ROLEPLAY


Folie

Le Zoraï claqua la porte et s'écroula sur le plancher, complètement frigorifié. Il rampa dans l'obscurité jusqu'à un tas de couvertures trouées qu'il mit sur son dos dans l'espoir de se réchauffer. Levant son bras malgré son état, il envoya une boule de feu en direction d'une des torches accrochées sur les murs moisies par l'humidité. 

La faible lueur de la torche suffisait a éclairer le minuscule abri. Il était dans un état déplorable. Des restes de nourritures jonchaient le sol, éparpillés entre des seringues vides, des objets étranges, des os et quelques armes. 

De sa main tremblante, le Zoraï tâta le sol autour de lui de longues secondes, finissant par ramasser une seringue. Il déchira un morceau de tissu, l'attacha autour son bras en guise de garrot et approcha l'objet de sa peau malgré ses tremblements. Son geste fut stoppé par une voix étrange juste avant que l'aiguille creuse ne traverse l’épiderme.

"As-tu vu dans quel état tu t'es mis ? Tu me dégoûtes, jour après jour un peu plus."

Sans rien dire, l'homin appuya sur le piston . Il resta immobile plusieurs minutes, les tremblement cessèrent. La voix se manifesta à nouveau.

"Tu me fais honte ! Où est le Grand Guerrier d'autrefois ? Où est celui qu'on appelait jadis "Porteur de Gloire" ?" 

Le Zorai retira la seringue avec violence et la jeta à l'autre bout de la pièce.

"Je t'ai déjà dit de disparaître ! Je ne veux plus t'entendre ! "

Le son de la voix oscilla, se déforma progressivement jusqu'à se transformer en un rire aigu :

"Mais quand cesseras-tu de te voiler la face ? Regarde la vérité en face ! Lève toi ! Regarde toi !"

Curieusement, le Zoraï obéit. Il se leva difficilement et s'approcha du miroir d'ambre accroché sur l'un des murs de la petite pièce. D'un geste de la main, il retira la crasse et s'observa alors pour la première fois depuis plusieurs semaines.

Son corps était couvert de cicatrices et de nécroses. Il était d'une maigreur alarmante, ses yeux cernés avaient perdu toute lumière. Sur le miroir, un sourire s'afficha étrangement sur son masque. Le reflet prit la parole :

"Quel choc, hein ? Kiriga ... comment as-tu pu en arriver là ? Abdiquer, se faire passer pour disparu, fuir ! Tu n'es qu'un lâche, un faible ! "

Effaré par l'image que lui renvoyait le miroir, Kiriga recula en bégayant :

"T...trop de pertes, trop de dérives ... je ne voulais plus ... j'étais presque seul ... je ne pouvais plus ... "

Le reflet se mis a hurler, le masque était totalement défiguré :

"Tu aurais dû t'imposer, combattre ! Regarde toi, ils ont fait de toi un cadavre, ils ont détruit tes rêves ! "

"N...non...c'est faux. Je suis le seul responsable ... j'ai failli ... je les ai abandonnés ... J'ai abandonné Ma-Duk."

"ILS t'ont abandonné ! Ma-Duk t'as abandonné ! Ta seule erreur est d'avoir préféré fuir !"

Kiriga tomba à genou sur le sol.

"Comment oses-tu parler ainsi de notre dieu ?! Jamais ! Tu entends ? Jamais Ma-Duk ne me laissera ! J'ai tout fait pour lui au travers du Culte Noir … tu entends .. ? Tout ..."

Une nouvelle fois, la voix se transforma en un rire aigu:

"Regarde les choses en face, les Kamistes te mentent depuis trop longtemps ! Écoute moi : Ils complotent dans ton dos, ils pactisent en secret avec les Karavaniers ... Ma-Duk ne fait rien ! Il regarde cette décadence ! Il te regarde mourir !"

"ARRÊTE !"

Kiriga se jeta sur le miroir et le brisa contre le sol. Vacillant, il s'écroula par terre et se recroquevilla un coin de la pièce. Il pleura durant de longues minutes sans que la voix ne refasse son apparition. Sortant la tête de ses bras, il remarqua qu'un petit morceau d'ambre était arrivé jusqu'a lui avec le choc de l'impact. Il tendit la main pour le ramasser et regarda dedans d'un oeil. Son reflet reprit la parole:

"Je … je suis désolé. Ne pleure pas, s'il te plaît. Je ne voulais pas te faire de mal … Je souffre de te voir dans cet état Kiriga, je souffre de NOUS voir dans cet état … Tu as besoin de repos, tu as besoin de t'oublier. Donne moi le contrôle ! Je peux nous sortir de cette impasse, fais moi confiance !  Je t'aiderai, je te le prom.."

Kiriga écrasa le morceau d'ambre dans sa main et remit sa tête entre ses bras. Il murmura entre deux soupires :

« J..jamais ... »

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Bélénor Nebius, compagnon de vie de Pü Fu-Tao et auteur des Chroniques de la Première Croisade. Grâce à lui, le Culte Noir de Ma-Duk ne fut jamais oublié, et les Rôdeurs d'Atys purent reprendre le flambeau depuis les Nouvelles Terres.
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