ROLEPLAY

Le doux son des feuilles qui bruissaient semblait émerger d'un autre monde. Les frondaisons de la canopée ne laissaient filtrer qu'un nombre limité de rais de lumière et jetaient sur la clairière une plaisante atmosphère.

     En d'autres temps, cela aurait été un lieu parfait pour batifoler avec une jeune Noble et l'amener à espérer plus, les rires cristallins de ces fameuses journées étaient toujours une faveur que Jena lui avait fait don.


-"Ainsi en a t-il été, ainsi en sera t-il toujours."



     Comment en était-on arrivé là ? Il se voyait encore jeune et plein d'espérance. Rempli de rêves et assuré de grimper dans la société du Royaume. Une place à la Cour aurait été un succès qu'il n'aurait espéré seulement dans ses rêves les plus fous.

     Il avait pu faire ses armes et comprendre les mécanismes de la politique sous les directives de ses anciens mentors. La Maison Alkiane avait toujours regroupé des gens formidables, (Mutenroshi, Alquieff, Yishana, Cilioneust, Boan, Cedricos, Yunalessia) pas toujours Matis dans le sang mais toujours dans l'âme. Les machinations et alliances politiques furent aussi sanglantes si ce n'est plus que les combats d'aujourd'hui. Les Maisons des Seigneurs de l'Aube et des Jardins d'Atys avaient été des rivaux redoutables.

     Mais le destin lui avait réservé autre chose, il dû partir dans les Anciennes Terres chercher ses soeurs et découvrir les vestiges de Matisa. Il avait vu des choses extraordinaires et surprenantes mais le mal du pays s'était fait sentir et dix années plus tard, il revint.

      Les choses avaient changé, c'était incontestable. Il revint prendre place dans sa Maison Matisse mais l'expérience ne fut pas concluante. La dissension régnait et la décadence se profilait à l'horizon. Il avait dû réfléchir à ses choix. Le Royaume avait été affaibli contre une guerre avec l'Empire Fyros.

Un éclat de rire s'échappa dans la brume de la clairière.


-"Comment cela avait-il été possible ?"



      Le Royaume et toutes les Guildes Matisses avaient participé ou peu s'en faut et les poilus analphabètes avaient gagné ? Le Sang pur de sa race avait été sali ? N'ont-ils jamais eu connaissance qu'Alkiane et ses Mercenaires Karavaniers à eux seuls avaient soumis le Désert durant plusieurs semaines ? Où étaient passés les légendaires guerriers qui avaient mené cette campagne ? Avait-on laissé des incompétents diriger les armées ?

       Finalement les Matis de la nouvelle génération étaient peu prometteurs ou étaient mal formés, peu surprenant en voyant la parodie d'une Guilde Matisse qui abritait plus d'homins d'autres races que de Matis. Ces "Gardiens du Savoir", originaires d'anciens Alkianes avaient apparemment touché le fond.

   A peine revenu, lui même avait dû humilier leur Officier supérieur qui ne connaissait pas le principe de préséance. Apparemment Alkiane n'était plus aussi respectée qu'auparavant et cet officier l'avait pris pour un jeune qui voulait faire ses preuves. Quelle pitié qu'un nabot comme ça puisse agir ainsi à Yrkanis. Les Seigneurs de l'Aube avaient disparu, les Jardins d'Atys subsistaient tant bien que mal. Oui, beaucoup de choses avaient changé.

       Le Traité des quatre Nations était encore en vigueur à son retour. Il murmura entre ses dents :



-" Nous aurions dû nous rebeller à l'époque, ce Roi fut une vraie mauviette. Même une Zoraie comme Laofa a plus de force qu'il n'en a jamais eu."



        Il avait finalement trouvé le chemin de sa vie, il souhaitait restaurer la grandeur de l'ancienne Monarchie. Qui n'avait pas été bercé par Matisa et sa splendeur ? La puissance de sa race était à son apogée !

     Mais quand il avait regardé autour de lui, il vit des Matis qui mangeaient et s'empiffraient à exploser . Aucun d'eux n'avait la volonté de changer les choses. L'armée Karavanière dirigée par un Tryker donnait le ton de la décadence de son peuple. Des Trykers, Zorais et Fyros admis à la Cour Royale... Une Hérésie innomable. Finalement même les mariages consanguins avaient atteint la Famille Royale et faisaient des ravages dans la déficience intellectuelle des dirigeants.



