РОЛЕВАЯ ИГРА


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#1 [fr] 

didra trabnùk

Première partie

Deutheus Xalon n’est habituellement pas homin à se laisser distraire. Alors qu’il est caché dans un buisson, occupé à compter des bolobis de ce recoin du Nexus, il entend un cuttler grogner à quelques dizaines de mètres de sa position. Un cuttler qui grogne, ce n’est pas une première. Mais couvrant celui du prédateur, l’éclaireur entend un autre grognement, plus fort, plus rauque aussi. On dirait un ocyx, mais en plus guttural. Il sort donc de sa cachette pour voir de plus près. Tandis qu’il s’approche silencieusement de la source du bruit, le même grognement se fait entendre, auquel répond celui du cuttler.

Ce qu’il voit lui paraît d’abord complètement fou. Un cuttler fait face à ce qui ressemble à un homin croisé avec une bête poilue. Celui-ci à un genou à terre, crache au sol, puis se relève, chancelle, se reprend, lève le bras et d’un coup de poing frappe le cuttler qui s’apprêtait à attaquer. Cela surprend la bête un instant, qui hésite, recule et grogne de plus belle. Mais très vite, elle reprend son attaque sur l’homin. Il est désarmé, en sang, mais se met toutefois en position de défense, poings levés, prêt à en découdre.

Deutheus n’hésite pas, il attrape son arme et s’élance vers le cuttler. Le fauve semble hargneux, mais il en a vu d’autre, et il bénéficie de l’effet de surprise. Il ne sait pas si l’homin l’a vu, mais alors qu’il s’apprête à frapper la bête par-derrière, il sait qui il est. Son visage est barbouillé de sang et de crasse, ses cheveux sales laissent à peine entrevoir quelques vagues reflets roux, et ce qu’il reste de son armure ne permet pas d’y voir un quelconque insigne. Mais le cri glaçant qu’il pousse en empoignant le cuttler par le cou ne fait aucun doute pour Deutheus sur l’identité du gaillard.

CAL I SELAK !

Un légionnaire. Et des légionnaires roux, il n’en connaît qu’un d’encore vivant. Quoique ça fait longtemps qu’il ne l’a pas croisé dans les parages.
Il n’a pas le temps de penser plus longtemps qu’il est sur la bête et abat son arme d’un coup bref. Le coup est vif et taille la chair du cuttler. Celui-ci s’effondre dans un râle. Deutheus range son arme et observe à nouveau l’homin, qui continue de frapper à coup de poing le monstre au sol, comme s’il était encore vivant. Il n’a semble-t-il même pas vu qu’un homin l’a aidé et a tué la bête. Deutheus n’ose pas l’interrompre. Il y a une telle rage dans ses coups, alors qu’il continue encore et encore de crier et grogner, en martelant le cuttler.
L’éclaireur tente alors de l’appeler :

« Azazor ? »

L’homin s’arrête et lève les yeux. Il est au sol, les mains dans le sang du fauve qui a presque failli le tuer, si Deutheus n’avait pas été là.

« Azazor, l’akenak de Thesos ? »

Un seul mot sort de la bouche du légionnaire :

« fyrak »

Son regard devient vitreux, puis il s’écroule sur la bête morte. Deutheus observe autour de lui. Rien, pas un sac qui traine, un homin à terre ou quoi que ce soit d’inhabituel. Il prend alors sur lui de ramener le légionnaire au campement de la Compagnie de l’Arbre Éternel pour le soigner.

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#2 [fr] 

didra trabnùk

Deuxième partie

Au campement, Azazor est alité. De vilaines cicatrices parsèment son corps et du sang de tout un tas de créatures encrasse son armure et sa peau. Ses plaies, profondes, sont infectées et son armure est complètement délabrée. Il lui faudra du temps pour récupérer, mais la Compagnie de l’Arbre Eternel est toujours prête à aider les kamistes en perdition.

Les jours passent et le légionnaire ne dit pas un mot. Tout juste un akep quand on lui tend à manger ou à boire. Mais rien d’autre. D’où vient-il, pourquoi est-il dans cet état, impossible de savoir. L’homin a dû en voir de belles pour rester ainsi mutique. Souvent, il se pose près de l’ambassadeur kami de la tribu et reste là des heures, parlant dans sa barbe qu’il refuse de raser. Parfois, il va marcher autour du campement, sort quelque chose de sa poche, le tourne entre ses doigts, puis le range, sans oublier de lancer quelques regards méfiant autour de lui.

