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Anlor Winn

Conte par Krill

Krill lève les yeux vers le ciel.
Krill fait une drôle de grimace et baisse la tête.
Krill ouvre une bouteille de bière et prend une gorgée avant de se lancer.

« C’était il y alongtemps. Très longtemps. Bien avant le Premier Essaim. Ça se passait dans l’ancien Empire des Fyros. Enfin, plus ou moins dans l’ancien Empire. En tous cas, dans un coin désertique. Après, savoir qui prétendait commander à cet endroit… Les dunes s’en fichaient probablement comme de la dernière pluie. »

Krill réfléchit à ça.

« Mmmh… C’est peut-être pas très adapté comme expression, là… Peu importe… »

Krill boit un coup et reprend.

« C’était donc il y a très longtemps, dans un coin bien désertique des Anciennes Terres. Il y avait un brave Fyros pas très futé… Mais bien gentil quand même.
Il ne fréquentait pas trop les autres Fyros, mais il allait de temps en temps dans l’oasis la plus proche de chez lui pour y acheter quelques bricoles.
Le reste du temps, il le passait dans les dunes, tout seul, à écouter le bruit du vent, ou à compter les bouts de sciure peut-être.
Y n’en sais rien en fait. Et c’est pas vraiment important pour l’histoire. »

Krill reboit une gorgée.

« Ce qui compte, c’est qu’il ne s’intéressait pas trop à ce que disaient les autres homins. Alors quand il est reparti de l’oasis, cette fois-là, il n’a pas fait attention à ceux qui lui conseillaient de ne pas rester dehors.
Le vent ? Quel vent ? Il avait l’habitude du vent. »

Krill relève les yeux brièvement vers le ciel.

« Cette nuit-là, effectivement, ça souffla plutôt pas mal dans le désert.
Mais le Fyros en avait vu d’autres. Il s’abrita dans son manteau, se cala comme il faut dans le creux d’une dune, et attendit que ça passe.
Au matin, le vent était toujours là, mais il avait faibli, et le Fyros se rendit compte qu’il y avait un yubo pas très loin.
Il n’avait pas l’air très vaillant, ce yubo.
On pourrait même dire qu’il était sacrément mal en point.
Quand le Fyros s’approcha de lui, c’est tout juste s’il bougea une oreille.
Tout le reste du corps, les pattes avant, les pattes arrière… Tout ça, ça avait l’air comme racorni.
Le Fyros donna un peu d’eau à boire au yubo en lui parlant doucement.
Eh oui, les Fyros, ça peut être doux des fois.
Enfin, il paraît…
Faut pas qu’il y ait du monde qui puisse les voir, probablement… »

Krill finit sa bouteille de bière et la range dans son sac.

« Le yubo but l’eau, et le Fyros décida de s’occuper de lui.
Il lui trouva un coin abrité, à boire, à manger…
Mine de rien, ça fait du boulot de trouver à boire et à manger pour un yubo malade au milieu du désert. Mais le Fyros connaissait bien le coin.
Et petit à petit, le yubo commença d’aller mieux.
Bon, il avait bien toujours l’arrière-train tout racorni, mais il réussissait à avancer sur ses pattes avant.
Et le Fyros était tellement content de le voir, qu’il ne faisait pas attention aux courbatures et aux douleurs dans ses épaules. »

Krill jette un regard noir vers le ciel et prend une nouvelle bouteille de bière dans son sac.

« A force de vadrouiller partout, de tirer de l’eau des shookis… de l’eau ou d’autre chose, oy… Bref, de se démener pour son petit yubo, le Fyros commençait à se sentir vraiment fatigué.

Mais il continuait, parce que chaque jour qui passait, le yubo semblait aller mieux. Il était de moins en moins racorni. Et de plus en plus affectueux.
Si ses pattes arrières le lui avait permis, il aurait probablement sauté au visage du brave Fyros pour le couvrir de léchouilles affectueuses.
Mais pour l’instant, il ne pouvait pas.
Alors il se contentait de tituber et d’essayer de lui grignoter les bottes.
Et ça faisait rire le Fyros, qui n’avait pas l’habitude que quelqu’un lui tourne autour comme ça. »

Krill soupire et boit une bonne rasade, sans regarder le ciel cette fois.

« Le Fyros riait, et il en oubliait qu’il avait mal partout. Et qu’il avait de plus en plus de mal à se déplacer, à trouver à boire et à manger pour son petit compagnon. Sans parler de lui-même.
Mais maintenant, plus il riait, et plus ça le faisait tousser. D’une pauvre toux creuse et sèche.
Un soir, il revint là où il avait laissé son yubo et ne le trouva pas.
Il était épuisé, mais il ne pouvait pas laisser son compagnon seul dans le désert.
Il partit à sa recherche, sous la lune et les étoiles.
Il marcha, marcha, marcha…
Il se sentait faible.
Il se sentait vide.
Il se sentait…
Le vent se mit à souffler, comme il n’avait pas soufflé depuis des jours.
Et le Fyros bascula au sol, trop faible pour bouger.
Recroquevillé sur lui-même.
Racorni.
Alors le yubo lui sauta au visage, et lui arracha les yeux.
Et puis il le démembra avec une telle violence que la tête fut projetée loin, loin, loin, tout là-haut dans le ciel.
Et depuis, quand Anlor Winn souffle, parfois, on voit la tête toute racornie du Fyros, à qui il manque les yeux, là haut, au milieu des étoiles… »

Krill vide toute sa bière d’un coup.

« Y n’aime pas les histoires des Fyros, y préfère celles des Trykers… »

Krill range sa bouteille vide et retourne à sa place.

Krill regarde tous les homins sans tête présents ce soir, et se pose soudain des questions.
 
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