       Ainsi il alla prier sa Déesse... Des heures durant, il s'entretint en communion avec elle, l'ancien Temple et Sanctuaire de Jena n'était connus que des Matis de la première génération pour son bonheur. La réponse vint à lui, si il ne pouvait plus rien faire de l'intérieur, il le ferait de l'extérieur.
Ainsi il trahit ses frères et soeurs et les Maraudeurs l'accueillirent comme un Frère perdu.



-"Une véritable révolution que les Homins des Nouvelles Terres aient eu le courage de franchir cette frontière... Enfin, certaines guildes comme le Cercle des Profondeurs s'en était rapprochée."



        Les Maraudeurs sont un regroupement de tout Homin désireux de se libérer des carcans que les Nations et les Puissances imposaient. Depuis son enfance, on lui avait appris que la Karavan n'était nullement au Service de Jena mais servait ses propres interêts. Toutes les preuves étaient à portée de main et il était toujours stupéfait de voir que les Nobles et personnes influentes tenaient pour acquis que la Karavan était digne de confiance.

      Chez les Maraudeurs, et plus particulièrement dans le Clan qu'il rejoignit, il trouva les moyens qui lui manquaient. Les Hérétiques, nom particulièrement adapté, était la fusion de guerriers dangereux de tous les horizons, comparé à eux, il était encore un yubo ignorant de l'art de la guerre alors qu'il était l'un des plus acharnés de sa Nation.

     Il avait eu le sourire aux lèvres en voyant tant de rivaux bien plus forts que lui, un challenge à relever qui prendrait des années. La majorité des membres de ce Clan avaient eu un statut d'Officier Supérieur ou de Chef de Guildes aussi influentes voire plus puissantes qu'Alkiane à différentes époques. Ils s'étaient réunis sous cette bannière pour changer l'Hominité.

       Après bien des mois d'entrainement, il put se mesurer à eux et remporter un nombre respectable de victoires. Les guerriers des Puissances étaient un véritable cadeau en comparaison. Il pouvait se mesurer à trois d'entre eux et en ressortir victorieux. Ce rapport de puissance se concrétisa lorsque son Clan seul défit la Coalition Kamiste.

       En parallèle avec l'univers Maraudeur qu'il cotoyait, il n'avait pas laissé de côté ses origines. Sa personne fut vite connue parmi les Nations et les autorités. Plusieurs personnes parlaient du "Matis Noir" dangereux, mystérieux et charismatique.

    Cette dernière caractéristique tenait du fait qu'il occupait la moitié de son temps avec de belles Homines. Il les adorait toutes et se conduisait comme un véritable virtuose avec elles, il les faisait sourire, leur racontait sa vie et les écoutait parler pendant des heures.

      Bien évidemment, parfois ils s'adonnaient à quelques moments beaucoup plus intimes mais les rumeurs exagéraient toujours. A sa connaissance , aucune de ses amantes ne s'était plainte de lui mais les mauvaises langues étaient partout. Il ne les détromperaient pas et laisserait courir leurs langues.

      En effet, tout les reproches qu'on lui adonnait le servait. Oh ! Ses idiots de détracteurs n'avaient pas une once d'intelligence et se seraient fait manger tout crus si ils avaient été présents durant sa jeunesse.

      Ne comprenaient-ils pas que plus ils parlaient de lui, plus cela le rendait populaire et embellissait encore la personnalité qu'on lui donnait ?

       Toutes les Homines voulant connaitre un Matis et sortant des sentiers battus étaient plus que favorables à ses paroles et il ne les décevait jamais. Elles ne savaient pas si les prochaines années seraient si interessantes ou si elles allaient êtres promises à un vieux aristocrate impuissant. Elles comptaient bien vivre des moments exceptionnels et inoubliables auprès d'un charmant et dangereux Matis.

 

     L'autre moitié de son temps était consacré à ses sombres desseins. Il remit au goût du jour la traite d'Homins auprès des Esclavagistes. Il avait fait l'acquisition de deux ou trois Homines qui le servaient avec fidélité et obéissance, il n'avait jamais fait confiance à des Homins qui auraient pu tenter de le supplanter.

