^^

+1 :)

A quand la suite ? ^^

bientôt...

J'ai un boulot monstre à cause des fêtes de Noël qui approchent, mais une fois que je peux respirer, je vous livre la suite :-)

Heureux que ca vous plaise en tout cas.. ^^

On veut la suite !!
Tu nous laisses en suspend c est de la torture mentale :)

Elle va venir chère Eloira... elle va venir. Il faut juste que je prenne le temps de mettre le texte en forme :-)

Ce sera fait sous peu, promis ^^

J'ai hate de pouvoir entendre la suite de ton passionnant récit :-D

La créature déplia ses pattes comme pour s’étirer, puis tourna la tête pour regarder directement dans la direction des deux homins. Il n’y avait aucun doute possible : ils étaient repérés. Le Maraudeur grimaça de douleur en se relevant alors que son corps protestait avec virulence contre cet effort.

Le Kincher avança doucement dans la direction des deux rescapés, écartant méthodiquement toutes les racines qui le séparait de ses deux proies. Le Maraudeur tira péniblement la lame de son fourreau en se mettant à la hauteur du jeune Matis.

"Vous savez vous servir de ca ou c’est juste décoratif ?" demanda t’il en regardant la lame qui se trouvait à la taille du Noble.

"Je ne suis pas le meilleur escrimeur qui soit, mais je sais où se trouve le coté qui coupe…" répliqua le jeune Matis en dégainant à son tour.

"Vous allez avoir l’occasion de me le prouver rapidement… Je vais manquer de temps pour vous former si vous m’avez menti. " maugréa t’il avant de poursuivre : " Faites diversion de votre mieux ! Lorsqu’il se sera focalisé sur vous et qu’il aura planté ses griffes dans votre corps, je pourrai le frapper et l’éliminer ! "

Le Matis tourna le regard vers son voisin. Est-ce qu’il plaisantait ou bien avait-il réellement l’intention d’appliquer cette stratégie douteuse ? " Je n’y tiens pas trop… trouvez une autre solution ! "

" Tssss ! A quoi pouvez-vous servir autrement que comme appât ? Dites-vous que votre mort ne sera peut-être pas vaine ! Et puis, avec un peu de chance, vous ne souffrirez pas ! "

Bon… il était sérieux.

"Je ne suis toujours pas convaincu, votre plan comporte un détail qui me dérange : mon sacrifice !" Répondit le Matis en ne quittant pas des yeux la créature qui progressait.

Le Maraudeur poussa un cri bestial, mêlant douleur et rage, et se jeta sur le Kitin. Ce dernier recula un bref instant, surpris par la réaction de sa proie, puis répliqua à cette attaque en fauchant le guerrier en plein vol. Le Maraudeur vola en arrière, fracassant les racines sur son passage par la violence du choc. Le jeune Matis jura entre ses dents car son compagnon d’infortune avait été mis hors combat avant même d’avoir pu porter le moindre coup.

Le Kincher reporta son attention sur l’autre proie encore debout.

"Oh non ! " marmonna l’homin avant de se jeter dans un trou au milieu des racines, esquivant la nouvelle attaque de la créature.

Le Kincher s’énerva de l’attitude la petite créature. Comment avait-elle pu oser se soustraire à son destin ? Elle écarta à nouveau les racines, mais sans aucune délicatesse cette fois-ci, n’hésitant pas à fracasser les racines récalcitrantes sous ses pattes puissantes.

Sous l’amas de racines, le jeune Matis ressentait les vibrations des attaques du Kitin au dessus de lui, de l’écorce et de la terre se détachait des racines et des parois à chaque coup et tombaient en cascade sur l’homin. Il avisa un étroit passage et se démena pour l’atteindre afin d’échapper à la venue imminente des griffes du prédateur.

Une lueur au bout des racines lui indiqua la sortie. Se sortant péniblement des racines, le Matis regarda derrière lui et vit le Kincher continuer à massacrer le pauvre tas de racines qui avait avalé son repas. Nul doute qu’il finirait par retourner s’occuper de sa première proie s’il n’arrivait pas à remettre la griffe sur la seconde. Le jeune Matis soupira et raffermit sa prise sur son arme en marmonnant "Mais pourquoi est que je m’apprête à faire quelque chose d’aussi stupide ? "

Il progressa silencieusement, précautionneusement en direction du Kincher qui lui tournait toujours le dos. Arrivé à portée de la créature, il se prépara à lui porter un puissant coup d’estoc destiné à traverser l’épaisse carapace de chitine. L’instinct de la créature l’avertit que quelque chose n’allait pas et elle se retourna rapidement, mais trop tard. Le Matis lança son attaque avec toute sa puissance et sa rage, sa lame traversa la chitine et s’enfonça dans le flanc de la bête.

Cependant, le mouvement de rotation du Kincher acheva la structure de la lame qui avait déjà connu de nombreuses années de combat. Dans un claquement sec, la lame se désolidarisa de la garde et le Matis perdit son arme. Stupéfait par l’enchainement de circonstances, il eut un bref moment d’inattention et c’était plus qu’il ne fallait au Kincher pour frapper. La patte arriva sur la gauche du Matis et le frappa avec une extrême violence, le propulsant à travers un champignon géant situé quelques dizaines de mètres plus loin.