Après une semaine passée au campement à se refaire un semblant de santé, il remet son armure en lambeau, remercie d’un bref akep les membres de la tribu pour l’accueil et part en direction du sud.



C’est un homin à la mine triste qui arrive à Thesos. Trois jours de marche depuis le nexus, sans arme et avec les reins brisés. Lui qui il y a quatre ans ne jurait que par la ligne droite a depuis appris à louvoyer entre les bêtes sauvages. Il passe en trainant les pieds devant la capitaine des gardes de Thesos, Zean Krinn. Il ne lui lance pas même un regard et monte en peinant les marches de la forteresse. La caserne des légions est fermée et il a paumé la clé. Alors il attend devant l’entrée qu’un légionnaire passe par là.

Trois nouveaux jours s’écoulent, mais nul ne vient. Les habitants de Thesos continuent leur vie comme si de rien était, passant à ses côtés en lui jetant un bref regard. Qui est cet homin à la mine négligée ? Un mendiant ? Un ivrogne ? Personne ne le reconnaît. Il faut dire que son visage n’est plus le même. Plein de cicatrices, caché sous une barbe de plusieurs siècles, cela n’aide pas les habitants de Thesos à reconnaître celui qui fut autrefois leur akenak. Et son insigne des légions fyros a depuis longtemps disparu de sa kostomyx.

Il pousse un soupir en jetant les ossements rongés d’un yubo dans les marches qui mènent à la forteresse. Puis il se lève, enlève son armure complètement usée, la dépose délicatement dans la sciure et s’en va vers Pyr, habillé de simples haillons. Là, à la tombée de la nuit, il commence à raconter à qui veut l’entendre des histoires de dragons et de feu.

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#3 [fr] 

bavèchak fyrenran

Première partie

Avinos, comme tous les soirs, déboule à la patte du yubo. Le bar de Lydix Deps, c’est son antre, et il est bien décidé à passer la soirée à siffler ses trois litres de shooki. Mais ce soir, il en a vu une bien bonne avant de venir. Et comme d’habitude, faut qu’il partage l’anecdote.

« Eh ben, y’en a d’la compagnie ici. ‘ren pyr les buveurs de shooki ! Dis tu bois quoi toi ? Ouais d’l’essence d’ocyx ? T’as raison, ça vaut pas la shooki mais c’est d’jà bien meilleur que l’autre truc des trykers qui z’apellent bière là. C’est pas avec la bière que vous allez vous pinter la tronche moi je dis. Et t’nez, en parlant de se pinter la tronche, y’en a un qu’en tient une couche là-bas. Quoi ? Vous avez pas vu l’autre dingue sur la place du grand marché ? Il chante et il danse autour du feu. En voilà un qu’a dû s’en taper une sévère. Allez-y voir, moi, j’vais m’poser dans mon coin. J’ai trois litres de shooki à finir avant d’rentrer m’piauter... »

Justement, place du grand marché, c’est l’attroupement. Au centre de la masse de curieux, un fyros, pratiquement nu, danse autour d’un feu et chante d’étranges paroles. Ses bras se lèvent puis redescendent au rythme de sa voix caverneuse.

« Noir dragon, dans ta tanière nous te trouverons

Et sur ton corps d’écailles craquelées nous lirons

Ton nom qui résonne d’en bas jusque dans les cieux

ataluch i dechuk fyrak ! »

Des passants rient, d’autre font une mine de dégoût. D’autre encore regardent le fyros avec curiosité. Mais aucun ne reconnaît l’akenak de Thesos. Ses cheveux sont devenus gris et forment des tignasses épaisses. Sur son corps, de larges cicatrices forment comme un livre sur sa peau.

 

Soudain, l’un d’eux l’apostrophe:

« Et qu’est-ce t’y connaîs au grand dragon detal ? »

Azazor, car tel est son nom, se tourne vers l’impudent.

« Ce que j’y connais ? Mais MOI, je l’ai vu ! »

La foule pousse quelques hoquets de surprises. Des rires fusent également.

« Oui, je l’ai vu, aussi bien que je vous vois, tous, hilares, devant les propos d’un fou ! Et pourtant, écoutez mon histoire. Et après, vous pourrez juger de ma folie. »

Azazor prend à main nue une branche enflammée du feu qui crépite à ses pieds et l’agite en l’air. La fumée et les étincelles qui s’en dégagent font rire les enfants.

