ROLEPLAY

Glorf se tenait dans son bureau, pensif. Il vérifiait ses derniers paquetages et soupira en pensant à tout ce qu'il ne pourrait prendre. Il regarda l'armure verte d'Ufo, le fondateur, et nettoya les dernières impuretés que l'on pouvait voir dessus. Il enfila l'armure, récupéra ses armes rangées dans un coin de la pièce et se rendit à la caserne.
    La salle était remplie et de nombreux vétérans étaient revenus des quatres coins de l'écorce pour répondre à son appel. C'est un petit sourire en coin qu'il s'écria d'une voix forte :

    Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la peur !
    Légionnaires ! Ce soir nous ne connaîtrons pas la crainte !
    Légionnaires ! Ce soir notre bras sera puissant !
    Légionnaires ! Ce soir nous ne faillirons pas !
    Légionnaires ! Ce soir nous connaîtrons l'espoir !
    Légionnaires ! Ce soir nous nous battons pour tout ce que nous avons toujours défendu !
    Légionnaires ! Ce soir nous nous battrons comme un seul homin face à ces insectes !
    Légionnaires ! Ce soir nous montrerons à l'écorce la puissance du sharük !
    Légionnaires ! Notre nom ne sera pas oublié !
    Légionnaires ! Que la flamme des Légions brûle à tout jamais dans le désert et que nous ne soyons pas qu'un nom dans un manuel d'histoire !
    Force et Gloire Légionnaires !
    À ces mots, tous les homins présents répondirent et la caserne ne fut bientôt plus qu'un gigantesque brouahah.

Exode

Le groupe d’homins massés à l’entrée de Pyr était imposant… Très imposant ! A le regarder, on aurait pu croire l’hominité invulnérable. Reedeek observa les homins aux alentours, il retrouva la jeune Tryker Sahe avec qui il échangea quelques mots, puis sa mère vint le retrouver. Reedeek trouva la présence de sa mère très rassurante.

Un concert de voix se fit entendre à l’entrée de la ville et Yrkanis arriva aux cotés de son fils Stevano. Le Sharükos Dexton, Le Grand Masque Mabreka-Cho, le Gouverneur Denen Toen, tous les homins à la tête des Nations apparurent pour guider les réfugiés jusqu’à l’Oasis Secrète des Kamis, au grand soulagement des homins présents : la présence de tels homins d’exception et en si grand nombre apparut comme un bon présage pour la foule.

Reedeek n’arriva pas à se persuader de cette bonne fortune. A ses yeux, leur présence démontrait plutôt la très grande précarité dans laquelle se trouvait l’hominité. Il alla saluer son Roi Yrkanis, mais salua quand même poliment le Karan Stevano. Après les avoir salués, il se positionna derrière Yrkanis afin de lui apporter son soutien dès que ce serait nécessaire. La serae Maxxye, également dévouée à Yrkanis, se positionna de la même façon.

Le signal du départ fut donné, Reedeek et Maxxye talonnèrent leur Roi, essayant de ne pas le perdre de vue ce qui était parfois très compliqué dans la masse des homins. Derrière lui, le jeune Noble pouvait sentir la présence de sa mère gardant un œil attentif sur lui, prête à lui porter son soutien à tout moment.

Les premières rencontres avec les Kitins ne furent pas très significatives, les éclaireurs des insectes géants furent promptement balayés par la masse des homins. Mais ce faisant, ils glanèrent de précieux renseignement sur l’étendue des forces de l’hominité, et les choses changèrent dans les Couloirs brûlés.

La première grosse vague Kitin d’importance frappa avec violence la ligne de front. Galvanisant les troupes, le Sharükos Dexton plongea au cœur de la mêlée, son courage et son dévouement encouragèrent les Impériaux à redoubler d’efforts. La première vague fut défaite, mais à un lourd tribut : Dexton trouva la mort après avoir laissé un sanglant sillage derrière lui. Reedeek retrouva Yrkanis blessé près du corps du Sharükos et entreprit de le soigner rapidement. Malgré l’immense peine des Fyros endeuillés, le convoi dut reprendre sa route. De nombreux Fyros chargèrent tête baissée dans le moindre obstacle, laissant parler leurs armes pour exprimer leur douleur.

