ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Krill sortit de l’ascenseur, équipée pour la chasse.
Elle salua Mac’Leigan Eksie, le gardien de son immeuble, d’un signe de tête, et se dirigea d’un bon pas vers le ponton.
Pour s’arrêter presque aussitôt.
Un orage de sève se déchaînait sur FairHaven, et la pluie crépitait avec violence sur les planches, avant de s’écouler vers le lac en contrebas en une multitude de cascades miniatures.
La Trykette contempla un moment les trombes d’eau qui s’abattaient à l’extérieur du bâtiment, avant de faire demi-tour. Elle n’était déjà pas très motivée avant de partir, alors l’orage était, disons, le torrent qui faisait déborder la cruche. La chasse attendrait un autre jour.

Elle reprit la direction de l’ascenseur pour ranger ses affaires dans son appartement, et croisa le regard de Mac’Leigan Eksie à qui elle adressa un sourire penaud :
« Pas de chasse aujourd’hui, on dirait. »
Le gardien lui renvoya son sourire :
« Il ne pleut sans doute pas partout, nair Krill. »
Krill jeta un regard par-dessus son épaule à l’orage qui grondait de plus belle :
« Y doute quand même qu’il s’agisse d’une averse limitée aux alentours de FairHaven. Al y ne connais pas assez les autres régions. »
La Trykette soupira sans enthousiasme.
« Enfin. Y suppose que y pourrais toujours récupérer mes baumes et mes bandages, et aller voir maître Kia Bo-Boo pour une leçon de secourisme. Zora est suffisamment éloignée pour que y puisse espérer y être à l’abri. Et ça m’éviterait de perdre complètement mon après-midi. »
« Si vous allez à Zora… » Mac’Leigan Eksie s’interrompit et hésita. Il semblait se demander s’il devait continuer ou pas.
Krill l’encouragea d’un sourire : « Vous auriez quelque chose de plus amusant à me proposer qu’un cours sur la largeur et la durée de pose d’un bandage ? »
Le gardien se détendit un peu : « Pas exactement, y en ai peur. Emy, si vous allez à Zora, accepteriez-vous de porter en même temps un paquet à mon collègue Qu-Bin Bian, pacty ? »
La Trykette accepta de bonne grâce. Même si, effectivement, ça ne paraissait pas particulièrement excitant, Zora était une cité bien plus compacte que FairHaven. Il ne lui faudrait sans doute pas très longtemps pour dénicher ce Qu-Bin Bian. Et Mac’Leigan Eksie était quelqu’un qu’elle appréciait assez pour lui rendre ce petit service.

Visiblement soulagé, le gardien ouvrit une porte que l’homine, toujours en train de courir, n’avait encore jamais remarquée, juste à côté de l’ascenseur. Il dévoila un cagibi qui abritait un nombre impressionnant de paquets. Des grands, des petits, des tout en longueur, des presque carrés, des arrondis, et des tout biscornus, enveloppés dans des feuilles, dans du papier, dans des peaux, avec des nœuds plus ou moins compliqués, parfois avec des rubans autour, et même quelques lettres regroupées en une pile unique par un bout de lacet.
Toutes les coins disponibles étaient occupés, et même quelques emplacements où Krill n’aurait jamais cru possible de faire tenir quoi que ce soit.

« Euh… Vous voulez que y emmène tout ça à Zora ? » La Trykette se demandait soudain si elle n’avait pas accepté un peu trop rapidement.
« An, an. » Le gardien secoua la tête en un geste de dénégation rapide. « Certains de ces paquets sont pour ici, pour des habitants qui ne sont pas encore passés les récupérer. D’autres sont pour d’autres immeubles de FairHaven. Et il y en a aussi pour Pyr et Yrkanis. »
Le gardien fouilla un instant avant de ramener un paquet de taille moyenne, emballé dans des feuilles jaunies qui suggéraient qu’il avait été confectionné depuis un moment déjà, et le tendit à Krill. Celle-ci accepta le colis distraitement, en continuant de fixer le cagibi avec ahurissement.
« Comment se fait-il qu’il y en ait autant ? D’où viennent-ils ? »
Mac’Leigan Eksie haussa les épaules : « La plupart viennent de cet immeuble, des habitants, mais aussi de gens de passage qui m’utilisent comme relais. Des livreurs de Rybambel viennent en prendre tous les jours ou presque. Emy, il n’y a pas assez de livreurs, et les gens continuent de s’envoyer des colis alors, forcément, ça finit par s’accumuler. »