« fyrak, le grand dragon, le grand incendiaire, que de noms pour désigner une même entité. Quel fyros n’a jamais entendu parler de fyrak ? Vous homin, qui déambulez ici, croyez-vous en fyrak ? Ou avez-vous oublié ? Et toi l’ami ? Que sais-tu du grand incendiaire ? Y crois-tu ? Moi en tout cas, j’y crois.

Je n’ai même jamais cessé de croire en son existence. Et je n’ai jamais oublié la mission première de mon peuple : atalùch i dechuk fyrak ! »

Il se rapproche d’un jeune fyros qui le regarde avec de grands yeux.

« Sais-tu ce que ça veut dire ? atalùch i dechuk fyrak, ça veut dire chercher et tuer fyrak.

Telle est notre destinée. Telle est la seule voie du fyros ! Naitre, vivre et mourir pour trouver le dragon.

Cette traque va bien au-delà de l’empire et de ses piliers. Avant le premier empereur Dyros le Grand, les fyros déjà traquaient le dragon. Leur histoire est indissociable de la recherche du grand incendiaire. »

Il se tourne alors vers une patrouille qui passe non loin et crie :

« Oui, la quête du dragon est plus importante que la défense des piliers de l’Empire ! »

Les gardes font mine de ne rien entendre et continuent leur chemin de ronde.

« Et j’en suis persuadé, les kamis nous ont créé pour ça. »

Pointant sa branche enflammée vers la foule, il lance :

« Qui croit aux kamis ici ? »

Plusieurs mains se lèvent. D’autres semblent hésiter ou haussent les épaules.

« Et qui se pense assez connaisseur pour savoir ce qu’ils craignent le plus ?

Toi le zoraï ? On raconte que ton peuple est le plus proche des kamis, alors tu dois savoir leur plus grande crainte ? »

Le zoraï en question ne se démonte pas et avec le plus grand calme répond :

« la karavan bien sûr.

- Mais non, la goo ! rétorque un tryker.

- Moi j’dis c’est les inventions trykers leur pire terreur ! » s’écrit un fyros hilare.

Les rires éclatent de part et d’autre. Mais le conteur fouette le sol avec sa branche qui éclate dans un déluge de cendres rougeoyantes.

« Stupidités ! »

Il avance vers le zoraï impassible.

« Tu veux savoir mon ami, de quoi ont peur les kamis ? Je vais te dire ce qui les terrorise. »

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#4 [fr] 

bavèchak fyrenran

Deuxième partie

Il se rapproche alors très près de l’homin à la peau bleue et lui murmure :

« le feu »

Puis se tournant vers les autres :

« NEY, LE FEU ! FYREN !

Le feu est l’ennemi d’Atys. Il est donc l’ennemi des kamis.

Mais devant l’attirance des fyros pour le feu, plutôt que de nous empêcher de nous en approcher, les kamis nous ont appris à le domestiquer, afin de préserver Atys des flammes.

Ah je vous vois déjà, « mais le feu, on connaît, ce n’est pas si dangereux ». Ignorance !

Je ne vous parle pas des flammes que n’importe quel homin maitrisant un tant soit peu la magie peut créer. Pas ce feu commun, que même un matis est capable de créer. »

Disant cela, il se tourne vers un des rares matis présents.

« Non. Je vous parle du feu sacré, celui qui tue l’écorce, celui qui ravagea notre ancienne contrée de Coriolis. C’est celui-là même que les kamis ont en horreur. C’est ce feu-là que nous fyros, tentons de maitriser. »

 

L’homin blanc est sur ses gardes mais ne tient pas à reculer devant l’hirsute personnage qui enchaine :

« Et toi matis, as-tu peur du feu sacré ? »

L’homin, redressant le torse, secoue négativement la tête.

« Il t’attire alors ? Rêves-tu de cités en flammes ? »

Le matis veut protester mais on ne lui en laisse pas le temps.

« Moi, j’en ai rêvé toute ma vie. Peut-être parce que je suis fyros ?

Nous, fyros, forgeons par le feu, nous allumons des flammes grâce aux braises pour cuir nos aliments, nous nous éclairons en alimentant des flammes perpétuelles comme on peut le voir dans notre merveilleuse cité de Pyr. Ces braises, qui viennent des botayas de la forêt enflammée, nous seul savons les utiliser pour créer ce feu éternel qui brûle aux portes de Pyr.