La seconde vague fut tout aussi terrible, et malgré la vaillance des guerriers présents, les forces Kitins eurent raison d’un grand nombre d’homins. Reedeek vit un gigantesque Kirosta fondre sur lui, mais le coup mortel qui lui fut porté fut intercepté par le Matis Silamena de la Maison Aquilon, se sacrifiant pour sauver son Duc. Reedeek profita de l’ouverture pour plonger sa lame dans les flancs de la bête qui s’effondra - vengeant par la même occasion la mort de son serviteur - mais pour un kitin de tué, trois autres prenaient leur place. Reedeek ne vit même pas le coup suivant arriver et s’effondra à deux pas de son Roi.

Yrkanis analysa immédiatement la situation et comprit que celle-ci était désespérée. Interceptant à lui seul la vague, il sacrifia sa vie pour permettre aux homins de se rassembler et contrattaquer. Lorsque le coup mortel lui fut adressé, Yrkanis fut ravi par une colonne de lumière, ne laissant qu’une petite lueur à l’endroit où il avait disparu. Reedeek entra alors à son tour dans une rage folle et, se relevant, frappa de taille et d’estoc dans toute créature à portée possédant plus de 4 pattes. Sa mère tentant, tant bien que mal, de soigner les blessures qu'il recevait au fur et à mesure.

Cette nouvelle perte n’empêcha pas le convoi de continuer… mais Reedeek se déplaçait moins vite. Malgré les soins qu’il avait reçu, une plaie béante sous son armure l’affaiblissait à chaque minute, et nul sort de soins ne put la refermer. Trop affaibli pour continuer, ce fut le Gouverneur Tryker qui l’aida à avancer et passer le mur de pierre qui bloquait l’accès à l’Oasis Secrète. Un regard en arrière et Reedeek comprit qu’une nouvelle perte venait de l’endeuiller : le corps de sa mère gisait au milieu d’un grand nombre de Kitins.

Les homins, à présent en sureté, ne tardèrent pas à retourner à leur vieux travers. Une Maraudeur, qui avait décidé de suivre le groupe des réfugiés au lieu de se sacrifier inutilement aux cotés d’Akilia, fut immédiatement agressée par plusieurs réfugiés. Reedeek tenta de tout faire pour empêcher le massacre inutile… en vain. De toute façon, sa propre vie était en train de le quitter petit à petit.

Rejoignant l’endroit où le Corps de Dexton fut transporté, Reedeek put entendre le Sage Mabreka-Cho demander au Karan Stevano la faveur que les Matis puissent embaumer Dexton avec tout le respect et le savoir faire des Sommets Verdoyants. S’effondrant à cause de sa blessure, Reedeek demanda au Karan de satisfaire à la demande du Grand Masque. Stevano donna son accord.

Le groupe se dispersa pour rejoindre Orphie Dradius, mais Tasha, des Gardiens du Savoir, s’inquiéta de la santé de Reedeek et s’efforça de le soigner du mieux qu’elle put. Mais après un dernier mot, le jeune Noble expira son dernier souffle.

Tasha refusa de laisser tomber et soigna une nouvelle fois son ami du mieux qu’elle put, refaisant partir le cœur du Noble, mais elle ne put voir si ses efforts furent couronnés de succès car le sol s’effondra sous les pieds de Reedeek, plongeant le corps du Matis dans les entrailles d’Atys.

Nous glissions comme une rivière à la surface de l'écorce, se déjouant de tous les obstacles. L'heure était pourtant funeste, l'hominité contrainte à se retrancher loin des insectes, des morts a déplorer de partout, mais je ne pouvais réprimer un sentiment d'exaltation à la sensation d'être propulsée par cette charge homine pour gagner l'oasis secret des Kamis.
Tous les peuples étaient réunis dans la plus étonnante des mixités, à laquelle je m'accordais certainement, moi zorai citoyenne tryker, et vêtue d'une armure erouk'an.
Nous louvoyons dans les creux et bosses de la forêt enflamée, et les zerks et autres cuttlers qui avaient eu la malchance d'être sur notre passage se retrouvaient démembrés avant de retomber sur le sol. Le couloir brûlé allaient certainement nous réserver les mauvaises surprises mais n'y pensais pas, savourant l'intensité du moment.
Les kitins nous attendirent à plusieurs endroit -des spécimens gigantesques- formant des barrages infranchissable. Mais pris dans notre élan, nous n’eûmes d'autres tactiques que foncer dans la masse. Le choc était terrible, et l'hominité disparaissait sous les pattes des kitins, je ne voyais plus personne, mais on entendait des cris et hurlements de partout. Et mes compagnons étaient bien là car le flot de magie salvatrice venait régulièrement me soutenir. Les kitins tombaient, puis le flot humain s'extirpait de leurs carcasses, et nous comptions les disparus. Et cela recommença plusieurs fois et faillit bien nous être fatal.
Nous arrivâmes à l'entrée du défilé menant vers l'oasis. Des soldats matis et un contigent karavanier gardaient la passe, trois de leur vaisseaux flottant dans les airs. Les bandits habituellement présent là avaient du être proprement évincés. Les kitins nous poursuivaient et la dernière bataille fit rage tandis qu'il fallait défendre l'arrière garde pendant que les premiers franchissaient lentement l'éboulis. Je regardais étonnée les karavaniers, leur unités spéciales brandissant leurs dispositifs fichés sur leurs avant-bras, projettant une sorte d'étincelle ultra rapide. Les kitins tombaient sous leur tirs coordonnés et les coups des derniers défenseurs homins. Un vaisseau passa au dessus de ma tête, et d'un seul coup je me retrouvais téléportée dans l'oasis.
Le lieu était suréaliste. Il y avait un camp pour chaque nation et chaque culte, au coude à coude dans un mouchoir de poche. Tous avaient contribué au plan de sauvetage de l'hominité, je gravais cette image dans ma mémoire.

