ROLEPLAY

L'aventure qui suit s'était déroulée il y quelque saisons déjà, dans le désert au sud de Dyron. La Lune combattait régulièrement les chefs Maraud, ceci afin de confectionner pour ses membres leurs fameuses armures aux caractéristiques singulières.

Aen la lamme du désert


Ça y est c'était parti, le chef nous appellait, prière de fermer vos canaux et de vous concentrer sur le combat. Nous étions deux équipes complètes, La Lune renforcée du leader Cannoniers Armand et son équipière Cannonia, ainsi que notre amie Sahe la foreuse folle. C'était mon premier maraud !

Je m'attendais à une course d'approche mais non, c'était juste là, à côté de l'avant poste Malmont ! On formait deux groupes en bas de la dune autour de Nizy et Maltord, tandis que Kaktus et Armand étaient au sommet, en armure lourde. Le premier -jeune guerrier au parcours fulgurant- jonglait avec sa védice en la faisant virvolter d'un bras sur l'autre, tandis que le deuxième -vétéran émérite du désert- faisait tournoyer sa masse électrique au dessus de sa tête, derrière son dos et récupération par dessous le bras. Ils plaisantaient sur ce qui les attendait, très... confiants !

Oui je commençais à comprendre, le combat se passerait là haut, et nous depuis le bas, on les soignerait et surtout nous bombarderions en magie offensive les ennemis à distance, formation en triangle. Tout le monde était prêt, sauf Zargal, encore à mi-chemin entre les deux guerriers et nous, tournant le dos à tous. Que fais-tu soeurette ? Nous avions un lien particulier, étant entrée ensemble dans la Lune. J'imprimais une petite poussé télépathique dans sa direction...


Elle ne répondit pas, le regard perdu vers le nord. Je recommence, et je dois pas être la seule à le faire. Et puis d'un coup la voilà qui file tout droit. J'en reste pantoise, et je sens également comme une interrogation dans les rangs.
"Elle va passer le bonjour aux bandits" lançais-je ironiquement, en considérant la direction de sa course. Mais... c'est ce qu'elle fit vraiment !
Chef Nizy fut le premier à réagir et partir à ses trousses. "Oh le bon chef !" me dit-je, il fonce au secours de ses compagnons. Seulement voilà, Zargal goutait maintenant la sciure au beau mileu du camp des bandits, et les Rigde Ravagers étaient plutôt coriaces. Il fallut taper fort pour la déloger, ce qui fut fait, sommes toutes, relativement rapidement, le temps pour les plus éloignés de demander "hein qoi keski ce pass?".

Elle m'expliquera "J'étais perdue, je cherchais Maltord, j'ai vu des silhouettes homines au loin, je croyais que c'était vous !"
- Hihihi Zargal je t'adore !

On se remet en place. "Je soigne qui? demandais-je", question de quelqu'un qui n'a pas encore l'habitude du bomb-heal, méditerai-je par la suite.

Ils arrivèrent, des varinx énormes, surpuissants : les gardiens d'Aen. Ces maraudeurs tout de même, ils dressent les bêtes sauvages comme personne, et arborent des armures exceptionnelles, j'en éprouve une fascination secrète. Mais puissants, nous l'étions aussi, et les formidables créatures finirent par plier l'échine aux pieds de nos guerriers.

Le chef s'élanca au sommet de la colline, je le lâchais pas d'une semelle : j'avais bien appris au moins cela depuis mon intégration. On repris notre formation tortue, et l'autre équipe fit de même autour de Rya-Tali Maltord. On fit à Kaktus l'honneur d'être LE guerrier face à Aen. Elle était immense -au moins ma taille à en juger- brandissant sa hache jusqu'au ciel, et vétue de cette armure d'un autre monde. Elle nous bravait tous, et à travers nous, toute l'hominité.

J'aurais aimé pouvoir croiser son regard et comprendre, mais il était quasiment impossible de voir son visage, à part sa chevelure de lumière, impossible tant elle était recouverte de déflagrations et autre jets d'acide projetés par deux torrents d'energie pure. Malgré la pression, elle tint debout un long moment avant de se dissoudre dans la sciure.

Mais ce n'était pas fini je le réalisais vite. Nous retrouvons notre formation initale en bas de la dune. Nouvel assaut de nouveaux varinx, aussi fabuleux que les premiers. Puis une nouvelle Aen en haut, puis encore des varinx en bas. Et cette mécanique bien réglée se répéta plusieurs fois, comme tourne inlassablement les éoliennes de Fairhaven, chacun retrouvant exactement ses marques à chaque étape. Les périodes en haut de la colline, pendant que je healais mes compagnons sans relâche à attraper le tournis, j'en vins à repérer du coin de l'oeil les silhouettes des "autres" Aen au petit campement en contrebas de la falaise, et à compter celles qui restaient. Mais qu'est-ce donc encore que ces marauds, à pouvoir habiter plusieurs corps ?

