ROLEPLAY


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#1 [fr] 

À la recherche de la Sagesse

La haute silhouette à la peau bleue déambulait dans les herbes folles de la jungle, sous le regard des doraos et des bataos bruissant dans le vent. Le bourdonnement des insectes, les jappements des yubbos, les appels des wombaïs emplissaient l'atmosphère. L'homin marchait d'un bon pas, la foulée souple, les pieds nus sur le sol de l'Écorce, désireux de demeurer en contact avec elle. Une rafale fit tourbillonner autour de son masque quelques feuillages, qu'il écarta d'un geste, souriant. Malgré sa masse, il progressait avec douceur, désireux de se fondre dans la nature qu'il chérissait. Il ne portait qu'une lin-ko blanche élimée, qu'il appréciait tout particulièrement, cadeau reçu de nombreux cycles auparavant. Elle était désormais rapiécée, tachée par endroit, mais c'était le vêtement qu'il aimait le plus, celui dans lequel il était en paix. Tout en avançant, il inspirait l'air empli de saveurs florales, de senteurs d'humus et d'effluves animales. De ses lèvres s'échappaient de temps à autre une mélopée ancienne, qui datait peut-être d'avant la rencontre de Cho avec les Kamis.

Il parvint finalement au plan d'eau qu'il recherchait, auprès duquel poussait un large jayazeng. Il posa son sac, s'assit auprès de l'arbre. Caressant d'une main amicale le tronc moussu, il eut un sourire et le salua, inclinant le masque. Par dérision, il l'appelait Alewo, de ce nom que les Zoraïs donnaient à tous ses frères avant que Supplice n'apprenne d'un membre de la Karavan sa vraie appellation. Prenant le temps d'admirer le paysage, il sourit au spectacle des mektoubs batifolant dans l'eau vive, se délectant de la boue dans laquelle ils se roulaient avec un évident plaisir.Lorsque l'un d'eux s'approcha jusqu'à risquer une trompe intriguée dans son sac, le zoraï l'écarta d'un geste doux. Le contenu n'offrait aucun intérêt pour un animal.

C'était une compilation de notes prises aux archives de Jen-Laï à propos d'un motif de tatouage complexe dont la signification se perdait dans la nuit des cycles. Le savoir demeurait là, quelque part, mais il avait été égaré, mis de côté trop longtemps. Il était important de n'en pas perdre totalement la trace car c'était une des composantes de leur nature zoraï. Négliger les lumières du passé risquait de les plonger en orphelins dans les ténèbres de l'avenir. Depuis qu'il était en âge, le zoraï s'efforçait donc d'étudier. Le taki zoraï d'abord, la langue de leurs ancêtres, redécouverte par bribes, et qui lui posait tant de problème. Les valeurs de la Théocratie ensuite, bien sûr, qu'il avait à cœur de défendre et d'enseigner. Et les commandements de Ma-Duk, que les Bonzes lui avait répété toute son enfance.

Mais ce que lui aimait par-dessus tout, c'était l'histoire, la philosophie, la poésie, la littérature... C'était là que l'âme zoraï résidait, blottie dans des cubes d'ambre oubliés sur des étagères poussiéreuses. Il fallait sans cesse lire, étudier, puis surtout réfléchir aux leçons qu'il était possible d'en tirer. Pour soi, mais aussi pour les autres, car enseigner était un devoir.

Sortant de nombreux morceaux d'écorce, qu'il dissémina autour de lui, le zoraï sortit plusieurs parchemins fatigués qu'on lui avait confiés et commença à les déchiffrer. Il préparait un cycle de conférence sur un sujet qui touchait au cœur de l'identité zoraï : les ornements de leur masque de Parenté. Savourant quelques baies séchées, sa voix grave interpelait les mektoubs proches tandis qu'il ahanait les termes takis parfois avec difficulté.

Au loin quelques izams criaient, se battant pour une proie.