Sonné une nouvelle fois par un nouvel atterrissage plus que discutable, le Matis put toutefois distinguer l’immense silhouette du prédateur qui lui fonçait dessus pour l’achever. S’en était fini cette fois-ci : sans armes, épuisé et incapable de se mouvoir rapidement, le jeune Noble ne voyait plus aucune échappatoire pour se sortir de ce mauvais pas.

"Je savais que c’était stupide ! " Parvint-il à articuler dans un demi-sourire, regardant la mort arriver à toute vitesse.

Mais alors que la créature n’était plus qu’à quelques pas de sa proie, une silhouette se catapulta sur la créature pour lui enfoncer sa hache directement dans son crâne. Mort sur le coup, le Kincher fit quelques pas de coté avant de s’effondrer définitivement. L’homin qui venait de lui ôter la vie s’écroula en même temps. Le jeune Noble rampa pour s’approcher de la silhouette par terre et reconnut avec surprise son compagnon d’infortune.

Crachant sa sève, le Maraudeur articula : "Je me doutais bien que tenter une accélération dans mon état serait risqué… mais je l’ai eu ! Je savais que vous feriez un bon appât !"

"Et je suppose que je dois vous remercier ?" Demanda le jeune Noble en s’asseyant péniblement à coté du guerrier à terre.

"Vous pouvez garder vos remerciement jeune Matis, ils ne me seront d’aucune aide… je sens que cette fois c’est la fin pour moi. Ce combat sera le dernier… Je côtoie la mort depuis assez longtemps pour la reconnaitre et savoir qu’elle ne va pas tarder à me prendre !"

Le Matis regarda le corps du guerrier en silence, la sève s’échappait de ses multiples blessures et la mort arriverait sous peu. Le Maraudeur avait raison et il ne servait à rien de chercher à lui mentir.

"Un dernier souhait ?" demanda le jeune Noble.

"Oui… Prenez cette hache ! Je devais l’offrir à un jeune Maraudeur, mais il a perdu la vie avant que je ne puisse lui donner " fit-il en tendant l’arme au Matis. "Elle aime s’abreuver de sève alors ne la ménagez pas ! Je préfère vous la passer plutôt que de savoir qu’elle va pourrir ici avec mon cadavre !"

"Entendu ! " répondit simplement le Matis en saisissant la hache.

"Autre chose ! J’ai un mektoub dans une étable à la surface, près de Pyr "

"Vous avez un toub près d’une capitale ?! " s’étonna le Matis. "Comment se fait-il qu’on vous ai laissé en déposer un ? "

"Le goût du défi… Chez les Matis je suis trop connu, les Zorais sont trop assommants car il faut réciter au moins 3 douzaines de formules de politesse avant de quitter l’étable, mais les Trykers ne présentent aucun défi car ils sont trop saoul pour contrôler quoi que ce soit… il ne restait que les Fyros !" articula le Maraudeur dans un sourire.

Il cracha encore un peu de sève avant de poursuivre : "Je n’en ai plus pour longtemps alors ne m’interrompez plus ! Ce toub répond au nom de Skort, et j’ai quelques possession dans ses sacs : des armures, des matières premières, des armes… Je ne veux pas que tout ca prenne la poussière ! Remontez, récupérez Skort et utilisez tout ca ! "

"C’est d’accord… et merci." Commença le jeune Noble.

"Gardez vos remerciements j’ai dit… et autre chose : vous parlez trop ! Agissez un peu plus ! Vous avez un bras…. Il… Il est fait… pour frapper ! Causez moins et … cognez plus ! " Les forces du Maraudeur l’abandonnaient.

"Une dernière chose ! " demanda le Matis.

"Quoi donc ? "

"Quel est mon nom alors ? "

"Vous… vous… êtes… Ri…"

Mais le Maraudeur poussa son dernier soupir avant de finir de répondre au jeune Noble amnésique. Ce dernier se reposa quelques mois, puis quelques années dans les Primes, évitant avec soin les Kitins. Lorsqu’il se sentit capable d’entreprendre l’ascension à la surface, il remonta difficilement pendant encore plusieurs mois pour finalement arriver en guenilles devant le camp de Silan. Une impression de déjà vu obsédait le jeune Matis lorsqu’il se présenta au dirigeant du camp : Chiang le fort.




*Voilà !! Il vous aura fallu être très patient, mais la fin de l'histoire est arrivée !! Merci à tout ceux qui m'ont encouragé pour raconter tout ca !!* ^^

Si je comprends bien je dois tout mon bonheur actuel à ce Clavello !
Dommage que je ne puisse plus le remercier ...
Il serait peut-être bon de lui rendre hommage lors de notre mariage tu ne crois pas ?

Si on lui dit "merci", il va revenir nous botter les fesses avant de retourner dans sa tombe ^^

Mais bon, si tu y tiens nae davae... :-)

Malgré le fait qu'il soit maraudeur, il t'a tout de même sauvé la vie.
Je pense qu'il mérite cet homage !