ROLEPLAY


Brinn

Note: Merci à Diwen et Liz pour leur aide dans la rédaction de ces textes. Toute erreure restante m'est attribuable. Tout commentaire ou correction est bienvenu, que ce soit au sujet de la grammaire, syntaxe, orthographe, tournure de phrase, mise en page ou structure générale du texte et de la narration.
La majeure partie de l'histoire est commune à celle d'Isildya, dont le thread (complémentaire à ce fil) est consultable ici.
Avertissement: Thèmes potentiellement perturbants plus loin dans l'histoire. Mort de personnages.


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Départ
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Lorsque sa mère entra dans leur logement d'Yrkanis, Les yeux écarquillés de frayeur, l'enfant compris immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle observa la Matisse dans ses va-et-vient à travers la pièce, rassemblant nerveusement leurs quelques affaires et les fourrant dans un sac usé. Tout en s'activant, l'homine s'adressa à sa fille d'un ton aussi calme et rassurant que possible, mais l'enfant n'était pas dupe:
"Prépare-toi ma chérie, on part en balade."
"Où ça?" demanda l'enfant, confuse et de plus en plus inquiète. Elle n'avait vu sa mère dans un tel état qu'une seule fois auparavant, lorsqu'elle avait perdu son travail à l'atelier de couture après qu'on l'ait accusé à tort d'avoir volé son employeur. Sa mère avait alors annoncé qu'elles risquaient de devoir déménager. Après ça, durant un temps, il avait fallu dormir dans des endroits inconfortables et la nourriture s'était faite plus rare.
"Dans un lieu magique sans kitins, répondit sa mère avec un sourire qu'elle espérait être confiant et chaleureux. Tu verras, ça sera comme partir à l'aventure, à la recherche de la Terre Promise." Elle tentait de faire appel au goût de l'aventure de sa fille : elle savait à quel point l'enfant était téméraire, ce qui était d'ordinaire une grande cause de soucis.

À son grand désarroi, la jeune Matisse ne sauta pas de joie à la nouvelle. Sa petite Brinn était observatrice et pouvait sentir la peur que l'adulte essayait désespérément de cacher. Il faut bien dire qu'elle n'avait jamais été si terrifiée de sa vie. Le Karan avait décidé que tous les habitants du Royaume devaient partir pour Pyr, et de là vers un refuge que les kitins n'atteindraient pas. Ils prenaient la fuite, les kitins risquant d'attaquer à tout moment. Une fois de plus, l'hominité se retrouvait à la merci des horribles créatures. La Matisse réalisait seulement maintenant l'ampleur de la situation, et elle luttait pour ne pas éclater en sanglots. Ils avaient perdu.

Les mains tremblantes, elle enroula un châle rapiécé autour des épaules de sa fille tout en arrangeant sa tenue pour le voyage. Le châle n'était pas encore nécessaire, mais Jena seule savait à quel point le soleil du Désert serait brûlant une fois atteinte la frontière Fyros.
Elle se releva et embrassa l'unique membre de sa famille sur le front, luttant pour contenir les larmes qui commençaient à brouiller sa vue. Elle annonça dans un souffle :
"Allons-y ma chérie. En route."


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Voyage
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Du haut de ses huit ans, Brinn observait, les yeux écarquillés, l'énorme mur de Pyr face à elle, sa fatigue oubliée à présent qu'une nouvelle source d'émerveillement se présentait à elle. Tout autour, des homins de toutes races étaient rassemblés dans un tourbillon d'activité. Elle n'avait jamais vu autant de gens si différents en un seul endroit. Tous étaient fatigués, certains tristes ou sous le choc, d'autres déterminés.

Voyant que sa fille était à nouveau captivée par leur environnement, la Matisse sourit, heureuse de la distraction. Le voyage avait été difficile pour toutes les deux, tous ses muscles étaient endoloris et la chaleur était écrasante. De tous les endroits possibles, pourquoi leur exil devait-il les mener dans le Désert?
Elle craignait qu'un Fyros ne les agresse. La vie n'avait jamais été facile pour leur petite famille, et elle savait qu'elle ne devait pas attendre d'aide des gens autour d'elle. Ici plus que jamais elles se trouvaient en territoire hostile. Les lois locales protégeraient-elles des Matis des Patriotes ? Les lois seraient-elles seulement appliquées, dans les circonstances actuelles ? Qui gâcherait son temps pour aider deux pauvres réfugiées insignifiantes, sur les terres de leurs ennemis séculaires? Mais les Fyros, comme tout le monde, semblaient avoir mieux à faire que de se préoccuper d'elles. Eux aussi se préparaient à abandonner leur foyer.

