ROLEPLAY


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#1 [fr] 

Petit préambule HRP : il s'agit de la suite de ce qu'il se passait ->ici<-, pour Fey-Lin et Ranka, durant ces huit ans que dure l'exode suite au second Grand Essaim. Cela prendra un certain nombre de textes, voici le premier.

Fallenor, 4e CA 2562, jour inconnu.


Aujourd'hui, sans savoir pourquoi, il semblait à Fey-Lin qu'elle avait évacué tout son chagrin. Oh elle pleurerait encore assurément son défunt époux, Kaikyo, qui avait donné sa vie le jour de l'Exode du second Grand Essaim, mais cela aurait cessé d'être un tourment permanent. Contrairement à bon nombre d'autres homins, elle s'en doutait, il n'avait pas péri en protégeant un cortège de réfugiés sur le chemin pour l'Oasis Secret des Kamis, non. Il avait péri pour sauver l'âme corrompue d'un homin, Kiriga, tout en permettant que la famille Lae Lia sauve l'une des leurs. Fey-Lin apprendrait plus tard de ses sauveurs que pour ceci, ce fut un échec. Par contre elle se souviendrait toujours comment Kiriga avait vaincu son double damné Kiyumé, et s'était sacrifié pour qu'elle, future mère, et Ranka, plus jeune descendant des Lae Lia qu'elle connaissait, survivent.
Finalement, Kaikyo avait triomphé du mal d'un homin, et en avait sauvé deux autres.
Maigre consolation : son époux lui manquerait terriblement.

Fey-Lin se leva en embrassant Ranka, puis sortit de la tente où ils étaient logés pour enfin prendre la mesure de leur situation. Ses habits nin-ka paraissaient sales, elle les avait noircis en signe de deuil, à la va-vite, et le résultat hétérogène laissait paraître les anciennes couleurs. De même elle avait fait effacer son tatouage : la Plénitude Totale lui serait désormais impossible, elle ne l'avait pas fait remplacer, il n'y avait pas le temps de s'en occuper, pas encore, au camp.

Le camp ... après ce voyage instantané qu'ils avaient fait, Ranka et elle, avec les Dryades, elle ne savait pas exactement où elle se trouvait, mais elle pouvait dire à la végétation que ce camp se trouvait dans un recoin isolé de ce qui fut le Royaume. Certains Frères des Plantes avaient ici rejoint les Dryades et monté un camp commun. Sur une grande distance à la ronde, on trouvait des Psykoplas à profusion, avec lesquels il y avait toujours un membre des Dryades en communication, en communion pourrait-on même dire. La sensibilité des Psykopla leur permettait de distinguer et différencier clairement les kitins en approche. A la moindre alerte, tout le monde était prêt à plier le camp et disparaître dans la forêt sans laisser de trace.

Fey-Lin se dirigea vers la tente de l'Ancienne Dryade qui était venue à leur rencontre pour les emporter, Ranka et elle, elle s'annonça en écartant la tenture, puis entra. Comme son hôte lui faisait un signe de tête, elle vint s'asseoir devant cette dernière.

- Deles Silam, Fey-Lin Modin. J'attendais ta venue.
- Deles Silam ... Taliané-ko*.
Son interlocutrice sourit à ce mélange de Matéi et de Taki Zoraï.
- Tu as sans doute de nombreuses questions, prends ton temps pour les poser. Laisse moi me présenter : je me nomme Sevalda Ginti.
Fey-Lin obtempéra, rassemblant ses questions pour les ordonner, éliminant les questions rhétoriques pour aller à l'essentiel, en une gymnastique intellectuelle qu'il lui faisait bon retrouver.
- Ki'atal ...
- Malheureusement, la soeur bleue des Slavenis n'est plus. Nous n'avons pu arriver à temps, mais nous avons ressenti son ultime appel à Atys. Je crois que son âme a choisi de reposer avec celles de sa famille homine, plutôt que de rejoindre celles de sa famille végétale.
Fey-Lin encaissa gravement le coup de cette révélation, Ki'atal lui pardonnerait de ne verser aucune larme pour elle en cet instant, elle en avait déjà trop versé. Ranka était donc désormais sous sa responsabilité jusqu'à sa majorité. Pauvre petit Kami blanc**, soudain sans ses mères ni sa soeur, coupé de ses grands-parents.
- Comment sommes nous arrivés ici ?
- Cela, je ne peux te l'expliquer maintenant, mais je te crois assez intelligente pour le comprendre par toi même, une fois que tu auras appris tout ce que tu dois, par le pacte qui désormais nous lie.
Fey-Lin considéra cette réponse, pensivement avant d'enchaîner :
- L'Exode des homins, a-t-il réussi ?
- J'en suis persuadée. Mais impossible de dire dans quelle mesure cela a été réussi.
- Combien de temps ....
La Matis gardait le silence.
- Combien de temps devrons nous rester ici, Ranka et moi ?
- Le temps qu'il faudra, bien sûr. Au moins pour que vous appreniez, tous deux, ensuite pour que les chemins soient empruntables, au dehors.
Fey-Lin hocha la tête, finalement, il y a des questions triviales qu'on n'évite pas même avec la meilleure volonté du monde.
La Dryade reprit :