Cette fois-ci ça devait être "la vraie", nous dévalions la pente jusqu'au camp, et reprenions la formation triangulaire ; Kaktus toujours à l'honneur, fier comme un roi, engagea le combat. Mais cette Aen -la vraie ?- était d'une autre trempe ! elle ne pliait pas. Elle ne pliait pas nom d'un kami ! "une régen de fou furieux" pour reprendre les mots de Nizy.

Nos mages avaient beau lui balancer leurs tripes à la figure, et Kaktus l'acculer contre la barrière, elle ne pliait pas. Rya-Tala Xylog, de son oeil aiguisé, surveillait tout le monde -y compris le chef- et injectivait ceux qui baissaient les bras ou qui se trompaient dans leurs manoeuvres. On avait vraiment besoin de notre potentiel maximum. Mais malgré l'effort le doute et la fatigue commençaient à s'installer dans les rangs, et Nizyros le senti. Il pris position entre les deux équipes pour être bien vu de tous.

- STOP !
- STOP !
- STOP !
- tenez Kaktus en heal, déteamez tous ! On se reforme !

Tandis que nous réorganisions notre répartition, Aen recouvrit le peu que nous avions réussi à lui ôter. Il faudrait tout recommencer. Je n'ai pas saisi exactement le but de ce remaniment, je suppose que le chef voulait disposer d'une équipe avec plus de puissance offensive ? Ce n'était pas le moment de poser des questions.

Nous reprenions la charge, avec en renfort la puissante zorai Tsinaee qui nous avait rejoint. Nous finîmes par blesser Aen à un degré équivalent à notre tentative précédente, c'est à dire pas tellement. Mais là encore, la situation se mis à stagner, et nos amplis surchauffaient de trop. Ceux d'Héraklès finirent même par claquer, et Armand dû courir à son avant-poste de l'autre côté de la colline pour lui en ramener une paire de secours qu'il avait en stock. Ceci ne fit que ralonger notre épreuve.

- Saaammmm ! Interpela Xylog par dessus le boucan de magie tournoyante.
Je la repérais, à l'avant de l'autre équipe, la fyrette avait cessé le combat !
- J'arrête! ça sert à rien, ça bouge pas !
Nous fixions de nouveau tous la maraud, ce faisant on pouvait sentir ce qui émanait encore de sa graine de vie, tout comme on pouvait le faire pour toutes créatures d'Atys.
- ça ne bouge pas si tu off pas ! lui réplica le grand bleu.
Kaktus, bavard même dans l'effort le plus violent, tentait de motiver tout le monde.
- Si si ça bouge, bientôt la moitié regarde !!!
Je me demandais un instant qui des Fyros ou des Trykers étaient les plus enclins à l'exagèration.
- Non, ça NE baisse PAS !
Concentrée sur Aen, j'essayais d'évaluer un progrès. J'avais bien l'impression que ça bougeait, mais je n'étais pas sûr du sens !
- Aller Samm, un effort tous ensembles !
Devant les sollicitations collectives, Lor-Tali se résolue à reprendre le combat, une dernière fois.
...
- merci Samm !
...
- regarde ça descend !
- ah oui ! ça descend :-) reconnue Samm, sa mine râgeuse envolée.
Yui ! c'était ran ! On lui avait pris la moitié de vie ! Quelque chose avait changé, et l'Aen marquait le coup ! On voyait le bout du tunnel, et l'espoir était revenu.

Dans un soulagement général, Aen roula dans la sciure, brûlée au feu et à l'acide, empoisonnée, électrifiée, et tailladée et que sais-je encore. On s'affalait nous aussi sur le sol, on épongeait les fronts dégoulinant de sueur [et on se massait les mains et le cou, et on se frottait les paupières piquantes].
Les chefs fouillèrent notre victime, et on trouva de quoi crafter une maraud noire. Kaktus salivait.

Moi, cette fois ci, fallait que je la pose ma question.
- Pourquoi ça à marché d'un coup ? qu'est-ce qui c'est passé ? qu'avez vous fait ?
- Maltord est passée en offensive, répondit le chef en continuant de comptabiliser le butin.
- Un maraud, ça je joue souvent à un seul off, compléta Liverion, devant ma mine pensive.

Petit à petit, chacun se dispersa sur l'écorce en brisant le pacte de son choix. Je retrouvais la douceur des lacs, sous un beau ciel étoilé. Déchaussant mes ry-fabren, je détendis mes orteils en marchant dans l'eau le long de la rive. Je finis par baigner tous le reste, et me laissais dériver, le regard perdu dans la canopée, laissant couler le flot de mes pensés.
- Toub ! réalisais-je d'un coup en manquant de boire la tasse, j'ai oublié de reprendre le pacte pour Dyron !

Qui n'a pas de tête, a des jambes...

Lak o Lochi

PS : une 'tite pensée pour Samm, que je n'ai pas eu le temps de bien connaître, et qui s'est maintenant retirée sur les anciennes terres.