C’est cet amour du feu qui attisa notre curiosité quand nous entendîmes jadis parler du grand dragon. Un être crachant le feu ne pouvait que nous fasciner. »

Il pose la main sur la tête du jeune fyros qui a les yeux encore plus écarquillés qu’avant.

« N’est-ce pas qu’il te fascine ce grand dragon ? Je le vois à tes yeux ardents. Ils brillent comme les flammes.

Hélas, du mythe du grand dragon, l’histoire a perdu ses origines. Nul ne sait quand les fyros en entendirent parler pour la première fois. Mais les plus anciennes traces que nous ayons de notre passé montrent que les fyros ont toujours été fascinés par lui, par l’idée de le traquer et de le tuer. C’est cette quête qui nous poussa à aménager dans le désert. Car intuitivement, nous savions qu’il devait être quelque part sous un point chaud. Nous sommes un peuple du désert, la chaleur est signe du dragon.

Oui je vous le dis, l’histoire, NOTRE histoire, est le fruit d’une traque. »

 

Il porte alors les mains à sa taille, rieur.

« Ah, ce n’est pas ce qu’on vous enseigne dans les écoles de Pyr n’est-ce pas ? On vous parle de belles histoires d’empereurs, de dates importantes, mais jamais comment notre peuple s’est construit autour d’une chasse légendaire.

Et pourtant, la poursuite du grand dragon a façonné nos villes, a construit notre histoire. »

Tous se regardent, éberlués. L’histoire fyros, une simple histoire de chasse au dragon ? Le conteur fou continue sa démonstration :

« Un exemple ? Si aujourd’hui encore la karavan n’est pas en bons termes avec les fyros, c’est parce que nous seuls avons désobéi à son commandement dans les anciennes terres qui était de ne jamais creuser vers les profondeurs de l’écorce. Mais nous l’avons fait, nous avons enfreint cet interdit suprême. Nous avons exploré en premier les primes racines. On raconte que les fyros, du temps de la guilde des gueules noirs, ont exploré et creusé de nombreuses galeries dans les terres de jadis. Bien sûr, la quête de fyrak ne s’est pas faites sans risque. Beaucoup sont morts. Peut-être certains d’entre vous pensent aux kitins. Le plus grand massacre dont notre curiosité serait la cause. Oui, je le vois dans les sourires narquois des matis ici présent. Et je vais vous surprendre matis. C’est en partie vrai. »

 

Des murmures montent de la foule qui commence à s’agiter.

« Ce sont les fyros qui les trouvèrent en premier. Nous avons la responsabilité du premier grand essaim. Mais on dit que nous sommes responsables de l’animosité des kitins envers nous. Je dis que c’est faux ! Les kitins seraient venus pour nous exterminer un jour ou l’autre. Les kitins colonisent. Ce qui est sur leur passage, ils le détruisent. Tôt ou tard, ils seraient entrés en guerre contre les homins. Nous n’avons fait qu’accélérer les choses. N’écoutez pas ces karavaniers qui vous disent que c’est la malédiction de Jena, que tout ce qui est arrivé résulte de notre désobéissance à ses règles. Ceux-là sont des tièdes qui ne comprennent rien au sens de l’histoire. »

Quelques protestations, principalement d’adeptes de la karavan, se font entendre.

« Vomissons les tièdes ! Oui, il y a eu des morts, oui, nous avons souffert. Et je dis : tant mieux ! S’il faut recommencer, alors plutôt deux fois qu’une ! Car derrière la souffrance de l’exil, c’est tout une destinée qui s’est écrite, pour le plus grand bien de l’hominité. »

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#5 [fr] 

bavèchak fyrenran

Troisième partie

Azazor se tourne vers un homin qui lui paraît sceptique.

« Tu ne me crois pas hein ? Je le vois à ton œil. Ce n’est pas grave, ton œil n’a pas vu encore. Il est aveugle. Mais moi j’ai vu.

Oui, le grand essaim a été bénéfique ! Oui, ceux qui sont morts ne sont pas morts en vain !