- Tu as beaucoups souffert, mais tu es loin d'avoir tout perdu, tu le sais. Prends soin de tout ce que tu as encore, sans arrière-pensée. Nous t'enseignerons ce qui doit l'être. Et tu devras prendre soin de cet enseignement aussi. Va à présent.

Fey-Lin se leva lentement, adressant un signe de tête approbateur à Sevalda. Elle resta ainsi debout, face à la Matis, sans rien dire, un bref instant, puis laissa l'ensemble de ses devoirs actuels l'investir.
Elle sortit de la tente et se dirigea vers Ranka. Il était temps de le consoler avec l'affection qu'il méritait, et non avec cette façade qu'elle avait du afficher lors de son propre deuil.


* Littéralement "Liée aux végétaux", traduction de Dryade (autant que faire se peut)
**Comprendre l'expression "petit Kami blanc" comme "petit ange blond" par exemple, s'agissant d'un enfant tryker vu par une Zoraï.

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Fey-Lin Liang
Li'laï-ko
Talian-Zu

#2 [fr] 

Dua, Folially 20, 2e CA 2563

"Tu n'es pas ma mère !"
Ranka bondit hors de la tente avant que Fey-Lin ait eu le temps de le retenir. Se levant avec difficulté, elle sortit à son tour pour le voir s'éloigner rapidement parmi les réfugiés. Son état la contraignait au repos et elle se résigna à attendre son retour.

L'orphelin courait en essuyant rageusement les larmes qui lui mouillaient les joues. Il regrettait déjà d'avoir peiné Fey-Lin mais ses attentions lui devenaient insupportables. Il sentait confusément qu'il trahirait la mémoire de ses mères en la laissant occuper une place trop importante dans son coeur.

Il ralentit son allure, certain qu'il n'était pas poursuivi. Non loin, à l'ombre d'un grand arbre, des enfants étaient attroupés autour d'une botaniste matis. Il laissa la curiosité l'emporter et se mêla à eux.

Les matis qu'il côtoyait désormais étaient différents des Sujets Royaux à la démarche altière qu'il voyait parfois traverser la Cité-Temple quand il était petit. Ceux-là n'étaient ni fardés, ni apprêtés, et si on les abordait avec respect ils n'en tiraient aucun orgueil.

Sous les yeux émerveillés de ses jeunes élèves, la dryade appliquait un cataplasme sur une large cicatrice qu'un kitin avait laissé à l'arbre vénérable. Un des enfants posa une question.
"Pourquoi utiliser de la résine de Dorao et pas une autre, Serae Zane Sichio ?" La botaniste sourit et entreprit de finir d'appliquer la mixture avant de répondre. "Comme Maîtresse Ginti me l'a enseigné, chaque espèce végétale à des particularités qui la rendent indispensable à l'Equilibre. Vous connaissez celles de nos amis et protecteurs, les Psykoplas, les Slavenis et les Cratchas. Il vous reste encore beaucoup à découvrir afin de soigner les Nouvelles Terres quand il sera temps. Le Dorao est l'arbre le plus haut qui existe et sa résine a donc la propriété de favoriser la circulation de la sève afin d'en irriguer la frondaison."

A la fin du petit cours improvisé, chaque enfant vint poser son front contre le tronc de l'arbre en lui souhaitant un prompt rétablissement. Ranka les imita sans saisir le sens d'un tel rituel. Zane Sichio le raccompagna ensuite à la tente de sa tutrice tandis que les autres enfants allaient rejoindre leur famille. Fey-Lin attendait, anxieuse. Elle ne sermonna pas Ranka, le laissant aller se reposer tandis qu'elle s'entretenait avec la botaniste.