Le gardien referma la porte du cagibi, et s’inclina avec reconnaissance : « Grytt tor sulem dyn*, nair Krill. Si vous souhaitez travailler régulièrement pour Rybambel, n’hésitez pas à revenir me voir. Je devrais pouvoir dénicher quelques menus objets à vous confier de temps à autres. »
La Trykette éclata de rire à cette exagération évidente, et fourra le colis dans son sac. Saluant Mac’Leigan Eksie d’un geste de la main, elle brisa la perle qui l’emmènerait à Zora.
Tandis que FairHaven disparaissait dans les brumes de la téléportation, elle réalisa qu’elle avait oublié de prendre les éléments pour le maître secouriste. Tant pis. Elle serait quitte pour se promener un peu dans Zora, en attendant que l’orage passe sur la capitale lacustre.

******


Arrivée en Jungle, la Trykette constata que, comme elle l’avait espéré, il ne pleuvait pas au-dessus de sa tête. C’est donc avec une satisfaction certaine qu’elle commença à chercher le destinataire de son colis.
Par chance, elle avait déjà été invitée dans un appartement zoraï et se souvenait à peu près de l’emplacement de l’immeuble. Elle grommela bien un peu sous ses couettes en constatant que le bâtiment en question était vraiment juste à côté de la tente de maître Kia Bo-Boo, mais se reprit pour demander poliment au gardien en bas de la rampe où elle pourrait trouver Qu-Bin Bian.
Celui-ci lui indiqua un autre bâtiment, dans le Domaine de Win-Cho, où la petite homine, au deuxième essai, put délivrer son colis.

En discutant avec lui, Krill se rendit compte que le gardien d’immeuble zoraï présentait des ressemblances frappantes avec son homologue des Lacs. Bien que très différent physiquement du Tryker, ce qui n’avait rien de surprenant, il affichait le même air de compétence tranquille, de discrétion, et de serviabilité que Mac’Leigan Eksie. Il partageait également avec son collègue un solide sens de l’humour, même si celui-ci s’exprimait de façon plus subtile et aux moments les plus inattendus.
Et bien que sa collection de colis semblât mieux organisée, et que son local de stockage eut cet air de sérénité propre aux constructions zoraï’i, Qu-Bin Bian était tout aussi débordé que le gardien de l’immeuble de Krill.
Il fut donc également reconnaissant à la Trykette quand celle-ci, plutôt que de retourner se mouiller à Fairhaven, lui proposa de le débarrasser d’un autre paquet.

Krill repartit donc, un tout petit colis dans sa poche, en direction du Domaine de Daïsha, pour retrouver Gai-Guan Len, le premier gardien qui l’avait aiguillée à son arrivée.

Livrant des paquets d’un gardien à l’autre, la Trykette apprit rapidement que tous les appartements de Zora étaient concentrés dans ces deux seuls bâtiments, chacun possédant trois rampes d’accès.
Elle rencontra ainsi plusieurs des six gardiens, avant que La-Viang Chi ne lui demande de porter un paquet à Yrkanis.

******


Krill prit donc la direction de la forêt, non sans une petite grimace.
Elle trouvait généralement les habitants de la capitale du Royaume coincés et exagérément cérémonieux. Elle acceptait de ne pas se promener armée ou d’éviter de chantonner sous les arbres majestueux, mais elle n’avait jamais pris la peine d’apprendre les millions de règles de politesse qui, elle en était certaine, régissaient les relations entre homins en ces lieux.
De toutes façons, n’étant pas matis de sève, elle s’attendait à ce qu’ils la traitent au mieux avec paternalisme, au pire avec dédain ou même mépris. Apprendre leur stupide étiquette n’aurait donc rien changé.
Néanmoins, elle représentait cette fois-ci la compagnie Rybambel, et elle essaya donc de bien se comporter en s’adressant au premier gardien d’immeuble qu’elle rencontra, pour lui demander où elle pourrait trouver Anichi Antoni.
Ce qui ne l’empêcha pas de gaffer avant même d’avoir ouvert la bouche puisque, sans le savoir, elle se présenta au pied d’un arbre qui n’hébergeait que des guildes.
Ce que le gardien lui expliqua sans ambages, avant de la renvoyer sèchement.