Notre quête de fyrak et ses conséquences ont soudé les homins dans une quête commune, celle de survivre. Puis c’est ensemble, sous l’écorce, que nous avons appris à vivre ensemble et enfin chercher un nouvel endroit pour nous installer, dans les nouvelles terres. Ce grand essaim qui hante encore les nuits des plus vieux d’entre nous, c’est une bénédiction ! Grâce à lui, nous avons découvert notre hominité, nous avons découvert que nous ne faisions qu’un. Ney, toi aussi le matis, tu es un frère à mes yeux. »

Le matis en question pousse un haut le coeur puis se reprend, tantis que le conteur enchaine:

« Comme je vous l’ai dit, la quête de fyrak a façonné l’histoire fyros, mais aussi celle de toute l’hominité. C’est pourquoi je vous le dis à tous, quelle que soit votre sève, la quête du grand dragon est la quête ultime. Celle qui doit tous nous rassembler. Oubliez les règles de vos dieux, de vos empires ou de vos royaumes. Oubliez vos ambitions personnelles ou vos guerres de clans. Seule la quête de fyrak doit être notre but, notre raison de vivre. Les kamis nous aideront, j’en suis persuadé. Comme ils m’ont aidé à survivre dans les profondeurs, comme ils m’ont guidé vers le dragon, pour que je puisse sentir son souffle chaud… »

 

L’homin pousse soudain alors un cri de douleur en se tenant les reins.

« Ce n’est rien… Une blessure qui a du mal à cicatriser... Cela fait trop de temps que je suis debout…. »

Disant cela, il se rapproche du feu.

« Mon périple dans la tanière du dragon...

Mais je n’en parlerai pas en détail ce soir. »

Il s’assoit alors dans la sciure, toujours plus près du feu.

« Un jour peut-être, quand vous serez prêt à l’entendre... »

On l’entend alors chuchoter :

« Les cendres du dragon, dans les profondeurs, ouvrent la voie vers la vérité... »

Voyant qu’il pense tout haut, il reprend son discours.

« Quand, au-dessus du gouffre du nexus, j’ai entendu un grondement venu des profondeurs, j’ai su que fyrak était en dessous, qu’il m’attendait. C’était comme un défi qu’il me lançait. Moi qui avais crié à qui voulait l’entendre que les tremblements d’écorce étaient un signe annonciateur de la venue de fyrak et qui n’avais reçu que moqueries, moi qui m’étais senti si seul pendant mes veillées au nexus, moi qui me sentais déjà si seul au sein même de mes semblables quand je parlais de quête du dragon, j’avais là l’occasion de montrer ce que valait ma foi. J’ai serré mon collier kamis dans ma main et... »

Se faisant, il montre son collier kami à la foule.

« Ce collier, la seule chose qu’il me reste. Et j’ai sauté dans le gouffre obscur.

Ce saut sans retour, cet acte de foi, c’était ce que les kamis attendaient pour être sûr que je sois l’élu. Celui suffisamment digne pour voir fyrak. »

 

Un fyros dans la foule demande :

« Et tu l’as vraiment vu ?

- Oui je l’ai vu, et les kamis m’y ont guidé. Je vois parmi vous les regards sceptiques, parfois moqueur... »

Il se lève lentement. Lui naguère si robuste, il paraît si frêle dorénavant.

« Vous n’êtes effectivement pas prêt à le voir, ni même à ce que je vous raconte ma rencontre avec le dragon. »

Quelques grommellements se font entendre dans la foule. Remettant le collier kami autour de son cou, il poursuit :

« Mais pour ceux qui ont la foi en ma parole, je vous apprendrai. Et quand vous serez prêt, je vous parlerai plus en détail de ma rencontre avec fyrak.»

S’apprêtant à craquer une perle, il lance enfin :

« Et un jour je vous le montrerai… Mais ce soir, il faut que je dorme. Demain j’ai rendez-vous à l’académie impériale. Des homins en rencontrer...

oren fyraï malos ! Et gardez l’oeil ouvert, fyrak rôde sous nos pieds. »

Azazor disparaît alors dans un halo. Les homins présents se regardent, surpris. Ce fou ? A l’académie impériale ? Beaucoup se dispersent. Quelques-uns restent à discuter. Cette nuit, la plupart rêveront aussi de cités en flammes. Et le jeune fyros aux yeux écarquillés rêvera même d’être englouti dans la gueule d’un monstre d’un autre âge. Un monstre de feu à la peau craquelée...



HRP: La suite en jeu

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#6 [fr] 

unpyrèch

Il y a encore une heure, il se prenait la tête avec le gardien d’immeuble de Thesos pour pouvoir enfin rentrer chez lui, après quatre ans d’un voyage éreintant dans les primes. Mais rien à faire, celui-ci ne pouvait rien pour lui, il n’avait aucun double des clés de l’appartement (ce dont Azazor doutait). Il emprunta donc une vieille recht à un habitant et défonça la porte.