#3 [fr] 

Quinta, Thermis 17, 3e CA 2563

Fey-Lin regarde un instant son ventre désormais presque plat, alors que la veille encore il était rebondi. Elle avait donné naissance à deux jumeaux. Son union avec Kaikyo était bénie par la fertilité, à défaut de bonheur partagé. Allongée sur sa couche, elle tourna la tête vers le grand berceau en osier qui abritait sa fille et son fils. Son regretté Kaikyo avait sauvé une vie de plus qu'escompté. Ses songes les plus fous élaboraient des hypothèses mystiques qui lui permettraient de retrouver son âme et sa conscience, débarrassée de sa condition d'homin. Mais il fallait garder les pieds sur l'écorce, on ne nourrit pas la foi avec ses désirs, sans risquer de sombrer dans la folie.

Fey-Lin repensait aux trois cycles écoulés. Elle était assurément la première homine à porter la vie dans ce camp qui l'avait fait venir. Ses frères de Sève, majoritairement des Frères des Plantes, avaient remarquablement appliqué les coutumes Zoraï : son quotidien avait été simplifié, les efforts lui étaient épargnés. N'importe quelle homine qui ne soit pas Zoraï s'en serait trouvé honteuse, ou se serait rebellée d'être ainsi traitée comme une enfant, ou pire comme une impotente, mais Fey-Lin goûtait à ces efforts de son entourage avec la reconnaissance de leur valeur. Les Zoraï savent en effet que celui qui n'est pas encore né ressent de manière décuplée ce qu'éprouve sa mère. Le moindre sort lancé provoquerait comme une abîme d'absence de sève, la moindre agitation serait un ballotement, le moindre geste brusque : une violence.
La jeune future Mi* s'était donc occupée de l'éducation de Ranka, et avait utilisé son temps libre pour fredonner de douces chanson à son ventre, afin de consoler l'enfant, les enfants, de l'absence de leur Pa**. En y repensant, Fey-Lin avait réalisé que la prévenance de Kaikyo, qui l'incitait sans cesse à la prudence, était le prémice de son rôle de mari et père, qu'il n'aura finalement jamais eu, alors qu'il y aurait excellé.


* "Mère" en taki zoraï
** "Père" en taki zoraï

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Fey-Lin Liang
Li'laï-ko
Talian-Zu

#4 [fr] 

Holeth, Floris 18, 4e CA 2563

Aujourd'hui, devait avoir lieu le premier rite des Dryades pour ses enfants. De même que pour Ranka et elle il y a quelques cycles, ils allaient être présentés à la flore, au premier mois de Floris suivant leur arrivée dans la tribu, c'est à dire leur arrivée au monde.

Le moment venu, Fey-Lin confia An-Haï à Ranka, et prit Haï-Laï dans ses bras. Tous deux se joignirent ensuite à une procession qui s'éloigna dans la forêt. Dans une clairière occupée par des plantes intelligentes, le groupe s'installa en demi-cercle autour de Fey-Lin et Ranka, tenant les deux nouveaux-nés. Une maitresse de cérémonie Dryade prit alors un bol de rempli de sève, y trempa ses doigts, et apposa tour à tour une marque sur le front de Haï-Laï puis de An-Haï :
"Par ce signe, que les plantes te reconnaissent"

Fey-Lin approcha alors Haï-Laï d'un Slaveni, d'un Psykopla, puis d'un Cratcha. Ranka fit de même à sa suite pour An-Haï.
Haï-Laï, qui était très rieur, regardait toutes ces formes végétales en gazouillant gaiment. Une fois devant le Cratcha, ce dernier fit refluer sa sève dans ses racines, pliant ainsi sa tige. Haï-Laï en profita pour l'attraper à pleine main et hisser sa bouche à son contact, lèchant un pistil brièvement avant que la plante ne se redresse.
Quand Ranka passa devant le Psykopla, celui-ci tintinabula doucement, et An-Haï agita bras et jambes avec entrain, souriante. Devant le slaveni, celui-ci se redressa lentement, et tendit une feuille en direction du nourrisson, que An-Haï regarda en écarquillant les yeux. Comme pour son frère, le bulbe du cratcha s'affaissa très près d'An-Haï, qui tendant un bras, le toucha et sursauta à ce contact.