     Il les avait éduquées commes il l'aurait fait de ses propres filles et n'importe laquelle pourrait humilier un Matis de la seconde génération en éloquence. Il tissa un réseau d'informateurs, placa des espions dans la Chambre des Nobles et différentes Maisons influentes. Il usa de son influence et se servit de certains secrets du Prince Stevano pour ouvrir des portes qui seraient restées closes.

Tant bien que mal, il devint un Maraudeur Matis haï et admiré.

Il se noua d'amitié avec beaucoup de personnes.

 

   Kitane était un Matis qu'il considérait comme un frère, ils pensaient sensiblement de la même façon. Leurs ennemis étaient parfois stupéfaits de voir la même insulte jaillir de deux gorges sans consultation ! L'amitié se disputait à la rivalité et les insultes fusaient des deux côtés. Néanmoins, n'importe quel ennemi savait qu'ils se ligueraient contre lui sans hésitation. Kitane avait aussi été un séducteur invétéré et entreprenant, beaucoup d'Homines l'adoraient mais c'était désormais une chasse gardée. Il avait plus que son content de victimes et les Gardiens des Lacs avaient appris l'emplacement exact de tous les téléporteurs de l'écorce pour s'y réfugier grâce aux bons soins de ce Matis souriant.

 

   Tya était une Fyros qu'il avait connu jadis et qui n'avait rien perdu de sa langue acérée, elle avait toujours des hanches généreuses et une Hache qui l'était encore plus. Il parlait beaucoup avec elle et elle savait montrer que les Fyrettes éduquées en Matisses étaient des personnes merveilleuses.  

Elle parlait avec regret du Cercle des Profondeurs d'Atys mais elle adorait faire de la chirurgie faciale sur ses ennemis. Je remerciai Jena de ne pas l'avoir eu comme ennemie.

 

   Rory était une ancienne Rodeuse qu'il connut à travers les combats avec elle ou contre elle selon les circonstances. Elle était courtisée par Kitane et j'ai donc bien évidemment discuter avec elle, elle se révéla une Homine intelligente, souriante et un peu trop charismatique pour les pauvres Homins qui tombaient sous son charme. Combien d'entre eux avaient offert leurs coeurs et s'étaient essuyé un refus ?

   Elle adorait la personnalité d'Alric et le trio qu'on formait avec Kitane était réussi. Le shooki coulait à flots durant les soirées et le sang coulait à flot durant les batailles. Elle était plus expérimentée que lui ou Kitane mais elle était trop gentille envers ses ennemis. On était toujours en train de faire le sale boulot.

 

   Que dire d'Erieel ? C'était une de ses Selsyms qu'il trouvait plus que prometteuse lors de son recrutement. Il avait pris en charge personnellement sa formation et il ne fut pas déçu. Combien de fois, les débats virèrent à l'humour sur les autres races ou Matis inférieurs ? Son élève lui faisait l'impression qu'elle partageait beaucoup de ses conclusions avec lui mais elle ne voulait pas trahir ses origines.

 Il ne put obtenir d'elle que son amitié indéfectible. Ils ne se parlaient jamais en public mais ils firent toujours des activités plaisantes lorsque des yeux inconnus ne pouvait être témoin de leur amitié. Il la considérait comme une petite soeur qu'il devait former pour lui ouvrir les portes de la Société et lui fournir le soutien qu'elle méritait. C'était quasiment une demi-déesse. Jena devait vouloir la foudroyer sur place si cela était possible.

 

   Sa dernière pensée arriva à la seule Zoraie pour laquelle Alric ne se sentait pas le coeur de lui donner le baiser de la mort. Laofa restait un problème épineux. Il fit sa connaissance grâce à une jeune Fyros qu'il courtisait. La première impression qu'il avait eu d'elle le fit sourire. Une Zoraie apeurée et qui témoignait le respect adéquat à quelqu'un de supérieur. Au fil des mois, il entendait parler d'elle et beaucoup de ses contacts qui approchaient les réfugiés avaient eu des contacts avec elle. 

 

   Par précaution, il envoya une de ses agents la suivre et étudier sa personnalité. Quelques temps plus tard, il apprit qu'elle souhaitait réaliser un reportage sur les Maraudeurs. Ayant connaissance de certains Maraudeurs qui auraient donné mauvaise image à la cause, il prit sur lui de la convier.