Le voyage avait été presque trop calme. Le légionnaire était confiant, presque trop, et l'image de Dexton reprenant leur cri de guerre lui arracha même un sourire.
    Le couloir brûlé, lieu de toutes les craintes. Glorf avait pu le parcourir de fond en comble ses dernières années, il avait vu le nombre de kitins qui y patrouillaient et savait que tous ne pourrait échapper à un tel voyage.
    Le combat faisait rage. Plusieurs fois déjà ils avaient été chargés par des kitins et plusieurs fois ils avaient défendu la caravane avec succès. Mais cette fois, c'était différent. Même Dexton, qui combattait à côté de Glorf, semblait ployer sous les coups des kitins.
Le choc fut violent et indescriptible pour le fyros. Il vit son sharükos tomber au beau milieu des kitins et eut l'impression que le monde s'effondrait. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi n'ai-je pu le sauver ? Pourquoi suis-je vivant et lui mort ?
    Instinctivement, il prit la lance qu'il avait accroché à son côté et sauta sur le premier kitin venu, le lardant de coups, remerciant intérieurement les légionnaires plus loin qui veillaient sur leurs chefs, amplificateurs à la main. Le reste ne fut qu'un vague souvenir pour Glorf, à moitié conscient, s'attaquant à tous les kitins s'approchant trop près du cadavre de son empereur, exhortant les homins à fuir vers l'oasis.
    Le cadavre de Dexton à l'oasis, au milieu de tous les patriotes priant pour lui. Les arcs-en-ciels, puis le cadavre de Dexton dans la tente. Il resta, immobile, face à la tente, espérant que son sharükos se relève et sorte de la tente, bien vivant.
    Il attendit pendant 7 jours, mangeant ce qu'on lui disait de manger, buvant ce qu'on lui disait de boire. Au matin du 8ème jour, il se leva et commença à reprendre ses esprits. Une dernière fois, il répéta aux homins présents la parole d'Elias.
Il nettoya méthodiquement l'armure d'Ufo, décrocha ses galons et remit le tout à Eeri. Il savait qu'elle pourrait refaire vivre la flamme des Légions.
    Il alla ensuite voir un jeune fyros, inconnu de tous, assis dans un coin en train de lire un livre, parfaitement calme au milieu de toute cette agitation. Il lui donna sa tenue d'akenak, impecablement pliée, et son insigne. "Veille à ce qu'abycus puisse le récupérer", dit-il en s'éloignant vers l'est, à la recherche de Silan.
    Il attrapa sa poche à téléportations, sa bourse remplie de dappers, les jetta derrière lui et continua à marcher, un petit sourire aux lèvres.
    Il avait fini sa mission, et plus rien ne le rattachait désormais à la civilisation. L'hominité avait prouvé qu'elle pouvait se sauver elle même, et que la maîtrise complète des arcs-en-ciels n'était désormais qu'une question de temps. C'était la victoire de l'hominité sur les Puissances, si douloureuse et sanglante fut-elle.
    La mort de Dexton avait provoqué un déclic : une fois sa mission menée à bien, il fallait savoir céder notre place. Lykos fera un remarquable sharükos, et les 4 flammes du sharük brûleront de plus belle.
    C'était un espoir nouveau que l'on pouvait lire dans le coeur des homins, encore fallait-il que les homins en question puisse le voir ... Mais ça, ça n'était pas de son ressort.