Ce fut long, les portes fyros étant décidément bien robustes, mais surtout, il n’avait plus la force d’il y a quatre ans. Toutefois, il parvint enfin à rentrer chez lui, à bout de souffle. Depuis, il s’était enquillé un flacon de shooki âgée qu’il gardait dans un recoin derrière le lit, pour au cas où. Et ce cas où, c’était bien aujourd’hui. Il avait ensuite commencé à remettre un peu d’ordre dans ses papiers.

C’est à ce moment qu’il était tombé dessus. Un brouillon d’article sur les foreuses des avant-postes d’autrefois, et leur mystérieux démantèlement. Il le relut avec un léger sourire et entreprit de le publier une fois la mise en forme effectuée. Il lui fallait toutefois du cuir de varinx. Il n’avait plus un dapper et impossible pour lui de chasser seul dans son état. Il partit alors se coucher en maugréant sur son manque de prévoyance. Il aurait dû planquer aussi un tas de dappers derrière son lit...

 

HRP: on appelle ça une scène post-crédit :p

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#7 [fr] 

tal fyrenùch

Il vient d’allumer un feu dans la forêt enflammée. Les flammes du brasier semblent danser dans ses yeux. On entend craquer le bois d’eyota. D’après lui, c’est le bois avec le meilleur pouvoir calorifique. L’idéal pour se réchauffer en cette première nuit de printemps.

La forêt enflammée est en ce moment l’objet d’un spectacle qui ne se déroule qu’une fois par cycle, lors du passage de l’hiver au printemps, quand les bothayas s’enflamment pour la première fois. Mais ce n’est pas sur eux que son regard se fixe. C’est sur sa disciple de l’autre côté du feu, sa fyrette ardente.

Il la regarde avec un léger sourire. Il n’a toujours pas fait le deuil de cet amour avorté. Mais au moins, la haine qu’il a pu éprouver pour la matis qui lui est passé devant s’est estompée. Ce soir, il n’y aura pas de rancune, juste une leçon de chose sur le feu.

Dis-moi, sais-tu la différence entre ce feu que je viens d’allumer, et celui qui nous a permis de terrasser clopperketh la dernière fois ?

La fyrette lève un sourcil. Non, elle ne voit pas la différence, si ce n’est que l’un tue et l’autre permet de cuir sa viande.

Le maitre reprend :

Le premier nous a été enseigné par les kamis, il y a très longtemps, quand l’empereur Arispotle fut sauvé par un kami des crocs d’un varinx.
C’est un feu qui blesse quand il est lancé sur quelqu’un. Mais tu ne cuiras pas ta viande avec, tu ne réchaufferas pas non plus ton corps avec le sort de feu. On puise dans notre sève pour le créer. C'est un sort mental.

L’élève hoche la tête, c’était bien ce qu’elle pensait. Cependant, le maitre reprend doctement :

Mais pour cuir les aliments, il faut un feu qui n’utilise pas notre mental et qui puisse s’auto-alimenter. Encore faut-il savoir l’allumer. Les fyros ont trouvé le secret du feu sans utiliser la sève en utilisant des braises de Bothaya. Quand nous allumons un feu comme je viens de le faire, c’est cette braise qui permet de déclencher et entretenir le feu. Les braises permettent de se dispenser de sève en quelque sorte. Certains parlent de feu sacré.

La fyrette parait surprise. Ce simple feu, un feu sacré? Impossible!

Mais ce n'est pas tout à fait un feu sacré. Disons en partie seulement. En fait, tous les feux ne se valent pas. Dans chaque feu que nous allumons avec des braises, il y a du feu magique, comme pour le sort de feu, et une petite partie de feu sacré, contenu principalement dans les braises. Tout l’art des fyros est de doser le ratio entre feu sacré et feu magique. Si le feu sacré est en faible quantité, tu as les feux qui gardent les portes de Pyr. Enfant, je m’amusais à les franchir. Elles me donnaient l’impression d’être immunisé aux flammes. Et pourtant, il n’y avait rien de plus normal.

L’élève sourit à l’évocation d’un souvenir d’enfance de son maitre. Ce n’est pas souvent qu’il en parle. À croire que ce fyros bourru n’a jamais été enfant.