Elles se remirent en route.


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Voleuse
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Au milieu du brouhaha du Refuge récemment peuplé, recroquevillée dans un coin, à peine visible entre les caisses et sacs attendant d'être déballés, se trouvait la forme tremblante d'une enfant Matisse. Cela faisait des heures qu'elle était assise là, depuis que la procession de réfugiés était arrivée jusqu'ici. Personne ne lui prêtait attention, personne ne semblait même remarquer sa présence. Les traces de larmes séchées marquaient ses joues et elle regardait dans le vide, immobile. Ce qu'elle voyait n'était pas réellement ici. Les dernières heures avant d'atteindre le refuge repassaient en boucle devant ses yeux, encore et encore.
Elle était exténuée par ce long voyage. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle marchait. Sa mère ne pouvait pas souvent la porter car elle-même était épuisée et transportait leur sac. Leur cortège avait déjà été attaqué plusieurs fois par des kitins et autres créatures hostiles qu'elle n'avait jamais vu et dont elle ne se souvenait pas le nom.
Tout à coup, des cris avaient retenti, suivis par le bruit de la bataille, des rugissements monstrueux et des hurlements de douleur. Le vacarme était assourdissant. Tout le monde courait, combattait, criait. Quelqu'un près d'elle jura dans une langue étrangère. Elle croyait avoir entendu le mot "kitin" à un moment donné. Elle tomba à la renverse, elle était incapable de dire qui ou quoi l'avait bousculé. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, le sang pulsait, assourdissant dans ses oreilles, son coeur battait la chamade dans sa poitrine, sa mère... Où était sa maman?
Elle ne pouvait se rappeler clairement de ce qui s'était passé après ça. La panique l'avait envahit, il y avait eu beaucoup de bruit. Les gens courraient, elle avait été entrainée et s'était retrouvée ici, dans le Refuge.
Au début, elle avait erré à travers les lieux en appelant sa mère. Parfois, un homin s'arrêtait pour l'écouter, mais aucun ne savait où était sa mère, ils se contentaient de la regarder avec pitié et de secouer la tête tristement avant de reprendre leur chemin. Tout le monde était fatigué, blessé, en deuil. Elle avait peur et elle ne trouvait pas sa maman.
Finalement, le désespoir et l'épuisement avaient eu raison d'elle. Elle s'était effondré contre une caisse et endormi en sanglotant.

Elle était réveillée à présent, depuis un bon moment. Elle n'avait plus l'énergie de pleurer et aucune idée de ce qu'elle devait faire. Elle voulait que sa mère vienne la chercher et tout s'arrangerait. Elle voulait que quelqu'un, n'importe qui, la trouve et s'occupe d'elle. Elle avait faim mais elle y était habituée - il n'y avait pas eu à manger tous les jours avant le Voyage de toute façon. Elle ne savait pas quoi faire.

Alors elle attendait.

Des heures durant elle resta là, apathique, à se demander quand quelqu'un viendrait la chercher. Elle espérait encore que sa mère la trouve, mais elle avait reconnu les regards qu'on lui avait porté plus tôt - elle n'était pas stupide, elle avait entendu les gens parler, les avait vu pleurer leurs mort après l'attaque.

Malgré tout, elle attendait.

Les heures se changèrent en jours, son ventre commença à lui faire mal, mais personne ne la remarqua. Parfois elle s'endormait, et se réveillait à chaque fois désorientée, avant de reprendre conscience de sa situation : elle était seule.

Puis, elle reprenait son attente.