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Fey-Lin Liang
Li'laï-ko
Talian-Zu

#5 [fr] 

Quinteth, Mystia 5, 4e CA 2564

Le don des plantes avait touché les dryades. Les réfugiés et les enfants observaient respectueusement l'effet des psychodrogues sur leurs vénérées guides. Des chants s'élevaient avec spontanéité, repris ça et là. Des danses semblaient s'improviser. Pourtant Ranka et les autres ne pouvaient qu'être saisis par la cohérence qui unissait l'ensemble des dryades. On aurait dit qu'elles accédaient à une forme de conscience collective, à l'image des plantes dont elles avaient partagé la sève.

An-Haï et Haï-Laï suivaient des yeux leur mère en train d'exécuter une danse. Ranka sourit en lisant la joie sur leur visage. Il songea un instant à sa famille. Elles auraient apprécié l'ambiance de fête et de fraternité qui régnait au campement, réchauffant les coeurs en cette froide soirée d'hivers.

Gicha Ciri, la cheffe de la tribu, se redressa soudain. Les psykoplas tintinnabulaient; Le signal était donné qu'une patrouille insectoïde venait dans leur direction. Aussitôt, chacun s'activa à faire les paquetages. Deux frères des plantes installèrent Sevalda Ginti, la doyenne des dryades, sur une chaise à porteurs, pendant que Zane Sicho rassemblait leurs affaires. Ranka demeura en retrait, se contentant de surveiller et réconforter les enfants de Fey-Lin, jusqu'au terme des préparatifs. Rapidement, le convoi de réfugiés put se mettre en route, guidé par Shuai-Nang Du, en sa qualité d'éclaireuse, vers l'un des monticules de plantes intelligentes connus de la tribu.

#6 [fr] 

HRP : juste un emplacement réservé pour un post que je ferai après

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Fey-Lin Liang
Li'laï-ko
Talian-Zu

#7 [fr] 

Thermis, 4e CA 2575

Fey-Lin venait de recevoir un pli cacheté. Ce qu'elle lut était de mauvaise augure, mais elle aurait du s'y attendre, en fait, d'une certaine manière elle s'y attendait. La nécessité de protéger sa famille était déjà inconsciemment admise, et même prévue.
Il y a de cela quelques cycles, Fey-Lin avait déjà commençé, et terminé, la couture de deux haï-phon*. Tissés dans des fibres de base, il ne payait pas de mines, mais était solide, et c'est tout ce qu'on lui demanderait.
Il aurait été inconvenant de fabriquer un objet de luxe, l'usage - pendant la cérémonie d'Adoption - serait important, certes, mais l'importance n'est pas une raison pour faire étalage de richesse.

Ils n'avaient encore que douze ans, et un cycle, mais An-Haï et Haï-Laï étaient en âge de participer à la cérémonie après tout. D'autres l'avaient fait plus jeunes, et s'ils ne réussissaient pas du premier coup, ce serait tant mieux. Ils seraient plus longtemps loin du danger, abrités dans l'Arbre Eternel, sous la protection des Kami.


- Mi, niu kai Pa ayumé ? demanda Haï-Laï
- Né, nu'o mayué fi, lu'o Pa o Kami, paï né Kami-le akaba, né taka **

Haï-Laï prit un air triste, mais sa soeur An-Haï lui mit un coup de coude, tout en souriant :
- Niu kai y taki o Ma-Tal ayumé. Bini-sek !
Haï-Laï se frotta un peu les côtes, mais esquissa un sourire.

Fey-Lin regarda ses enfants rejoindre les autres qui allaient au devant de la Cérémonie. Elle leur sourit en leur faisant des signes, espérant qu'elle les reverrait bientôt, porteurs d'un masque dont elle détaillerait les caractéristiques avec plaisir, les écoutant argumenter du tatouages qu'ils y apposeraient.
Mais cette anticipation se mêlait à une anticipation plus funeste : elle pourrait très bien aussi ne jamais les revoir. Elle restait, et pas vraiment en sécurité, elle.

Une fois qu'ils fussent hors de vue, Fey-Lin s'empara d'un nécessaire d'écriture, et commença par rédiger une missive à l'attention de Chiang Le Fort, afin qu'il prenne soin de ses enfants et de leur entrainement à leur retour de la Cérémonie d'Adoption. Puis elle écrivit à quelques amis, il était temps de prendre un certain nombre de mesures.


* Haï-Phon : sac servant de réceptacle rituel lors de la cérémonie d'adoption
** grand concours : arriver à traduire ce court dialogue en taki zoraï. Propositions à envoyer en izam :) Je sais, je n'ai pas dit ce qu'il y avait à gagner, c'est normal :p

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Fey-Lin Liang
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