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Eveillé de l'Académie Wa-Kwai
*** Mort pendant le second Essaim ***

#2 [fr] 

À la recherche de l'Illumination

La séance de l'Assemblée des Cercles avait été fort houleuse une fois encore. Des disputes, des cris, et même des menaces et des armes dégainées ! Mais l'agitation n'était pas le fait de jeunes Initiés trublions ou de shizu'i en désaccord. Un kwaï à la tenue sombre s'était avancé et affirmait détenir la Vérité dans une fiole qu'il brandissait comme un ambre suprême. Son discours était aussi décousu qu'irrationnel, mais il semblait sincèrement convaincu que se trouvait là la réponse à tous les soucis. Il invitait les présents à le rejoindre, à embrasser les valeurs de son clan Maraudeur, insultant et raillant les membres de l'Assemblée. Logiquement, après avoir tenté de le ramener à la raison, malgré le titre d'Émissaire dont il se targuait, les Initiés le firent arrêter et sa mixture saisie pour analyse.

Pourtant ce n'était pas là le véritable trouble qui rongeait la sève du jeune Éveillé. Une kwaï, connue pour son amour de la paix et son enthousiasme pour l'étude, avait fait irruption complètement affolée peu après, annonçant que les Maraudeurs allaient venir libérer leur homin. Ayant fui l'Assemblée après l'arrestation, en réaction à ce qu'elle estimait être une décision injuste, elle avait disparu un long moment. L'homine titubait désormais, et si ce n'était l'absence d'odeur sur elle, on aurait pu croire qu'elle avait abusé de quelques liqueurs fyros. D'autant que certains la disaient assez familière des débits de boisson.

Ne pouvant se résoudre à la voir repartir seule dans un tel état, le jeune Éveillé se proposa pour l'assister, l'aider à rentrer chez elle. Elle semblait désemparée, le masque hagard, les yeux fous. L'Éveillé tenta de la réconforter, comme un ami, mais elle le repoussa d'un geste :
- Retourne à cette assemblée... Ça fait au moins une voix qui garde la sagesse à l'esprit.
- Et laisser une amie dans la détresse ? Des voix sages résonnent là-bas, même en mon absence...
- Bien peu, face à autant d'obscurantisme !
L'Éveillé hocha le masque :
- La luciole ne craint pas la nuit.
- Au moins, les maraudeurs n'essaient pas de faire croire qu'ils sont les bons, dans l'histoire.
- Annoncer qu'on va massacrer avant de le faire ne me semble guère plus sage.
La jeune zoraï ricana, ce qui résonnait étrangement chez elle :
- L'un deux m'a expliqué qu'eux au moins acceptaient leur part de sauvagerie.
- Né, ils ne l'acceptent pas, ils la chérissent.
- On s'est contenté de balancer nos a priori à la figure de cet Émissaire, après qu'il se soit présenté. On ne l'a même pas écouté !
- Tu crois que cela veut dire que nos principes sont faux ? Moi je crois surtout que nous n'en sommes pas assez dignes, voilà tout...
- Vos principes ? C'est ça, les principes de la Théocratie ? S'enfermer dans sa vision du monde, refuser de discuter ?
- Né, justement. Sagesse, Recherche de l'Illumination et Préservation de la nature. Pai si nous arrivions à les vivre pleinement, nous serions tous dans l'Âge Kamique, et pas des zoraï perdus dans la jungle.
- Je ne vois aucune sagesse dans ce qui s'est commis ce soir.
- Pas aucune, aribini, pas aucune, guère je suis d'accord, mais pas aucune.
- Soit le chemin de Ma-duk est très sombre, soit les zoraïs sont loin de le trouver.
- Tu as raison pour la seconde proposition... Acceptes-tu d'entendre un ami ?
- Que vas-tu me dire ?
- Connais-tu les principes de Ma-Duk ? Le septième en particulier.
- J'ai lu les stèles, si c'est la question.
- Les lire, ce n'est pas les connaitre.
L'Éveillé récita lentement :
- "Soyez l'ennemi de l'excès et votre voyage sur le chemin de l'illumination kami comblera entièrement le vide en vous." Ne fais pas l'erreur que nous avons commise ce soir, ne tombe pas dans l'excès.
- Je suis perdue dans l'excès depuis bien trop longtemps pour m'arrêter ce soir...
- Il n'est jamais trop tard.
L'Éveillé tendit la main à la jeune zoraï :
- La main d'un ami ne retombe jamais, aribini.
La jeune zoraï regarda la main de L'Éveillé, hésitante :
- Qu'est-ce que tu attends de moi ?
- Que tu ne foules pas aux pieds tout ce que ton masque représente, que tu écoutes ta sève et le chant des Kamis, que tu ne te perdes pas dans de noirs chemins.

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Eveillé de l'Académie Wa-Kwai
*** Mort pendant le second Essaim ***
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