Krill se mordit la langue pour ne pas expliquer à l’employé pincé ce qu’elle pensait de ses manières, et se promit de repartir vers d’autres cités plus accueillantes dès qu’elle se serait débarrassée de son colis.
Un peu échaudée, elle se dirigea vers un autre arbre immense, qui s’avéra, heureusement, héberger des appartements d’homins. Et où, chance supplémentaire, elle trouva du premier coup Anichi Antoni.
Celui-ci se révéla d’ailleurs plutôt aimable, une fois qu’il eut comprit qu’elle travaillait pour Rybambel, et expliqua à la jeune livreuse que, effectivement, à Yrkanis, les appartements des homins se concentraient dans deux arbres, chacun ayant trois accès. Ce qui faisait six gardiens à connaître.
Et que, comme à Zora, les guildes étaient regroupées à d’autres emplacements.

Habituée aux immeubles lacustres, qui hébergeaient à la fois des guildes et des homins, Krill trouvait cette disposition un peu bizarre, mais, pour une fois, garda ses réflexions pour elle, et écouta avec attention les explications du gardien sur la géographie de la cité. Celui-ci lui enseigna également les quelques mots de matéis qui pouvaient être utiles pour les livraisons, et lui indiqua, avec beaucoup de tact, les comportements les plus susceptibles de choquer ses compatriotes.
La Trykette le remercia sincèrement pour tous ses renseignements, et s’inclina pour le saluer avant de repartir pour FairHaven, en se disant qu’elle avait peut-être mal jugé les Matis. Ou alors, que les gardiens d’immeuble d’habitation constituaient une population à part, avec des caractéristiques communes qui transcendaient la race d’origine.
Anichi Antoni lui rendit solennellement son salut et, sans en avoir conscience, renforça la seconde hypothèse en dévoilant une petite pièce élégante, version locale du cagibi tryker, et en lui demandant, avec toutes les politesses d’usage, si elle accepterait d’emporter avec elle un colis à destination de la capitale fédérale.
Retenant un fou-rire devant son formalisme, Krill accepta avec toute la dignité qu’elle pût rassembler, et se dépêcha de briser la perle qui la ramènerait dans les Lacs.

******


Son hilarité ne dura guère : l’orage n’avait pas faibli au-dessus de FairHaven, et elle arriva donc complètement trempée auprès de Be’Riplan Lipsen.
Au moins n’avait-elle pas eu besoin de demander son chemin.
Et les gardiens trykers, contrairement à leurs collègues de la jungle et de la forêt, étaient à l’abri des intempéries pendant qu’ils réceptionnaient les colis.
Ce qui était aussi bien, puisque le cagibi de la Côte de Loria était tout aussi encombré que les autres, et qu’il fallut un certain temps au gardien pour trouver un coin où ranger le paquet en attendant que son destinataire vienne le récupérer.
Krill se demandait d’ailleurs si elle rendait vraiment service, en fait. Ou si elle se contentait de déplacer la pagaille d’un endroit à un autre.
Mais Be’Riplan Lipsen la rassura, tandis qu’elle essorait ses couettes, et lui conseilla d’aller se sécher à Pyr… Et si, éventuellement, sur son trajet, elle pouvait déposer un petit quelque chose pour Piton Pelorus...

******


Heureusement, il ne pleuvait pas dans le désert. Et la Trykette commença donc par profiter un peu de la chaleur, avant de se mettre en quête des quartiers d’habitation.
Elle parcourut les endroits qu’elle connaissait, les marchés, et les quartiers des entraineurs, explora la Place des Académies, et se risqua près du palais impérial. Elle se perdit plusieurs fois, avant d’arriver aux bains, mais sans trouver le moindre bâtiment contenant des appartements.
Commençant à sentir la fatigue, et un peu découragée, elle finit par s’autoriser une pause au bar de Pyr. La bière était un peu tiède au goût de Krill, mais elle désaltérait quand même. Et surtout, le barman lui indiqua où trouver Piton Pelorus. Ainsi que les autres gardiens d’immeubles, puisqu’il s’avéra que ceux-ci étaient tous regroupés plus ou moins le long de la muraille sud de la ville.

