ROLEPLAY


Tracts distribués dans les halls et appartements matis

Il était tard et si on prêtait attention aux mouvements de la foule, certains matis, souvent capuchés de noir, se dirigeaient vers le lieu de toutes les rumeurs et de toutes les discussions, le bar. Il y avait dans l'air de la capitale comme un sentiment oppressif, un lourd silence qui pesait sur chacun des sujets encore dans les rues d'Yrkanis. Les tracts avaient fait leur effet depuis leur distribution. Le calme du mouvement qui s'en est suivi également. Chacune des âmes pensantes des Sommets Verdoyants se méfiaient plus qu'à l'accoutumée de sa voisine. Les regards étaient perçants, essayant sûrement de dévoiler les secrets de chacun, essayant sûrement de mettre à jour le mouvement d'Azaen. Pour résumer, il était satisfaisant de voir que les tracts avaient ouvert les yeux à quelques sujets.

Azaen avait donc donné un rendez-vous au bar d'Yrkanis, en toute discrétion, à son mouvement et aux curieux pour une audition de sa part. Après quelques chopes les sujets capuchés quittèrent aussi discrètement qu'ils étaient arrivés le bar pour se retrouver dans l'ombre de la capitale, à l'orée de la forêt. Une torche à la main pour éclairer son visage, Azaen fit face à ceux qui l'avait suivi, une jambe en appui sur une caisse de bois de tama finement décorée. Il portait un masque comme les matis le faisait parfois dans les pièces de théâtre d'autrefois. Un masque d'un blanc immaculé aux traits fins et au sourire sarcastique dont les traits étaient particulièrement marqués. Dans un grand geste pour interpeller sa petite foule, il s'exprima :

Voyez en moi l'image d'un humble vétéran d'Avalae l'avenante, l'enivrante, la ravissante. Vicieusement retrouvé dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie, mon visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui aphone, vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale et virulente folie vantant le vice par la paix et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance par la révolution. Une vendetta telle une offrande à la Divine mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. Aujourd'hui vous deviendrez moi et je deviendrai vous. Cette caisse qui visiblement vous captive, vous émerveille, vous envoûte, et qui est évidemment envahie de voluptueuses arcanes sera vôtre. Vos visages et mon visage ne seront qu'un...

Après un bref silence laissant deviner un sourire derrière le masque d'Azaen, il continua :

En vérité ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux, alors laissez-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de vous rencontrez mes frères. Appelez-moi Azaen. Appelez-vous tous Azaen. Matis Aiye, Yrkanis Aiye, Jena Aiye !

Ne se souciant même pas si la foule avait compris le moindre mot de son discours, il commença à distribuer ses masques à celle-ci. Une fois la tâche terminée, il reprit la parole.

Mes frères ! Les fervents sujets "de la paix" ont soutenu et ont combattu aux côtés des ktheros pour qu'ils puissent reprendre leur enclos qui sert de palais impérial ! Le traité pour la Paix s'amuse de nos valeurs, de nos principes. Il nous rabaisse au seuil plus que bas des fyros. Qui plus est, l'action de nos sages sujets assujettis aux décisions d'une troupe de fanfarons mous et pacifistes, approuvé par notre Karan que l'on dit souffrant, n'a abouti à rien ! Le traité a été signé par notre Roi car le destin de la Source Cachée était en jeu. Les braves sujets "de la paix" ont combattu corps et âmes aux côtés des barbares contre l'ennemi maraudeur dans l'espoir de retrouver la Source Cachée. Qu'en est-il aujourd'hui ? Rien. Les fyros sont pris de mutisme alors que leur misérable palais leur est revenu grâce à nous ! L'accord du fameux traité n'est pas respecté ! Répandez-ce message, répandez cette remarque emplie de vérité ! Nous sommes le mouvement d'Azaen, nous sommes matis et nous nous battrons pour nos Valeurs !

Azaen salua la foule qui l'acclamait. En se retournant, il fredonna :

Une nuit sans sommeil, sans nuage et sans lune, sur la sciure noircie par la souillure fyros, sous l’espace assoupi, bercé par le silence, quelques grains de poussière en essaim ensemencent mon esprit matis de souvenirs de la source cachée, l’océan de sciure des sommets verdoyants inspire une somme de nostalgie en moi.

Les matis se dispersèrent ensuite, chacun avec son masque sur le visage. Azaen était un, Azaen est devenu un tout.
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