 

   Il l'avait accueillie dans son appartement avec ses esclaves et lui avait parlé pendant quelques minutes avant de la faire accompagner dehors par sa servante Alyela. De fil en aiguille, il prit plaisir aux rencontres futures qu'il y'avait eu et à son insatiable appétit pour la recherche. Elle partageait beaucoup de points communs avec les Maraudeurs mais désirait sauver trop souvent les plus faibles ou les idiots déjà fanatiques de Ma-Duk ou Jena. Trop pacifiste, elle lui permit quand même d'avoir des informations plus précises sur certains groupes ou Homins.

   A l'heure actuelle, il ne savait pas comment il disposerait d'elle mais c'était un pion qu'il comptait bien mettre à contribution. Il la manipulait déjà pour défendre la cause Maraudeu, montrant les avantages à nous rejoindre? Elle avait été enchantée de parler de nous sans menace au-dessus de sa frêle tête. Il avait même pensé à la mettre dans son lit pour la rendre plus malléable mais il répugnait à toucher une Zoraie.

 

-"Jena seule sait comment je vais lui servir à la fin."

 

   Sa Déesse ne lui avait pas tout révélé mais il était sur le bon chemin. Seulement deux personnes savaient qu'il avait toujours foi en elle. Il regarda le coffre à côté de lui et soupira.

 

-"C'est un sort peu enviable qu'elle me confie... Alyela ?"

 

-"Oui, Maître ?" -la Fyros se tenait derrière lui et jouait avec un poignard empoisonné, sa voix déférente était voluptueuse, il sentait la fragrance de son parfum jusqu'ici et n'y fit guère attention.

 

-"A partir de maintenant, tu es à la tête de la famille Di Rosa. J'ai laissé les détails dans les sacoches de ta monture. Tu suivras le Clan des Seves Noires et tu obéiras à notre Cheffe Roryana. Etends notre pouvoir et notre influence. Tue les dissidents, corrompts les influents. Broie-les."

 

-"S'il plaît à mon Seigneur, j'entends et j'obéis." -elle avait esquissé un sourire ravi et elle s'était penchée dans une révérence. Un peu trop exagérée lorsqu'il avait regardé dans sa direction et vu son décolleté.

 

Elle avait hésité :

 

-"Que deviendrez-vous mon Seigneur ?"-elle lui vouait une obéissance absolue mais elle n'aimait pas le laisser seul sans qu'il lui donne aucun indice.

 

Il s'était approché d'elle et lui avait soulevé le menton avec une main caressante. Il lui avait capturé son regard doré et repoussai une mèche folle.

 

-"Ma demi-soeur a besoin de moi. Elle ne le sait pas encore mais elle sera promue Déesse du Nirvana que je me propose de créer."

 

   Alyela avait ouvert la bouche pour signifier son étonnement mais rien ne sortit de ses lèvres. Il l'embrassai tendrement et savourai la douceur sucrée. Il s'était écarté d'elle et s'éloignait d'une démarche inquiétante.

    Alyela avait repris son souffle après une dernière bouffée de chaleur qui l'avait rendue sentimentale. Il embrassait toujours aussi prodigieusement. Elle regardait ce Matis qui lui avait sauvé la vie, il avait revêtu son ancienne armure Matisse et Karavanière.

   Il ressemblait à ces guerriers des temps jadis, il brillait d'une aura noire à faire hésiter un Tyrancha enragé. Elle lissait sa jupe, encore embarassée d'avoir été prise au dépourvu par cet abominable Matis. Elle se retournai et regardai les dizaines d'Homins qui attendaient ses ordres.

 

-"Nous partons pour les Anciennes Terres, frères et soeurs. Alric et Jena nous bénisse !"

 

Une huée de cris et de claquement d'armes se faisait entendre sous ces paroles. Ils étaient monté sur leurs montures, avaient coiffé de leurs casques Noirs et l'avaient suivie.

"Après avoir pris une belle pliée sur la Forêt Enflammée" ♫
"Les Maraudeurs et leurs alliés firent cercle fermé" ♫
"Acour fit un discours des plus merveilleux" ♫
"La dulcinée ne s'attarda pas sur son aspect miteux" ♫
"Elle lui sourit et prononca ces paroles" ♫
"Je te veux mon petit mariole" ♫
...
...
...
"Toi et tes dappers"
"Ta hache boost et ta gubakoo"

Poète Alric !

C'est tellement beau ! *verse une larme*