Tu peux y rester aussi longtemps que tu veux sans te blesser. On y ressent juste ce qu’il faut de chaleur pour être bien. L’entretien des feux des portes nécessitent d’ailleurs beaucoup de braises de bothaya, et c’est un privilège que de servir à les entretenir. Ces braises entretiennent le feu, de la même façon que dans ce feu sous nos yeux. Quand la braise finit de se consumer, plus rien ne peut entretenir le feu magique, et il s’éteint.

Un craquement du feu vient ponctuer ce passage.

Tu peux bien sûr augmenter la proportion de feu sacré. Ainsi, si tu as plus de feu sacré, tu as plus de chaleur et tu peux cuir ta viande… ou un matis !

Maitre et élève rient de bon coeur, même si une pensée pour sa chère et tendre vient traverser l’esprit de la deuxième.

Tout dépend en fait de ce que tu utilises comme matériau à brûler. Le vieil ermite Iophyrus Phynix, à l’oasis d’Oflovak, t’a enseigné à utiliser les matières fines. Mais d’autres matières peuvent être utilisées, pour qui maitrise cet art. Les érudits disent que pour un feu sacré complètement pur, il faudrait utiliser des matières exceptionnelles, comme du suprême, à minima. Ce n’est bien sûr pas à notre portée. Je doute d’ailleurs que quiconque ait déjà réussi une telle prouesse. Ce serait même inquiétant. Car attention avec le feu sacré, il est extrêmement dangereux !

Il marque une pause lourde de sens. Son regard vient embrasser la région, ravagée jadis par les flammes.

Regarde autour de toi.


La région de la forêt enflammée est d’une morbidité fascinante au printemps. Un sol fissuré et recouvert en permanence de cendres noirâtre, des racines enflammées dégageant une odeur obsédante, et bien sûr son lot de créatures hideuses comme les tyranchas et les cuttlers qui n’attendent qu’un moment d’inattention pour vous attaquer.

Voilà ce qui arrive quand le feu sacré s’emballe. Le feu sacré ne laisse à première vu qu’un paysage de désolation. C’est pour éviter les drames que la tribu des Veilleurs vit ici, avec l’aide des kamis. Car il n’y a rien qui ne fasse plus peur aux kamis que le feu sacré.

Disant cela, il lève un doigt au ciel.

Oui, plus peur encore que la goo, j’en mettrai ma main à couper !

L’élève refrène un rire à l’image de son maitre avec une main en moins. Ce ne serait pas pratique pour tenir sa hache.

Un autre exemple de dévastation causé par le feu sacré, c’est l’incendie de Coriolis. Tu en as forcément entendu parler. Il a rasé une partie de nos terres dans les temps anciens. Et surtout, il a permis aux matis de reprendre Karavia.

L’élève se remémore ses cours sur l’histoire de la bataille de Karavia lors de laquelle le Duc Gioni di Tylini avait repris la cité en profitant du fait que les fyros étaient occupés à combattre l’incendie.

Bref, si je te parle du feu, c’est pour que tu aies bien conscience de son pouvoir. Il doit guider chacun de tes pas. Si tu veux trouver le dragon et l’affronter, tu te dois de penser feu, d’être feu. Le feu n’est pas ennemi de la lumière. Bien au contraire. Il éclaire, renforce en cuisant la viande, réchauffe… Mais surtout, il inspire ! Seul l’action libérée du poids de la pensée est aussi pur que le feu.

L’élève, alors un peu avachie, se redresse, soudain sérieuse.

Aussi, au combat, tu apprendras à ne plus penser en homine mais en esprit de flamme. À agir tel le feu, implacable et imprévisible. Être insaisissable aussi. On n’emprisonne pas le feu, il brûlerait sa propre prison. Le feu doit être ton guide. C’est parce que les fyros sont guidés par le feu, et certains disent même que c’est le feu qui nous a forgé, comme nous forgeons nos armes et bouclier par le feu…

Disant cela, il lève sa retch ardente et fait luire sa lame à la lueur des flammes.

Bref, c’est parce que les fyros sont guidés par le feu que nous nous sommes donné pour quête suprême la traque du grand dragon. Et c’est cette traque qui nous a poussé à creuser dans les anciennes terres, à trouver les kitins et tout ce qui s’en est suivi.

Le maitre creuse un peu le sol de cendre avec sa hache et dégage une jeune pousse de botaya.