Piton Pelorus, comme tous les gardiens que la Trykette avait rencontrés ce jour-là, se révéla extrêmement compétent, et tout à fait disposé à partager quelques tuyaux avec la jeune livreuse. Sans surprise, il croulait également sous les paquets en tous genres.
Il avait aussi les mains un peu baladeuses, et Krill ne se priva pas de lui lancer quelques piques pour le remettre à sa place.
Cela sembla beaucoup amuser le Fyros qui occupa dès lors ses mains de façon plus professionnelle, en cherchant une place pour le colis, mais se mit également à taquiner la Trykette en surveillant du coin de l’œil s’il réussissait à la faire rougir. Une fois le paquet rangé, ou plutôt enfoncé dans un espace à peu près adapté, il se consacra avec un sourire grandissant à asticoter Krill qui, sans se démonter mais avec un sourire équivalant, répondit du tac au tac à chacune de ses taquineries.
Tous deux étaient donc hilares lorsqu’un habitant de l’immeuble arriva, et Piton Pelorus reprit à grand peine son sérieux pour informer son résidant qu’il avait reçu plusieurs objets à son intention. Non sans un clin d’œil à la livreuse qui tentait de réprimer ses éclats de rire à côté.
Il rouvrit le réduit où il stockait les colis en attente, et entreprit d’extirper plusieurs paquets d’emplacements plus ou moins accessibles, qu’il chargea dans les bras du nouvel arrivant, avant de lui ouvrir la porte de l’ascenseur.
Il allait refermer le placard lorsqu’il remarqua un petit sac tombé par terre pendant le déballage. Il le ramassa et regarda la Trykette avec un grand sourire interrogateur.
Levant les yeux au ciel, Krill accepta la livraison avec un soupir exagéré et entreprit de vérifier si elle avait bien enregistré les indications pour retrouver Decaon Mekops.

Après quelques livraisons dans la citadelle impériale, elle commença à se repérer dans les innombrables ruelles. Et elle n’eut donc pas trop de mal à retrouver son chemin lorsqu’un énième colis la renvoya vers Piton Pelorus.
Le soir tombait lorsqu’elle retrouva l’immeuble de la rue du Bas-Piros et elle était fatiguée. Le gardien à la queue de cheval blanche l’observa un instant avant de lui tendre sa cargaison suivante, lui indiquant le destinataire avec un sourire compréhensif : « Pour Mac’Leigan Eksie ».
La Trykette le remercia d’un signe de tête. Peu importait le temps qu’il faisait à FairHaven, elle avait hâte de rentrer chez elle.

******


Il ne pleuvait plus à sur la capitale des Lacs, mais les nuages avaient hâté la tombée de la nuit, et la lueur des lampes se reflétait sur les pontons encore humides.
Krill salua Ba’Naer Liffan en passant, bien décidée à venir se récompenser rapidement de ses efforts avec un bon remontant dont le barman tryker avait le secret, et se dirigea droit vers son immeuble.
Mac’Leigan Eksie parut surpris en réceptionnant le colis : « Vous avez effectué des livraisons tout l’après-midi, nair-Krill ? »
« Oy. Emy c’est le dernier pour aujourd’hui. Là, y n’ai plus qu’une envie, c’est d’enlever mes bottes, et d’aller boire un verre… »
Le gardien acquiesça et regarda le paquet, puis il le rendit à la Trykette, qui le reprit, consternée.
« Y me suis trompée ? Piton Pelorus a dit... »
« An. Vous avez livré à la bonne adresse. Le colis est pour vous. »
Krill contempla un instant le paquet dans ses mains, puis éclata de rire. « Au moins, y n’aurai pas fait tout ça pour rien. »
Ce n’était pas tout à fait vrai, réalisa-t-elle en le disant. Elle avait appris bien des choses aujourd’hui, et elle avait fait de belles rencontres, des homins passionnants qu’elle retournerait voir avec plaisir.
Mais pas ce soir. Le bar l’appelait.
Sur un dernier signe au gardien, la Trykette reprit la direction de la Fourche du Bon Marché, son colis bien calé sous le bras. Se demandant ce qu’il contenait et qui à Pyr avait bien pu le lui envoyer. Souriant d’avance au plaisir de le déballer devant un bon verre, dans la tiédeur du bar.
Sans prêter la moindre attention aux gouttes qui s’écrasaient autour d’elle, ni au tonnerre qui recommençait à rouler sur les Lacs.


*Merci pour votre aide.

Last edited by Krill (1 decade ago)

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Peu importe que la chope soit à moitié vide ou à moitié pleine, tant qu'on a le tonneau.

#2 [fr] 

Belle histoire ! ^^
Bien écrit et remplit des diversses caractères des nations :)
j'ai bien aimé !
je crois que je vais aller livrer un ou deux colis moi.. ^,^

#3 [fr] 

[HRP] Je regarderai désormais les gardiens d'immeuble différemment ! Grâce à ce texte, ils ont maintenant une vie, une histoire et même un cagibi très encombré ! J'adore ! Merci ! [/HRP]

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Filirae Aylia di Valecio,
Maison Noble Alkiane,
Dame de compagnie de la Karae Tamiela,
Ancienne Dame de compagnie de la Karae mère Lea,
Refondatrice et ancienne Herënae de la Maison Alkiane


BG d'Aylia :http://app.ryzom.com/app_forum/index.php?page=topic/view/8580/
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