Elle ne s'était jamais sentie aussi faible de toute sa vie. Elle n'aurait probablement pas été capable de se lever si elle l'avait voulu. Elle savait qu'il lui fallait attendre, mais elle n'était plus trop sûre quoi exactement. Etait-ce quelqu'un? Oui, quelqu'un était censé l'aider. L'aider comment ? Qui ? Personne ne lui prêtait attention. Quelqu'un la connaissait-elle ici ? Elle décida que non, probablement pas. Alors qu'est-ce que cela signifiait pour elle ? Que devait-elle faire ? Depuis combien de temps était-elle ici de toute façon ? Son ventre lui faisait tellement mal. Elle ne se souvenait pas avoir déjà passé autant de temps sans nourriture. Avant le Voyage, même durant les coups durs, sa mère avait toujours fait en sorte qu'elle ait à manger au moins une fois par jour... Tous les deux jours dans le pire des cas. Elle n'était pas difficile, pas du genre à se plaindre, elle savait que ça n'arrangeait jamais rien. Mais à présent elle avait mal. Et elle était si faible. Etait-elle en train de mourir ? Etait-ce ce que l'on ressentait ? Allait-elle mourir ici, dans l'indifférence générale ?

Quelque chose en elle se mit à brûler. Une chaleur qui lui donnait de l'énergie. C'était probablement quelque chose de semblable à de la rage, bien qu'elle ne s'attarda pas sur la question. Tout ceci, ça n'était pas juste. Les choses n'étaient pas sensées se dérouler ainsi. Elle ne voulait pas que cela se passe de cette façon. Elle avait envie de hurler, mais elle n'en avait pas la force. Sur son visage resté jusqu'alors apathique, ses sourcils se froncèrent. Ses yeux vides s'enflammèrent de colère et de frustration, et se mirent à observer à nouveau les alentours. Elle vit les gens passer devant elle sans même un regard, et pour cela elle les haït.

Elle remarqua un Fyros avec un chariot de graines et son estomac gargouilla. Elle sursauta à cette étrange sensation: il n'avait plus fait cela depuis un moment, en y repensant. Elle n'aurait même pas considéré les graines comme de la nourriture avant le Voyage. A présent, elle ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à manger. Pour la première fois depuis des jours, elle se leva. Lentement, vacillant sur ses jambes, elle marcha vers le Fyros au chariot. Elle se demanda vaguement comment il avait réussi à l'amener jusqu'ici, étant donné le périlleux voyage qu'il avait fallu accomplir. Pas juste, une fois encore. Le Fyros au chariot fini par la remarquer. Instantanément son visage se tordit en une grimace. "T'as pas intérêt à approcher tes sales pattes de ma marchandise! Fyrak! Tu empestes !" Brinn sursauta à ces mots, les premiers qui lui étaient adressés depuis des jours. Etrangement, elle ne pleura pas. Il lui semblait que la rancœur était tout ce qu'elle était capable de ressentir, à présent. La tête basse, elle fit demi-tour avec déception, prête à retourner à sa caisse. Soudain, une des roues du chariot céda. Il avait probablement subit trop de dommages durant le Voyage et toutes les graines se retrouvèrent éparpillées au sol. Le Fyros au chariot jura, le vacarme attirant des passants curieux, certains offrant leur aide. Rapidement, une petite foule était rassemblée.
Brinn observait la scène en silence, figée en pleine réflexion. Une fois de plus, personne ne lui prêtait attention. Elle s'approcha sans un bruit du charriot et ramassa autant de graines qu'elle pouvait transporter dans sa chemise rapiécée. Puis elle tourna les talons et s'enfuit en courant avant que quelqu'un ne la remarque.

Plus tard, elle trouva un endroit calme derrière une tente à l'écart pour savourer son premier "repas" depuis son arrivée au Refuge. Elle se sentait mieux. Elle n'aurait même pas cru être encore capable de courir, faible comme elle l'était. La montée d'adrénaline avait aussi aidé. Et à présent son ventre était plein.
Elle pris le temps d'examiner sa situation. Personne n'était venu. Personne ne se souciait d'elle. Elle serait morte dans son coin si elle ne s'était pas levée et n'avait pas pris les graines au méchant Fyros. Elle se sentait tellement mieux à présent.

Personne n'était venu et personne ne viendrait. Mais elle pouvait prendre son sort en main et agir pour elle-même. Elle n'avait besoin de personne. Tout allait bien se passer.

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