Tu le vois, le feu peut causer la mort. Mais après la mort, vient la vie. Comme sur ces terres brûlées, poussent de jeunes plants. Après le grand essaim, vint les rapprochements dans les primes racines, les remises en question du pouvoir des puissances. Tout un cheminement philosophique qui n’aurait jamais eu lieu sans notre appétence pour le feu. Le feu, c’est la vie, c’est la mort, c’est notre guide. Je crois aux kamis, je crois qu’ils sont bons. Mais je crois encore plus au pouvoir du feu. C’est lui, finalement, qui mérite un culte.

A ces mots, il se tait et tourne son regard vers le feu. Celui-ci continue de crépiter tandis que maitre et disciple le contemple un moment en silence. Puis il pousse un léger soupir et reprend.

Cela fait beaucoup d’informations pour ce soir, et tu n’es pas obligé de tout retenir. L’essentiel, c’est d’avoir saisi la philosophie générale. D’avoir pu sentir la flamme qui brûle en toi.

Il fouille alors dans son sac, à la recherche de quelque chose.

Tu sais, les jeunes fyros ne sont pas des vases qu’on remplie, mais des feux qu’on allume. La seule chose qu’on remplit chez un fyros, c’est son verre.

Disant cela, il sort une bouteille de shooki de son sac et la tend à sa disciple.

Tiens, voilà un nouvel objet de culte, celui du Grand Glouglou. Un jour, je te raconterai les origines du schisme entre byrh et shooki, et pourquoi la shooki, c’est mieux.

La soirée se termine tandis que maitre et élève rendent hommage au Grand Glouglou autour du feu qui unit.

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#8 [fr] 

gey-zakün

Il est en train de fabriquer une rondache quand elle surgit derrière lui en criant. Ce n’est pourtant pas une nouvelle façon de saluer. Elle est simplement surprise de le voir ainsi vêtu d’un simple pagne. Qu’à cela ne tienne, ce sera justement l’occasion de lui expliquer son prochain entrainement.

Cela lui est venu après avoir entendu Barmie Dingles, le nouveau guide ranger fraichement débarqué des anciennes terres, discourir sur le danger mortel qu’il y a là-bas, sans possibilité de ressusciter quand on meurt. En effet, dans les nouvelles terres, les homins se sont bien trop habitués à ne plus craindre de mourir et du coup à ne plus apprécier le danger à sa juste mesure. Lui-même jusqu’à il y a peu de temps, aimait expliquer aux autres que la manière fyros de foncer tout droit sans se préoccuper de ce qu’il y a devant était la meilleure manière d’avancer. La fameuse géométrie fyros de la ligne droite.

Seulement, il avait tort. Une telle façon de se mouvoir, dans les anciennes terres, et c’est la mort définitive assurée. Aussi doit-il changer sa façon de penser. Il doit penser feu. Le feu progresse sur ce qui peut brûler. Quand il a en face quelque chose qui brûle mal, il fait un détour. Pour avancer comme le feu, il faut faire de même, en remplaçant ce qui peut brûler par ce qui est sans danger. Avancer dans les zones de confort, loin de ce qui peut tuer. Mais l’armure, nos auras, ont tendance à nous rassurer. Il faut pourtant qu’il ressente la même peur qu’il pourrait avoir dans un environnement complètement hostile avec la possibilité de mourir pour de bon. L’idée lui est alors venue d’enlever ses vêtements et bijoux. Fragile, faible comme un jeune homin n’ayant jamais participé à aucune chasse ni aucun combat, il peut retrouver cette sensation qu’il avait eu en arrivant à Pyr lors de ses seize ans. Même les gingos autour de la cité l’effrayaient. Maintenant, tout juste représentent-ils un bruit de fond sans importance.

C’est donc conscient de ce biais qu’il a développé cet entraînement. La course dans le couloir brûlé, sans équipement d’aucune sorte, et sans auras. Pour commencer, il ne parle pas de l’absence d’auras à sa disciple. Cela viendra plus tard. Il ne faut pas trop la traumatiser.
Celle-ci est effrayée. Non pas par le danger, mais par l’absence de pudeur qu’il y a à courir ainsi peu vêtue. Qu’à cela ne tienne, après négociation, et avec l'aide de sa matis qui vient de débarquer et qui curieusement apprécie le principe de l’entraînement, ce sera en légère de qualité médiocre, sans gants ni bottes. Les homines et leur pudeur...

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